Chapitre I : La sorcière qui effaçait les existences

La reine noire

Auva - Château de la reine

La nuit s'emparait du Royaume de Norsque, sa capitale Auva s'assombrissait peu à peu sous un ciel brumeux. Un souffle glacé parcourait les ruelles et vint s'écraser contre les parois de la demeure de la Reine Noire : le château d'Auva.

De vives clartés illuminaient de longs couloirs s'étendant jusque dans la salle du trône. Des flambeaux placés en hauteur laissaient s'élever de grandes flammes ardentes éclairant une silhouette. Une femme, vêtue d'une longue robe couleur des ténèbres et portant au dessus de longs cheveux noirs une couronne en or blanc.

La Reine était assise sur son trône, sculpté dans l'un des plus beau marbre du royaume. Elle avait l'esprit ailleurs, de grands yeux bleus fixant le vide, quand de lourds bruits de pas se firent entendre. Un homme d'une carrure imposante s'avança dans la salle, les traits du visage marqués et abîmés par les duretés de la vie. Portant fièrement une armure étincelante, symbole de sa bravoure, il prit la parole :

Ma Reine, annonça-t-il d'une voix grave et tranquille, une habitante de la capitale est présente. Elle souhaiterait s'entretenir avec vous.

Je suis au courant, répliqua la Reine d'une voix coupante qui résonna à travers la salle. Faite-la entrer Vallas.

L'homme s'exécuta, et quelques secondes plus tard, une femme vêtue d'une simple robe de lin fit son entrée. Ses yeux emplis de larmes étaient dissimulés sous des cernes noires. D'un pas lent et fatigué, elle suivait le long tapis rouge menant jusqu'au trône de la Reine. Devant celle-ci, elle fit une piètre révérence.

Votre Majesté, commença-t-elle, je m'appelle...

— Je me fiche de connaître ton nom paysanne, interrompit brusquement la Reine. Viens en au fait je te pris.

— Bien Majesté, continua la paysanne la voix étranglé par la crainte et le chagrin. Mon époux, Ron, est mort il y a deux mois, et depuis la vie est devenue insupportable. Je ne suis pas capable de faire son travail, et je ne peux plus payer mes impôts...

— Donc tu souhaiterais, paysanne, que je ramène ton cher époux à la vie, est-ce bien cela ?

Elle se racla la gorge avant de répondre, les lèvres tremblantes.

Oui...

La Reine se leva soudainement, elle avait un regard amusé, et un sourire narquois se dessina sur son visage.

— Tu dois donc connaître la règle, n'est-ce pas ? Une vie pour une vie.

Je la connais...

— Eh bien parle ! S'exclama-t-elle en perdant patience. Quelle vie vas-tu me donner en échange de celle de ton époux ?

Un court instant de silence et d'hésitation fit place dans la grande salle. La Reine fixait la paysanne avec acrimonie, tandis que cette dernière gardait la tête baissé.

—J'ai... J'ai un fils de huit ans... Teril, bégaya-t-elle, qui me demande beaucoup de temps, car il ne peut pas marcher. Il ne sera jamais un bon travailleur... Je vous le donne.

La Reine laissa échapper un petit rire aigu. Elle descendit les quelques marches qui la séparait de la paysanne, et passa doucement sa main le long de son visage vieilli par la fatigue.

Parfait, murmura-t-elle. Ton enfant tu l'aimais, et tu revois encore son visage d'ange. Il t'a fait connaître bonheur, tristesse, et colère. Mais il n'était qu'un rêve... Dans un jour l'existence de ton fils sera effacé, et ton époux te reviendra.

Je vous remercie Majesté, acquiesça la paysanne tout en ayant un flot de larmes coulant le long de ses joues. Merci mille fois... Mais comment dois-je vous payer ?

La Reine prit le menton de la femme entre ses doigts pour le relever, et ainsi la regarder dans les yeux.

— Tu m'as déjà payé, tu m'as donné l'existence de ton fils. Je n'attends rien de plus.

La paysanne fit une dernière révérence avant de s'éloigner du château. L'homme à l'armure étincelante revint alors, et se présenta devant la Reine.

— Capitaine Tarlyn Vallas, prononça-t-elle en reprenant place sur son trône. Maintenant que toutes les demandes ont été exécutés, faites-moi votre rapport.

— Bien Ma Reine, commença-t-il. La première unité de Traqueurs a effectuée ses opérations à Batyse et est retournée à Ormesel afin de sécuriser la forêt de l'Est.

— Parfait ! S'enthousiasma-t-elle, et avez-vous d'autres informations à me faire parvenir ?

— Hélas oui, continua Tarlyn, des voyageurs ont aperçus des Rescapés qui se dirigeaient vers le petit village de Hirtas. Tout nous porte à croire qu'ils s'apprêtent à l'attaquer afin d'atteindre la ville d'Ormesel et ainsi rejoindre la capitale... Il faut les arrêter.

— Les Traqueurs les arrêteront à Ormesel, prévenez les. Déclara-t-elle simplement.

— C'est-à-dire... Pour les villageois de Hirtas...

— Je me fiche des villageois de Hirtas ! Répliqua la Reine Noire d'une forte voix. Je n'userais point de mon armée, pour quelques centaines de paysans pouilleux. Votre rapport est terminé Vallas, ordonna-t-elle, allez-vous-en et prévenez juste les Traqueurs.

Elle fit un geste de la main, signifiant au garde de quitter les lieux. Il s'en alla d'un pas rapide, l'air soucieux.

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