Septième Chapitre
Lundi, alias le pire jour de la semaine. J'envie les anglais qui ne commence leur semaine que le mardi.
Quoique, en vérité, c'est débile ; lundi ou pas, il s'agit toujours de reprendre l'école, et ça, c'est toujours aussi difficile.
Je marche nonchalamment vers l'école. Je croise en chemin quelqu'un qui me paraît familier.
Je n'y prête pas attention et passe mon chemin.
"Bet Van Acker ?" me dit-une voix, en posant une main sur mon épaule.
Je m'arrête. Mon corps est gelé sur place. J'arrive néanmoins à me retourner, quoi qu'avec une lenteur inégalable.
"Vous devez vous tromper, je rétorque.
- Mais si, c'est toi ! Tu ne te rappelles pas de moi ? Madame Ruiz !
- Euh...
- Mais si, tu te souviens, j'étais ton professeur en 4e ! Oh la la, qu'est-ce que tu as changé... j'ai bien failli te reconnaître !"
Bien sûr que je me souvenais d'elle. Comment l'oublier ?
Madame Ruiz était une petite femme rondelette, bigleuse, avec le cœur sur la main.
Je me souviens que quand on obtenait une bonne note à nos contrôles, elle nous donnait un petit carré du chocolat de notre choix - car elle gardait toujours quelques tablettes dans son sac, si bien qu'il était fréquent que notre récompense soit à moitié fondue. Ainsi, ma matière préférée, celle où j'excellais était le français - madame Ruiz était en effet professeur de français.
Quoiqu'il en soit, j'étais plutôt gênée qu'elle m'ait reconnu, moi qui avait tout fait pour changer.
J'avais minci, mes boutons et mon monosourcil avaient disparus, mon appareil dentaire, aujourd'hui enlevé, m'avait laissé de belles dents blanches et mes cheveux bruns, autrefois gras et fourchus, étaient devenus blonds et soyeux. Ma métamorphose n'était-elle donc pas suffisante ?
Je me défis de son entreprise et m'en alla aussi vite que possible, tandis que Madame Ruiz m'appelait.
Désolé madame, vous qui avez été si bonne avec moi, mais vous faîtes ressurgir en moi des souvenirs que j'espérais avoir oublié. Certaines choses et certaines personnes ne méritent pas que l'on se souvienne d'elles.
Je courus pour ne pas arriver en retard en cours. Lorsque j'arrivai en classe, Alizée se précipita sur moi.
"Hey dis, dis, tu sais pas la nouvelle ? me dit-elle.
- Quelle nouvelle ?
- Tu sais que Louison a commencé à traîner avec ce mec là... comment il s'appelle déjà... Manuel... Oui, c'est ça ! Il s'appelle MA-NU-EL !
- Oui, et donc ? Ils sortent ensembles ?
- Mais non, non et non ! Même si je t'avoue que cela ne saurait tarder. Bref, ce Manuel, donc, traîne dans la bande de Noémie et Valentin."
Je frémis en entendant son nom. Dans notre lycée, ils sont bien célèbres. D'un côté, on a Noémie, la Beauté Froide, - chacun ses goûts - qui sort rarement de son cercle d'amis. Celle-ci est connue pour être très intelligente, mais surtout pour avoir rejeté le capitaine de l'équipe de rugby du lycée, qui, soit dit en passant, à beau être un véritable régal pour les yeux, est un idiot fini.
D'un autre côté, on a Valentin. Il est surtout célèbre pour son excentricité. C'est un appolon - on dirait que son physique a littéralement été sculpté par les Dieux - et il est très extraverti. Certaines rumeurs disent qu'il en ferait tomber plus d'un, même parmi les hommes ; à ce qu'il paraît, même son meilleur ami serait amoureux de lui !
"Bet, tu m'écoutes ? me demande Alizée, me faisant retomber sur Terre.
- Oui, oui, excuse-moi.
- Donc, je te disais que Noémie et Alexandre ont rompu !
- Quoi ?
- NO-É-MIE PLUS AVEC A-LEX-ANDRE ! TOI COMPRENDRE MOI ?
- Roh, c'est bon, je soupire. Mais, tu es sûre de ce que tu avances ?
- Bien sûr que oui ! Apparemment, c'est lui qui l'aurait plaqué il y a deux semaines ?
- Deux semaines ? Dis donc, tu fais une bien mauvaise commère ?
- C'est toi qui parles ? Avoue plutôt que t'es bien contente que le Alex sorte plus avec l'autre !"
Je n'eus pas à répondre ; le professeur arriva pile au bon moment. Je crois que je n'ai jamais été aussi heureuse d'avoir cours d'allemand.
En rentrant, le soir, lorsque je vis la boîte sur mon bureau, je ne pus m'empêcher de me demander ce qu'il pouvait bien y avoir dans la lettre du jour.
Non, j'en avais assez vu comme ça. Je rangeai la boîte dans mon armoir puis sortis de ma chambre vaquer à mes occupations.
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