8) Jeon Jungkook : Une petite danse pour le soldat Joan
"Et pour l'agent Joan, comment ça se passe ?"
Je refermais le dossier Bangchan et attrapais celui de la petite dernière, Joan. Il y avait beaucoup à dire sur elle, surtout depuis la veille où elle avait pris une longueur d'avance considérable sur les autres agents. Évidemment, ce comportement ne la rendait pas très populaire auprès de ses collègues, qui la surnommaient "l'homme aux seins". Mais Joan ne semblait pas s'en formaliser, répondant toujours du tac au tac à leurs taquineries.
"Pour l'instant, ça se passe mieux que je ne le craignais," déclarais-je. "Elle prend de plus en plus d'initiatives et arrive à gérer le stress des missions."
Taehyung leva un sourcil, visiblement surpris par ma réponse positive. Le dossier de Joan était un sujet sensible depuis l'autre soir, où cet imbécile avait lâché le morceau un peu trop facilement. Peut-être était-ce d'ailleurs ce qui poussait Joan à se surpasser, pour prouver sa place parmi nous.
"Bien," conclut le général Kim en applaudissant. "En somme, on peut dire que les nouvelles recrues sont toutes de très bons atouts ! Parfait !" Il se leva, nous serrant la main un par un avant de se tourner vers moi. "Commandant Jeon, j'espère que vous êtes prêt pour la cérémonie des gradés, elle arrive à grand pas..."
Taehyung me lança un regard noir, avant de baisser les épaules et de suivre son père, tentant une fois de plus en vain de le faire changer d'avis. Le général Kim restait sourd à ses supplications, incapable de voir que son entêtement finirait par lui faire perdre son fils.
"Pauvre type," soupira Jimin à mes côtés. "Un jour, il finira par vraiment demander les papiers pour t'adopter, Jeon."
"Jamais de la vie," grognai-je, fixant la porte par laquelle ils étaient sortis.
Voici une version plus captivante et mieux écrite du passage :
Jimin et moi quittâmes la salle de réunion, et je le laissai en chemin pour rejoindre mon équipe ainsi que celle de Taehyung, qui s'entraînaient dans le gymnase reconverti en salle de sport. Les équipements étaient parfaits pour se muscler, même si on finissait généralement par se péter le dos plusieurs fois. Mais ce n'était pas à nous qu'ils viendraient se plaindre - nous aussi avions connu ça quelques années plus tôt. Les soldats traînaient tellement souvent ici qu'on aurait pu en faire leur deuxième chambre.
En entrant, l'odeur de sueur m'assaillit, et je ne pus m'empêcher de sourire en me remémorant mes propres années à m'entraîner ici, torse nu avec les autres. Une habitude qui ne semblait pas avoir changé, à en juger par les t-shirts éparpillés sur les machines et les bancs.
Je m'immisçai parmi les nouvelles recrues, corrigeant la posture de certains qui semblaient bien décidés à se briser la colonne.
"Sois plus stable sur tes appuis, Minho. Et rapproche un peu tes mains si tu veux plus de prise."
"Oui, commandant !"
"Soldat Joan, qu'est-ce que tu fais comme ça..." soupirais-je en l'apercevant.
"Bonjour, commandant Jeon," me salua-t-elle, la sueur dégoulinant de son front jusqu'à son menton et son ventre nu. "Vous êtes venu vous entraîner avec nous ?"
"Rhabille-toi, Joan."
"Trop de sueur... Je..." Elle enchaîna quelques flexions, comme si son état vestimentaire n'était pas un problème. "Je ne veux pas être trempée par ma propre sueur," finit-elle en lâchant la barre.
Elle s'empara d'un chiffon pour s'essuyer le cou et le visage.
"Tu ne peux pas rester comme ça devant tout le monde."
"Je suis en tenue de sport, je ne vois pas le problème. Les autres gars sont bien torse nu. Soyez déjà content que je ne sois pas à poil," rétorqua-t-elle en allant récupérer sa gourde.
Honnêtement, personne ne semblait dérangé par la présence d'une femme en tenue légère. Les gars continuaient leurs entraînements, discutant tranquillement comme si de rien n'était.
Le problème venait de moi. Je m'approchai à nouveau d'elle pour lui tendre le poids qu'elle était venue chercher.
"Vous avez quelque chose à me dire, commandant ?" demanda-t-elle.
Rhabille-toi. Ton souffle fait bouger tes abdos et ça me déconcentre. Change aussi de brassière, elle est trop petite et t'empêche de respirer correctement.
"Le colonel m'a fait parvenir le plan et les directives de la soirée de l'AGAP. Prépare-toi à danser toute la nuit."
Joan relâcha la barre qu'elle tenait fermement, me regarda et prit un t-shirt. Peut-être que je la mettais mal à l'aise ? Avec les autres, elle semblait pourtant plus décontractée.
"Je m'en occuperai après avoir mangé. Je trouverai sûrement des cours en ligne," dit-elle sans se plaindre.
"Il te faut aussi des tenues féminines. Les invités seront très chics ; on ne veut pas que tu te retrouves en jogging et brassière parmi celles en robes de soirée."
"Je ferai les courses," répliqua-t-elle sans relever ma pique.
La Joan que j'avais devant moi n'était pas la même que celle qui me tenait tête quelques minutes plus tôt. Son regard se glissa derrière moi, fixant quelqu'un.
"Bonjour tout le monde !" s'écria la voix de Taehyung depuis l'entrée du gymnase.
Il avait probablement été réprimandé par son père et cherchait à se changer les idées avec un peu de sport avant sa mission. Joan inspira profondément avant de me saluer et de se diriger vers Taehyung, qui l'accueillit avec un grand sourire.
"Commandant Jeon," m'interpella alors le soldat Yoongi en enfilant son t-shirt sur sa peau particulièrement blanche, "j'ai entendu votre discussion avec le soldat Joan et je voulais proposer mon aide. Puisque nous allons prétendre être un couple marié, il serait préférable que je sache danser avec ma 'femme'," dit-il en la regardant rire avec Taehyung.
"Ne me faites pas croire que ça vous enchante, soldat Min. Trouvez-vous une occupation plus digne que de traumatiser vos coéquipiers." Peu importe combien j'appréciais Taehyung, c'était toujours avec amertume que je le voyais s'inventer une idylle avec Joan. "Quel imbécile."
"Pardon ?" fit Yoongi, surpris, les sourcils levés.
"Déguerpissez, Min, je n'ai pas le temps pour vos jérémiades sur le soldat Joan."
Mes pas me guidèrent involontairement vers le couple, qui ne s'était pas lâché des yeux depuis leur rencontre. Joan effaça aussitôt son sourire à mon approche.
"Tu déranges l'entraînement de mon équipe, Taehyung," dis-je en le repoussant doucement. "Va donc embêter le soldat Minho, qui n'écoute pas mes conseils. Dis-lui qu'il va finir par se blesser s'il continue à faire du soulevé de terre de cette façon."
Taehyung s'excusa auprès de Joan et s'éclipsa avec une blague légère. Comment pouvait-il rester si calme en sa présence ?
"Nous parlions de ma prochaine mission, commandant," dit-elle sur la défensive, comme si je l'avais accusée de quelque chose. "Ce n'était pas juste de la rigolade."
"Vous discutez de vos missions avec quelqu'un en dehors de votre équipe ? Avez-vous perdu la tête ou dois-je vraiment m'inquiéter de votre capacité à intégrer l'ENFI ? Ce n'est pas quelque chose dont vous pouvez parler et plaisanter avec n'importe qui !" Ma voix s'éleva, et un silence pesant s'installa dans la salle. Les gars avaient dû s'arrêter de s'entraîner pour la voir se faire réprimander.
"Eh, Jungkook, ça suffit..." Taehyung posa une main apaisante sur mon épaule. "C'était juste une discussion avec moi. Je ne suis pas l'ennemi, et Joan a tout à fait le droit de demander conseil à un autre de ses supérieurs."
Sa façon si calme et sereine de me parler attisa encore plus ma colère. J'aurais dû me taire et quitter la pièce, mais c'était la dernière chose que j'avais envie de faire.
"Commandant Kim, dans mon bureau."
La porte se referma derrière nous, et Taehyung commença déjà à me reprocher mon comportement.
"Qu'est-ce que tu fais, Jungkook ? 'Commandant Kim, dans mon bureau' ? Tu m'as pris pour qui ? Depuis quand oses-tu me parler comme si j'étais ton subalterne !" Son énervement était justifié ; je n'avais pas le grade pour le convoquer ainsi. "C'est à cause du général Kim, n'est-ce pas ?"
"Tae, pas du tout, c'est-"
"Il t'a dit que tu allais devenir lieutenant, c'est ça ? Alors, c'est enfin ton heure de gloire par rapport à tes frères d'armes ? Maintenant, tu peux nous convoquer dans ton bureau, nous parler mal devant les recrues et frimer devant les femmes ? Franchement, Jeon... C'est pitoyable."
"Si tu continues de flirter avec une subalterne, il faut croire que c'est une bonne raison pour me promouvoir !"
"Putain, t'es encore là-dessus..." soupira-t-il. "Il n'y a rien entre le soldat Joan et moi."
"Ne me mens pas, Kim. Pas à moi."
Taehyung frappa du poing sur mon bureau, faisant s'envoler un paquet de feuilles.
"De toute façon, même si c'était le cas, ça ne regarderait qu'elle et moi !"
"Et qui crois-tu qu'ils vont renvoyer si ça s'ébruite ?"
Taehyung s'arrêta de parler et me regarda, les dents serrées. Nous savions très bien tous les deux que la grande perdante dans cette histoire serait le soldat Joan, pas lui. Personne ne remettrait en cause un commandant aussi compétent que Taehyung, fils du général. Joan, par contre, c'était une toute autre histoire.
"Il n'y a rien," jura-t-il. "Tu crois que je ne le sais pas, ça," soupira-t-il avant de claquer la porte de mon bureau.
Je contournai le meuble au centre de la pièce et m'assis sur mon siège, qui grinça bruyamment.
"Merde."
Je posai une main sur mes sinus, massant lentement mon crâne en revoyant la scène que je venais de causer devant tout le monde. À la place de Taehyung, je me serais foutu un pain, et pas qu'un peu. Pourquoi est-ce que je me prenais autant la tête avec leurs problèmes ? S'ils voulaient se faire renvoyer, qu'ils continuent. Sans Joan, j'aurais un problème en moins, et Taehyung reprendrait enfin ses esprits. Le visage souriant de Joan s'imprégna dans mon esprit, et je fronçai les sourcils. J'aurais dû voir venir qu'elle causerait autant de soucis ; je l'avais dit dès le début.
On frappa soudain à ma porte, et je grognai pour signifier de ne pas me déranger. La porte s'ouvrit néanmoins, et je vis la tête de Jimin s'infiltrer par l'entrebâillement.
"Hoï."
"Qu'est-ce que tu fais là ?"
"Je t'amène ton nouveau costume. Monsieur Kim m'a demandé de te l'apporter." Jimin passa une housse noire en forme de veste et entra discrètement pour ne pas me déranger.
"Tu l'as vu ?"
"Non, je n'y ai pas touché. Le général a dit qu'il avait mis le paquet cette année. Apparemment, tu seras le clou du spectacle. Notre petite mascotte !"
"Et Taehyung ?"
La mine de Jimin passa du blanc au noir. Évoquer le sujet était comme appeler le loup dans un champ d'agneaux. La situation ne s'arrangeait pas, puisque je lui avais affirmé ne rien savoir, alors qu'il était désormais évident que j'allais être promu par son père, et pas lui.
"Pour l'instant, pas de nouvelles. Le général ne parle que de toi, de toute façon. Il a même demandé au ministre des Armées de venir à la cérémonie pour te remettre ton nouveau grade en personne..."
"Et le colonel Park ? Il n'a rien dit ?"
"Tu connais le type. Toujours collé aux basques de Kim, ce n'est pas maintenant qu'il va dire quelque chose pour le contrarier."
"Ouais, t'as raison."
Jimin repartit sans un mot de plus, me souhaitant une bonne soirée. Je me levai et attrapai le fameux uniforme pour la cérémonie. Jimin ne plaisantait pas, le costume était somptueux. Les emblèmes étaient beaucoup plus colorés et mis en valeur que sur le précédent. J'eus presque honte de le trouver beau et d'avoir envie de l'enfiler. Je refermais la fermeture et le jetai sur une chaise, incertain de comment me réjouir, ou si je le devais.
J'imaginais déjà le regard triste de Taehyung et la haine qu'il ressentirait quand je porterais cet uniforme devant lui. Ce n'était pas ce que je voulais pour mon ami, mais ce n'était pas non plus un choix que j'avais. Ce qui devrait être fait serait fait, et je ne dirais rien, pas un mot, pas une larme. Juste le silence habituel de l'ego et de la trahison.
"Fais chier."
Le repas n'était pas bon ce soir-là. J'avais à peine envie de manger, même si j'engloutissais toute mon assiette et le reste de mon plateau sans faire d'histoires. Les autres recrues discutaient tranquillement, se racontant leur journée en mentionnant la scène dans le gymnase sans omettre aucun détail. Même si la majorité du groupe avait été renvoyée chez elle après les nominations, ce petit groupe savait se faire entendre pendant les repas.
Je frappai du poing sur la table et élevai la voix.
"Silence !"
"Oui, commandant Jeon !" répondirent-ils tous en chœur avant de reprendre leur repas en silence.
Je les observai un moment, le poids de la journée pesant lourd sur mes épaules. J'aurais préféré ne pas attirer l'attention, mais il semblait que c'était inévitable. Chaque mouvement, chaque parole était scruté, jugé. Mes pensées retournèrent à Taehyung et Joan, et je me demandai comment tout cela allait se terminer. Le silence dans la salle à manger devint presque assourdissant et j'espérais que quelqu'un désobéisse pour la première fois.
Mon petit tour de marche dans la cour arrière du bâtiment principal me permit au moins de voir les étoiles et quelques écureuils. Mais pour mon problème de grade, j'avais fait chou blanc. Est-ce que Taehyung serait réellement capable de se réjouir pour moi après notre engueulade ? Je ne voulais pas perdre un frère d'armes... La consécration était-elle assez alléchante pour que je passe outre ces années d'amitié ?
Soudain, une musique entraînante m'empêcha de trottiner plus loin, et je m'arrêtai près des portes de la grande salle, entrouverte. Le petit corps de Joan bougeait dans tous les sens au rythme effréné, pas du tout ce que je lui avais demandé. Je n'étais peut-être pas le plus grand danseur du coin, mais par rapport à elle, il n'y avait pas photo. Les femmes n'étaient-elles pas censées être gracieuses et souples ? C'était comme assister à la naissance d'un girafon déboussolé.
Elle bougeait au rythme des paroles entêtantes ;
"Hey, hey, hey
Ba-dee-ya, say, do you remember?
Ba-dee-ya, dancin' in September
Ba-dee-ya, never was a cloudy day "
Personne n'aurait pu l'empêcher de se dandiner comme une folle, profitant de ce moment de faiblesse interdit pour relâcher toute la pression qu'elle avait sur les épaules. Loin de moi l'idée de lui demander d'arrêter. Il y avait dans ce détachement, une fièvre intrépide que je découvrais. La nièce de Jin était peut-être bien plus impressionnante que je ne l'avais cru. Ça me fit sourire, très subtilement évidemment mais tout de même.
La musique s'arrêta, et Joan, complètement en sueur dans la faible lumière de son téléphone posé sur une table recouverte d'un drap blanc, redressa la tête.
"Alors ? Qu'est-ce que vous en pensez ?" demanda-t-elle en détachant ses longs cheveux pour les recoiffer, dans un geste bien plus séduisant que toute sa danse.
J'allais lui répondre, impressionné qu'elle m'ait remarqué au milieu de sa transe. Avec un peu de chance, elle allait ravaler son audace et me supplier de lui enseigner quelques pas, désespérée.
"C'est pas mal," s'éleva soudain une voix depuis l'estrade, au fond de la salle. "Franchement, soldat Joan, vous m'épatez de jour en jour."
Mon corps se figea, encore caché par l'obscurité de la nuit. Je ne l'avais pas vu venir, celle-là. Tellement que ma mâchoire se serra violemment pour m'empêcher de ne pas cracher un juron. Taehyung applaudit ironiquement en s'approchant du fruit défendu, qui arborait encore ce foutu sourire aux lèvres.
"Je vous l'avais bien dit que j'avais ça dans le sang." se moqua-t-elle avec une voix insupportable.
Il fallait bien admettre qu'elle ne m'avait absolument pas attendu, ni même demandé quelques conseils. Quel genre de femme voulait-elle faire croire qu'elle était, hein ? Les croqueuses de diamants étaient finalement partout. Mon cœur se serra violemment, et je fis demi-tour, manquant de renverser une chaise au passage. Putain, pourquoi fallait-il que cela m'énerve autant ? C'était leur problème. Merde. Il ne fallait pas que cela devienne aussi le mien.
"Bonne nuit Monsieur Jeon !" me salua le soldat Min qui passait par là, une brosse à dent dans la main et un dentifrice dans l'autre. "Hâte de vous voir à la cérémonie Commandant !"
"Fermes-là et va te coucher Min."
Pourquoi tout le monde n'avait que ce mot à la bouche bordel. J'allais finir par en cogner un. C'était peut-être la saison des cons. Ils s'étaient passé le mot de me foutre la rage. D'abord Tae après Joan et maintenant lui. J'aurai dû tout lui balancer quand cet abruti lui as parlé de l'accord avec le ministre. Au moins elle se serait barrée.
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