Partie 2
PDV : Jeon Jungkook
Le lendemain matin, ce furent les rayons du soleil qui me chatouillèrent les paupières pour m'extirper des bras de Morphée.
Elles étaient particulièrement puissantes et lorsque je m'assis dans mon lit pour checker mes messages, j'en aperçus une ribambelle.
De "Jung" à 7h54 :
Alors ? Ça fait quoi de perdre son travail adoré ?
Je suis déjà au bureau et je parie que tu roupilles encore, haha !
Tu vas voir, le chef ne va jamais te rendre ton post quand il va voir que je suis bien plus efficace que toi, face de rat.
Hâte que tu reviennes pour voir ta gueule de perdant, Jeon.
A "Jung" à 10h36 :
Tg.
De "Jung" à 10h40 :
Avec plaisir, nous verrons bien qui l'ouvrira en dernier.
PS : apprends à écrire où tu vas devoir repasser ton diplôme, mon beau. Ce serait dommage non ?
A "Jung" à 10h42 :
Tg.
Bon, nous commencions sur une belle journée. Je me préparais en quelques minutes à peine et arrivais au poste pour 11h30. Avec des cafés pour tout le monde. Je me rendis en premier lieu dans le bureau du chef.
— Bonjour Chef, merci pour cette opportunité. Je ne vous décevrai pas. Voici un café, comme vous le préférez, long et noir.
— Merci Jungkook, heureux de constater que tu ne le prennes pas comme une punition. Allez, va travailler.
— Oui monsieur Kim, répondis-je avec une révérence.
Content d'avoir pu faire bonne impression, je distribuais le reste aux autres membres de l'équipe. Ils me remercièrent tous chaleureusement.
— Jeon, t'as pas pensé à ton supérieur ?
— Si, si, j'arrive. Ne t'en fais pas, prononçai-je en m'approchant de son bureau.
J'avais pris le soin de ne pas correctement refermer sa boisson et quand il l'attrapa par le couvercle, je lâchais ma prise et l'entièreté de son café se renversa sur ses notes.
— Putain, Jeon tu es con ou quoi ?
— Oupsi
— Qu'est-ce que tu fais planté là. Ramène-moi du sopalin.
— Non.
Je le regardais paniquer en cherchant désespérément de l'aide auprès de tous nos collègues pour trouver une solution pour que ses dernières recherches ne soient pas vaines.
Je m'installais sur le fauteuil à côté du sien pour siroter ma boisson tout en jubilant intérieurement. Cela apaisa quelque peu ma haine pour cet homme quand bien même ce n'était que de très peu.
Il courait à droite à gauche puisque tous les rouleaux d'essuie-tout étaient vides, il se donnait ainsi en spectacle puisque de temps à autres, il beuglait pour que personne ne le regarde.
Quand enfin il finit par se résigner et jeter ses feuilles imbibées de café et de sucre et qu'il s'installa dans son fauteuil noir je me dirigeais à son oreille pour lui souffler ces quelques mots qu'il avait employé à mon égard :
— Alors ? Ça fait quoi de perdre son travail adoré ?
Il fulminait de rage, je le voyais à ses oreilles qui rougissait.
— Ta gueule, Jeon. Va faire tes recherches.
— Okay, lui répondis-je.
Mais uniquement parce que j'en ressentais l'envie.
Je me mis au travail rapidement mais lorsque quinze heures sonnèrent, monsieur Kim m'appela. Enfin il appela un agent disponible à la rescousse et comme j'avais fini ce que j'avais à faire, je me rendis à son bureau pour la seconde fois de la journée.
— Oh, Jeon, c'est toi. Je m'attendais à ce que ce soit Jung qui vienne.
— Navré monsieur Kim, vous allez devoir vous contenter de moi. Monsieur Jung a eu un léger désagrément qui a bouleversé tout son planning.
— Bien, ne perdons pas plus de temps alors. Installe-toi, je t'explique tout ça rapidement.
Il m'exposa brièvement les faits. Je n'avais que quelques détails mais cela me semblait suffisant pour accomplir ma tâche.
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Je sortis avec mon équipe et je me dirigeais vers l'un des quartiers les plus délabrés de la ville. Il y aurait un trafic de stupéfiants, d'après les dires de Jung. Nous ne connaissions pas du tout celui en tête de ces pratiques.
Je n'avais qu'une chose à faire, arriver sur les lieux, menotter tous ceux qui se trouvaient sur place et les emmener au commissariat.
J'avais décidé de ne pas allumer les gyrophares de la voiture civile pour n'alerter personne. En quinze minutes à peine nous y étions.
C'était une ruelle isolée, nous étions trois au total et nous foulions le goudron avec des pas discrets. Nous n'échouerions pas cette mission.
Il n'y avait que des hommes cagoulés, vêtus de vêtements foncés. Ils formaient un regroupement et même s'ils semblaient inoffensifs aux premiers abords, je fis signe à mon équipe de s'armer pour parer d'éventuelles attaques.
— Police nationale. Si vous coopérez, il n'y aura pas de blessés. Que tout le monde lève les mains où nous ouvrirons le feu !
Comme je devais m'y attendre, personne ne m'écouta. Nombre d'entre eux prirent la fuite, enfin tous. Je fis signe à mes hommes de les poursuivre sans pour autant tirer au risque de toucher un innocent.
J'avais jeté mon dévolu sur un homme à la carrure fine mais aux jambes solides. Celui-ci courrait vite en plus d'être agile. Il remarqua bien vite que je le suivais et nous continuâmes ainsi en course poursuite sur plusieurs centaines de mètres encore avant qu'il ne prenne un virage que je connaissais bien. Qui menait sur un cul-de-sac et qui par conséquent n'était pas du tout fréquenté.
J'entendais les pas des autres derrière mon dos, mais seul le criminel face à moi m'intéressait. Il semblait avoir l'habitude de bosser dans ce coin alors pourquoi avait-il volontairement choisi de s'isoler dans une voie sans issue ?
— Mains en l'air, ou je tire !
Il était face au mur et donc dos à moi. Il dirigea ses deux mains vers les cieux conformément à mes dires.
— Tu vas te retourner lentement et retirer ta cagoule.
De nouveau, il s'exécuta. Mais au moment de retirer ce tissu qui masquait son visage, il marqua une pause.
— Jungkook, es-tu sûr de vouloir voir mon visage ?
— C'est agent Jeon pour toi.
— Réponds simplement et j'obéirai.
— Enlève cette putain de cagoule.
— A tes ordres.
Il dévoila en premier lieu sa mâchoire carrée, puis sa bouche armée d'un sourire en forme de boxe avant de retirer le reste d'un coup.
— Déçu ?
— Qu'est-ce que tu fais ici ?
— Tu vas m'arrêter ?
— Je fais mon boulot.
— Tu sais que je pourrais te le faire très facilement. Et puis, j'ai quelque chose qui peut t'être très intéressant.
— Qu'est-ce que tu veux ?
— Que tu me laisses partir, tout simplement.
— Et qu'est-ce que j'y gagne ?
— Le droit de garder ton poste, beauté. Il s'approcha de mon oreille pour y glisser délicatement ces quelques mots. Et puis, j'ai ta prochaine cargaison, tu sais celle que je devais t'offrir.
Mon corps tressaillit rien qu'à l'idée de pouvoir se procurer aussi simplement ces pilules. Mais une partie de mon cerveau rationnel me dit que j'avais très bien réussi à trouver des alternatives pour palier à ce sentiment de manque. Je ne savais que faire.
Dans mon esprit tout n'était que duel entre désir et devoir. Justice et égoïsme.
Je finis par tendre la main dans sa direction, il fit un sourire en coin qui me fit comprendre que j'avais fait un choix judicieux. Il glissa donc ces quelques boîtes sur ma paume et s'en alla le pas léger.
Je retrouvais le reste de mon équipe au niveau des voitures et je m'aperçus que tous avaient été attrapés, sauf le mien.
— Je savais que Kim Taehyung était le plus fort. Heureusement que c'était lui qui gardait le package, s'exclama l'un des prisonniers en me voyant arriver bredouille.
J'avais pris soin de cacher ces médicaments dans mon uniforme de sorte à ce qu'ils ne se voient pas.
— Tu te la fermes, oui ? répliqua un autre agent, Choi, me semblait-il.
Nous retournâmes à la préfecture et je passais en premier pour annoncer la mauvaise nouvelle au chef.
— Navré Monsieur, nous n'avons pas réussi à intercepter Kim Taehyung.
— Ne t'en fais pas, Jeon. Je m'en doutais, cela fait des années que sa tête est secrètement mise à prix. Je vais faire en sorte de rendre cela public. Tu as fait du bon boulot. Rentre chez toi te reposer.
— Oui monsieur.
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Sur le chemin du retour je ne pouvais m'empêcher de penser à Taehyung. Devais-je le tenir au courant qu'il serait très prochainement recherché par toutes les autorités ?
J'hésitais longtemps à lui écrire, bloqué sur sa conversation. Je supprimais chaque fois très rapidement pour qu'il ne voie pas les trois petits points apparaître.
De "Lee Jieun" à 19h54 :
Hi Jungkook !
Je viens de sortir du boulot, ça te dit un p'tit date ?
Tu me manques déjà alors que l'on s'est vus hier, haha.
Cela pourrait bien me permettre de me changer les idées.
A "Lee Jieun" à 19h57 :
Coucou !
Avec plaisir, je connais un bon karaoké, ça te dit ?
De "Lee Jieun" à 19h58 :
Partante ! J'espère que tu chantes bien, je ne compte pas te laisser gagner.
Rendez-vous dans une heure.
Elle n'était vraiment pas ce genre de filles à mettre trois heures à se préparer, elle me plaisait de plus en plus.
Je rentrais chez moi juste pour troquer ma tenue de travail contre quelque chose de plus confortable. Un jean et un pull léger étaient parfait. Quand j'allais me chausser, je fis demi-tour à ma chambre et me parfumais. Je décidai de faire un détour chez le fleuriste pour mettre toutes les chances de mon côté.
La fleuriste me recommanda quelques jolies fleurs qui formaient un magnifique bouquet aux multiples senteurs et couleurs qui s'harmonisaient, comme s'il s'agissait d'un portail vers un monde nouveau. Un monde où seul le bon existait. Un monde où les nuances de blanc et de noir n'existaient pas.
La botanique s'étendait sur des lieux, alliant des couleurs des plus improbables ensemble. Nous pouvions retrouver du jaune banane avec du rose bonbon. Du rouge cassis avec du vert d'eau. Et tant d'autres encore.
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J'avais critiqué la gent féminine avec leurs retards réguliers, mais je n'étais pas mieux. J'étais pire, si cela était possible.
J'entrais dans l'établissement essoufflé d'avoir couru, mais au moins, le bouquet était en bon état.
— Je suis terriblement désolé. Je voulais absolument t'offrir un bouquet de fleurs mais je n'avais pas anticipé le temps que cela me prendrait de les choisir, m'excusai-je en lui tendant le bouquet.
— Ne t'excuse pas, Jungkook. Je l'adore ! Ces fleurs sont mes préférées et leurs couleurs sont si belles. Merci beaucoup ! me remercia-t-elle en me claquant un baiser sur chaque joue. Et si nous allions manger d'abord ? Je meurs de faim.
— Moi aussi, j'ai pas eu le temps de me prendre quelque chose après le boulot. Je te suis !
Nous nous en allâmes alors que nous étions devant le karaoké. Mais bon, il était difficile de chanter le ventre vide.
Je ne connaissais pas cette ville comme ma poche mais je reconnaissais cette adresse à laquelle elle m'avait amené. C'était un restaurant italien réputé pour ses lasagnes et ses pâtes inégalables. Sans compter leur variété infinie de pizza.
Nous commandâmes rapidement et engloutîmes ce repas en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire. J'insistais pour payer, préférant agir en gentleman mais Jieun ne se laissa pas abattre puisqu'en contrepartie, elle décida de m'offrir le karaoké.
Nous fîmes machine arrière et réservâmes une salle pour deux. Le gérant nous conduisit dans une de ces pièces au sous-sol et nous expliqua comment rechercher nos musiques préférées. Il y avait même différents modes, notamment un qui nous permettait de concourir l'un contre l'autre.
Ce fut celui que nous choisîmes. Je gagnais au pierre-papier-ciseau alors je choisis le titre sur lequel nous nous affronterions.
Born to die de Lana Del Rey.
Je le sélectionnais et les premières notes s'élevèrent. Quand elle se conclut, je vis mon score s'afficher sur l'écran. Ce dernier était de 97 sur 100.
— Alors, Jieun. Tu penses pouvoir me battre sur ce coup ?
— Bien sûr, Jeon. Je gagne toujours.
Sa voix s'harmonisa avec les notes et j'en restais moi-même bouche bée. Je ne saurais dire si j'assistais à une battle de chant ou à un concert gratuit. La dernière note acheva la chanson et son score s'afficha à son tour sur l'écran.
Elle obtint le score de 99 sur 100. Cette victoire, elle l'avait méritée. Mais ma fierté m'empêchait de le lui dire.
Elle me fit une tape amicale dans le dos.
— Alors, qui c'est qui avait raison, Jeon ? Je t'ai battu. Tu m'dois une boisson.
Elle se précipita vers le comptoir à boissons pour sélectionner celle de son choix. Elle valida la commande avant d'insérer ma carte dans la fente sans même que je sache comment elle l'avait obtenue.
— Ton code, Jeon ?
— Fiou j'ai cru que tu l'avais aussi.
— Ton code.
— 7538.
— Merci.
Elle vint vers moi pour me donner baiser sur la joue et se retira de la salle pour aller récupérer son verre de Pina Colada en le revendiquant comme étant « la meilleure boisson de l'endroit ».
Ensuite, les verres s'accumulèrent, les chansons aussi au même rythme que les victoires et les défaites. L'heure approcha dangereusement des deux heures du matin quand nous sortîmes de l'établissement. La nuit était largement installée dans la rue et les lampadaires éclairaient comme ils le pouvaient la pénombre.
Nous étions tous les deux bien ivres et marchions à peine droit. Je tenais Jieun maladroitement par les épaules tandis qu'elle s'appuyait lourdement sur moi. Je ne pouvais décemment pas la laisser rentrer seule.
— Je vais t'emmener chez toi, d'accord ?
Elle hocha la tête contre ma poitrine alors ce fut ce que je fis.
Une bonne dizaine de minutes plus tard, nous tombâmes tous les deux sur son canapé.
— Je vais dormir ici, va prendre une douche, je prendrai la mienne demain matin Jieun.
— D'accord, me répondit-elle en attrapant son pyjama avant d'aller à la salle d'eau.
Je la soupçonnais d'avoir volontairement omis de fermer la porte.
L'eau coula un bon moment et j'entendais de temps à autres d'autres bruits qui se mêlaient à ce son. Je ne m'en préoccupais pas davantage avant d'entendre cette même voix crier mon prénom. J'accourus dans la salle de bain mais tout ce que je vis était l'image de Jieun, nue, et assise sur le sol de sa douche.
— Jungkook, aide-moi s'il te plaît. J'ai glissé et je n'arrive plus à me relever.
Je ne pouvais pas la laisser ainsi alors je me saisis d'une serviette accrochée sur le porte-serviette derrière la porte et me dirigeais vers elle pour la soulever dans mes bras. Je l'emmenais dans sa chambre mais quand je la mis dans le lit, elle tira le haut de mon t-shirt ce qui fit que je tombais sur elle.
Mes sens étaient en alerte, ils savaient exactement ce qui allait se passer mais l'information ne monta pas à mon cerveau. En temps normal, si l'alcool ne ralentissait pas tout mon système, j'aurais été en capacité de lui dire stop. Mais mon attirance pour elle et mon état d'ivresse m'empêchèrent de mettre un point final à la situation.
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Ce matin-là, comme la veille, ce fut la lumière du jour qui me réveilla. Cependant je n'étais pas seul dans le lit puisque Jieun se trouvait dans le creux de mes bras. Ses paupières fermement jointes témoignaient de son sommeil profond et je n'eus pas le cœur à l'en extirper.
Je sentis un mal de tête me fracasser le cerveau mais aucun souvenir de ce qu'il s'était passé durant la précédente nuit ne me revint en mémoire. Enfin, je pouvais facilement le deviner grâce au corps nu de la femme entre mes bras.
J'allais dans la cuisine dans le but de trouver de quoi soulager mes maux. Il y avait du Spasfon dans un des placards alors j'en récupérai deux ainsi que le même nombre de verre. Quand j'eus consommé mon médicament, je déposais ce qu'il fallait sur la table de chevet pour que Jieun ait de quoi se soulager à son réveil.
Par la suite, je pris juste une douche rapide le temps que le médicament fasse effet, me rhabillais et m'en allais chez moi pour me changer et aller travailler.
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Cette journée de travail fut longue et barbante. Je ne faisais qu'aider Jung à trier ses dossiers tandis qu'il faisait des recherches sur l'affaire Hwa. Il s'approchait dangereusement de la solution, apparemment. Quant à moi, je ne ressentais aucunement le manque que me provoquait la non prise de mes pilules pour je ne savais quelle raison. Mais je gardais précieusement la boîte qu'il me restait dans mon casier, au cas où quelque chose qui nécessiterait sa prise immédiate se produisait.
Je sortis de la préfecture à dix-huit heures aujourd'hui, histoire de contrebalancer mon arrivée tardive ce matin même.
Je n'avais pas eu l'occasion de vérifier mon téléphone de la journée alors ce fut la première chose que je fis.
J'avais de nombreux messages non lus, comme si cela ne faisait non pas une demi-journée mais un demi-siècle que je ne m'étais pas connecté sur les réseaux sociaux.
De « Lee Jieun » à 12h24 :
Hi Jungkook, je tiens à m'excuser pour mon comportement d'hier, l'alcool et moi ne faisons pas bon ménage.
De « Lee Jieun » à 13h42 :
Jungkook ? Tu m'as pas répondu, je m'inquiète. Tu as bien mangé ?
De « Jimin » à 13h51 :
Jeon, qu'as-tu fais de ma serveuse. C'est la première fois qu'elle se désiste sans prévenir.
De « Jimin » à 16h55 :
Bon, c'est plus drôle là.
De « Lee Jieun » à 17h46 :
J'ai fait quelque chose de mal ?
Je décidais de ne pas répondre et de directement passer par la case coup de fil, ce serait plus rapide.
Un bip, deux bips, trois bips. Je suis désolée vous êtes bien sur le répondeur de « Lee Jieun », elle n'est pas disponible, veuillez rappeler plus tard.
Je retentais.
Un bip, deux bips, trois bips. Je suis désolée vous êtes bien sur le répondeur de « Lee Jieun », elle n'est pas disponible, veuillez rappeler plus tard.
Un bip, deux bips, trois bips. Je suis désolée vous êtes bien sur le répondeur de « Lee Jieun », elle n'est pas disponible, veuillez rappeler plus tard.
— Allo ?
— Putain, tu m'as fait peur. Pourquoi tu répondais pas ?
— J'étais occupée.
— Pourquoi t'es pas allée travailler ?
Bip.
Elle m'avait raccroché au nez.
De « Lee Jieun » à 18h17 :
T'es qu'on con.
Là, j'avais merdé.
Je décidais d'appeler Jimin qui lui répondit à la première sonnerie comme s'il n'attendait plus que mon appel.
— Je crois que j'ai merdé avec Jieun...
— Je sais, t'es vraiment con.
— Comment je peux faire pour réparer ça ? Je l'aime vraiment bien.
— Tu es sûr de l'aimer comme elle le mérite, Jungkook ?
— Non.
— Quand je te dis amour, à qui penses-tu, Jungkook ?
— Je- je peux pas te le dire.
— Va la voir.
— Mais-
— Va la voir, putain de merde.
— O-oui d'ac-
Et il coupa l'appel.
Je courus presque jusqu'à l'appartement de Jieun, j'empruntais les escaliers à toute allure et arrivait devant sa porte en un rien de temps.
Je ne la connaissais pas depuis longtemps, mais je savais que j'avais besoin d'elle. Un lien puissant s'était tissé entre nous et ce n'était pas une nuit de sexe entre nous qui allait le briser.
J'hésitais une demi-seconde avant de frapper contre le bois de la porte. Mais quand mon poing entra en collision avec celle-ci, l'entrée s'ouvrir d'elle-même.
Je la trouvais recroquevillée dans le coin de son salon, les joues en larmes. Et cette vue me fendit le cœur. Je ne méritais pas cette fille géniale. Parce que je ne lui retournais pas ses sentiments.
A cet instant, j'avais vraiment peur d'avoir tout cassé. Pour moi cette nuit-là ne comptait pas. Mais, et si j'avais fait quelque chose qui aurait pu sous-entendre que nos sentiments étaient réciproques ?
Ce n'était pas possible.
Je ne devais pas penser à une conclusion hâtive. Pas maintenant.
— Jieun, je peux entrer ?
— Dégage de là, je veux pas te voir.
Elle leva vers moi ses yeux baignés de larmes. Son visage exprimait colère, tristesse et déception. Il n'y avait que cela qui se voyait dans ses yeux, sur son visage.
— Pars d'ici, prononça-t-elle d'une voix assurée en détachant chacun des mots. Pars d'ici et ne reviens jamais.
— Je suis désolé pour tout. Même si je ne sais pas ce que j'ai fait.
Je venais de perdre la seule chose qui me maintenait à la surface de l'eau. Dorénavant je ne ferais que couler avant de trouver ma prochaine bouée, puisque Jieun n'était qu'un radeau qui supportait mal les vagues de ma mer agitée.
Je pleurais aussi, silencieusement. Je rentrais chez moi. Persuadé de n'être qu'un bon à rien. Je n'étais même pas capable de me justifier sur des choses que je n'avais pas faites. Rien.
Je rentrais chez moi, avec la pluie accompagnant mes larmes avec pour seule compagnie, les souvenirs heureux des jours précédents.
Il ne m'avait fallu que deux jours pour détruire l'illusion de ce bonheur éphémère.
Certaines personnes ne sont pas faites pour connaître le bonheur. Il est réservé à la classe privilégiée.
A « Monsieur Kim » à 00h25 :
Je serai là demain à huit heures. Je veux reprendre mon ancien poste.
De « Monsieur Kim » à 00h26 :
Bien. A demain.
Je repris mes vieilles habitudes, je lus quelques pages du roman que j'avais à portée de main. Le personnage se suicidait parce qu'il en avait marre de la vie. Je me reconnus étonnamment en lui et je partis dans un sommeil sans rêve. Comme lorsque je ne connaissais pas encore Jieun.
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Le lendemain matin, mon alarme me réveilla à sept heures. J'avais la sensation de ne pas avoir suffisamment dormi mais c'était ainsi. Je me levais difficilement pour prendre une douche avant de partir travailler. Je remarquais d'étranges lésions à mon cou mais ne m'en préoccupais pas.
Je pris un rapide petit déjeuner, mais j'avais besoin de mes pilules. Terriblement. Je me servis dans la caisse à médicaments et en avalais deux d'un coup avec de l'eau.
Ça allait déjà mieux.
Je sortis de mon appartement. La nuit partait à peine, le jour avait autant la flemme que moi. Je pris mon courage à deux mains et me mis à marcher dans la rue.
Je croisais Kim Taehyung, les yeux cernés comme s'il n'avait pas dormi. Quand il me vit, un soupçon de soulagement apparut dans ses pupilles. Quel homme bizarre il faisait. Tout d'abord il m'accusait de vouloir le tuer alors qu'il me kidnappait et ensuite, il surveillait la rue en bas de chez moi.
Me traquait-il ?
Bref, j'arrivais à la préfecture à huit heures. Il n'y avait personne. Je m'installais à mon ancien bureau et me mis à travailler. Je n'avais pas énormément de choses à faire si ce n'était trouver le coupable de monsieur Hwa.
Dans la journée, des flashs me prirent, dans ceux-ci, je me voyais en train d'assassiner sauvagement cet homme. Je devais reprendre mes médicaments. Alors ce fut ce que je fis et lorsque ma vue redevint claire, je vis que sur mon cahier il était inscrit de la même manière que lorsque je soupçonnais la culpabilité de Taehyung.
SUSPECT N°1 = JEON JUNGKOOK
Sauf que là encore une fois, ce n'était absolument pas mon écriture. Mais il n'y avait que moi qui aurait pu l'écrire.
Je ne comprenais pas. Pas du tout.
Je sortis mon téléphone afin de me rafraîchir les idées, j'avais bossé dur toute la journée. Je vis que Jieun m'avait bloqué, ce qui me fit mal. Mais surtout que j'avais un message qui provenait d'un numéro inconnu.
Du "+82 4 36 18 .. .." à 16h22 :
Jungkook, c'est V. Rejoins-moi au parc en face de ton lieu de travail à dix-sept heures. J'ai à te parler, c'est important. Et surtout. Viens seul.
V était le nom derrière lequel se cachait Kim Taehyung.
Je checkais l'heure sur ma montre : seize heures cinquante-huit. Je savais que je ne parviendrais pas à me concentrer davantage. Cela faisait plus de huit heures que je travaillais sans repos. Je n'avais même pas mangé encore.
Je marchais donc et arrivais au parc rapidement.
Il m'attendait près d'une allée. Les mains dans les poches.
— Qu'est-ce que tu me veux.
— Juste savoir si tu vas bien.
— QUOI C'ETAIT CA TON TRUC IMPORTANT ? J'AURAIS PU PERDRE MON JOB A CAUSE DE TOI.
— Arrête on sait tous les deux que ce n'est pas le cas.
— Tu me stalkes maintenant ? Je vais sérieusement commencer à croire que tu es amoureux de moi, Kim.
— Oui, c'est vrai... Je sais que tu l'es aussi, Jeon.
— Foutaises. Fous-moi la paix, tu veux ? Je suis assez grand pour respirer. Si je me suis débrouillé seul pendant tout ce temps, c'est pas pour que tu me chaperonnes maintenant. J'ai pas besoin de toi.
— Si, tu vas voir, me dit-il en partant dans la direction opposée.
En l'espace de vingt-quatre heures, j'avais perdu deux personnes. Ce qui faisait que j'étais seul. Très seul. Aussi seul que je l'avais toujours été.
Et ça, ça faisait mal. Très mal. Comme un coup d'épée en pleine poitrine. Un coup de fouet sur une plaie sanglante.
Mais cela ne comptait pas. A l'échelle de l'univers, la Terre n'était qu'un grain de riz dans la galaxie. A l'échelle de la Terre, je n'étais qu'un grain de sable sur une plage.
Rien de bien important.
Pourtant la vie continuait de s'acharner sur moi, n'attirant vers moi que les nuances manichéennes, renvoyant aux autres les couleurs du monde qu'ouvrait mon bouquet.
Ce bouquet qui se trouvait dans l'appartement de Jieun.
Ce bouquet que je ne pourrais jamais plus revoir.
Ce bouquet qui se fanerait au même rythme que moi.
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