PDV Nahéma

  Rafaël n'était pas du tout heureux de nous voir avec Peter. À moins que l'entité passait ses émotions par lui. Nous entrâmes tout de même. Peter s'assura qu'il ne pouvait pas partir, et commença l'exorcisme. Ça passait de sermons à prière, passant du français en latin. Pour ne pas que Rafaël, qui commençait à grimacer, souffre, le prêtre s'arrangea pour que l'entité le laisse, coupe tout lien avec lui. Ce qui arriva. Ce n'était plus une silhouette, une ombre, mais bel et bien un être fait de chair et d'os, ou de je ne sais quoi... Il était là, au centre de la pièce, impressionnant. Sa tête affreuse effleurait le haut plafond de deux cornes arquées. Rafaël ne bougea pas d'un pas. Il devait être épuisé par le démon. Greg, lui, au contraire, recula le plus possible, jusqu'à ce que le mur l'arrête. Moi, je m'assis, la présence me donnant des vertiges. Peter augmenta le niveau, avec crucifix et eau bénite. L'entité hurlait, mais il me semble que seuls Rafaël et moi l'entendait, lui par son lien avec l'entité, moi par mon don. Puis, nous fûmes tous aveuglés quelques minutes. Quand la visibilité nous revint, le démon avait disparu, et sa présence avec. Nous échangeâmes tous un regard interrogateur. De plus, l'horloge indiquait que cela faisait trois heures que nous étions là, ce qui nous paraissait totalement faux.
- Il est parti? questionna Greg, inquiet.
- Il est parti... confirma Rafaël.
  Un soulagement infini s'entendait dans sa voix. Il prit dix bonnes minutes à remercier Peter, puis moi, et il s'excusa pour le comportement qu'il avait eu envers moi. Bien sûr, je ne lui en voulais pas, comme c'était l'entité qui s'était exprimée à travers lui. Puis il se tourna vers Greg et il le prit dans ses bras, les larmes aux yeux. Avec Peter, nous décidâmes de les laisser tous les deux et nous sortîmes.
  Depuis, tout redevint normal. Il nous fallut un certain temps avant de pouvoir parler de cette histoire, de Mathilde, de Gaëlle, sans saigner intérieurement, mais nous réussîmes à faire le deuil. Il n'y avait plus de trace apparente de l'apparition de démon, Rafaël était totalement différent, il était redevenu lui-même. Seule une chose était restée de ce soir-là. Un mot, sur un coin de mur de l'appartement de Rafaël. Impossible à recouvrir, à effacer. Juste un mot, écrit avec du sang. Un mot qui était apparu lorsque nous avions perdu la vue durant ces trois heures qui nous avait parues durer quelques minutes. Un nom. Celui du démon. "Bhiutham".

Fin