Chapitre XXVIII
Je le fixe méchamment et vais m'asseoir sans un bruit, pas même un salut ou ça va de ma part. De la sienne non plus d'ailleurs. Miller me jette un regard dédaigneux et a un rictus dégoûté avant de se retourner et de pianoter à nouveau sur son portable. On est pas prêt de se reparler vu ce qu'il s'est passé hier... Je lui en veux d'avoir été comme ça. Et puis sans compter le fait que je sois énervé voire même enragé vis-à-vis de lui, je me sens également bête et mal à l'aise. J'ai pris ouvertement la défense de Shay devant lui. Il doit se demander ce qui tourne pas rond chez moi. Moi-même je me le demande. Je pose ma tête sur mes bras et soupire longuement. Il est toujours pas arrivé. C'est bizarre... Shay arrive tout le temps avant moi. Je fixe la porte d'entrée et me surprends à trépigner d'impatience à l'idée qu'il pointe le bout de son nez.Au bout de cinq longues minutes, à peu près, il franchit enfin le pas de la porte. Automatiquement un sourire se plaque sur mon visage.Je baisse les yeux et me mords la lèvre contre mon bras. Il paraît tout joyeux et de bonne humeur aujourd'hui. Ça me met du baume au cœur. Il slalome entre les bureaux pour aller retrouver le sien et prend la peine de passer à côté du mien. Je relève à peine la tête et nos regards se croisent. Le monde semble arrêter de tourner et je me noie dans ses yeux.
-Salut.
Prononce t-il en silence. Je fais de même et me sens bien et apaisé rien qu'au fait de l'avoir vu. Il laisse traîner très discrètement ses doigts le long des miens et va rapidement rejoindre son bureau pourparler à son meilleur pote. Je cache un peu mon visage et les toise tous les deux. J'envie Eliott. Il peut lui parler tout le temps, le toucher quand il veut, rire avec lui n'importe quand et sans prise de tête contrairement à moi. Ça m'agace... En plus je le trouve un peu trop proche de lui, ça m'énerve.
-Bonjour tout le monde !
La prof entre en classe et prépare ses affaires tandis que tout le monde lui réponds. Sauf moi qui suis trop occupé dans ma contemplation que j'espère discrète. Il remet une de ses mèches de cheveux en place en riant. Il est charmant, complètement craquant. A un moment le regard de Eliott croise le mien. Il est froid, distant et même mesquin. Je soutiens son regard quelques instants et finis par le détourner et me plonger dans un nouveau dessin un peu plus joyeux que d'habitude.
C'est l'heure de la récrée. Je me lève péniblement et remets mes affaires dans mon sac. Mon amant me regarde et m'envoie un tendre sourire. Je lui rends le plus discrètement possible. Il s'étire et arrive vers moi le plus naturellement possible. A mon niveau il s'arrête et attends Eliott qui est occupé à ranger ses affaires.Il arrive pas à fermer sa trousse. Nos doigts se rencontrent rapidement et se caressent lentement et tendrement. Je meure d'envie de lui parler, de poser mes lèvres sur les siennes, de le serrer dans mes bras. Il murmure :
-Ça va ?
-Ouais et toi ?
Il hoche la tête et sourit pour me faire comprendre qu'il va bien aussi. Puis rapidement une faible grimace transparaît sur son beau faciès. Qu'est-ce qu'il a ? Il remonte furtivement une de ses mains et deux de ses doigts glissent sur une dernière trace qui persiste sur ma joue. Souvenir du paternel... Ou plutôt de la rencontre avec le sol grâce à son pied on va dire...
-Ça commence enfin à partir.
Je ne réponds pas et ancre mon regard dans le sien. Il taquine mes doigts des siens quand la voix de son pote résonne :
-Tu fais quoi ? Il te fait encore chier ?!
-Non non c'est bon, j'arrive.
Il part loin de moi et sa main glisse dans la mienne me faisant comprendre que nous deux c'est impossible ici. Je le regarde partir et sans réellement m'en rendre compte les suis en toute discrétion.Ils rient ensemble et parfois le regard d'Eliott se pose sur moi. Je peux lire toute la haine qu'il me porte. C'est plus ou moins réciproque si ça peut le rassurer. Je tente de faire comme si de rien était et glisse mes mains dans mes poches. Je me sens attiré par lui comme jamais. J'ai beau vouloir m'éloigner et tourner dans un couloir au pif pour aller loin mais j'y arrive pas. Il m'appelle,son corps me hurle de le suivre et le mien n'arrive pas à s'y opposer. Ils sortent dehors, moi y compris. Eliott passe son bras pardessus les épaules de mon amant et ces derniers s'assoient sur un banc. Je reste à l'écart et les toise. Ils ne m'ont pas spécialement remarqué. Il montre des trucs à mon amant sur son portable et ils rient. Je m'assieds discrètement à côté de mon amant, pas trop proche et fais mine d'être sur mon portable.
-Encore lui ?
-C'est bon laisse le, on a pas payé le banc.
-Mouais...
Je le regarde à peine et garde le visage verrouillé vers mes genoux.J'ose pas le regarder, c'est idiot non ? Mon cœur bat le tocsin et mes mains commencent à trembler. J'ai envie de parler, d'essayer de renouer un peu, tout en douceur pour commencer à l'approcher petit à petit. Devoir rester loin me fait mal. Ça me fait tellement chier de ressentir ça.
-Oh regarde !! Je te l'avais pas montré ça ahaha.
-Carrément pas, c'était quand ?
-Ce week-end.
Et ils rient. Je me demande ce qu'ils font et de quoi ils parlent. Je tente de jeter un bref coup d'œil sur le portable mais Eliott le tourne légèrement pour m'en empêcher. Je serre les poings et me mordille la lèvre. La main de celui qui me fait vibrer frôle la mienne. A cet instant mon cœur explose dans ma poitrine et ma rancœur vis-à-vis de son pote dont il est si proche s'envole petit à petit.
-Ça me stresse de rester alors qu'il est là, y'a un truc pas net,viens on bouge.
Un truc pas net ? Si seulement tu savais.. Ouais, ce truc pas net est en moi et il me ronge plus les jours passent. Plus le temps défile et plus je suis transi pour celui à mes côtés et plus ça me fait mal. Cet amour me ronge bien qu'il soit réciproque. Je sais que ça va finir par faire mal, très mal. J'en suis sûr...
-Ça va, je suis sûr qu'il va rien faire et puis j'ai la flemme de bouger.
Il exerce une légère pression sur mes doigts que je lui renvoie symboliquement. T'éloigne pas, reste près de moi. Comble ce vide que tu laisses dès que tu pars trop loin et trop longtemps. C'est horrible de se sentir aussi dépendant de quelqu'un. Surtout que j'ai peur quand on est au lycée, peur qu'on nous voit, que quelqu'un comprenne pour nous. J'ai peur de tout ruiner avec lui à cause de cette angoisse aussi...
-S'il t'embête, fais moi signe et on dégage.
-Mmh...
J'ai clairement envie de lui balancer la tronche : ''Je t'entends, tu sais ?''. C'est pas parce qu'il murmure que je n'entends pas, je suis pas sourd ! Mais je m'en fous, il peut dire tout ce qu'il veut, je m'en branle tant que je suis près de Shay il peut faire ce qu'il veut.
-Oh !! Regarde !
Et ils recommencent à parler tout naturellement et à rire par moment.Malgré le fait que ses longs doigts fins parcourent les miens dans la plus grande des discrétions ça n'empêche qu'un creux, un vide grandit en moi. Je suis à la fois si proche et si loin de lui. Ce sentiment m'étouffe. J'ai envie de parler, d'entendre sa voix, de le sentir proche de moi à nouveau. Mes lèvres tremblent et je demande :
-Vous avez fait le devoir de physique ?
Le silence règne. Je m'éclaircis la voix et me sens mal et bizarre.J'ai chaud. Je regarde par terre et attends une quelconque réponse.
-J'ai eu un peu de mal avec l'exercice trois mais ça allait.
-Oh j'ai plutôt bien réussi celui-là, je peux t'aider si tu veux.Et je peux t'aider aussi.
M'adressais-je à Eliott. Ce dernier ne semble pas y croire. Il se penche pour mieux me voir et me regarde avec des yeux ronds et noirs.
-C'est une blague ? Tu crois faire quoi là ? Et pourquoi tu lui réponds toi ?
Demande t-il froidement. Une pression plus puissante sur mes doigts me perturbe. Je garde la face et le regarde droit dans les yeux. Shay semble mal à l'aise et parle à son pote :
-Parler ensemble nous tuera pas.
-Tu te fous de ma gueule ? Et toi alors ?!Il me lance un regard froid et s'adresse à moi. Tu te fous de moi ou quoi ? Tu lui pourris la vie et tu crois que tu vas revenir comme une fleur et parler du beau temps avec nous ? Casse toi, on veut pas de toi ici, t'as assez foutu la merde.
Dans le fond il a raison et je le sais. J'ai été horrible et ce pour une raison absurde mais j'arrivais pas à m'y faire et encore maintenant je suis pas totalement capable d'accepter ce qu'il se passe entre nous. Cette alchimie et cette étincelle qui nous fait vibrer et nous rend vivant, j'arrive pas à l'assumer pleinement face au monde entier. Shay lâche ma main et s'adresse à son pote.
-Ça va Eliott, il veut pas être méchant pour une fois. Autant laisser faire...
-Tu tiens à ce qu'il te fasse encore un coup de pute ou quoi ?C'est louche ça !
-Pas forcément.
Carrément pas. Je veux juste être en contact avec celui qui fait battre mon cœur si fort. Je veux juste pouvoir le côtoyer autant que je peux,même au lycée. Même si ici, on peut pas faire ce qu'on veut et qu'on se montrera pas au grand jour. Ni lui, ni moi ne nous sentons prêt. Et ça risque d'être longtemps le cas.
-Pas-forcément ?! Il se fout de ta gueule ! Et puis même si c'est pas le cas ce connard t'as tout de même fait les pires coups bas possibles.
-C'est du passé, on peut passer au-dessus. Ça nous ferait du bien peut-être de renouer.
-Hein ? Mais t'as pris un coup sur la tête ou quoi ? Il te menace c'est ça ?!
Il se relève et se met devant moi. Je relève la tête et le regarde dans les yeux. Pour une fois que je dois lever la tête pour lui parler. Enfin parler... me faire crier dessus. Je compte pas débattre sur le pourquoi du comment je suis là et lui parle. Je veux pas qu'on se doute de ce truc entre nous. Son regard me ferait presque froid dans le dos, dommage pour lui, j'ai vu bien plus effrayant.
-Tu crois faire quoi ?! Faire à nouveau copain-copain pour pouvoir mieux le détruire ? Ça va cinq minutes tes conneries.Va retrouver ton toutou, t'es pas le bienvenu ici. Tu peux te barrer.Un mec comme toi sert à rien.
Étonnamment, ce qu'il me dit me fait rien du tout. J'ai simplement un rictus. Les doigts de mon amant ne sont plus sur les miens, cette chaleur me manque et me fait comme un vide que j'aimerais combler. Je serre mes genoux entre mes doigts et le fixe sans réel émotion ou sentiment.
-Eliott, c'est bon !
-Quoi c'est bon ?! Et tout ce qu'il t'a fait c'est bon aussi ?C'était rien ? Les bleus, les coups, les blessures morales, t eretrouver à l'hosto, bras cassé, fringues abîmés ou volés ?Et j'en passe.
Avec ce qu'il vient de dire je me sens mal. Il a raison, je suis horrible pour revenir comme une fleur comme ça avec ce que j'ai fait. Je lui en ai fait voir de toutes les couleurs et il en a clairement bavé avec moi. Je l'ai détruit, autant physiquement que mentalement. Mais maintenant je veux juste réparer tout ça.
-Je compte pas faire plus.
-Et c'était déjà trop de toute façon. Je veux pas te toi ici, je le sens pas ! Un mec comme toi c'est pas clean, ça prépare toujours des mauvais coups foireux. T'es qu'un pur connard après tout.
-Eliott ! Arrête ! Ça sert à rien ce que tu fais ! Tu vois bien qu'il veut rien. Fous lui la paix toi aussi.
Il semble choqué par ce qu'il vient de dire. Il le regarde outré et n'arrive presque plus à articuler. Il a un rictus et m'agrippe parle col de ma chemise. Je gémis plaintivement et agrippe son poignet.
-Lâche moi.
-Lâche le !
S'empresse et de dire mon amant en se relevant et agrippant le poignet de son ami ; qui était le mien avant. Je le regarde froidement et me retiens de lui coller mon poing dans la tronche. Sauf que si je fais ça je ruine toutes mes chances de pouvoir renouer lentement avec eux. Je peux pas le frapper même si j'en ai envie au plus haut point.
-Mais c'est quoi ce bordel ? Avoue : tu le menaces et tu le forces à faire comme si de rien était. Tu crois que c'est ton chien ou quoi ?
-Merde !! Je peux me défendre ! Si j'ai un truc à dire je le dis !! Et là j'ai pas envie ! Vous me casser les couilles à vous taper dessus. Toi aussi Eliott ! Putain !
On est carrément choqué avec son pote. On regarde celui qui vient de s'énerver avec des yeux ronds comme des soucoupes. Quand il veut il peut se rebeller et j'en ai fait les frais, mieux vaut pas l'énerver et le chercher, ça peut mal finir.
-Il te prend quoi ? Je comprends rien là.
-Il souffle : Y'a rien à comprendre ! Il voulait faire la discussion, t'avais pas besoin de t'emballer, même si oui,il a été un pur connard avec moi.
M'envoie t-il. Ça c'est dit. Ça me fait mal au cœur mais ça me ramène sur terre. Au moins c'est dit. Il compte pas rater le fait de me tailler quand il pourra, surtout au lycée. On a beau s'aimer on se fait du mal de toute façon. Il m'envoie un coup d'œil conciliant et pas si mauvais qu'il le laisse paraître.
-C'est bon, je me casse. Toute une histoire pour un devoir à la con.
Je me lève et attrape mon sac en même temps. Je m'éloigne. Je veux pas qu'ils s'embrouillent et que ça aille mal entre eux. Ils ont peut-être besoin de parler. Ou du moins, Shay a besoin de trouver un bon mensonge qui tienne la route sur le pourquoi du comment je suis venu leur parler. Je soupire et regarde en arrière. Mon amant sourit à son pote et ils se parlent calmement, malgré le fait que Eliott ait toujours de la rancœur pour moi, ça se voit. Tant-pis. Il me gonfle lui aussi. Tout cette histoire me prend de plus en plus la tête. Pourquoi c'est aussi compliqué tout ça ? Pouvoir être avec lui est un vrai défi chaque jour, c'est pénible. J'aimerais pouvoir être tout le temps avec lui. Sans prise de tête, sauf que ça c'est possible uniquement hors du lycée.
On a sport. J'ai la flemme, j'ai pas envie du tout d'y aller. En plus on fait du basket. J'adore c'est pas le soucis mais pas en cours quoi.Je suis déjà dans les vestiaires, histoire que personne voit dans quel piteux état est mon corps. Je me change rapidement quand tout le reste des élèves de ma classe commence à entrer à leur tour.Je pose mon regard sur Shay, il s'assied sur le banc face à moi.Nous nous regardons droit dans les yeux. Son pote n'est pas là ?Il s'est peut-être déjà changé ou il est en retard, qui sait.
-Eliott ?
Je demande en silence. Il hausse les épaules et me fait signe que ça va entre eux. C'est le principal et c'est pas plus mal qu'il soit pas là non plus. Il retire lentement les boutons de sa chemise en me regardant de façon intense et provocatrice. J'étouffe un rictus et le regarde faire. Je suis déjà habillé moi. Il retire sa chemise et abaisse son pantalon lentement en se mordant la lèvre. Je fais semblant de faire tomber mon déo près de lui et m'approche de mon amant. Je me penche pour ramasser ce que j'ai fait ''tomber'' et susurre :
-Aguicheur va.
-Je vois pas de quoi tu parles.
Ses lèvres glissent sur ma joue quand je me redresse pleinement me provocant d'intenses frissons dans tout le corps. Je repars m'asseoir à ma place et le fixe. Je me perds dans mes pensées et m'imagine des choses. Des choses auxquelles je devrais pas penser. Je me perds dans un monde de luxure imaginaire. Pensant à mes doigts parcourant chaque parcelle de sa peau, mes lèvres effleurant les siennes et son corps. Sa peau contre la mienne. Je me mords la lèvre.
-Oh, mon déo.
Laisse t-il passer. Ce dernier roule jusqu'à mes pieds. Je me doute bien qu'il a fait exprès. Il s'abaisse devant moi et son regard intense croise le mien, me perturbant un bref instant.
-Tu penses à quoi ?
A quoi je pense ? A des trucs de dingues, des choses interdites qui brouillent mon esprit et m'embrouillent. Je frémis rien que d'y penser. Je regarde autour de nous, personne ne nous remarque. Tant mieux. Je murmure :
-A toi.
Il semble rougir. Il se pince la lèvre et repart sans s'asseoir sans manquer de laisser traîner ses doigts le long de ma cuisse. Il enfile rapidement un haut et un bas de sport et reste là, assis, à me regarder droit dans les yeux. Tout comme moi. J'ai pas envie de bouger, pas envie d'aller en sport et de rompre ce contact visuel si puissant entre nous. Mon bas ventre se contorsionne. J'aimerais tellement qu'il y ait plus qu'un simple regard entre nous. Faudra attendre d'être en dehors des cours pour ça... Il se mord la lèvre et me regarde timidement. Je souris à mon tour et m'humecte lentement les lèvres, le plus sensuellement que je peux. Je suis réellement en train de l'aguicher ? Au lycée ?Incroyable...
-Bon, les retardataires, dépêchez vous !
La voix du prof nous surprend. Je soupire et me redresse sur mes jambes.Je préférerais rester là. Il se relève aussi et fait la moue.J'ai un rictus. Adorable, toujours aussi mignon ce mec. Comment il peut me faire tourner la tête comme ça ?
-On y va ?
Me demande t-il discrètement. Je le fixe sans m'en lasser et me retiens de bondir sur lui. De l'embrasser à pleine bouche à la fois chastement et sauvagement. De façon tendre et brutale. Du calme, n'y pense pas... Je soupire un grand coup et enfourne mes mains dans mes poches de jogging puis me dirige vers la sortie à une distance convenable de lui. Je me demande où est son pote... on va rejoindre la classe. Le prof fait l'appel et à cet instant apparaît justement celui que je cherchais : Eliott arrive.
-Bon, vous vous échauffez et on commence directement avec des matchs. Allez.
Tout le monde se redresse et chacun s'étire et s'échauffe dans son coin.Eliott rejoint rapidement mon amant qui me fixe, comme d'habitude. On se dévore du regard dès qu'on peut, ça devient carrément insoutenable. J'arrête de le regarder au moment où mon cœur décide de faire des siennes. Je m'échauffe dans le plus grand des silences,déviant mon regard jusqu'à Miller, son regard froid est braqué surmoi. Drew est également présent, il me fixe. Je suppose que vu son expression Drew a du lui raconter ce qu'il s'est passé entre nous.Je ne fais aucune réflexion, ne dis rien. Je regarde simplement ailleurs.
Au bout de quelques minutes une voix froide me sort de mes pensées :
-T'as vraiment un pet au casque ma parole.
Je tourne la tête et ne réagis pas spécialement quand je me rend compte que c'est Drew. Pourquoi tout d'un coup il me dit ça ?Il a remarqué que je fixais sans cesse Shay ? Vaut mieux pas.Je me risque à répondre :
-Pourquoi ?
-Tu changes de bord comme ça toi ?
Change de bord ? Mes yeux s'écarquillent et je me fige. Mon monde semble tourner au ralentit à cet instant. Tout s'effondre pour moi.Je me sens percé à jour, ridicule même. Je plonge mon regard dans le sien. Il a remarqué que j'avais un amant ? Un homme ?Il le sait ? Il a compris ce qu'il se passe entre nous ?Mes lèvres tremblent et je laisse passer :
-Changer de bord ?
Ma voix tremblante me trahit un peu. Je me l'éclaircis et attends une réponse de sa part tandis qu'un creux me noue l'estomac. J'ai des sueurs froides...
-T'es pote avec, finalement tu décides que non et tu viens me voir pour qu'on le détruise et au final tu repars de son côté ?
Je me sens soulagé et rassuré. Ok, il disait pas changer de bord dans le sens que j'ai cru, heureusement pour moi. Je hausse les épaules et reprends mes étirements. Et oui mec.. J'ai décidé de me rallier de son côté. J'en peux plus de le voir souffrir, son regard effaré qui se pose sur moi me détruit, je veux plus le voir. Miller a clairement un beau bleu sur la joue. J'espère qu'il restera longtemps.
-On commence les matchs ! Vous reprenez les mêmes équipes qu'à la dernière séance.
Je pars prendre un chasuble bleu que j'enroule autour de mon bras. Hors de question que je porte ce truc. Je pars dans mon équipe et vais rejoindre Shay qui est dans mon équipe aussi. Je ne lui parle pas,ne le regarde que du coin de l'œil et lutte pour ne pas le toucher. Il glisse sa main dans son dos et se rapproche de moi. Ses doigts s'entremêlent furtivement au mien puis rapidement on se sépare pour ne pas éveiller les soupçons. Je me sens mieux, bien mieux. Rien que ce léger contact me fait me sentir ailleurs.
-Vous pouvez commencez.
Le ballon est en jeu. C'est l'autre équipe qui l'a. Il y a Eliott et Drew dans cette équipe. Je suis en défense. J'ai même pas envie de jouer. Je regarde tout le monde faire et reste un peu en retrait.Moins je bouge, mieux je vais : Mon dos est pas totalement rétablit. Trop bouger, dont courir, me fait mal. Évidemment j'ai pas de dispense de sport. Je peux pas aller voir de doc dans l'état dans lequel je suis. J'explique ça comment ?
-La passe !!
Crie mon amant. On a repris le ballon ? A quel moment ? Je suis tellement dans mes pensées que j'arrive à peine à rester pleinement conscient de ce qu'il se passe. Le ballon arrête pas de passer d'une équipe à une autre et quelques paniers se font. Trois pour notre équipe et cinq pour l'autre. Je défends à peine, mais personne ne me dit rien. Évidemment, je leur fais peur.
Ça fait déjà pas mal de temps qu'on joue.
-Moi ! Je suis libre !
Crie mon amant en levant les bras. Il attrape le ballon et remonte le terrain. Je le regarde. Il est transpirant, essoufflé, souriant et concentré. Il est sexy, je dois l'avouer. Putain de sexy même. Puis, il se prend un coup d'épaule de la part de Miller et tombe parterre. J'ouvre grand les yeux. Le match continue. Je suis sur le point de le rejoindre mais m'arrête et ne bouge plus. Mon copain, si je puis dire, se relève en se massant les fesses. Il a l'air d'aller bien. Il regarde froidement mon ancien ''pote'' et continue à courir pour récupérer la balle. L'autre équipe marque le point, face à mon manque de réactivité. Tant-pis... Mon amant est presque à mon niveau. Il fait la moue. Oui, je suis nul, je sais... Enfin non, je suis pas nul, j'adore le basket mais mon dos m'empêche de jouer
-Tu vas bien ?
Lui dis-je en silence. Il hoche la tête et repart à la conquête du ballon. J'ai un rictus. Toujours aussi sportif. Miller continue à s'acharner sur lui, et lui mets quelques coups d'épaules et le bouscule. Il compte arrêter oui ? Je reste en retrait à les regarder méchamment. Un énième coup s'abat et il tombe violemment en arrière. Sauf qu'il ne se relève pas.
-Andreas Miller mais qu'est-ce que tu fais ?!! On fait pas du rugby ! »
Crie le prof. Eliott part immédiatement aux côtés de son pote qui se tient le poignet et grimace fortement. Je serre les poings et regarde Miller comme si j'allais le tuer. Ce dernier arque les sourcils et se retient de rire. Je m'approche de lui d'un pas décidé et serrefortement mon poing. Avant de lui coller dans la tronche je me retiens. Ne pas le frapper... ne pas le frapper devant tout le monde.Je boue de l'intérieur et suis clairement sur le point de le frapperet de lui faire regretter ce qu'il a fait mais je me retiens.Laissant la colère et la rage monter en moi.
-Ça va ?
-Moyen...
-Fais voir ton poignet.
Le prof s'occupe de mon amant qui a une mine affligée et emplie de colère lui aussi. Il jette des regards noirs dans la direction de Miller. Ce dernier s'en fout royalement. Il mériterait clairement que je lui colle mon poing dans la tronche ce connard ! Le voir si fier m'en rage. Il a l'air d'avoir mal. Je regarde de loin et me sens mal pour lui.
-Ok, va à l'infirmerie.
Il soupire et râle un peu en se redressant péniblement avec l'aide de son pote. Il m'envoie un bref regard, je fais comme si de rien était.J'ai tellement envie d'encastrer l'autre abruti dans un mur ! Je ferme les yeux et soupire un grand coup. Du calme... Le bute pas maintenant. Les gens comprendraient pas et j'ai pas envie de trouver une excuse.
-Reprenez. Miller tu sors.
Il râle un peu et part s'asseoir sur un banc en m'assaillant de regards noirs et de rictus témoignant qu'il est content de ce qu'il a fait.Pourquoi il continue à s'acharner sur lui alors que je lui ai clairement fait comprendre que ça suffisait ? J'arrive plus à me concentrer, déjà que j'étais pas concentré avant mais là c'est encore pire. Je suis entrain de me passer en tête les multiples cas de figure pour défoncer mon ex pote.
-Bon Joshua, c'est pas un club de vacances ici ! Tu te bouges ouiou non ? »
Je souffle et laisse passer que oui je vais me bouger. Je ne peux pas !Pas que je veux pas mais je suis physiquement incapable de bouger.Mes plaies sont pas encore assez bien refermées. On dirait que je branle rien et que c'est volontaire mais pas vraiment...
-Allez ! Motivez vous !!
Ouais, ouais... Le match continue encore et toujours.
Finalement, les deux heures de sport son terminées. Le prof nous a lâché un peu avant, ça va me laisser le temps pour donner son compte à l'autre idiot. On part tous nous changer. Moi je le fais discrètement, faisant attention à ce qu'on ne voit pas dans quel état je suis. Je ne quitte pas Miller du regard. Je vais le défoncer, l'étriper. Non quand même pas, je tiens pas à finir en taule pour son meurtre à lui, plutôt pour celui du mec qui me sert de père. Je sors des vestiaires et suis Miller. Je l'attrape par le poignet et le tire dans un coin au calme, un couloir du gymnase, non fréquenté.
-Qu'est-ce qu tu fous merde ?
Crache-t-il froidement. Je le plaque contre le mur et me sens bouillir à nouveau. Ma pression sanguine est à son maximum et je tremble de tous mes membres. Mes dents claquent et ma colère remonte à vive allure
-Et toi alors ?!
-Moi ? Comme d'hab...
-Je croyais t'avoir dit de lui foutre la paix.
Il m'agrippe par le col, me faisant grimacer et geindre. Son regard est plus sombre que jamais. Je l'avais jamais vu aussi noir même quand il s'acharnait contre mon amant. Mon amant blessé... Autant moralement que physiquement. Par sa faute. Et la mienne aussi... N'y pense pas, pas maintenant !
-Tu crois réellement que je vais faire tout ce que veux Monsieur ?C'est quoi ton problème, je suis pas ton toutou, pigé ? Je fais ce que je veux.
Je le fais me lâcher et tire sur sa cravate pour que son visage soit plus proche du mien. J'ai tellement envie de lui en coller une !Et de hurler toute ma colère et ma frustration à son égard.
-Pourquoi tu t'acharnes sur lui merde ?! Je t'ai dit que c'était bon, ça suffit maintenant ! T'as pas mieux à foutre ?!
-Et toi alors ? Il te prend quoi ?!
-Mais rien !! J'ai juste envie de ... de nouveau, j'en ai marre de tout ça, ça suffit !
Il a un rictus et ne semble pas d'accord avec moi. Il rit et son air hautain m'agace plus que jamais. Je lui demande froidement :
-Le bleu sur ta joue te suffit pas, t'en veux un autre ?
Il me repousse et c'est lui qui me plaque contre le mur. Je gémis de douleur, tourne la tête sur le côté et tremble comme jamais. Ma colère me monte à la tête.
-Frappe, tu crois que je le ferais pas moi ?
Je me fais pas prier et lui colle mon poing dans la tronche. Il recule et frotte sa joue. Je le plaque à nouveau contre le mur et le maintiens fortement pour qu'il ne puisse pas me frapper. Au pire,j'ai connu pire que quelques coups de poings : qu'il me frappe s'il veut.
-Fiche lui la paix. Trouve toi quelqu'un d'autre merde !
-C'est quoi ce délire ? Il t'a retourné le cerveau ou quoi ?
Complètement.Je pense plus qu'à lui, il m'a retourné le cerveau et il embrouille mes pensées quotidiennement. Je peux plus ne pas penser à lui. Il m'obsède de plus en plus.
-J'en ai juste marre.
-Bah pas moi.
Il tente de me repousser, je résiste et me laisse faire. Je soupire de frustration et mon poing vole une nouvelle fois dans sa face. Il geint et me rend mon coup en un peu moins puissant.
-Je te promets qu'à chaque fois que tu vas lever la main sur lui ou le toucher tout simplement, je te frappe.
Je lui fiche un coup de pied dans le genoux. Il tombe sur ces derniers et vise mes parties basses pour me frapper. Je l'empêche de faire.
-Espèce de lâche.
-Tu crois que tu vaux mieux peut-être ?
Sans doute pas, j'en ai conscience, mais je veux me rattraper. Recoller les choses et faire en sorte que tout aille mieux.
-Je prétends pas valoir quelque chose, mais lui, si.
Je sais que je suis rien, on me le fait clairement comprendre depuis tout le temps. Mon père, ma mère... On m'a détruit petit à petit en me disant que j'étais rien. Je le sais et je m'en fous maintenant. Mais lui, lui, il est quelque chose. Quelqu'un de bien et je refuse qu'on le brise.
Il m'envoie un coup de poing. Je l'esquive et lui en rend un dans le ventre. On commence à s'attraper par les vêtements et à repousser l'autre, attendant de trouver la faille pour taper.
-Non mais vous allez pas bien ?!
Crie quelqu'un. On fait comme si de rien était et rapidement c'est Drew qui vient nous séparer du mieux qu'il peut. Dans l'agitation un coup de poing de ma part s'écrase sur la joue de Drew, qui a l'air assez choqué. Et pris d'un élan de rage j'envoie valser Miller plus loin,qui s'écrase par terre. Je respire fort et de façon saccadée.
-Hey j'ai rien fait pour me mériter un putain de coup de poing !
Je ne rétorque rien. Je reste muet. Miller se relève et me crache à la tronche que je suis un connard, autant que lui, si ce n'est plus.Je meurs d'envie de m'excuser auprès de Drew, car effectivement il n'a rien fait mais je suis tellement en colère que je ne dis rien et m'en vais.
Je sors du couloir et du gymnase. Je me demande comment il va... Je vais aller le voir. J'espère qu'il est toujours à l'infirmerie, au pire je verrais bien. Je suis inquiet et puis j'ai besoin de poser mes yeux sur lui.
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