Troisième Chapitre
Aujourd'hui nous sommes le 3.
J'attends avec impatience la fin des cours pour pouvoir ouvrir l'enveloppe et lire la troisième lettre. Je n'avais pas le temps de la lire ce matin alors je l'ai prise avec moi, sauf que durant mes pauses j'avais la tête ailleurs ce qui fais que je ne l'ai toujours pas lu.
Je fixe l'horloge avec une telle attention que les aiguilles, qui se déplacent lentement, comme pour me narguer, en ont fini par me donner la migraine.
3, 2, 1... la sonnerie sonne, coupant brutalement le professeur dans son discours passionné, et nombre des élèves qui avaient déjà préparé leur affaires partent. Ça aurait été plus marrant si tout le monde avait jeté ses affaires en l'air ; on se serait cru dans High School Musical.
À mon tour, je prends mon sac, en sors l'enveloppe, le mets sur mes épaules et pars.
Je m'apprête à l'ouvrir lorsque je sens une main se poser sur mon épaule. Peut-être qu'il s'est rendu compte que je l'évitais..?
"Hey ! Ma p'tite Bet !
- Oh... c'est toi Alizée, dis-je.
- Wow, bah merci l'accueil, on voit que je suis aimée ! Tu sais, il me suffit de mettre des ciseaux entre mes jambes et je passe crème pour Alex !"
Ne pourra-t-elle donc jamais être un peu plus discrète ? Crié ça dans les couloirs, devant tout le monde qui plus est...
Je m'empresse de lui coller ma main contre sa bouche et l'emmène jusqu'à l'entrée du lycée. Quelques personnes nous regardent de travers. Pas étonnant ; on dirait que je la prends en otage.
Lorsque nous avons atteint le portail, je la relâche. Elle sourit et le dit, sur le ton de la rigolade :
"T'as pas un flingue pendant que t'y es ?
- Attends, je cherche mon rire, je te préviens quand je le trouve, je lui rétorque.
- Rooh, ça va, je rigole, détends ton string. Si on peut plus faire de blague, que devient le monde ?
- De la merde. Quoi que ça, c'est pas très récent."
Elle aussi, désormais, me regarde bizarrement. Elle soupire.
- Bon, quoi qu'il en soit, que dirais-tu qu'on sorte après-demain ? J'ai vu une salopette qu'il faut ABSOLUMENT que je m'achète !
- Tu sais que les soldes sont dans un mois ?
- Oui ! Un long mois me sépare de ces soldes tant espérées ! Mon porte-monnaie et moi l'attendont depuis tellement de temps !
- Tu es vraiment un cas désespéré n'est-ce pas ?
- Mais réfléchis ! Si ça se trouve, cette salopette elle ne sera plus en magasin d'ici le mois prochain !
- Tu pourras toujours l'acheter d'occasion.
- What ? Non, non, non, ma chérie, il en est tout simplement hors de question ! Porter des vêtements que d'autres ont porté avant moi ? Je préfère encore acheter en ligne sur des sites chinois !
- Alizée...
- Oh, et puis arrête à la fin ! Ça nous donne une bonne raison de sortir faire du shopping ensemble, alors arrête de chercher des arguments bidons ! dit-elle avec son index levé devant elle, comme pour souligner le fait qu'elle avait raison.
- Même si tu dis ça... de toutes façons, samedi j'ai d'autres choses à faire."
Elle ne dit rien. Elle me regarde la tête. Je vois bien qu'elle est contrariée ; compte-t-elle bouder ?
Là, elle soupire. Longuement.
"Tu es bizarre ces derniers jours, Bet. Je ne sais pas ce qui t'arrive... mais sache que si tu as besoin d'une oreille attentive, je suis là. Je suis ton amie, Bet."
Après avoir fini de parler, elle m'a regardé à nouveau. Tout est silencieux. Je ne sais pas si tout le monde est déjà partis ou si nous ne sommes seules que dans mon imaginaire. Tout ce que je sais, c'est que ces yeux noirs m'ont fixé, pendant ce qui me sembla être un long moment, puis ils se sont détournés dans un dernier soupir. Alizée est partie.
Je pars à mon tour en direction de chez moi. Lorsque j'arrive, je pose mon sac. Je me rends alors compte que j'ai gardé l'enveloppe en main pendant tout ce temps.
Je vais dans la salle de bain et commence à me faire couler un bain. C'est dans la douce mélodie que produit l'eau quand elle s'écoule que j'ouvre l'enveloppe.
"Chère Bet,
Aujourd'hui je vais te parler de quelque chose qui m'a toujours tenu à cœur ; l'amitié.
Tu le sais déjà, mais j'ai toujours rêvé d'avoir des amis. Seulement, j'ai été rejetée par les gens qui m'entouraient et je n'en ai donc jamais eu.
Je suis sûre que tu as plein d'amis maintenant. Je voudrais juste que tu te rappelle de cette époque où je n'avais pas d'amis, où j'étais seule. Cette solitude est quelque chose que je ne souhaite à personne de vivre, d'autant plus que la solitude est bien trop souvent accompagnée de tristesse et d'ennui.
Bet, si tu as des amis, et je sais que tu en as, prends soin d'eux, car ils te sont bien plus précieux que tu ne l'imagines.
Bet, aime-les.
Avec Amour,
Bet"
Je soupire. Décidément, je soupire beaucoup avec elle.
J'arrête de faire couler l'eau et cherche dans mes affaires. Ensuite, après avoir trouvé ce que je cherche, je plonge dans mon bain.
Je compose le numéro, que je connais par cœur, et appelle.
"Allô ? j'entends.
- Boboo.
- Quoi ?
- Laisse tomber. Finalement, je n'aurais pas à faire mes "trucs" samedi, alors c'est ok pour le shopping. Et au fait, mes arguments n'étaient pas bidons, ils étaient en bétons haha !"
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