chapitre 11

Bonjour! Vraiment désolée de la longue attente :( j'ai eu un gros blocage au niveau de l'écriture, et aussi très peu de temps car j'étais TRÈS prise par les cours! J'espère que vous apprécierez quand même ce chapitre et que le fait d'attendre ne vous a pas détourné de l'histoire :(
Bonne lecture.
- ness, x

***

Environ deux semaines étaient passées, et le groupe avait dû faire une annonce officielle sur les réseaux sociaux concernant le départ de Camila. Bien que la nouvelle ai fait le tour de Twitter suite à l'interview, les filles avaient décidé de fournir plus d'explications aux fans -qui le méritaient. Ainsi, Camila avait imposé aux filles de faire passer son départ pour une trahison, malgré les protestations des autres. C'était selon elle un moyen d'empêcher le monde de poser des questions -puisque sujet sensible- et aussi de faire croire qu'elle avait besoin de temps pour se reconstruire une carrière solo.

Temps qui lui permettrait en réalité de rester cachée dans l'appartement de Lauren, son petit ventre prenant une forme arrondie jour après jour. C'était dur à digérer de devoir voir ses propres fans se retourner contre elle pour défendre les quatre autres filles, mais elle savait que c'était un mal nécessaire pour le bien de toutes.

Les fêtes de fin d'année étaient maintenant à quelques heures ; Camila, devant le miroir de la salle de bains, râlait en se battant avec sa fermeture. Le petit être en elle était déjà formé et son ventre déjà légèrement visible. Elle ne rentrait plus dans la plupart de ses tenues, elle qui était tellement petite et mince avant qu'on pouvait la rentrer dans une boîte à chaussures. Maintenant, sa robe ne fermait plus ; ou peut-être qu'elle était juste trop frustrée pour se concentrer et y arriver. Elle se trouvait grosse et repoussante à souhait, et ça la rendait malade.

Lauren, dans le salon, attendait patiemment que Camila descende les escaliers pour la rejoindre. Elle traînait sur son iPhone, qu'elle avait beaucoup négligé au cours du dernier mois. Elle avait juste l'impression de ne plus vraiment en avoir besoin, si ce n'était pour sa famille loin d'elle 80% de l'année et ses meilleures amies les 20% restants. Mais c'était tout. Elle avait supprimé les numéros de tous ses anciens plans d'un soir, supprimé Snapchat même. Son téléphone n'était plus qu'un outil superficiel qu'elle voulait jeter.

S'ennuyant en attendant la petite brune, elle faisait défiler son fil d'actualité Twitter, blessée par certains tweets qui disaient de Camila qu'elle était vicieuse, méchante, laide. Les messages qui l'insultaient elle-même ou ses amies ne la touchaient même pas au final, mais ceux insultant Camila à tort étaient les plus durs. Elle aurait tellement voulu dire à tous que Camila n'avait rien fait, qu'elle était la seule et unique victime dans cette histoire. Mais elle ne le pouvait malheureusement pas.

Son écran changea soudain d'image pour afficher la photo du groupe et l'inscription "Appel entrant : Queeeeens". Lauren sourit et prit l'appel Skype, le visage de ses trois amies apparaissant un à un sur l'écran devant ses yeux.

- Hey, souffla Lauren.

- Salut!!! s'exclama Ally.

La Cubaine observa les trois filles qui se mirent à parler à toute vitesse de robes et d'autres choses que Lauren n'écoutaient pas. Elle put voir que Normani était dans sa chambre, que Dinah était dans les rues de la capitale Italienne, et qu'Ally était en voiture. Chacune était resplendissante dans sa tenue et souriante au possible. Lauren se demanda comment elles pouvaient aller aussi bien. Peut-être qu'elle était la seule affectée par les rumeurs, insultes et articles autour de Camila. Peut-être que Camila elle-même s'en fichait, mais elle ignorait si c'était le cas : les deux ne parlaient pas beaucoup, bien qu'habitant ensemble.

- Lauren, appela Dinah en sortant la jeune femme de ses pensées.

- Oui?

- On t'a demandé ce que tu faisais ce soir, sourit Ally.

- Oh, je dîne chez mes parents.

Lauren ne dit plus rien et se contenta d'écouter ses amies parler en souriant : Ally avait rendez-vous avec un garçon -enfin!!!, Normani passait le réveillon avec sa famille et il était déjà presque 2:00 du matin pour Dinah mais elle s'amusait bien avec ses soeurs. Lauren était heureuse de voir que ses meilleures amies vivaient la meilleure vie possible ; elle aurait aimé pouvoir en dire autant.

- Loooo? appela une voix de l'étage.

Les trois filles de l'autre côté de l'écran s'arrêtèrent soudain de parler et fixèrent Lauren sans prononcer un mot de plus, mais leurs yeux perçants voulaient tout dire. Ils questionnaient la Cubaine du regard alors que celle-ci ne bougeait pas et ignorait l'appel venant de la salle de bains volontairement. Mais Camila ne savait rien des questions silencieuses de Dinah, Ally et Normani, alors le silence de Lauren ne l'arrêta pas.

- Loooooooo!!!!!

Lauren soupira et se leva du fauteuil en tenant son téléphone entre ses mains, sans pour autant dire quoi que ce soit. Elle monta rapidement les escaliers et arriva à la salle de bain, où elle trouva Camila en plein combat avec sa robe rouge. Celle-ci se tourna vers la porte et regarda Lauren, les yeux emplis de détresse. Ses yeux marrons glissèrent vers le téléphone dans la main de la grande brune, mais Camila n'eut pas le temps de dire quoi que ce soit.

- Oh mon Dieu est-ce que c'est Mila!? s'écria Normani.

Même avec les exclamations soudaines de ses amies, Lauren ne pouvait détacher le regard de Camila, dont les cheveux étaient relevés en queue-de-cheval haute. Elle ignorait si la brunette s'était maquillée, et si c'était le cas alors c'était discret. Quoi qu'elle fasse, elle était belle de toute façon ; en tout cas aux yeux de Lauren.

- Tu peux m'aider s'il te plaît?

Les mots de Camila firent redescendre Lauren sur Terre, qui hocha silencieusement la tête en s'approchant de la Cubaine devant le miroir. Elle lui tendit son iPhone, que l'autre prit et mit devant son visage pendant que Lauren se plaçait derrière elle, face à son dos nu.

- Cam! Tu vas bien?

- Ça va merci, et toi Ally?

Ally hocha la tête et sembla vouloir dire quelque chose, mais Dinah ne lui en laissa pas le temps.

- Qu'est-ce que tu fais chez Laur?

- Rien, sourit Camila.

Les trois amies levèrent les yeux au ciel et ne prirent même pas la peine d'insister : Camila ne dirait rien. Derrière elle, Lauren souriait aussi. La fermeture semblait coincée, et ses doigts froids donnaient des frissons à Camila à chaque contact contre sa peau. Normani se mit à raconter à Camila son aventure anecdotique avec un caissier de Walmart, mais la Cubaine n'écoutait plus. Tout comme l'autre avant elle, elle était désormais perdue dans ses pensées.

Finalement, Lauren tira d'un coup sec sur la fermeture et parvint à fermer la robe, provoquant un sursaut chez Camila qui revint sur Terre. Lauren se pencha au-dessus de son épaule et fit signe aux trois filles d'arrêter de parler, ce qu'elles firent sur-le-champ, alertées par les mouvements du côté des deux brunes.

- On doit y aller les filles, on vous rappelera demain, informa Lauren.

- On? sourit Dinah.

Lauren leva les yeux au ciel et attrapa le téléphone dans le but de raccrocher, et Camila se mit à rire en se précipitant pour dire au revoir à ses amies. Elle fit signe devant l'écran rapidement, qui était maintenant à un mètre d'elle.

- Bon réveillon! cria Camila.

Et sur ces mots, Lauren pressa le bouton rouge et les visages des trois filles disparurent, aussi vite qu'ils étaient apparus. Leurs vies paraissaient calmes désormais, presque paisibles. Chaque jour ressemblait au précédent : Lauren préparait le petit-déjeuner -des pancakes, elles regardaient la télévision, se faisaient livrer des sushis, regardaient la télé, mangeaient et allaient se coucher. Et elles aimaient ça, cette tranquilité presque normale pour des jeunes femmes aux vies qui n'avaient absolument rien de normales.

***

- Non, Maman, souffla Lauren pour au moins la dixième fois de la soirée.

Camila jouait avec sa fourchette dans son assiette, un petit sourire moqueur collé aux lèvres. La frustration de son amie se sentait à des kilomètres à la ronde, et la voir ronger Lauren et la rendre aussi excécrable était on-ne-peut-plus divertissant. La mère de Lauren ne cessait de l'embêter avec sa proposition qui, pour être honnête, aurait pu être plaisante...si Lauren était un tant soit peu intéressée.

- Mais pourquoi? souffla Clara à son tour, sous le regard de toute la table qui ne savait plus quoi dire.

- Parce que j'ai dit non.

- Maman, intervint Taylor -la petite soeur. Laisse donc Lauren tranquille, pour une fois qu'elle est à la maison.

La plus vieille lança un regard reconnaissant à sa petite soeur, qui lui rendit un sourire. La mère de famille aurait pu s'arrêter là, et comprendre que le silence de tout le monde autour d'elle devenait embarrassant, mais elle ne sembla pas se préoccuper de la bienséance, puisqu'elle réessaya :

- Mais tu sais, il est de bonne famille, et puis il t'aime bien. Vous étiez amis avant et-

- Exactement, Mama! Amis! s'exclama Lauren en laissant tomber le self-control.

Camila, juste à côté d'elle, lâcha sa fourchette sur le coup de la surprise ; ce qui fit monter en Lauren un sentiment de culpabilité. Elle ne s'y connaissait pas du tout, mais elle savait que s'il y avait quelque chose de mauvais pour un foetus c'était bien l'anxiété et les sursauts. Sans un mot, la plus âgée posa une main rassurante sur la cuisse de Camila et la regarda une seconde, ses yeux semblant murmurer des excuses brouillons.

L'oncle de Lauren et frère de Mike, Carlos, ne laissa pas le temps à Clara de répondre, sentant que la tension palpable dans l'air devenait de plus en plus étouffante. Il sourit en piquant une pomme de terre et demanda à Lauren avec toute la bonne volonté du monde :

- Et le groupe, les filles?

Pauvre homme, il ignorait qu'il touchait un point quelque peu sensible. Camila pinça les lèvres et resta concentrée sur ses petits pois, comme depuis le début de soirée à vrai dire. Lauren, elle, essaya de garder contenance et ne laissa rien paraître devant l'entière famille qui s'était déplacée en l'honneur d'un repas de Noël où Lauren pouvait être là. Elle n'avait pas passé les fêtes chez elle depuis tellement longtemps qu'elle en avait oublié à quel point malgré l'ambiance explosive, elle se sentait ici à sa place.

- Ça va, Tio, merci.
(tio=oncle en espagnol)

Et le silence retomba sur l'assemblée ; on n'entendait plus que le bruit des couverts qui tintaient sur les assiettes, et les rires éloignés des enfants qui jouaient dans le jardin. Les yeux de Lauren se posèrent sur sa main posée sur la cuisse de Camila, et elle se surprit à penser que si tout pouvait être aussi facile que ces rires innocents, que ce toucher rassurant et que ce silence, peut-être pourrait-elle trouver la vie plus plaisante. Mais elle savait que ces rires seraient tôt ou tard accompagnés de pleurs, que ce toucher aurait inévitablement une fin, et que ce silence serait brisé ; vite, et sans difficultés.

- Et toi, Camila, tu as quelqu'un?

Lauren releva la tête vers sa mère face à elle, les oreilles bourdonnantes. Elle n'entendait plus les rires innocents des enfants, sa main avait rapidement mis fin au toucher, et elle n'entendait maintenant que les mots qui résonnaient dans sa tête -en la coupant du calme qu'elle aimait tant. Voilà, le silence avait été brisé, juste comme ça : vite, et sans difficultés.

***

- Allez Camz..., murmura Lauren en se forçant à porter de la patience dans la voix, elle qui était pourtant tout l'inverse d'une personne qui attend.

La petite brune, toujours les yeux fermés, marmonna quelques mots incompréhensibles dans lesquels Lauren ne comprenait qu'une chose : elle ne se lèverait pas. La Cubaine se redressa et soupira avant de se remettre les cheveux en place par réflexe. La nuit était fraîche et silencieuse, et la seule chose visible en dehors des lampadaires était la lumière à travers les fenêtres. Il n'était pas si tard, mais Lauren avait voulu rentrer pour que Camila puisse se reposer : elle lisait la fatigue dans ses yeux marrons. Alors poliment, elle avait prétexté un mal de crâne pour prendre congé de sa famille aux alentours de minuit.

Et maintenant elle était là, devant la portière ouverte de sa voiture noire en plein milieu de la rue et de la nuit, à se demander comment elle allait faire pour que Camila ait la force de monter jusqu'au sixième et dernier étage de leur grand appartement. Lauren soupira et se pencha une nouvelle fois avant de dégager le visage de la brunette d'une mèche rebelle qui s'était échappée de sa queue haute. Le geste avait été doux, calme, lent ; sans aucune trace de l'impatience caractéristique et habituelle de Lauren.

- Camz, je sais que c'est dur mais il faut monter pour que tu puisses te coucher, elle souffla.

Aucune réaction venant de l'endormie Cubaine, qui semblait être dans un sommeil si apaisant que même la belle au bois dormant aurait pu en être jalouse. Lauren laissa échapper un sourire involontaire, et décida que la réveiller de force serait un acte incroyablement méchant. Alors elle se pencha un peu plus à l'intérieur de la voiture, passa un bras protecteur autour des épaules de la plus frêle et l'autre sous ses genoux, et elle se redressa avec attention. Sa propre veste recouvrait toujours le corps de Camila, depuis que cette idiote avait tremblé de froid dans sa robe face au mois de décembre et qu'elle n'avait pour se réchauffer que ses petites mains.

Lauren se dirigea vers l'immeuble et y entra avec aisance, comme si Camila ne pesait pas plus de vingt kilos -malgré son petit ventre déjà arrondi. Dans l'ascenseur, Lauren la regardait : elle avait l'air tellement paisible avec ses longs cils immobiles et ses lèvres roses presque étirées dans un sourire. Camila attrapa sans s'en rendre compte le tee-shirt de Lauren et s'y accrocha avec force, toujours endormie, alors que les portes de l'ascenseur s'ouvrirent sur leur étage.

Quelques minutes et insultes contre la porte plus tard, les deux Cubaines étaient enfin au chaud à l'intérieur de chez elles. Lauren retira la veste qui recouvrait Camila et la posa sur le fauteuil avant de monter à l'étage vers sa chambre. Elle déposa la brunette sur son lit et sourit en voyant l'état de la chambre : son amie n'avait pas failli à sa réputation avec toutes ses affaires qui traînaient en désordre un peu partout. Elle se pencha et retira les talons de Camila ainsi que sa robe, se disant qu'elle serait plus à l'aise pour dormir si elle n'était pas étriquée dans cette belle tenue rouge sang. Camila frissonna dans ses sous-vêtements, et Lauren se maudit intérieurement d'avoir pris la décision de la déshabiller en fin de compte. Avec délicatesse, elle la glissa sous les couvertures et fit attention à ne pas la réveiller.

Mais il faut croire qu'elle n'était pas douée, parce qu'alors que Lauren s'apprêtait à sortir de la chambre pour rejoindre la sienne, elle sentit une petite main lui attraper l'avant-bras avec faiblesse : Camila ne dormait plus si profondément que ça. Lauren se retourna et la regarda ; la brunette avait toujours les yeux fermés mais ses lèvres étaient entrouvertes et un fin souffle s'en échappait. Aucune ne dit rien pendant quelques secondes, se contentant de rester dans cette position au milieu de la chambre.

- Reste...s'il te plaît.

- Dors Camila, murmura Lauren sans bouger d'un seul millimètre.

Cette fois, les paupières jusqu'ici closes s'ouvrirent pour laisser le marron flou rencontrer le vert, limpide et confus. C'est vrai, Lauren était confuse ; pourquoi Camila lui avait-elle demandé de rester alors qu'elle dormait si bien jusqu'ici? Elle n'avait qu'à refermer les yeux et en quelques secondes, elle se rendormirait. Alors Lauren pouvait bien sortir, qu'est-ce que ça pouvait changer au final?

- Reste...

Sa voix sonnait comme un murmure faible et presque inaudible ; c'était comme si elle dormait déjà. Et si Lauren ne pouvait pas à cet instant lire dans ses yeux, elle jurerait que Camila parlait en dormant. Seulement elle était bel et bien réveillée, à lui demander de se mettre près d'elle pour qu'elle se rendorme.

- Tu parles par fatigue, Camz. Rendors-toi.

La Cubaine dégagea doucement son bras et se retourna pour partir, mais une seconde fois, Camila lui attrapa le bras -avec plus de fermeté cette fois. Lauren se tourna vers elle, et la trouva assise sur le lit et penchée vers elle pour la retenir. Peut-être ne parlait-elle pas par fatigue, peut-être voulait-elle vraiment que Lauren reste depuis longtemps mais qu'elle n'avait jusqu'ici pas eu le courage de le lui demander. Peut-être que ces mots lui brûlaient les lèvres depuis un moment mais que Lauren l'intimidait trop pour qu'elle ose les laisser franchir la barrière de ses lèvres.

Et elle avait peut-être eu raison de ne pas oser demander jusqu'à cette nuit de Noël, parce que bien qu'elle savait qu'elle avait tort, Lauren se répétait à l'intérieur que Camila avait dit ça juste parce qu'elle était fatiguée : comme un enfant qui ne se rendrait pas compte de ce qu'il fait. Lauren voyait en Camila un être innocent et pur, rieur et maladroit, naïf et beau : comme un enfant. Elle voyait en elle un enfant fatigué qui ne se rendait pas compte de ce qu'il fait.

Mais malgré tous ses sens qui lui criaient d'aller se coucher dans la chambre au bout du couloir, la sienne, Lauren soupira doucement et retira ses talons. Camila sembla soulagée, sa poitrine se relâcha comme si elle avait bloqué sa respiration, et elle s'allongea dans le grand lit en regardant Lauren faire pareil. Elles se firent face pendant de longues minutes, à se regarder dans le silence, avec pour seul bruit leurs respirations qui se calmaient peu à peu alors que la fatigue reprenait le dessus sur elles.

Camila finit par fermer les yeux, son souffle prit un rythme lent et calme et Lauren crut qu'elle avait rejoint les bras de Morphée alors elle ferma les yeux aussi, seulement un souffle la fit les rouvrir brusquement :

- Chante.

C'était la brunette près d'elle qui avait laissé ce simple mot franchir ses lèvres, avec un ton de supplice, comme si c'était là sa dernière volonté sur cette Terre. Lauren la regarda sans rien dire, analysa son visage, pesa même le pour et le contre et en vint à la conclusion qu'elle avait fait une erreur : elle aurait dû aller dans la chambre au bout du couloir.

- Chante pour moi, s'il te plaît.

Elle aurait dû sortir de cette chambre, elle avait eu tort. Maintenant Camila voulait qu'elle chante pour elle, blottie contre son corps, sentant son parfum dans son tee-shirt. Lauren aurait dû réfléchir avant de s'allonger dans son lit. Parce qu'en posant le regard sur le petit poing de Camila qui serrait son pendantif en forme de lune, les yeux fermés et allongée contre elle, Lauren se dit que peut-être elle devrait arrêter de lutter.

Elle se dit que même s'il y avait peu de rires, de touchers et de silences autour d'elle, sa vie n'était pas si horrible. Lauren devait lutter, elle le savait ; mais elle commençait à penser que ça n'en valait pas la peine. Elle se rendait la vie difficile, elle devenait sa propre ennemie. Elle se battait contre elle-même alors que peut-être le temps était venu pour elle de rendre les armes.

Camila savait voir le bonheur dans les pires moments, la bonté chez les pires personnes ; Camila ne pesait jamais le pour et le contre, elle vivait à fond, comme un enfant. Et Lauren, qui faisait de sa propre vie un champ de bataille sans raison, se prit à penser qu'elle devrait décider que c'était à elle de rendre sa vie plaisante et de créer des rires, des touchers, des silences rassurants. Elle devrait décider que peut-être il était temps d'arrêter de toujours se demander ce qu'était la bonne chose à faire, d'arrêter de peser le pour et le contre.

- D'accord, elle sourit finalement.

Il était temps pour Lauren de déposer les armes, de vivre comme Camila : à fond et sans se poser de questions. Il était temps pour Lauren de chanter ; alors les yeux posés sur le visage paisible de Camila, Lauren chanta.

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