10~ Finale
- Pourquoi vous êtes vous inscrits ici ? attaque Martin pour sa seconde question.
Et je me concentre sur le jeu puis souris, elle ne va pas être bien compliquée cette question.
- Moi c'est parce que ma mère pensait que je pouvais être sélectionné. Et elle ne s'est pas trompée, remarque-t-il avec un petit rire en baissant les yeux. Plus qu'à espérer qu'elle ait aussi raison quant au fait que je puisse gagner.
Oh, quand même pas jusque là petit...
- Perso, c'est mon père qui m'y a obligé, répond nochalement Eliam. Mais ça ne me déplaît pas de voir de nouvelles têtes.
Vu son optimisme, je doute que quelque chose arrive à lui déplaire.
- Je me suis inscrite parce que c'est normal dans ma famille, on convoite ma place depuis longtemps, déclare Capucine. Quelle chance nous avons d'être ici !
Et Martin ainsi que Corentin approuvent d'un même signe de tête.
- Moi c'est parce que je voulais tenter ma chance, répond ce dernier. Comme toutes les personnes qui ont déposé leur candidature je suppose.
Vrai.
- Et moi c'est un défi que m'a lancé mon frère, déclaré-je pour finir le tour.
Et ma réponse amuse particulièrement le prince qui, d'après son sourire, se demande déjà quel défi me lancer vu ce que je suis capable de faire à ce titre.
- Alors maintenant, une question plus sérieuse, fait-il malicieusement en prenant la main.
Oh ça n'annonce rien de bon...
- Dites-nous quelque chose que vous avez à vous reprocher, finit-il par inventer.
Je savais que ça allait être un coup foireux ! Je le savais !
Mais qu'est ce que je peux répondre à ça sans me compromettre ? Le terrain sous mes pieds vient de se transformer en patinoire, c'est très glissant !
- Moi c'est d'avoir chipé une tenue officielle à mon frère alors qu'il devait la mettre pour un gala. Il a dû revoir tous ses plans, j'ai bien rigolé. Mais il m'a boudé assez longtemps pour me faire regretter après.
Mais quel comique ! Sérieusement, y a-t-il quelque chose de plus anodin que ça ?
- Je ne me souviens pas de quelque chose de précis... regrette ensuite Capucine en crispant son sourire sous la concentration.
Mais sans rien trouver, elle s'efface du cercle.
Et nous ne sommes plus que quatre maintenant.
- Ne pas avoir donné assez à un collègue qui manquait d'argent, fait alors pensivement Corentin, une moue mélancolique couvrant son visage. Il se tuait à la tâche pour soigner sa mère malade, mais ça n'a pas suffit. Elle est morte et il s'est suicidé, alors que j'aurais peut-être pu l'aider...
Et son histoire fait tomber un froid sur le groupe. Pas étonnant, quand on parle de mort ça fait taire tout le monde !
Sauf que j'en connais d'autre des histoires comme ça, c'est monnaie courante chez nous. C'est pour ça qu'il faut éviter d'aborder le sujet avec des Nuits...
- Je suis désolée pour lui, murmuré-je, plus à l'adresse de Corentin que des autres.
Une étincelle traverse ses yeux nostalgiques, et je sais qu'il prend mes mots avec une attention toute particulière. Parce que nous sommes tous les deux des Nuits, et que nous savons tous les deux exactement de quoi on parle.
On se comprend...
Et une sorte de lien s'établit entre nous. Nous sommes de la même caste, nous nous serrerons les coudes. Alors quand je reprends la parole, c'est avec une nouvelle confiance que je laisse les mots glisser de mes lèvres :
- Quant à moi... je n'ai rien à répondre, lâché-je simplement. Oh j'admets que j'ai fait des choses dont je ne suis pas fière, tempéré-je devant leur silence sceptique. Sauf que je ne regrette rien. Si j'ai fais des erreurs, j'en ai appris. Si j'ai fais du mal, c'est parce que ça me semblait juste sur le moment. Je ne le referai pas, d'accord, mais je ne jugerai pas la fille qui a essayé et qui a échoué. Je ne regretterai pas les erreurs qui m'ont faites grandir, parce que c'est grâce à elle que je suis arrivée ici.
Et je reprends mon souffle, laissant planer un lourd silence autour de la table.
- Je ne vais donc rien répondre, conclue-je en levant les mains. Bon jeu !
Et je recule d'un pas, non sans pouvoir m'empêcher de fusiller le prince du regard. Lui qui sourit toujours, au bout de la table, les bras croisés en travers de son torse comme si rien ne le touche.
Sauf que dans ses yeux bleu brille une nouvelle lueur. Oui, le léger plis de ses sourcils ne me trompe pas. Il est plus sérieux qu'il n'y paraît, et je viens de le contrarier.
Le prince désinvolte serre les dents de frustration !
Et même si je ne devrais pas m'en réjouir, craindre pour ma place devant son nom important, je ne peux réprimer la belle flamme de triomphe qui jaillit dans mon corps.
Je commence déjà à l'énerver ? Ces prochaines semaines promettent d'être longues alors !
- Et moi, je vais dire que c'est la rose blanche que j'ai renversée il y a sept ans, essaie maladroitement d'enchaîner Martin. Enfin maintenant, je sais comment tenir un pot de fleur.
Et il hoche la tête dans ma direction.
Je lui souris, reconnaissante de le voir porter attention à ce que je viens de dire. Oh ce garçon est vraiment mignon, c'est un petit ange d'innocence. Mais je sais que les autres m'ont mieux comprise.
J'ai fait passer mon message : ils ne me feront pas regretter d'être une Nuit.
Et le jeu se poursuit sans que je daigne y prêter attention.
Au final, je me fiche pas mal de la vie des autres. C'est moins drôle quand je ne joue plus.
Alors je m'approche de Juliette qui parle d'art avec Henry-Louis un peu plus loin, me fondant dans leur conversation aussi simplement que je me fondrais dans l'ombre d'une nuit sans lune.
Je ne dis rien, je n'en ai pas la culture. Mais je donne au moins l'impression de me soucier de leurs préoccupations.
Et bientôt, Eliam rejoint Adama entourée de sa coure en sortant du cercle. Ravie de le revoir, elle lui offre un beau sourire.
Ah, quelles dents blanches !
Et le prince l'apprécie.
Curieuse, je porte mon oreille sur le tour se terminer pour savoir ce qui l'a mis hors jeu. Une question de Corentin visiblement, "que seriez-vous prêt à faire pour vos proches".
Délicat, mais je sais ce que j'aurai répondu. Pour le prince par contre, il n'y a pas de bonne réponse. La famille royale doit être soudée dans toutes les épreuves, mais doit aussi impérativement respecter la loi. Difficile d'admettre qu'il préférerait faire passer les désirs de ses proches devant ceux de son pays...
Bref, bien joué Corentin !
Et le jeu touche à sa fin. Les deux derniers, Corentin et Martin, sont trop sincères, ils ne peuvent pas se départager. Dans l'autre groupe, c'est Louise et Gaston qui l'emportent. L'épreuve n'a pas dû poser problème à l'intelligente médecin au cœur sur la main, et le sourire béat du garçon m'indique que lui non plus n'avait pas grand chose à cacher.
- Merci pour votre attention et votre bonne volonté, nous complimente l'organisatrice en mettant fin au jeu, et bravo à nos gagnants !
Des applaudissements résonnent dans la salle, et me voilà forcée de m'y joindre.
- Vos photographes m'ont indiqué avoir recueillis assez d'images pour la matinée. Vous pouvez aller manger.
Je jette un regard vague à Patrina qui me répond d'un signe de tête avant d'indiquer du menton le groupe des participants qui sortent de la salle.
Ok, je dois y aller. Repartir me noyer dans cette foule dont j'ai tant horreur.
Alors Corentin vient me rejoindre. Tout sourire, il cale sereinement ses pas sur les miens sans se soucier d'être en retrait du groupe. Oh, je ne sais pas si il mesure l'ampleur de la reconnaissance que je lui porte en cet instant...
Puis Capucine et Louise nous rejoignent. Elles lancent la conversation, abordant avec enthousiasme les éléments de la matinée. Parler devient soudainement simple avec elles.
Et quand je tourne la tête vers Corentin, il sourit encore. Oui, il sourit toujours lui ! Et ça finit par me faire sourire aussi.
Bravo Gabrielle, tu viens de te trouver une belle escorte !
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