chapitre 12

Bonjour bonjour! Tout d'abord je tiens à m'excuser pour cette longue absence, mais je ne sentais juste plus vraiment l'envie d'écrire, et puis ma vie personnelle a aussi pris des tournants qui m'ont pris beaucoup de temps. Mais me revoilà et j'espère pouvoir profiter de ces vacances pour rattraper mon retard.

Bonne lecture, x

***

À chaque fois qu'elle fermait les yeux, Dinah était secouée de cauchemars dans lesquelles elle se voyait tomber dans les abysses profondes de l'Enfer. Elle imaginait plusieurs scénarios différents, tous plus horribles les uns que les autres : elle abandonnait tout derrière elle ; elle souffrait atrocement ; elle rencontrait Hadès ; elle n'avait plus jamais l'occasion de laisser ses mains glisser sur la peau de celle qu'elle aimait.

Elle se réveillait en sueur, chaque nuit, le coeur palpitant et le souffle saccadé. Dire qu'elle aurait tout donné pour retrouver un sommeil salvateur et une vie normale serait un euphémisme : elle pourrait mourir pour ne plus faire ces cauchemars. C'est dire à quel point la situation était ridicule, ironique, cynique et incroyablement détestable. Oui, Dinah détestait ça ; elle détestait de savoir qu'elle allait bientôt mourir. Elle aurait préféré se réveiller le matin et vivre normalement, sans savoir que ça pourrait être sa dernière journée sur cette planète.

Cette nuit encore, le lendemain de son retour d'Italie, elle se leva de son lit en soufflant et se dirigea vers la cuisine en essayant de ne pas faire de bruit pour aller boire un verre d'eau. Les escaliers grinçaient dans cette vieille maison familiale qui était la sienne, et cette nuit encore, elle les entendit craquer quelques minutes après qu'elle-même les ait descendus. Elle se retourna vers l'encadrement de la porte de la cuisine et tomba nez à nez avec sa soeur cadette, Regina. Les deux filles étaient plutôt proches, et la plus jeune pouvait, à chaque fois que sa soeur revenait à la maison, sentir si elle allait bien ou pas. Dernièrement, Regina avait assez bien senti de mauvaises énergies entourant Dinah ; chaque retour avait une cause de mal-être différente.

La dernière fois, c'était à cause de Normani ; celle d'avant, à cause du manque de sa famille. Regina voulait savoir quelle était, cette fois, la cause de la tristesse de sa soeur aînée ; elle ignorait seulement que celle-ci la briserait à un degrés qu'elle n'aurait jamais imaginé. Elle ignorait que le ciel s'abattrait sur elle comme une massue lâchée avec cruauté, que tous ses fondements perdraient leur sens comme si jamais ils n'avaient existé.

Les deux soeurs se regardaient avec fatigue, les yeux plissés par la lumière aveuglante des ampoules blanches au-dessus du bar près d'elles. Personne au monde ne savait cerner l'autre comme elles savaient le faire : toutes ces années à se comprendre sans même avoir à prononcer un seul et unique mot faisaient office de garantie quant à leur confiance mutuelle. Elles se regardaient avec tristesse aussi, chacune consciente de la tension qui rongeait l'air et ouvrait le sol entre elles ; chacune consciente que les prochaines minutes seront cruciales pour l'une comme pour l'autre. Elles le sentaient.

Dinah posa son verre d'eau vide sur l'îlot central en bois gris dans un bruit sourd et s'assit sur un des tabourets de bar en soupirant. À ce son, Regina s'avança et pris place à côté d'elle en appuyant son coude sur la matière dure qui allait rendre son articulation rouge en quelques minutes. Elles se fixèrent de longues secondes sans rien dire : aucune n'osait faire le premier pas, prononcer les premiers mots qui bloqueraient les muscles de l'autre, lâcher la première bombe.

Le silence était insoutenable et le malaise était à son comble, alors ce fut la plus jeune qui se décida à poser la question qui lui brûlait les lèvres depuis deux semaines :

- Qu'est-ce qui t'arrive D?

- C'est plus fort que toi, hein, sourit Dinah pour toute réponse.

L'autre pencha la tête sur le côté, n'étant pas sûre de comprendre ce que Dinah voulait dire. Alors celle-ci rit doucement en replaçant une mèche de ses cheveux blonds derrière son oreille et donna pour toute explication un simple mot :

- Curieuse.

Regina comprit et rit à son tour, puis le silence se réinstalla entre elles doucement : sans rien brusquer, sans s'imposer avec dureté. Il s'est juste réinstallé pour un court instant, le temps pour Dinah de rassembler dans son esprit les mots qui conviendraient, qui seraient clairs sans être cruels.

- Je ne vais pas bien, elle finit par dire en attirant le regard de Regina vers elle, qui l'avait baissé vers le sol.

- Comment ça?

Dinah soupira et retoucha ses cheveux en réflechissant à ses mots une fois de plus -vieux tic. Elle se rappela la nuit passée avec Camila, la dernière nuit à New York. Elle se rappela s'être dit à quel point le destin, le hasard, la force supérieure qui avait un contrôle sur sa vie, comment toutes ces choses ignobles et aux noms innombrables étaient garces. Peut-être qu'elle devrait simplement dire ça à sa soeur : que son sort tragique resterait inchangé et inchangeable, que ça ne servirait à rien de pleurer parce que Dinah l'avait déjà assez fait et que de toute façon, ça ne modifierait pas le destin qui était le sien.

- Ne pleure pas, d'accord?

Dinah n'aurait pas dû dire ça ; elle s'en rendit compte en sentant et en voyant la tension monter en sa soeur à un mètre d'elle. Elle voulut s'insulter, revenir en arrière, ne pas laisser Regina voir son mal-être ces deux dernières semaines. Seulement la perche avait été tendue : les mots devront être dits ; il n'y avait aucun autre dénouement possible à cette conversation nocturne.

- Depuis quelques mois, j'ai comme une gêne au niveau de la gorge ; des brûlures, une boule qui me gêne, ma voix change parfois, j'ai du mal à avaler et respirer. J'ai mal quand je chante aussi. Au début ça ne m'a pas dérangée...mais j'ai fini par aller voir un médecin.

Le regard de Regina ne quittait pas celui de sa grande soeur ; la cadette sentait qu'elle n'allait pas apprécier les mots qui allaient suivre. Elle ne dit rien pendant la pause de Dinah, laissa le silence ralentir le rythme de son coeur et se leva pour saisir un verre dans l'armoire. Elle se rassit sur le tabouret avec son verre rempli d'eau et en but une gorgée avant de baisser son bras et de reposer ses yeux sur sa soeur pour la laisser reprendre ses explications.

Le verre dans sa main tremblait, l'eau était secouée de petites vagues qui créait un effet calmant si seulement Regina voulait bien les regarder. Mais son regard était perdu dans le vide, perdu dans les yeux de sa soeur, perdu au milieu de la cuisine qui ne lui semblait même plus être la sienne. Dinah hésitait à parler, elle redoutait cet instant précis où elle lirait le désespoir envahir le visage de sa petite soeur, où tout s'effondrerait pour sa famille comme tout s'était effondré pour elle. Mais elle se rendit à l'évidence : elle devait le dire. Alors dans un faible murmure, comme si ça allégerait le poids de ses mots, elle avoua enfin :

- J'ai un cancer.

Le verre de la jeune fille s'écrasa durement sur le sol. Une explosion se produit à leurs pieds, l'eau atteignit leurs chevilles nues et un bout de verre se logea même dans la peau de Regina. Le sang rouge se mit lentement à rejoindre le liquide transparent qui s'étalait sur le carrelage. C'était beau ; on aurait dit une aquarelle, un dégradé de couleurs, un éclaircissement du rouge aveuglant qui s'échappait de son corps. Regina, comme si son cerveau ne pouvait assimiler la vérité prononcée par Dinah, se contenta de se jeter sur le sol avec du papier sous le regard incrédule de sa soeur et de souffler en nettoyant, frottant avec force :

- Merde, mais quelle maladroite.

***

Elle avait toujours été comme ça, Ally : toujours douce et compréhensive. Alors quand celui avec qui elle avait rendez-vous lui avait expliqué qu'il devait rester chez lui s'occuper de sa mère malade, elle comprit avec douceur, évidemment. Et juste comme ça, elle avait passé son réveillon de Noël seule, à potasser des lois et textes juridiques qui pourraient lui donner les clés nécessaires pour gagner. Peut-être qu'elle réussirait à sauver le groupe, après tout, avec un peu de temps.

Elle avait passé la nuit à chercher, en vain, et elle avait fini par s'endormir sur le sol de son salon parmi les morceaux de papier, les carnets, les bouteilles d'eau et les stylos. Elle s'était réveillée avec un mal de crâne incroyable, et avait amèrement regretté d'avoir poussé son corps au-delà de ce qu'il pouvait supporter.

Elle était dans la douche lorsque le garçon l'avait rappelée pour passer la journée avec elle. Ally aurait pu répondre, à quelques minutes près. Elle ne vit l'appel manqué qu'une fois habillée chaudement, les cheveux en bataille, prête à passer la journée à regarder des documentaires dans son lit. Elle saisit son téléphone et se demanda si elle devrait le rappeler ; il ne l'avait appelée qu'une seule fois, donc ça ne devait pas être urgent. Elle hésita de longues minutes, puis se dit qu'elle n'avait qu'une seule vie.

- Allô? retentit la voix rauque à l'autre bout du fil.

- Hey, sourit Ally.

- Tu as eu mon appel.

La jeune femme ne répondit pas, elle pouvait sentir le sourire qui recouvrait aussi les lèvres de Liam. Finalement, ce fut lui qui brisa le silence en comprenant qu'Ally ne savait pas quoi dire et qu'elle l'avait rappelé par simple politesse.

- Je voulais savoir, tu sais patiner?

***

- Tiens-toi à moi! s'exclama le garçon en explosant de rire.

- Arrête! rit Ally.

Les deux passaient un moment incroyable : ils patinaient -ou du moins essayaient- depuis au moins deux heures. La blondinette n'avait pas mis les pieds sur la glace depuis plus de dix ans, et elle ne se rappelait pas avoir autant eu de difficultés à tenir debout sur ses patins étant enfant. Liam la tenait à bout de bras en riant, et la lâchait parfois pour l'embêter et voir son visage s'illuminer ou l'entendre crier.

Ils finirent par quitter la place, se baladant dans les rues marchandes presque comme un couple. Ils étaient silencieux et se laissaient bercer par le bruit des rires, des pas dans la neige, des enfants, des pièces dans les poches. Liam voulait attraper la main de la petite ; il en avait terriblement envie mais il aurait paru déplacé de le faire pendant le premier rendez-vous, alors il ne fit rien. L'ambiance de Noël les rendait innocents, et ils oubliaient chacun leurs problèmes l'espace d'une seule journée, d'un court instant passé ensemble.

- Tu veux un chocolat?

Ally sourit et hocha la tête sans répondre, suivant Liam qui la traînait -par la main, enfin- vers un café qui avait l'air accueillant. Ils prirent place en silence près d'une fenêtre en appréciant la chaleur qui caressait leurs mains gelées. Liam prit un café latte, Ally un chocolat chaud avec du caramel ; ils attendaient, sans parler. Parler semblait inutile, pourtant ils avaient tant de choses à se dire.

En particulier Liam, qui avait un aveu à faire. Un aveu qui, il en avait bien peur, ferait fuir la fille qu'il commençait à apprécier. Alors il attendait : il attendait son café, il attendait que le temps passe, qu'Ally parle. Il attendait tout ce qui pourrait l'empêcher de dire la vérité à la célèbre Mexicaine qui se tenait en face de lui en souriant.

- Ta mère va mieux?

Ce fut finalement Ally qui brisa le silence, et Liam releva la tête vers elle en entendant cette question. Il la regarda quelques secondes avant de répondre, pour imprimer dans son esprit son visage doux et angélique.

- Oui, merci. Elle a du mal à respirer parfois, alors je dois rester avec elle pour être sur qu'il n'arrive rien.

Ally lui décrocha un petit sourire qui voulait tout dire : elle compatissait, comprenait ce dévouement inconditionnel d'un enfant pour ses parents, cet amour pur qu'elle admirait. Elle avait toujours refusé d'accorder son temps aux gens qui ne comprenaient pas l'importance de la famille, et savoir que Liam et elle semblaient partager les mêmes valeurs la rassurait un peu. Ally n'était pas du tout proche de ses parents, et c'est pour ça qu'elle passait la plupart du temps de repos qu'elle avait seule, chez elle. Mais sa famille restait sa famille, et si on l'appelait pour quoi que ce soit, elle se précipiterait pour aller aider.

La serveuse leur apporta leurs deux tasses et un cookie offert, qu'ils acceptèrent avec gratitude. Ils sourirent et Ally entreprit d'entamer son goûter, mais Liam la coupa, comme soudain saisi d'un courage qu'il n'avait pas quelques minutes avant. Ou peut-être que c'était de l'inconscience, au fond.

- Écoute, Ally.

Celle-ci releva le regard vers le brun en lui posant des questions silencieuses à travers ses iris marrons. Son ton avait semblé grave, tout à coup vide de joie et d'esprit de fêtes qu'il portait jusqu'ici. Elle s'inquiétait à présent, se demandait si elle avait bien fait de le laisser entrer en elle et dérober sa confiance. Peut-être qu'il allait lui faire mal lui aussi, comme tous ceux qui étaient entrés dans sa vie toutes ces années.

- Je t'ai menti à propos d'une chose, il reprit d'une petite voix emplie de honte et de regrets. Je sais qui tu es, Ally Brooke, parce que je ne t'ai pas approchée par hasard.

Le coeur d'Ally sembla s'arrêter de battre alors qu'elle essayait de comprendre les mots qu'elle venait d'entendre. Comment ça, il savait qui elle était? Que voulait-il dire par "pas approchée par hasard"? Elle avait cru pouvoir être elle-même avec lui : une simple jeune femme avec ses valeurs, croyances, problèmes. Elle avait pensé pouvoir s'éloigner de la scène, des projecteurs et des appareils, ne serait-ce que pour quelques rendez-vous. Elle voulait juste être Ally, pas Ally Brooke des Fifth Harmony. Elle s'était trompée, avait accordé sa confiance trop facilement ; elle qui ne le faisait pourtant pas beaucoup.

Ses mains tremblaient autour de la tasse qui lui réchauffait les paumes, et elle ne disait rien. Elle ne disait rien parce qu'aucun mot ne semblait être approprié. La blonde se contentait de le fixer en silence. Ils se regardaient les yeux dans les yeux, des tas de sentiments paradoxaux traversant leurs esprits. Liam regrettait, pourtant il n'avait rien fait de mal au fond. Il s'était contenté d'obéir à des ordres, de faire son travail. Mais il se rendait maintenant compte que la manière dont il avait fait les choses blessait Ally.

Calmement, il essaya de lui expliquer pourquoi il avait menti, pourquoi il avait approché cette fille dans un bar pour lui donner rendez-vous le soir du réveillon de Noël. Il essaya de lui expliquer sans la brusquer, pour qu'elle ne s'énerve pas, qu'elle reste assise face à lui avec sa tasse de chocolat chaud au caramel et sa moitié de cookie. Liam essaya de lui expliquer qu'elle avait une voix unique, que son groupe n'avait plus d'avenir et qu'elle devrait rejoindre sa boîte de production. Il essaya de lui faire comprendre qu'elle avait en face d'elle une opportunité qu'elle ne devait pas laisser passer.

Ally avait toujours été comme ça : douce et compréhensive. Elle voulait toujours pardonner, compatir, aider, aimer. Toujours aussi gentille. Mais malgré toute sa bonne volonté, dans ce café chaud entouré de passants, elle ne bougeait pas. La compréhension semblait être un mot qui n'avait jamais traversé son cerveau, un mot qui perdait tout son sens, un ensemble de lettres côte à côte qui ne voulaient plus rien dire après ce que Liam venait de lui avouer. Elle était en colère.

Alors c'était comme ça? Elle qui avait toujours tout fait pour protéger ses amies, elle qui travaillait toute la nuit sur le sol de son salon pour sauver leur groupe, elle qui ne le quitterait pour rien au monde, devrait accepter de rejoindre une autre boîte de production? Elle devrait tout lâcher, abandonner Lauren, Camila, Dinah et Normani juste pour se donner une chance d'avancer dans sa propre carrière avant elles? Elle devrait écouter Liam quand il disait qu'elle méritait mieux que de tomber en même temps que le groupe? C'était comme ça que ça devait se passer?

Ally ne pouvait pas le croire. Ally, toujours aussi compréhensive et douce, ne pouvait pas comprendre. Elle n'en avait même pas envie. Parce que comprendre aurait voulu dire accepter les choix de Liam, accepter ses dires, accepter qu'il avait peut-être raison. Elle refusait catégoriquement de le laisser lui retirer les quelques bribes d'espoir qui restaient en elle ; l'espoir d'un avenir meilleur pour son groupe, pour elle, pour ses meilleures amies.

Elle laissa sa tasse à moitié remplie et son morceau de cookie intouché, attrapa son écharpe et se leva en déposant un billet sur la table. Liam allait parler, mais elle le coupa net : d'un geste de la main entre eux, elle lui fit comprendre qu'il avait épuisé son quota de paroles et d'explications foireuses pour la journée. Elle ne voulait plus rien entendre, plus rien comprendre, plus rien accepter.

- Mon groupe, Liam, je le sauverai.

***

Helloooooo! Je voulais juste vous dire que j'espère que vous aimez avoir une vue du côté des autres filles et pas seulement de Camren. C'est important pour moi de vous montrer que les autres aussi ont une histoire!

Donc voilà dites-moi si ça vous plait :) Votez, commentez.

Prenez soin de vous.

x, - ness

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