BEYOND THE SEA- 02
"Tu veux me rejoindre?"
La mer affluait et refluait, troublant la silhouette brouillée noyée par les flots.
Yoongi se figea, les yeux écarquillés et les lèvres entrouvertes. Il était incapable de bouger. Ses mains se crispèrent furieusement sur le rochers, et il se blessa avec l'arrête piquante de la pierre. La légère douleur le fit revenir à lui. Enfin, il réalisa et se redressa.
Le jeune homme fourra à la hâte ses affaires dans ses poches et s'enfuit, bonnet à la main.
Il courut, enjamba les rochers, trébucha, et finit par tomber en s'égratignant les mains et les genoux. En geignant, les larmes aux yeux, il se releva et reprit sa course effrénée. Il ne devait pas traînasser.
L'embrun salé fouettait son visage. Les bruit des vagues sur les roches ne le détendait plus, il couvrait les sons ambiants, rendant Yoongi incapable de savoir si quelqu'un le suivait. Le garçon paniquait, hésitait sur les directions à prendre, trop effrayé pour pouvoir réfléchir correctement. Il s'essoufflait, sa gorge le brûlant et ses jambes étant devenues douloureuses.
La maison était loin, trop loin. Les battements de son cœur s'affolaient.
Devait-il tourner à droite ou à gauche, à présent? Et ce buisson aux fleurs rouges, n'était-il pas déjà passé devant il y avait une poignée de minutes? Malgré la fatigue, le noiraud continuait à marcher, se fiant à ses souvenirs en tentant de reprendre son souffle. Seuls les claquements rythmés de ses talons sur la terre battue des sentiers ne troublaient le silence assourdissant de la nuit.
Enfin, il aperçut la silhouette du petit cottage, plongée dans le noir. Il força sur ses jambes et reprit sa course. Il se jeta sur la porte non-verrouillée et s'engouffra par l'ouverture, aussi vite que possible. Puis, il referma bruyamment le loquet, escalada quatre à quatre les marches de l'escalier et se précipita dans sa petite chambre.
Le garçon s'affala sur son lit, enfouissant son visage rougie par le froid dans ses mains gelées. Dans la chambre vide, seule sa respiration erratique résonnait. Ses pensées tourbillonnaient dans son esprit, tandis que les tremblements de ses membres se stoppèrent peu à peu.
"Mais c'était quoi ça?"
Pendant des années, il s'était réfugié ici, où rien ni personne ne venait troubler ses murmures solitaires, déranger ses contemplations du ciel étoilé et perturber le silence de ses nuits calmes. Mais cette nuit, quelqu'un s'était introduit dans son monde et l'avait sauvagement piétiné. Quelqu'un venait de mettre un pied dans son univers et en avait brisé les barrières, en lui enlevant ce sentiment de sécurité.
On lui a parlé.
Quelques mots qui sont parvenu à briser cette solitude rassurante dans laquelle il s'était enfermé. On lui avait volé son endroit, son refuge.
On l'avait arraché à son monde.
Il était le seul encore éveillé, et la maison était parfaitement silencieuse. Yoongi savait que Jungkook dormait à côté. Son petit frère et lui n'étaient séparés que par une cloison mince comme du papier. Mais il ne voulait pas réveiller son petit frère pour une pareille broutille. Et puis, le môme avait besoin de sommeil pour pouvoir bien étudier à l'école. C'était étrange tout de même, cette sensation de solitude l'oppressant de ses bras froids et poisseux.
Après de longues minutes d'angoisse, il se releva et alluma sa petite lampe de chevet. La sensation de son haut collant à sa peau à cause de la transpiration le sortit de sa torpeur. Il devait aller prendre une douche, puis il ira se coucher. Sans allumer le plafonnier, il traversa le couloir, longeant les murs en tâtonnant. Le parquet grinçait un peu sous ses pas, mais celui-ci ne faisait pas assez de bruit pour troubler le sommeil du petit garçon endormi dans sa chambre. Il s'immisça dans la petite pièce d'eau, ouvrit le robinet de la baignoire et ôta ses habits rapidement.
Enfin, il se glissa dans l'eau chaude, laissant choir sa tête sur le rebord de la baignoire. Le savon piquait ses plaies. D'ici, il parvenait à voir son reflet dans la glace. Son regard s'attarda un instant sur ce que lui renvoyait le petit miroir placé au-dessus du lavabo.
Pâlichon, les joues et le nez encore rouges à cause du froid, les lèvres gercées et abîmées à force de les mordiller. Il admira un court moment son torse frêle, avant d'empoigner ses cheveux de jais. Sa frange trop longue retombait continuellement devant ses yeux en amandes, il devrait aller les faire couper. Mais s'il voulait aller chez le coiffeur, cela signifiait sortir, et voir des gens; et ça, il ne le souhaite pas. Alors non, il demandera à tante Ha-Neul de les couper, comme à chaque fois. Il se savonnait, ses petites mains passent sur son corps chétif, et un détail alarmant le fit s'affoler.
Sa gourmette, elle n'était plus accrochée à son poignet.
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