Cinquième Chapitre

J'applique une dernière couche de masquara sur les cils de mon oeil droit et je suis fin prête.

Habillée d'un jean taille haute, d'un chemisier blanc, d'un long manteau en cachemire et chaussée d'une paire de Timbreland, je sors dans le grand froid de l'hiver.

Lorsque j'arrive, Alizée est déjà là. Elle est du genre à toujours arriver en avance.

Nous faisons les boutiques, dépensons beaucoup d'argent - Alizée dépense beaucoup d'argent. Puis, alors que l'on passe devant une boutique Desigel, j'aperçois une robe patineuse entièrement jaune et aux manches plutôt évasées. Cette simplicité est plutôt rare pour la marque.

Quoi qu'il en soit, c'est le coup de foudre. Je n'aime pas le jaune, mais là, il m'envoûte complètement.

Il me la faut.

Il me faut cette robe.

J'entre dans le magasins, sans me demander si Alizée me suit ou pas. J'aborde la première vendeuse que je repère et, prise dans mon élan, j'oublie de lui souhaiter le bonjour. Elle me le fait bien comprendre.

"Auriez-vous cette robe en taille M s'il vous plaît ?

- Bonjour, dit-elle en faisant une tête d'enterrement.

- Oh... excusez-moi. Bonjour. Alors, auriez-vous cette robe en taille M s'il vous plaît ?"

Mais si un sourire est apparu sur son visage, jusque-là fermé, lorsque je lui ai dit bonjour, elle a aussitôt retrouvé son visage froid. Je crois que le "alors" était de trop.

Elle va me la chercher dans la réserve du magasin, et c'est seulement une demi-heure plus tard, si ce n'est plus, qu'elle réapparaît, la robe à la main.

Elle me la donne - me la jette - avec un simple "tenez", qui me fait froid dans le dos. Décidément, elle est vraiment désagréable.

Entre temps, Alizée m'a rejoins. Ainsi, nous allons à la case pour payer la robe.

Lorsque nous sortons du magasin, je soupire et souris de toutes mes dents. Bet, mission accomplie.

Au final je n'ai acheté que cette robe et un petit sac à bandoulière en cuir marron foncé avec de petites franges.

Je rentre chez moi, essaie mes habits et les montre à ma mère ; je suppose que ce doit être une des étapes pour avancer dans ma "guérison".

Cela étant fait, je retourne dans ma chambre et me précipite sur la boîte, qui est toujours sur mon bureau.

Je me dépêche d'ouvrir une des l'enveloppe qui se trouve à l'intérieur, et en sort la lettre du jour.

"Chère Bet,

Avant que tu ne trouves ces lettres, pensais-tu à moi ? Hantais-je ton esprit ?

Faisais-je réellement partie de ton passé ? Existais-je encore pour toi ?

Toutes ces questions, je te les pose, comme je te les ai déjà posées, mais honnêtement, je crois déjà en connaître les réponses.

Même si tu ne m'avais pas oublié, du moins pas complètement, je suis sûre que tu ne voulais pas penser à moi. Je te faisais honte, j'étais une sorte de bagage pour toi.

Je le suis sûrement encore.

Mais, même si je ne veux pas être oubliée, je ne veux pas que tu sois hantée par ce passé, qui, quand on y pense, n'a pas été si désastreux que ça.

Détaches-toi de ce passé, qui est pourtant encré en toi, et vis ta vie. Je ne te demande pas de le dénigrer, car j'en fais partie et qu'il fait partie de toi.

Seulement, Bet, soit heureuse. Tu as changé, plein de choses s'offrent à toi, tu as des amis et des gens qui t'aiment désormais. Je ne dis pas non plus que personne ne t'a jamais aimé, mais d'une certaine façon, il est plus simple pour les autres de le faire maintenant qu'auparavant.

Alors Bet, goûte les bonheurs de la vie. Vis l'instant présent.

Avec Amour,
                                                      Bet"

Des gouttes d'eau salées tombent malencontreusement sur le papier.

Décidément, cette fille a le don pour tout dramatiser.

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