Gabriella Parker.

"Je penses que j'ai besoin d'une nouvelle vie, laisser tout derrière moi. Je penses que j'ai besoin d'un lever de soleil, je suis fatigué des couchers de soleil... "

- Augustana

Ce groupe m'a toujours inspiré pas mal de choses... C'est le genre de paroles qui te font vraiment réfléchir, te donnent envie de sortir de ta routine qui t'emprisonne. C'est un groupe qui me donne envie de prendre la voiture, de suivre la même route, toute droite et d'aller très loin.

Aujourd'hui c'est le jour où mon père est parti il y a 13ans. Ça fait vraiment longtemps mais cette date restera... 12 Octobre... Une dure journée à passer. Je me sens pas triste, juste terriblement en colère. Ma mère doit sûrement être enfermée chez elle, à pleurer et à boire une bouteille de vodka... Après 13ans je ne comprends pas qu'elle ne soit pas passée à autre chose... Une fois je l'ai entendue dire que ça aurait été plus facile si il avait été mort... Je conçois que ce soit dure pour elle d'accepter qu'il l'ai quitté mais c'est pas réconfortant de savoir qu'il peut être heureux ailleurs ? Mais pour un enfant, ça s'oublie pas le manque d'un parent... Il m'a abandonné sans remords... Je me suis habituée depuis longtemps, mais j'ai tellement de colère en moi !

Je me regarde dans le miroir et je décide d'exprimer toute ma colère aujourd'hui. Je met un short noir, déchiré, un débardeur noir et une veste en cuir. Je met un énorme trait d'eye liner et du rouge à lèvre rouge. J'attrape mon sac et j'appelle Grace.

- Rendez vous à Park Avenue dans 5 minutes.

- Ok.

Après seulement un mois, Grace et moi sommes très proches. Elle me connaît déjà incroyablement bien et elle me fait toujours rire aux éclats. Elle a cette assurance que je n'ai pas, une grâce incroyable et un sourire éclatant contrairement au mien, qui est très discret. Je l'admire tellement, elle dégage beaucoup de beauté et de gentillesse.

Je vais à Park Avenue à pieds et je vois arriver la voiture de Grace.

- Je vous dépose quelque part mademoiselle ? demande Grace.

Je lui souris et je monte dans sa Jeep.

- Va au super-marché le plus proche.

- Bien chef ! Au fait, joli look.

- J'en avais besoin...

- Je comprends. Ça te va bien, une vraie bombe !

J'ai envie de rire mais j'ai un truc dans la gorge. La même sensation que quand on se retient de pleurer. Arrivées, j'achète ce dont j'ai besoins et on revient à Park Avenue.

- Qu'est-ce qu'on vient faire dans l'avenue la plus chic de New York ? m'interroge Grace.

- J'ai envie de m'amuser pas toi ? dis-je d'un air malicieux.

- Je te suis Gab'.

Nous nous gardons mais nous laissons le moteur tourner pour pouvoir s'enfuire à toute vitesse en cas de problème. Je sors tout ce que j'ai acheté et je place le tout près d'une magnifique baniole, peinte couleur or. Elle doit valoir le double de ce que je gagnerais dans toute ma vie.

- Mais qu'est-ce que tu vas foutre avec du glacage, du beurre, du lait, des oeufs, de la crème, du cacao, des aiguilles et de la peinture en bombe ? s'étonne Grace.

- Tu vas voir !

Je vérifie bien que personne ne me regarde et je commence par mettre de la peinture noire sur les caméras de surveillance. Puis, le plus amusant commence ! Je verse trois bouteilles de lait sur la voiture. Je dit à Grace de venir m'aider et elle vient en riant. Nous mettons pleins de farine, de cacao en poudre, de beurre sur l'integralité de la voiture, on peint le parbrise et les vitres en noires, on casse des oeufs un peu partout, je crève les pneus avec les aiguilles et j'écris des insultes sur les rétroviseurs. Enfin, on rajoute pleins de glacage, de crème et encore des oeufs. On se recule un peu pour admirer notre chef d'oeuvre et on éclate de rire. Nous allions finir la dernière bouteille de lait quand soudain, le portail de la villa s'ouvre et le propriétaire en sort en hurlant. On cour jusqu'à la voiture et on démarre à toute vitesse.

- Vite, vite, vite ! dis-je.

On part le plus rapidement possible et on est tellement mortes de rire qu'on en a mal au ventre.

- On fait quoi maintenant ? demande Grace.

- Je sais pas, comme tu veux.

On regarde l'heure et on décide d'aller manger des bagels près de l'Empire State Building.

- QUOI ? T'as jamais mangé de tacos ? Mais je croyais que tu venais de Paris, pas d'une autre planète ! s'écrie Grace.

J'éclate de rire et manque de m'étouffer avec mon bagel au saumon. Cette fille est tellement drôle et spontanée, on s'ennuie jamais avec elle !

- Nan, jamais. Mais je suis sûre que tu n'as jamais mangé un cannelé !

- C'est quoi ce truc ? s'étonne-t-elle.

Nous parlons pendant des heures et des heures jusqu'à ce que Grace décide de m'emmener quelque part. Nous arrivons à Brooklyn Bridge et la vue était magnifique ! Le couché de soleil prenait des teints orangées et rosées absolument sublimes et toutes les lumières illuminaient le tout. J'ai pris des dizaines de photos avec mon téléphone. Avec le reste de peinture en bombe, nous écrivons nos deux prénoms sur un mur. Ce que j'aime avec les tags, c'est que ça marque un moment à tout jamais. C'est le genre de chose qui reste pendant des milliers d'années, comme un souvenirs.

Ce moment était tellement parfait que je me suis dit que Grace comptait vraiment pour moi comme personne n'avait jamais compté. Je l'ai regardé et elle m'a sourit. On a ouvert les fenêtres de la Jeep et je me suis décrochée pour passer mon corps par la fenêtre. Mes cheveux étaient emportés par le vent et j'ai eu l'impression de voler... Une sur-dose d'adrénaline et de liberté qui m'a parcouru tout le corps. C'est un des plus beaux moment de ma vie. Grace accélère encore et j'écarte les bras en croix.

- Envole toi Gab'. Touche une étoile pour moi...

Sur le chemin du retour, nous écoutons des tas de groupes que j'adore : les Doors, Nirvana, Nickelback, Queen, Muse, Guns'n Roses, Metallica etc... Si c'était ça, la vie à New York avec Grace, alors j'y resterais jusqu'à la fin de mes jours ! C'est si bon de voir le soleil se coucher, les étoiles et les luminères qui se reflètent sur l'eau, le vent dans les cheveux... Tout ça sur un bon son rock'n'roll ! La perfection de ce soir dépassait ma vision du bonheur et j'aurais tellement voulu que cette soirée soit l'éternité. Notre éternité, à Grace, et à moi.

Grace se gare dans ma rue et je sors. Elle se penche par la vitre et me prend dans ses bras.

- Merci de m'avoir appelée. C'était super !

- J'avais vraiment besoin d'une personne comme toi dans ma vie Grace Watson, dis-je.

- Dis, t'as touché une étoile pour moi ?

- Oui. Elle, c'est la tienne, dis-je en pointant une étoile, la plus brillante.

- Bonne nuit Gab'.

En rentrant, Maggie m'embrasse sur le front et me dit que je devrais peut être appeler ma mère. Mais je ne le ferais pas... Ni ce soir ni demain. Je ne gâcherais pas cette journée.

- Bonne journée ? demande Ty, affalé sur le canapé.

- Ouais et toi ?

- Ouais. Tu sais quel jours on est ? demande-t-il, un brin inquiet.

- Dimanche pourquoi ? dis-je, lassée de penser à mon père.

- T'as appelé maman ?

- Non et je compte pas le faire mais si tu veux l'entendre pleurer et se plaindre, appelle là !

- Ok. Bonne nuit.

- Bonne nuit Ty.