Partie 1
POV : Jeon Jungkook
— Officier Jeon, vous êtes attendu pour une nouvelle affaire.
J'abandonnais ma plume sur mon bureau et me levais de ma chaise tout en retirant le cigare de mes lèvres.
Tous les deux jours, je recevais une nouvelle mission. Je suivis l'agent Park dans les couloirs. C'était un stagiaire, le pauvre avait les bras plein de toutes sortes de dossiers à distribuer à l'ensemble des bureaux.
Nous nous dirigions vers les locaux de Monsieur Kim, celui que tout le monde surnommait "le grand patron", responsable des missions, il s'occupait personnellement de la distribution de celles-ci.
— Bonjour, monsieur Kim. Vous m'avez demandé ?
Je ne reconnaissais même plus ma voix tellement elle me semblait mécanique. J'avais de plus en plus de mal avec mes médicaments ces derniers temps. Je mettais un temps fou à m'endormir à cause d'eux et manquais de ce fait, cruellement de sommeil. La caféine par intraveineuse devenait nécessaire. Mais elle me faisait me coucher encore plus tard, ce qui créait un cercle d'autant plus vicieux.
— Jeon ? Vous m'écoutez ?
— Oui, fin non, pardon ? Vous disiez ?
— Jeon, vous allez bien ? Je vous trouve de plus en plus distrait ces derniers temps. Avez-vous besoin de congés ?
A l'entente du mot "congé", je réagis au quart de tour. Je ne pouvais pas en avoir, c'était inenvisageable.
— Ne vous en faites pas, monsieur Kim, tout va bien.
— En êtes-vous sûr, Jeon ? J'ai besoin que vous soyez efficace.
— Oui, donc vous disiez ? La mission ?
— Ah oui, la mission.
Il me confia qu'un meurtre avait eu lieu dans notre grande ville, une certaine Jeon Somi avait été retrouvée morte, son corps, enfin des fragments de son corps avaient été dispersés aux quatre coins de la ville.
Apparemment il s'agissait d'une prostituée tombée sur un client trop demandeur, qui n'avait probablement pas été suffisamment satisfait par celle-ci.
Mes collègues avaient réussi à retrouver toutes les parties du corps de cette jeune demoiselle, 25 ans tout au plus, pour le reconstituer. Enfin toutes, il manquait à cela, les parties génitales ainsi que la base de son visage.
Cette vision macabre me donna envie de vomir, d'après les professionnels, sa mort aurait été causée par une asphyxie, un étouffement probablement. Ce n'était que par la suite que, l'auteur de ce méfait s'était amusé à faire de son corps, un puzzle dont les pièces avaient été dispatchées partout dans la ville.
Il n'avait laissé sur son sillage aucun indice. Rien qui puisse le permettre de débusquer le coupable, si ce n'était l'arme de l'après crime. Cette lame, gorgée de sang mesurait bien 30 cms de longueur tandis que le manche avait des traces pour un confort en main.
Je restais silencieux, dans cette ville, peu de personnes avaient accès à ce genre de couteau. Si on y réfléchissait bien, seuls les bouchers y avaient accès. Mais dans ce cas, pourquoi un gentil monsieur comme Monsieur Hwa aurait décidé de tuer une jeune femme innocente ?
Son arrestation fut rapide, c'était le seul et le meilleur du quartier. J'avais pour mission de l'emmener en cellule, le lendemain même.
Tout le monde l'appréciait, moi le premier. Mais alors, pourquoi un gentil homme comme lui ferait cette chose immonde ?
Tant de questions sans réponses auxquelles je tenterais de répondre durant l'interrogatoire.
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Cette nuit encore, je mis un temps fou à m'endormir. Mon cerveau était brouillé par toutes ces choses que j'avais vues aujourd'hui. Il tournait encore à une allure folle alors que minuit était passé depuis bien longtemps.
Je me levais, je n'arriverais pas à trouver le sommeil seul ce soir. Je me dirigeais vers ma caisse à médicaments pour en sortir des somnifères. Ma main se heurta maladroitement contre les autres boîtes et une en particulier attira mon attention. Le méthylphénidate. Il ne me restait plus que 2 comprimés et j'en avais maintenant besoin d'au moins quatre par jour, il fallait que je m'en recommande.
Au "+82 4 32 88 .. .." à 1h29.
Dispo demain pour 5 boîtes ? Je suis sur une affaire importante.
Il comprendrait avec ces quelques mots, nous échangions ainsi depuis un moment. Il ne tarda d'ailleurs pas à me répondre au bout de quelques minutes. C'était ce que j'appréciais chez lui, son efficacité.
Du "+82 4 32 88 .. .." à 1h37.
Désolé, il ne va m'en rester qu'un. Ma prochaine livraison a été retardée. Tu la veux quand même ?
Ce message me mit hors de moi. Je rouspétais contre le mur, maudissais son existence parce que je n'avais rien d'autre sous la main.
Au "+82 4 32 88 .. .." à 1h47.
Ok.
J'espérais que je renvoyais l'amertume que je ressentais en ce moment par le biais de ce message. Je détestais que les choses ne se passent pas comme je les prévoyais.
Mais bon, il était tard, il était temps de retourner au lit.
Je me roulais dans les draps avec une envie grandissante de me venger. Et étrangement, je m'endormis rapidement sans l'aide d'un quelconque somnifère.
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Nouveau meurtre cette nuit, même cas de figure, enfin presque. Asphyxie, seulement cela. Monsieur Hwa avait été retrouvé dans une sombre ruelle proche de chez moi. Son sang encore frais situait sa mort à seulement quelques heures plus tôt.
Lorsque je dormais assez tranquillement, un homme en avait tué un autre de sang-froid, juste à côté de chez moi.
Je fulminais, je n'avais jamais prévu d'être si près de la mort comme cela. Il fallait que cela cesse, les habitants avaient tous signé dans cette ville, or, avec un meurtrier qui courait les rues, ce contrat était rompu et la ville allait se vider. Les homicides n'avaient pas encore été couverts par la presse, mais ça ne saurait tarder. Nous avions l'habitude de leur demander 24 à 48 heures avant de publier leurs articles et jusqu'à aujourd'hui, nous n'avions pas eu de problèmes. Mais ce funeste événement allait sûrement être le premier.
Les gens se réunissaient déjà devant la préfecture, probablement pour signaler la disparition de Hwa. Nous étions dans une impasse.
Les gens n'avaient pas besoin de la presse pour se rendre compte de son absence.
Je sentais la sueur commencer à s'accumuler sous mon haut-de-forme, mes doigts tremblaient à vue d'œil et griffonnaient des mots inintelligibles. Je me levais prestement de mon bureau pour me rafraîchir dans la salle d'eau.
J'avais besoin de mes médicaments.
Heureusement que j'avais eu ma boîte. Il m'avait attendu dans la petite ruelle en face du commissariat. Toujours aussi discret, l'échange s'était opéré dans le secret de la nuit.
Je pris 4 ou 5 comprimés dans ma paume de main, je ne pris même pas la peine de les compter. Je les avaler d'une traite avant de les faire passer avec quelques gorgées d'eau du robinet.
Je posais mes fesses contre le carrelage sale des toilettes le temps que le produit fasse effet. Il fallait que je me concentre sur une chose en particulier. Que je me focalise dessus pour ne laisser aucune pensée indésirable me voler mon attention.
Quelques minutes passèrent, avant que mon corps ne se calme. Mes tremblements cessèrent, mes yeux virent de nouveau clairement. Je pus enfin me relever.
Pour me ressaisir, je défroissais les plis invisibles de mon costume avant de passer à la cafétaria de la préfecture chercher un café chaud pour reprendre mon travail.
— Jeon, me dit Park, devant la machine à café. Tu vas mieux ?
— Oui, ça va et toi ? Fais-moi un café en même temps, s'il te plaît.
Comment un garçon aussi solaire que lui avait été accepté ici ? Même, pourquoi avait-il voulu venir ici ? Gérer la paperasse de personnes aussi désagréables qui réglaient sans cesse des affaires criminelles dans le centre d'une ville.
Mon café en main, je retournai à ma place. Je ne voulais pas retourner dans cette affaire mais il n'y avait que de cette façon que je pourrais la conclure.
J'avais sorti une nouvelle feuille et je vis que j'avais griffonné au style à encre rouge, en gros et en majuscules :
KIM TAEHYUNG = SUSPECT N°1
Je m'empressai de mettre la feuille en boule et la jetai dans la corbeille à papier la plus proche.
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Je fis de mon mieux pour tenter de trouver le coupable mais c'en devenait trop difficile. Mes idées se brouillaient sans cesse lorsque je m'intéressais de près ou de loin à cette affaire.
Il était bientôt vingt-et-une heure, cela faisait presque douze heures que j'étais assis à ce bureau en train de réfléchir à la question. Il fallait que je rentre.
A l'extérieur il pleuvait à torrents, mais heureusement j'avais un parapluie. Je marchais seul dans les rues vides, le son me faisait faire le vide dans ma tête.
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J'arrivais une vingtaine de minutes plus tard, trempé jusqu'aux os.
Je jetais mes vêtements dans la machine, me douchais et me mis dans mon lit. Cette nuit, il fallait que je dorme. Au moins huit heures.
J'attrapai l'un de ces polars ennuyeux, mais je les aimais bien. Qui pouvait savoir, cela pourrait m'aider à débusquer le coupable.
Cette fiction racontait l'histoire d'un tueur en série qui travaillait dans la police. Le jour, il traquait le mal, la nuit, il le devenait.
Si seulement, je dormais confortablement...
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— Jungkook, qu'est-ce que tu fous chez moi ?
Je n'entendais qu'un fond sonore inintelligible, j'avais un besoin viscéral de voir du sang couler. Je n'étais pas moi, je le savais, une autre entité avait pris le dessus sur moi.
— Putain, Jungkook. C'est pas parce que je n'avais pas ta dose que tu dois te mettre dans des états pareils merde.
Je n'avais qu'une seule hâte, sentir son hémoglobine sur ma peau, ses cris de souffrance quand j'enserrerais son cou de mes dix doigts.
— JUNGKOOK ! Ça ne sert à rien d'essayer de me tuer. Tu n'y arriveras pas.
Je sentis une lame m'entailler les mains. Je voulais son hémoglobine, pas la mienne. J'entrai dans une phase de fureur.
— Putain, calme-toi merde.
Je changeais d'avis. Cet humain parlait beaucoup trop. Je changeais mes plans. Je me relevais prestement et allais dans ce qui me semblait être sa cuisine. Je fouillais tous les placards, en vidais la quasi-intégralité à la recherche de l'objet de ma convoitise.
J'arborais mon plus beau sourire sur mon visage et retournais à mon emplacement précédant.
— Qu'est-ce que ?
— Chuuut, ne dis rien et tire la langue, beauté.
— Qu'est-ce que tu veux faire ?
— Fais-moi confiance un peu, voyons. Ouvre la bouche et fais "aaaaah"
— Putain, mais casse-toi et éloigne ce couteau bon sang.
D'une manière ou d'une autre, ma proie parvint à s'extirper de ma prise et à courir de l'autre côté de la chambre.
Oh, c'était la première fois que l'on me résistait comme ça. C'était marrant de ne pas avoir le dessus dès le début de la partie. D'habitude, elles s'offraient sur un plateau d'argent, lorsque je m'amusais à contrôler leur souffle de mes dix doigts. Mais là non, et si cela durait trop longtemps, je risquais de m'énerver. Férocement.
Couteau à la main, je le pourchassais dans sa chambre jusqu'à la cuisine puis jusqu'à la salle de bains et enfin dans ses toilettes.
— Et voilà, tu es fait comme un rat.
J'observais attentivement son visage, mémorisais chacun de ses traits comme je le faisais avec mes précédentes victimes. Pour ne jamais les oublier. Il était beau quand même, c'était dommage de lui ôter la vie. Mais bon, il ne fallait pas jouer avec moi.
Parce que je ne perds jamais.
Je m'installais à califourchon sur lui, approchais ma bouche de son oreille pour lui demander ses derniers mots à dire avant de mourir. A cette question, un sourire malicieux se forma sur ses lèvres.
Il fallait dire que je ne m'attendais pas à cela.
— Je voudrais te dire que tu as perdu, Jeon Jungkook.
Une fraction de seconde durant, je fus surpris. Je ne me permettais jamais de l'être davantage. Cela pouvait m'être fatal. Mais cette fois, à contrario des autres, je fus trop lent. Ce temps d'inattendu causé par ses mots permit à une tierce personne de m'attraper par les bras et de me retirer le couteau de cuisine des mains. Je fus trainé en dehors des WC, mes fesses entrèrent en collision avec le sol tellement fort que je faillis laisser un cri dépasser la barrière de mes lèvres.
On ne m'avait pas seulement tiré par les bras. D'épais fils les maintenaient liés. Je levais la tête et vis un homme que je ne connaissais ni d'Adam ni d'Eve. Ses cuisses musclées étaient surmontées d'un buste tonique et de larges épaules.
— Qui que vous soyez, détachez-moi. Ou alors, vous allez le regretter.
— Qu'allons-nous regretter, beauté ? me questionna Taehyung, en insistant sur ce surnom par lequel je l'avais appelé précédemment. A ce que je vois, là, c'est toi qui es fait comme un rat.
— PUTAIN, KIM TAEHYUNG DETACHE-MOI ! ordonnai-je en battant des pieds sur le carrelage des toilettes. DETACHE-MOI OU JE TE JURE QUE-
Je n'avais pas pu terminer ma phrase puisque cet énergumène me bâillonna de sa main droite tandis que de l'autre, il se démena tant qu'il pût pour sortir un morceau de tissu de sa poche. Il s'en servit pour l'attacher autour de ma tête afin qu'aucun son ne sorte de ma bouche.
— Et voilà, beauté. Maintenant tu vas rester sagement enfermé ici, je viendrais te chercher quand tu te seras calmé demain matin. Passe une bonne nuit.
— Mmh... mmh...
— Qu'est-ce que tu racontes ? Je ne comprends pas bien là. J'espère que tu n'as pas peur du noir. Allez, je m'en vais.
Et il s'en alla en fermant la porte d'un coup sec, me laissant seul dans le noir le plus complet sur le plancher froid de ses WC.
— Je te remercie, Yoongi. Mais tu n'étais pas obligé d'aller aussi loin. Je ne voulais pas avoir à faire ça.
Je l'entendis prononcer ces quelques mots, mais plus il s'éloignait moins clairement je l'entendais parler. Je ne pus distinguer la réponse de ce dénommé Yoongi que la folie me gagnait déjà. Cet instant de lucidité aurait peu duré, mais rester ainsi enfermé ne me plaisait pas du tout.
Je tentais de bouger mon corps mais il était difficile de faire quoi que ce fut, les pieds et les mains liés. Je n'avais que ma tête à frapper contre la porte, en espérant que je sois suffisamment solide pour la briser.
De toutes mes forces, j'enchainais les coups. Je tentais de crier à travers mon bâillon. De taper des pieds sur le carrelage mais rien n'y faisait, rien n'allait me permettre de sortir d'ici.
En plus de cela, la matière dure de la porte contre laquelle je frappais violemment était bien plus robuste que ma boîte crânienne, alors ce ne fut qu'au quatrième ou au cinquième coup que je sentis un liquide chaud couler de ma tempe pour longer ma joue.
Mais à l'heure actuelle, ce n'était que le cadet de mes soucis. Je ne supportais pas rester enfermer. Encore plus dans le noir.
Je sentais l'hémoglobine devant mes yeux, imbiber le tissu entre mes dents qui se frottait sur mes joues, les meurtrissant.
Putain, je tentais de sortir de cette pièce. Il le fallait, c'était obligatoire. Il ne pouvait pas en être autrement. Je devais sortir. Je paniquais tellement de rester sans défense que je sentais ma sueur sur mon front se mélanger au sang, créant une odeur désagréable. Désagréable et terriblement forte.
Je savais que je n'y arriverais pas, mais même si je le voulais, mon instinct de survie m'interdisait de m'arrêter. Il me força à continuer jusqu'à ce qu'à bout de force, je perdis connaissance sans détour, à deux doigts de me noyer dans mon sang.
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Des claques se déposaient sur mon visage, plus ou moins fortement. Je soulevais difficilement mes paupières, mais la lumière agressive ne me facilitait pas la tâche.
— Il revient à lui, Yoongi. Qu'est-ce que je suis censé foutre maintenant ?
— Evidemment qu'il revient à lui, tu lui donnes des claques depuis taleur connard.
— Putain, Taehyung. Qu'est-ce que je fous attaché chez toi.
Le dénommé Taehyung se retourna face à moi, un air soulagé dans le regard. Moi, j'étais toujours assis dans ce coin insalubre, pieds et mains liés. Il ne sembla pas prêt à m'aider alors je répétai d'une voix plus forte.
— Qu'est-ce que je fous attaché chez toi, merde, répétai-je, vraiment agacé.
Là enfin il remarqua ma présence comme si je n'étais qu'un mirage qui venait tout juste de devenir réel.
— Jungkook ! T-tu vas bien ?
— J'irai sûrement mieux quand tu m'auras détaché et expliqué les raisons qui ont fait que je me suis retrouvé ainsi. Avant que je n'aille porter plainte pour kidnapping.
— K-kidnapping ? répéta-t-il d'un ton rieur. Kidnapping tu dis ? C'est une blague j'espère.
— Pas du tout, qu'est-ce qui te fait croire que c'en est une ? me relevais-je en frottant mes poignets douloureux à cause de ces morceaux de ficelles. Tu as une explication rationnelle à me donner ? J'ai fort à faire avec l'affaire Hwa alors si je pouvais partir maintenant, ça m'arrangerait.
— Jungkook... commença-t-il en cherchant ses mots.
— Taehyung... poursuivis-je. Je n'ai absolument pas le temps pour tes enfantillages. D'abords ces pilules que tu es incapable de me donner ensuite ça. Je vais finir par t'envoyer derrière les barreaux.
— Jungkook, tu as essayé de me tuer, me confia-t-il sans passer par quatre chemins, le regard ancré dans le mien. Aussi dingue que ça puisse paraître, c'est la vérité.
— Donc tu hésites entre la prison et l'hôpital psychiatrique ? Kim, tu es bien parti pour. Bon allez, je passe ça sous silence cette fois, tu devras juste m'offrir la prochaine livraison. Mais si tu recommences, je me ferais un plaisir de te passer les menottes, beauté.
Je vérifiais l'heure sur ma montre avant de m'apercevoir que je ne la portais plus à mon poignet. En abaissant le regard, je vis que je n'avais que mon pyjama sur moi à ce moment.
Je passais rapidement chez moi dans l'optique de me changer. Je n'empruntais que des chemins discrets pour ne pas me ridiculiser davantage. Je fis semblant de chantonner avec mes écouteurs dans les oreilles pour qu'on ne me demande pas la raison de cette tenue inadéquate, surtout dans notre capitale dans laquelle tout allait super rapidement avec des gens qui ne vivaient que pour leur image.
J'espérais vivement que personne ne me reconnaîtrait. Déjà que la garde de mon poste était précaire, la situation ne serait pas en ma faveur si cela se passait.
Ce serait terriblement déclassant pour moi de subir un renvoi, si ce n'était pire, une rétrogradation.
Diplômé comme je l'étais, la seule issue possible pour moi était la promotion. Mais je n'étais pas bien parti pour en avoir une au vu de ma situation actuelle.
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Vêtu de mon uniforme, je me dirigeais vers le commissariat en pressant le pas puisque j'étais déjà en retard. J'avais quitté la demeure de ce foutu Kim lorsque huit heures était déjà largement passée, et je devais être prêt à travailler avant neuf heures.
Je n'accordais de l'attention à personne en me vêtant de mon masque condescendant et filais vers le bureau de monsieur Kim. Je soufflais un bon coup en posant ma main sur la poignée de la porte.
En partant vite ce matin j'avais oublié mes pilules et j'avais peur de perdre mes moyens devant lui.
La porte s'ouvrit à la volée alors je reculais d'un pas, l'agent Jung en sortit avec un sourire narquois sur les lèvres.
Nous ne nous aimions pas tous les deux. Il travaillait ici depuis bien plus longtemps que moi mais les promotions m'avaient été toutes destinées puisque mes compétences étaient supérieures aux siennes. Il se trouvait juste derrière moi dans le classement national de la police.
J'entrais. Je respirais. Je tentais de ne pas me triturer les doigts.
— Jungkook, je t'attendais.
Je sentis une goutte de sueur couler le long de ma tempe. Je retenais ma respiration.
— J'ai confié l'affaire Hwa à l'agent Jung.
— Je- comment avez-vous pu faire ça ? lui demandais-je en m'emportant. Je suis désolé, je voulais dire, pourquoi cette décision, avec tout le respect que je vous dois, monsieur Kim.
— Je ne t'éloigne pas complètement de cette affaire, Jeon. Tu seras co-dirigeant. Mais j'ai besoin de te voir en forme et j'espère qu'en diminuant ta charge de travail, cela sera le cas.
J'allais m'opposer davantage quand il me devança.
— Je sais que tu as de grosses dépenses malgré le fait que tu sois seul, je ne veux pas connaître les détails. Cependant, je ne vais pas te baisser ton salaire pour les trois mois à venir, mais je serais dans l'obligation de le faire si je ne vois pas d'amélioration d'ici là. Profite de cet allègement pour sortir, rencontrer des gens et peut-être même te trouver une femme pour fonder une potentielle famille à l'avenir.
— Bien, monsieur Kim. Merci, monsieur Kim.
— Ah et oui, tu peux prendre ta journée.
Je sortis de ce bureau dont les murs semblaient se rapprocher à chaque seconde qui passait.
Comment pouvait-il me faire ça ? A moi ?
Je me dirigeais aux toilettes en trombes, ne pouvant plus gérer ce surplus d'émotions négatives. J'espérais fermement ne pas croiser Jung en chemin ou il recevrait mon poing en pleine gueule. Je n'avais aucune idée de la manière dont j'allais me sortir de ce merdier. Mais j'avais besoin de mon poste et je ferais de mon mieux pour le récupérer.
Je passais de l'eau sur mon visage et je m'assis sur le carrelage froid des toilettes. J'écartais les jambes et détaillais mes poignets. Des marques violacées se voyaient à cause des cordes qui les entravaient depuis je ne saurais dire combien de temps.
Tu as essayé de me tuer.
Qui lui avait appris à dire de pareilles bêtises ?
J'étais un agent de la paix et de la sécurité, comment pouvais-je ne serait-ce que penser à tuer quelqu'un ?
Réfléchir me permit de me calmer, enfin pour cette fois-ci.
Quand je sortis des sanitaires, il était déjà treize heures passées. Mon ventre me rappela à l'ordre.
Comme si la météo était en accord avec les dires de monsieur Kim, un grand soleil trônait dans le ciel.
J'allais vers le port de la ville et m'approchais des bateaux. Cela me prit près d'une heure mais me permit de me vider la tête.
J'adorais l'atmosphère marine qui régnait en ces lieux. Petit, j'adorais venir ici avec mes parents adoptifs. J'enchaînais les familles d'accueil puisque ma mère biologique avait décidé d'accoucher sous X, trop jeune pour accepter les responsabilités que représentaient un enfant, me semblait-il.
Je venais à cet endroit l'été dernier encore avant que ma dernière famille ne disparaisse dans des circonstances mystérieuses. C'était à ce moment-là que j'avais reçu ma promotion de la part de monsieur Kim et depuis, je me plongeais corps et âme dans le travail pour ne pas le décevoir. Enfin, jusqu'à aujourd'hui...
Je me posais à un restaurant sympathique tenu par mon ami, Park Jimin. Cela faisait longtemps que je ne l'avais pas vu, j'avais hâte de me rattraper.
J'entrais et une cloche aigue indiqua mon arriva. Une jeune serveuse s'approcha de moi pour m'installer et me donner la carte des menus.
— Excusez-moi, mademoiselle. Pouvez-vous faire venir monsieur Park Jimin s'il vous plaît ?
Son visage blêmit et je me rendis compte de ma maladresse.
— Ne vous inquiétez-pas, c'est un vieil ami à moi.
— Oui, monsieur Jeon. Tout de suite.
— Comment savez-vous ?
— Votre badge, monsieur.
— Oh.
Elle partit sans demander son reste, me laissant le temps de checker le menu. Je savais déjà ce que je voudrais prendre quand bien même cela faisait longtemps que je n'étais pas venu manger ici.
Je fis mine de jeter un œil dans le bout de carton que la serveuse m'avait laissé et décidai sur un coup de tête de prendre un verre de mojito.
— Oh, mais quoi vois-je. Mon vieil ami ! Je t'avoue que je n'ai pas cru Jieun quand elle m'a dit que tu étais là. Ça fait plaisir de te voir, mon ami.
Je me levais pour lui faire une accolade en bonne et due forme.
— Je te ramène comme d'habitude ?
— Ouais, avec un mojito !
— Oh, le ptit Jeon international s'est décoincé le cul, enfin !
— Pff, t'es bête. Allez, va me chercher à manger avant que je ne mette une mauvaise note sur ton site !
Il fit demi-tour même si nous savions tous les deux qu'une seule mauvaise note ne changerait rien à sa notoriété grandissante d'aujourd'hui.
S'il savait que ce n'était pas parce que je me "décoinçais" comme il le disait que je m'autorisais à boire.
— Et voilà pour monsieur, dit-il en posant son célèbre "fish & chips" devant moi ainsi que le verre généreux. A notre santé, mon frère.
Nous mangeâmes tranquillement avant de nous décider à céder ces places aux nombreux clients qui attendait dans l'entrée.
Il s'excusa mille fois de ne pas pouvoir se promener avec moi mais il fêtait aujourd'hui l'anniversaire de son conjoint Park Jihoon, qu'il avait promis de me présenter très prochainement.
Je sortis donc de ce restaurant, seul, comme lorsque j'y étais entré. Je m'apprêtais à me perdre dans mes pensées lorsque j'entendis une voix féminine m'interpeler.
Je me retournai perplexe avant de me voir qu'il s'agissait de Jieun.
— Hi, Jungkook. Je viens de finir mon service et Jimin, enfin monsieur Park m'a dit qu'on pourrait faire connaissance !
— Tu connais Jimin pour l'appeler ainsi ?
— Oui, me répondit-elle en se grattant l'arrière du crâne. On s'est rencontré il y a plusieurs années et il m'a aidée en me donnant ce travail !
— Cet enfant a vraiment le cœur sur la main.
— Oui, bon. Et si nous arrêtions de parler d'une personne que nous connaissons l'un comme l'autre et qu'à la place nous faisions connaissance. Que penses-tu d'un café ?
Du rentre-dedans ? Cela faisait longtemps qu'on ne m'en avait pas fait. Je devais avouer que je n'étais quelqu'un de moche, au contraire. Mais ces dernières années je n'avais pas accordé de temps aux relations humaines. Peut-être que le boss avait raison et que c'était ce qui me ferait sortir la tête de l'eau.
Je la suivis au travers des avenues, les cheveux volants dans l'air, le rire aux lèvres. Cette femme était d'une beauté à couper le souffle. Le genre de femmes que j'aurais fièrement arboré à mon bras auparavant.
Nous restâmes tout l'après-midi ensemble, à boire des cafés et manger des crêpes quand bien même l'heure du déjeuner n'était pas si éloignée.
Je passais une bonne journée comme je n'en avais pas passé depuis un bail.
Je rentrais chez moi, exténué. Cette journée avait été folle en émotions diverses. Je n'avais qu'une hâte, me glisser sous les draps sans même prendre ne serait-ce quelques minutes pour me plonger dans un bouquin. Chose que j'avais pris l'habitude de faire depuis des années.
Après ma bonne douche chaude, je m'installais enfin sur mon lit.
De "Jimin" à 20h37 :
Alors, cet après-midi avec cette Jieun ? Elle est belle hein. Si je n'avais pas été avec Park Jihoon, il a bien longtemps que je l'aurais mangé tout cru haha.
Pff, je n'avais pas connu Jimin qui ne voulait pas à tout prix me caser durant une seule seconde.
De "Jimin" à 21h08 :
Eh, t'as lu mon message.
On reçoit une notification quand ça arrive, gros bêta.
Allez, répond moiiiiiiiiii
Tu es trop occupé à faire des enfants c'est ça ?
Si je n'ai pas de réponses avant demain matin, j'me ramène avec des capotes la prochaine fois. Je vais te foutre la honte Jaykay.
Bon bah profitez bien. J'espère que ton abstinence ne te manquera pas trop.
Est en train d'écrire...
Je quittais la conversation, il avait la fâcheuse tendance à me harceler dès qu'il n'avait pas le plein contrôle de la situation. Au même moment je reçus le message d'un numéro inconnu. J'eus l'espoir que ce fut Taehyung qui m'écrivait pour m'annoncer l'arrivée prématurée de sa prochaine cargaison, mais je me rendis rapidement à l'évidence que j'étais en tort, je l'avais traité de fou. Pourquoi m'informerait-il de cela ?
Du "+82 4 47 32 .. .." à 21h17 :
Hello Jungkookie; c'est Jieun !
Jimin m'a donné ton numéro alors je me suis permise de t'écrire.
Juste pour te dire que j'ai passé une superbe après-midi avec toi, hâte que l'on se refasse ça !
Maintenant que tu as mon numéro et que j'ai le tien, n'hésite pas à me contacter pour un prochain date :D
"Date" ce mot me paraissait étrange tellement cela faisait longtemps que je ne l'avais pas utilisé.
Merde, il lui avait donné mon numéro. Quel con je faisais.
Vous avez renommé le "+82 4 47 32 .. .." en "Lee Jieun".
A "Lee Jieun" à 21h20 :
Hi, c'était super cool. Je ne sais pas quand mais on pourrait se revoir ! Enfin si tu le souhaites aussi bien sûr ;).
Après avoir rédigé ce message à la va-vite, je changeais rapidement de conversation.
A "Jimin" à 21h22 :
Putain, qu'est-ce que tu as fait ? Pourquoi tu lui as donné mon numéro merde ?!
De "Jimin" à 21h23 :
Ah, bah enfin tu me réponds...
Je pensais que tu étais mort...
Entre ses cuisses...
Mais elle est charmante enfin, je pensais qu'elle te plaisait.
A "Jimin" à 21h25 :
Tu sais qu'une employée n'a pas le droit d'écrire à son patron si cela ne concerne pas le travail ?
De "Jimin" à 21h26 :
...
C'est mon amie aussi je te rappelle...
A "Jimin" à 21h28 :
Tu sais que je suis assez grand pour faire mes choix de vie seul ? Je lui aurais donné mon numéro si j'en avais ressenti l'envie.
De "Jimin" à 21h29 :
Mais je pensais que ça te ferait plaisir, je sais que tu es quelqu'un d'assez timide.
Oh..
Je viens d'y penser.
Merde.
Tu as déjà quelqu'un c'est ça ?
Fin ça m'étonnerait mais bon.
A "Jimin" à 21h31 :
Non
Est en train d'écrire...
De "Jimin" à 21h31 :
Alors, remercie moi Kookie. Allez bonne nuit <3
Jimin s'est déconnecté.
Mais j'ai rencontré quelqu'un qui pourrait potentiellement m'intéresser.
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Mais j'ai rencontré quelqu
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Je balançais aléatoirement mon téléphone sur la table de chevet et m'en allais dans le monde des songes tout en ne sachant même pas pourquoi j'avais inscrit ce message puisqu'il n'était pas vrai.
Jieun est totalement mon style en plus.
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