Deuxième Chapitre
"Moche amochée, hein..."
Nous sommes Mercredi. Cela fait presque une semaine que cette folle est venue me voir.
Ce matin, j'ai eu cours avec Alexandre, le garçon que j'aime.
Alexandre est un garçon admirable ; il s'occupe de sa soeur en remplacement de ses parents et arrive quand même à se consacrer à ses études. En plus de cela il est très beau.
La première fois que je l'ai vu, j'ai tout de suite pensé qu'il était spécial. Certes, il était beau, mais ce n'était pas non plus un apollon. Je pense que c'est son aura qui m'a intrigué. Il y avait quelque chose de différent, de spécial, de rafraîchissant dans da manière d'être. De plus, ce sourire qu'il arborait en toute circonstance avait de quoi faire fondre votre cœur.
Pour moi, la vision d'Alexandre, son visage illuminé par le soleil, par la grâce des anges, était si pittoresque que si j'en avais eu le courage et l'audace, j'aurais essayé tant bien que mal de la reproduire.
Donc, j'ai eu cours avec lui ; nous sommes dans la même classe.
Seulement, je n'ai pas osé l'approcher. Ne croyez pas que cette timide ne m'est pas nouvelle ; nous sommes amis et c'est sans aucune gêne que je peux lui parler, grâce au statut que me confère cette amitié.
Malheureusement, sa folle de petite-amie ne me lâche pas ; elle m'observe en silence et, même quand elle n'est pas là, je peux sentir sa présence. La paranoïa me gagne.
Elle sait tout, je ne peux rien faire. Alexandre ne sait pas mais elle, si.
Que faire ? Au moindre faux pas, tout sera révéler.
Je me tiens donc à l'écart d'Alexandre.
Il ne semble pas le remarquer. Essayons de ne pas y penser.
J'ai besoin de penser à autre chose ; voilà pourquoi, dès que je rentre chez moi, je me précipite sur la boîte que j'ai trouvé la veille.
Je l'ouvre, retire la première enveloppe et prends la deuxième. Comme la première, la date du jour est indiqué en bleu sur l'enveloppe.
C'est dans un silence presque religieux que je l'ouvre et en sors le papier, le cœur battant la chamade.
"Chère Bet,
Si tu ouvres cette enveloppe, cela signifie non seulement que tu es sur la voie de la guérison, mais aussi que tu ne m'as pas abandonné, et je t'en remercie. Ç'aurait été moi, cela ferait longtemps que je me serais abandonné. D'ailleurs, ne l'ai-je pas déjà fait ?
Mais bon, je ne t'écris pas pour te parler de ma personne ; je suis sûre que tu as changé et que tu veux faire une croix sur ton passé, et c'est compréhensible.
Seulement, tu dois t'accepter. Cela peut paraître ironique que ce soit moi qui te dise cela, moi qui n'ai même pas pu pendant longtemps me regarder dans un miroir.
Bet, mets ta plus belle robe, fais toi belle, place toi devant un miroir et dis, à voix haute, que tu es belle. Dis-le ! Crie-le ! Tu es belle Bet ! Oui, toi, tu es tellement belle...
Avec Amour,
Bet"
Je ferme les yeux et soupire. Comment peut-elle encore exiger cela de moi, après toutes ces années d'endurance qu'elle m'a fait subir ?
Je m'habille d'une robe noir en dentelle et me chausse d'escarpins de la même couleur, m'applique un peu d'anti-cernes et de masquara. Je suis maintenant devant la glace de ma salle de bain.
"Tu es moche, Bet ! Tu es hideuse ! Tu n'es qu'un sale porc ! Ce monde serait meilleur sans quelqu'un comme toi."
Je suis rouge. J'ai crié, très fort.
"AHHHHHH !"
Ce cris, que je contenais depuis tant d'années, est enfin sorti. Ce cri de haine, de désespoir, d'incompréhension face au mépris dont les gens faisait preuve envers moi. Oui, ce cri, celui qui vient des tripes, est sorti de ma bouche. Il s'est envolé.
Je reste les yeux. Ma respiration est saccadée ; il faut que je reprenne mon souffle.
Lors ce que rouvre mes yeux, mon visage est rosâtre ; c'est cet excès soudain de fureur qui l'a teinté.
Les larmes commencent à couler d'elles-même. Je serre mes mains autour du rebord du lavabo.
"Tu es belle, Bet. Tu es magnifique. Mais bon, il est vrai que les cheveux bruns me vont mieux."
Tout cela, je le dis avec un faible sourire. Je soupire, puis m'apprête à sortir de la pièce lorsque je me rends compte que j'ai oublié quelque chose.
Je me repositionne devant le miroir et, les larmes inondant toujours mon visage, murmure :
"Merci, Bet."
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