Chapitre XLIX


Je suis allongé dans mon lit, adossé contre le mur et replié surmoi-même, les genoux contre ma poitrine et ma tête posée entre mes jambes. Je pleure à chaudes larmes. La douleur qui ronge mon être m'étouffe et me brûle. J'ai changé de haut, ma chemise a perdu plusieurs boutons et ne tenait plus réellement. Je l'ai troqué pour un sweat-shirt ample qui redescend longuement sur mes bras, malgré la chaleur pesante de l'été qui nous guette. Mais je préfère ça,ce sweat bouffant cache parfaitement les hématomes qui strient ma peau lisse et pale. La pâleur de cette dernière marque un contraste plus qu'évident entre les hématomes jouant sur des teintes pourpres et violacées, parfois même bleutées. Même mon visage n'a pas été épargné cette fois. Et je n'arrive d'ailleurs par à y croire... il fait toujours attention à ce que je ne je garde aucune trace sur le visage. En sortant de ma chambre il m'a hurlé de dire que j'étais tombé dans les escaliers ou de trouver une excuse quelconque.N'importe qui me croirait mais pas mon meilleur ami et mon petit copain. Eux, savent très bien que mon père a des excès de furie.Et ce soir j'en ai fait les frais. Maman n'était pas à la maison et il a clairement profité de cela.... J'ai tellement mal quand je bouge... Je renifle. J'ai déjà salement mal aux joues et je dois avouer que mes larmes salées accentuent la douleur que je ressens mais je n'arrive pas à m'arrêter pour autant. J'ai le cœur fendu et c'est comme si on m'avait arraché quelque chose en moi. Je fonds en sanglot.

J'entends taper à ma fenêtre. Je fronce les sourcils et relève la tête. Mon regard se bloque et je me fige quand j'aperçois cet être humain si parfait à ma fenêtre, l'air inquiet et apeuré. Je tourne brusquement la tête, séchant mes larmes. Je ne veux pas qu'il me voit dans cet état. Je suis horriblement laid...

-Josh... Chuchote t-il.

Je tremble. Entendre sa voix ne fait qu'accentuer le mal être qui me gagne. D'un côté j'aimerais me jeter dans ses bras, lui montrer toutes mes faiblesses et trouver du réconfort dans ses bras, mais d'un autre je me sens si honteux et pitoyable que je veux l'ignorer.Ça sonne chez moi. Je fronce les sourcils. Ils se sont tous passé le mot ou quoi ? Mon père grogne, râle et déboule comme un ivrogne -ce qu'il est- jusqu'à la porte d'entrée. Je l'entends parler, ou du moins meugler des choses à moitié compréhensibles.

Les tapes sur ma fenêtre s'accentuent. Les larmes brouillent à nouveau ma vue. Je garde le visage verrouillé dans la direction opposée à celle de mon amant. Le voir me tue...

-Joshua s'il te plaît...

Sa petite voix forme une sorte de voile protecteur autour de mon cœur.Finalement je ne parviens plus à résister et fonds en larme en titubant jusqu'à ma fenêtre que J'ouvre précipitamment. Je l'enlace difficilement sans même attendre qu'il ne dise quoi que ce soit. Il caresse mon dos et mes cheveux, me susurrant des mots doux dont seul lui a le secret.

-Joshua... Merde...

Je ne parviens rien à dire, je suis bien trop détruit moralement et physiquement. Je n'ai plus la force de quoi que ce soit, je suis simplement vidé de toutes mes forces. Je tiens à peine sur mes jambes. Shay semble le sentir puisqu'il bondit sur le rebord de fenêtre, se glisse dans ma chambre et me serre dans ses bras, me maintenant contre lui pour éviter que je ne m'effondre. Je regarde en direction de la porte, si mon père nous voit, il me tue.

-M-Mon père... tu devrais...
-
Il me coupe : ma mère l'occupe et faut donc qu'on se dépêche.

Sa mère ? Qu'on se dépêche ? Comment ça ? Je ne comprends pas où il veut en venir. Shay semble stressé. Il regarde autour de nous, l'air plutôt affolé. Il me ramène sur mon lit et me fait m'asseoir.

-Quoi ? Répétais-je simplement, comme un idiot.

J'ai beau avoir caché la douleur qui me tuait intérieurement quand il me serrait dans ses bras, je souffre vraiment. Les coups ont été tellement violent que j'en ai peur d'avoir une ou plusieurs côtés fêlées... Ou pire que ça. Mon petit ami me regarde :

-On t'amène à la maison.
-Hein ?
-Tu fugues, compris ?

-De toute façon mon père s'en fout...
Il dira rien...

Je baisse la tête. Il n'y a pas à dire, si je pouvais mourir ça lui ferait la belle alors que je fugue c'est plus ou moins la même. Shay s'affaire autour de moi, il s'active et attrape mon sac de cours. Il y balance des fringues de mon armoire, quelques pantalons, des hauts,des sous-vêtement aussi.

-Shay...
-Je vais te sortir de là, je te le promets.

La porte d'entrée claque. Je regarde mon petit-ami, effaré.Attendez, sa mère l'occupait ? Il doit donc savoir qu'il est là ! Qu'il y a un problème. Je m'affole, panique complètement.Mon amant revient vers moi et pose ses mains sur mes joues pour me calmer :

-Ma mère a joué une vendeuse d'assurance. Ok eum... Faut qu'on se bouge. Passe par la fenêtre, ok ?
-Et toi ?
-Je te prends quelques affaires et j'arrive. Je te suis.

-Mais...
-Y'a pas de mais, sors de cette baraque qui pue l'enfer.

J'écarquille les yeux. Il a raison et pas qu'un peu même j'ai envie de dire. Je me dirige lentement vers le rebord de ma fenêtre mais quand j'essaie de monter, la douleur tiraillant mes côtes et mon ventre et m'en empêche. Je geins simplement, m'affalant sur le rebord sans pouvoir y grimper.

-Merde... Grommelle-t-il.

C'était pas dans tes plans que je ne puisse plus bouger, je le sais et crois moi ça me fait chier mais j'ai pas choisi de me faire casser la gueule ! Shay revient vers moi et m'aide à escalader. Je me laisse faire et suis au bord des larmes à cause de la douleur imposante que je ressens, elle dévaste tout mon être. Une fois de l'autre côté de la fenêtre, il semble rassuré. Il a mis mon sac sur son dos et passe plus rapidement et agilement que moi la fenêtre.Il m'attrape par la main et on contourne la maison pour arriver dans l'allée principale. Une voiture que je ne connais pas y est garée.J'aperçois donc sa mère dans la voiture.

-Viens... On va chez moi.

Je reste muet. Je n'arrive pas à parler. Je ne sais pas pourquoi mais mon cerveau refuse de le faire, comme si c'était une chose interdite. Comme si la parole ne m'était plus autorisée. Je baisse la tête au fur et à mesure qu'on approche de la voiture. J'ai honte que la mère de mon copain me voit dans cet état. Il m'ouvre la porte arrière et m'y fait asseoir. Il part rapidement prendre place devant, à côté de sa mère. Je garde la tête verrouillée en direction de mes genoux que je serre exagérément entre mes doigts.Sa mère démarre et sort de l'allée.

-Comment tu vas mon garçon ?
-
Je...

Je n'arrive pas à articuler quoi que ce soit de plus. J'ai envie de pleurer toutes les larmes de mon corps. Parler me fait mal. Sa mère garde un sang froid remarquable.

-Tu penses avoir besoin d'aller à l'hôpital ?

Je secoue négativement la tête. J'ai déjà connu ça. C'est malheureux à dire mais j'ai l'habitude. Ok je n'ai pas l'habitude qu'il s'acharne autant et qu'il touche à mon visage mais ça devrait aller. Mon petit-ami prend la parole :

-C'est pas la première fois... Murmure-t-il à sa mère.

Je relève à peine la tête pour regarder l'expression qu'elle arbore,elle a les sourcils froncés et les mains crispées sur le volant.

-Il faut porter plainte pour maltraitance...
-Non !
-S'il pouvait, il l'aurait déjà fait...

Elle souffle, comme si cette réponse ne lui plaisait pas mais qu'elle comprenait qu'elle n'avait pas son mot là-dessus.

Le reste du trajet fut empli d'un lourd silence. Plus les minutes passaient dans cette voiture plus je me sentais mal, à l'étroit,étouffé, étouffant. J'avais envie de sortir.

Finalement, on arrive. Sa mère se gare. Shay sort et m'ouvre la porte, m'aidant à me relever et marcher. Sa mère me regarde de façon attendrissante. Je hais qu'on me regarde comme ça... Comme une pauvre petite choses misérable. C'est l'un des pires sentiments que j'ai sur terre. Elle s'approche de moi et me serre délicatement dans ses bras. Je reste figé, choqué, incapable de dire ou faire quoique ce soit. Qu'est-ce qu'elle fait ?

-Chut ça va aller... Pleure si tu veux.

Mes dents claquent et je peine de plus en plus à rester conscient et opérationnel. Mes jambes me dictent de m'asseoir mais ce n'est pas pour tout de suite à priori. Je retiens mes larmes. Elle caresse mon dos.

-C'est fini... Murmure-t-elle.

Je ferme les yeux et lui rend timidement son étreinte. Le contact d'une mère contre moi m'est si étranger. Ça me fait bizarre, je n'ai jamais réellement ressentit quoi que ce soit de positif dans ce genre de contact. Quand ma mère me prenait dans ses bras c'était plus par obligation, mais c'était vide de toute émotion. Mais là,ce que je ressens est complètement différent. Ce contact est empli de tendresse et d'amour. Comme si elle ne cherchait qu'à balayer toutes mes peines et mes craintes. Au bout d'un moment mes jambes flanches. Elle se recule, étonnée et m'aide à rester sur mes jambes, Shay vole également à mon secours.

-Il devrait s'asseoir.

J'aimerais tellement dire que oui, j'ai besoin de m'allonger. Là, je sens que mon corps n'accepte plus de rester dans ces conditions. Sa mère va ouvrir la porte tandis que mon copain m'aide à pénétrer à l'intérieur de la maison.

-Je vais aller l'allonger... Et je vais aller m'occuper de lui aussi.
-Je vais le faire chéri, c'est bon.
-Je... Je l'ai déjà fait maman. Ça ira.

Elle me regarde, étonnée, l'air de dire : ''Va falloir qu'on parle''. Il baisse la tête et me conduit jusqu'à sa chambre. C'est vrai qu'il s'est déjà occupé de moi une fois et j'ai réellement espéré que ce soit la seule et unique fois. La dernière fois j'étais blessé en majeure partie sur le dos. Mais là, c'est le devant qui a tout pris et mes avants bras aussi, j'ai été assez bête pour essayer de me défendre et me voilà avec de sales marques à couvrir avec un sweat qui me tient quinze fois trop chaud. Shay m'assied dans son lit. Il me fait retirer mes chaussures et me regarde dans les yeux. Je détourne le regard.

-Putain ce connard... Je vais le tuer.

J'agrippe son poignet.

-Non... T'occupe.
-Mais merde t'as vu dans quel état tu es ?!
-Un top modèle ?
Dis-je sur le ton de la rigolade.

Sauf que ça ne fait pas rire Shay. Il se relève une fois mes chaussures retirées et pose doucement sa main sur ma joue salement amochée. Il ne dit rien. De toute façon il n'a rien à dire, mon reflet dans le miroir me le témoigne assez bien. Je sais que demain ça sera bien pire. Je n'ai que de petites traces rouges sur le visage, demain je serais vraiment moche. Il agrippe mon sweat.

-Il fait super chaud, mets pas des trucs d'hiver tu vas faire une insolation.

Comment lui dire que c'est pour cacher l'étendue des dégâts ? Je n'aime pas non plus me voir aussi abîmé, je préfère le cacher,même à moi. Comme si je ne voulais tout simplement pas avouer ce qu'il se passe dans ma vie. Je reste muet, ne sachant pas quoi dire à ce petit ange si innocent face à moi. Il glisse à nouveau sa main sur ma joue marquée et la caresse.

-Faut mettre un peu de glace.

Je hoche simplement la tête, acquiesçant ses propos sans un mot. Son regard me fait mal au cœur. Je sens qu'il est attristé et qu'une sorte de... pitié le ronge. Je ne supporte pas qu'on me regarde avec pitié. Il est sur le point de partir de la chambre mais je lui agrippe le poignet. Il se retourne vers moi, son regard remplit de points d'interrogation.

-Ne me regarde pas comme ça...
-''Comme ça'' ?
-Avec pitié et désolation...

-Owh... Non, c'est pas ça...

Il revient vers moi et m'enlace délicatement, plaquant quelque peu mon visage contre son ventre confortable. Je ferme les yeux, appréciant malgré moi le contact de son corps contre le mien. Je l'enlace à la taille. Il glisse ses mains dans mes cheveux.

-Je n'ai pas pitié... Mais te voir dans cet état me fait réellement mal au cœur...

Et moi ça me fait mal tout court, me retiens-je de dire. Ça me brûle les lèvres mais je préfère le garder pour moi, ne désirant pas accentuer le creux qui gagne son cœur à cause de moi. J'ai tellement envie de pleurer. Ce contact entre nous deux abaisse toutes mes défenses. C'est comme si je n'étais plus qu'un gosse inoffensif, complètement chétif, craintif et apeuré.

-Je vais m'occuper de toi, je te le promets.

Je sais qu'il le fera. Je le connais très bien, il va tout faire pour que j'aille mieux et je vais me laisser faire, même si je n'apprécie pas qu'on me voit dans cet état. 'Tain quand Drew va me voir il va péter une durite... Je murmure :

-Et ta mère ?

Elle est au courant et pour être franc j'ai peur de ce qu'elle pourrait faire. Elle pourrait prévenir la protection de l'enfance et ça serait le pire. Je ne suis pas encore majeur mais je le suis bientôt et si elle fait ça, ça va remettre en cause tous mes plans.Pourtant il est vrai que mon géniteur mériterait clairement d'aller en prison...

-Je vais en discuter avec elle.
-Vous allez faire quoi ?

Je le repousse doucement pour pouvoir le voir. En fait, j'espère surtout essayer de deviner ce qu'il a en tête en regardant son expression et en laissant mon regard se perdre dans le sien. Il hausse simplement les épaules.

-Je ne sais pas... En tout cas je ferais tout pour ne pas te laisser y retourner...

Je souris faiblement. Rapidement j'arrête en geignant. Sourire me fait trop mal...

-Ça va ?
-Mmh...
-Bon eum.. Je vais cherche
r un peu de glace.

Il sort de la chambre. J'attrape mon visage dans mes mains -ou du moins,j'essaie- et soupire un grand coup, tentant de chasser les larmes qui élisent résidence dans mes pauvres orbes marrons. Je me demande réellement pourquoi la vie est aussi injuste. Je n'ai pas le souvenir d'avoir mérité ce qu'il m'arrive. Ok, j'insulte mon''père'', je le provoque et le cherche mais uniquement quand il commence lui. Et avant qu'il ne se mette à me frapper je n'étais pas comme ça. Je le portais dans mon cœur, même si je ne sentais bien que c'était pas réciproque. Il n'avait d'yeux que pour mon frère, qui lui, n'a jamais vu que mon père me détestait. Parfois j'aimerais lui parler, rentrer à nouveau en contact avec lui, tout lui dire et prier pour qu'il me sorte de là mais... J'ai peur de sa réaction et de ce qu'il ferait ou pas justement. Et s'il ne faisait rien, ça me détruirait à coup sûr. Étant gosse j'ai toujours senti que je n'avais pas ma place dans la famille. J'en viens même à me demander si je n'ai pas été adopté, ou si je ne suis pas un enfant volé ou je ne sais quoi d'autre...

-Josh...

Je sursaute. Je n'avais pas remarqué que Shay était de retour, j'étais beaucoup trop perdu dans mes songes pour cela. Il s'assied à mes côtés, caressant mon dos. Il me tend un verre d'eau. Je l'attrape et le remercie d'un bref sourire, qui vu l'état de mon visage doit plus ressembler à une atroce grimace. Il m'aide à boire. Ma lèvre inférieure est tellement gonflée par les coups que même boire est désagréable. Il pose le verre sur sa table de chevet.

-Bon, ça va certainement piquer...

Je suis plus à ça près hein... Il passe une poche de glace sur ma joue. Je geins de désagrément. Mon amant caresse ma main de sa main libre, son pouce passe sur ma paume puis sur mes doigts. Ce bref contact entre nos épidermes me calme un peu. Il continue à s'occuper de mon visage. Mais plus le temps passe, plus mon regard croise le sien et moins je me sens bien. Je me sens emplit de remord,de peur et d'envies.... morbides. Les larmes commencent à rouler sur mes joues face à toutes les pensées plus noires les unes que les autres qui pénètrent mon esprit. Mon vis-à-vis ne semble pas savoir comment réagir. Il tente simplement de calmer mes sanglots en caressant mes cheveux.

-Je veux mourir... Avouais-je.

Ses yeux s'ouvrent en grand. Il arrête de bouger et pose la poche de glace sur sa table de chevet. Il me serre dans ses bras, me faisant gémir de douleur. Il s'excuse brièvement avant de caresser fiévreusement mon dos pour m'apaiser.

-Ne dis pas ça... C'est un moment horrible de ta vie. Mais viendra un jour où tu n'auras plus à faire à ton père violent. Je te le jure. Tout ça finira par disparaître de ta vie, alors bats toi.

C'est tellement plus facile à dire qu'à faire. Et c'est également tellement simple d'en finir avec la vie, elle ne tient qu'à une bride si fragile, en un claquement de doigt je peux décider de couper le fil de la vie. Mes pleurs redoublent, me brisant le cœur.J'ai l'impression que cette vie n'est qu'un enfer à l'état pur.

-Je suis épuisé... Autant moralement que physiquement.

Je sens que mes forces n'abandonnent. Mes bras retombent lourdement le long de mon corps. Mon petit-ami me chuchote des mots doux, qui,en temps normal me feraient du bien mais là, je n'arrive même pas à me concentrer dessus.

-Je suis fatigué...

Il m'allonge dans son lit et se glisse à mes côtés.

-Repose toi...

Je ne cherche pas à le contredire ou quoique ce soit d'autre. Je laisse simplement mon visage en pleur contre lui et l'étreins. Il fait de même et caresse mon dos ainsi que mes cheveux. Continuant à me bercer, à me murmurer des choses tendres et délicates. J'étouffe presque sous les sanglots mais à chaque fois, il me calme, déposant de légers baisers sur mon front et mes cheveux, au sommet de mon crane. J'en peux plus...



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