Sixième Chapitre
Toujours du rouge. Je hais le rouge.
"Chère Bet,
As-tu bien regardé le contenu de l'enveloppe ? Si tel est le cas, alors lis cette lettre avant de faire quoi que ce soit. Si tu ne l'as pas fait, alors ne le fais pas. Du moins, pas avant d'avoir fini de lire cette lettre.
Bet, m'as-tu accepté ? Non, n'est-ce pas ?
Même si je ne suis plus là, je veux voir si tu persistes à me rejetter.
À l'intérieur de cette lettre se trouve une photo. Une photo de moi.
De moi, Bet la grosse vache.
De moi, Bet le petit laideron.
De moi, Bet la moche.
De toi, Bet.
Fais-en ce que tu veux.
Seulement, souviens-toi que tes actions passées ont toujours un effet sur ta situation et même tes actions futures.
Un effet sur la guérison de toi, la moche.
Avec Amour,
Bet"
Je referme le papier et plonge une nouvelle fois ma main, tremblante, dans l'enveloppe.
J'en sors une photo, dont les bouts sont cornés. Une petite personne se trouve dessus, prenant la pose. Elle est grosse, ses cheveux sont en batailles, un large monosourcil barre son front, son acné est telle qu'on pourrait confondre ces boutons avec des tâches de rousseur. Quoi que non ; certains ont pris une teinte blanchâtre. Enfin, son faible sourire ne laisse pas entrevoir ses dents, mais son appareil dentaire.
Je me souviens de cette photo. Ma mère m'avait forcé à prendre la pose pour pouvoir me prendre en photo. C'était pendant le réveillon, je crois. Elle m'avait fait mettre une robe en velours rouge avec un ruban en guise de ceinture au niveau de la taille. Avec celle-ci, je portais une paire de collant noir en laine et de petites ballerines rouges. Elles me faisaient un mal de chien.
Je regarde la photo avec une mine dégoûtée. Donc je ressemblais véritablement à cela...
Je me dépêchai d'aller au toilette. Cela me donnait envie de vomir, mais plus que cela, il fallait que je me débarrasse de ça.
Je m'enfermai dans la pièce et levai la lunette des toilettes. Je déchirai lentement la photo, m'acharnant dessus, de sorte à ce qu'on ne puisse même plus distinguer sa silhouette.
Les petits bouts tombent un à un dans la cuvette. Ils sont tout mouillés. Que c'est dommage.
Je tire la chasse d'eau et rejette ma tête en arrière.
Ah... qu'est-que c'est bon. J'ai cru pendant un instant qu'elle allait revenir pour pourrir ma vie.
J'inspire longuement. C'est presque jouissif. Ce sentir puissant... Je suis supérieur à elle.
Je ne vais pas la laisser contrôler ma vie comme elle l'a fait pendant tant d'années.
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