Pression de se cultiver ?



Partage de quelques bribes réflexives, j'espère pouvoir en discuter avec vous (:


Il y a quelques heures, j'ai posté ceci dans mon recueil Un Petit Four? :

Il est un aspect de l'art que je trouve fatiguant : lorsque les productions, trop infamilières, me forcent à changer ma perception de celui-ci. Me changent, donc. Muer demande une énergie que je n'ai pas toujours – c'est pourquoi lorsque je ne m'en sens pas la force, je me tourne vers le divertissement. Moins créativement subversif, il me propose un cadre familier avec la juste dose d'originalité – de quoi ne pas m'ennuyer. Je ne veux pas réfléchir en permanence, ou explorer en permanence. Parfois il est bon de s'asseoir dans le jardin de son enfance et admirer les violettes et les pensées sauvages qui y poussent, toujours à la même période de l'année. Est-ce que les personnes issues d'autres milieux, ou de manière générale plus versées dans la culture que moi, ressentent la même chose ? Est-ce que l'appétence constante pour l'art et la culture est une posture que l'on prend, plus ou moins consciemment, ou bien s'agit-il d'un muscle que je n'ai pas su développer ? Quelquefois je me sens niaise, d'autres jours j'ai l'impression d'être la seule honnête dans un bal d'hypocrites. Je ne parviens pas à trancher.

(L'art, tout drainant qu'il soit, nous remplit aussi ; mais bien souvent le second succède au premier. Il faut vider pour remplir ; et c'est lorsque, au moment de vider, je suis déjà vide, qu'un blocage survient. Je ne cherche certes pas à énoncer ici une vérité absolue, mais une impression personnelle.)


Et j'ajoute maintenant ceci, moins bien formulé & organisé ; c'est en fait un semi flux de conscience, un brainstorming si l'on veut :

Il me semble être engagée dans une absurde « course au savoir » ; je vois des personnes autour de moi qui possèdent un immense bagage culturel (profs, évidemment, ce qui est d'autant plus absurde que ces personnes ont forcément de l'avance sur moi ; mais aussi gens de mon âge, voire plus jeunes, semblant incollables qui en cinéma, qui en littérature, qui en musique...) et je me sens terriblement en-deçà. J'ai des connaissances dans beaucoup de domaines, mais vagues, de l'ordre du souvenir lointain. Il me semble ne rien savoir de pointu, et j'ai peu d'opinions – car je ne me sens pas assez renseignée pour me payer ce luxe.

Peut-être que savoir des noms, au final, ce n'est pas si important, parce que ça ne signifie pas que la personne est en mesure de penser par elle-même – ce qui à mes yeux est bien plus marqueur d' « intelligence ». Mais dès que quelqu'un brandit des noms, j'ai le sentiment que la personne sait réellement de quoi elle parle.

J'ai en vérité des connaissances assez poussées (encore imparfaites, tout de même) dans certaines branches, par exemple la question de l'identité de genre, et à ce compte j'en sais sûrement plus que beaucoup de mes profs. Pour le reste, il n'appartient qu'à moi de consommer plus de culture.

Mais voilà : on revient à cette idée de « course » évoquée au début. J'ai le sentiment de devoir effectuer une remise à niveau. Et je ne sais pas par où commencer, car il y a tant à faire ! Tant à lire, regarder, visiter ! Et c'est peut-être aussi pour cela que la culture est parfois drainante pour moi : c'est en partie une corvée, du moins un devoir. Je sais ce que cela m'apporte, combien cela me nourrit, mais il y a aussi quelque chose de l'ordre d'une pression que je m'impose. Il faut que je sois cultivée. Facteur d'intégration à une classe qui ne me correspond pas ? J'ai appris un ou deux mois en arrière la notion de « transfuge de classe ». J'ai peur que la voie que j'ai choisie, si elle aboutit (et j'ai envie de la faire aboutir) me mène là.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top