BerlinaPart 7


Part 7



Tom allait finir avec un ulcère à l'estomac, c'était une des certitudes qu'il avait à présent. Il regardait son GPS, comme si ce dernier pourrait lui donner quelques minutes supplémentaires, mais il n'y avait pas de doute, il était bien arrivé.


Bill lui avait demandé s'il voulait le revoir il y a plus de deux semaines maintenant. Depuis, ils avaient franchi la grande étape d'avoir le numéro de l'autre et de s'échanger quelques sms. Tom ne pouvait pas croire qu'il avait réellement le numéro de l'homme de tous ses fantasmes. Bill était toujours très bref dans ses messages, mais Tom s'en fichait.


On était samedi et Bill n'avait rien de prévu ce jour-là alors ils avaient réussi à organiser une rencontre. Bill avait confié qu'il ne préférait pas qu'ils soient vus ensemble en public. Les rumeurs iraient beaucoup trop vites après la vidéo du baiser.


Tom pouvait parfaitement comprendre cela, mais il était toujours choqué que Bill lui ait fait confiance au point de lui donner son adresse et de l'inviter chez lui.


Il était 15h, l'heure à laquelle Tom avait dit qu'il arriverait. Il voulait repartir après le repas du soir, ce qui leur laissait déjà pas mal de temps à passer ensemble. Tom était horriblement stressé qu'ils n'aient rien à se dire et que les heures leur paraissent interminablement longues.


Il alla dans ses messages et eut un doute. Si c'était n'importe lequel de ses potes dans cet immeuble, Tom savait qu'il choisirait l'option de l'appel sans hésitation, car ça semblait plus simple pour prévenir de son arrivée que d'utiliser un sms. Bill et lui ne s'étaient cependant jamais parlés au téléphone.


Il fallait probablement une première fois à tout. Ils allaient bien devoir se parler en réel de toute façon dans quelques minutes. Puisant dans tout son courage, Tom lança l'appel et porta son portable contre son oreille. Il se mordit presque la lèvre quand la première sonnerie retentit.


« Allô ? »


Tom venait de perdre tout son vocabulaire. La voix de Bill. Il avait vraiment Bill au téléphone. De manière incongrue, il repensa à toutes ces honteuses fois où il avait pensé à cet homme alors qu'il avait des rapports sexuels avec Nicolai.


« Tom ? »


« Ow heu ouais salut. Ça va ? »


« Oui et toi ? »


Tom pouvait entendre le sourire dans la voix de son correspondant et en eut presque un orgasme.


« Oui... Heu, je pense que je suis devant la grille, en fait. »


« D'accord. Attends, je pense que je peux déclencher le portail depuis mon balcon. »


Tom releva les yeux sur l'immense immeuble résidentiel qui se trouvait en face de lui et son cœur s'effondra au fond de son ventre quand il vit une vitre coulisser et Bill Kaulitz apparaître avec un biper à la main, lui faisant un rapide signe accompagné d'un sourire.


Le portail se mit en mouvement et Tom réalisa une fois de plus qu'il allait vraiment passer l'après-midi avec le magnifique mec en tee-shirt vert qui lui parlait au téléphone. Attendez. Qui lui parlait ? Quoi ?


« Hum... Attends je baisse la musique, je n'ai pas bien entendu... » Trouva bêtement Tom à dire.


La musique, sérieusement ? Il fit semblant de baisser le son.


« Pour me trouver sur l'interphone, c'est juste un K. Je t'ouvrirai. Ensuite c'est au 3ème étage. »


« D'accord. A tout de suite. »


Tom essayait d'avoir l'air cool et détendu, mais il trouvait sa performance plutôt ridicule. Il gara sa voiture sur une des places disponibles autour de l'immeuble. Il se pencha sur le siège passager où se trouvait une bouteille de vin de la production de son beau-père. Il ne voulait pas arriver les mains vides, mais avait hésité à peut-être acheter une bouteille plus chère et probablement un peu meilleure. En tant normal, Tom était fier de faire découvrir ses bouteilles familiales et il s'était vraiment forcé à se persuader qu'il ne devait pas agir différemment parce qu'il s'agissait de Bill.


Il trouva le K. sur la liste défilante de l'interphone et un bruit sourd venant de la porte répondit à son appel.


« Normalement c'est bon. » Résonna la voix de Bill.


Tom appuya sur la porte.


« Ouaip. »


Il aurait pu prendre les escaliers, mais ses jambes le soutenaient à peine. Il eut presque trop peu de temps à son goût à attendre l'ascenseur. Le temps passa encore une fois trop vite et après ce qui lui parut n'être qu'une poignée de secondes, il se retrouva dans le couloir, les yeux fixés sur le visage souriant de Bill qui l'attendait dans l'embrasure de sa porte.


« Salut. » L'accueillit Bill avec douceur et enthousiasme.


Tom dut se retenir de toutes ses forces pour ne pas lâcher à haute voix la pensée qui le traversait. Tu es encore plus beau que je ne l'avais déjà réalisé. Les cheveux courts et blonds de Bill étaient dans un désordre organisé. Il ne portait aucune trace de maquillage et sa barbe n'était pas trop longue. Il paraissait si élancé et fin que Tom pouvait ressentir au fond de lui la pulsion d'enrouler intimement ses bras autour de ce corps délicat.


« Hey... Heureux de te voir. »


Tom savait qu'il souriait comme un demeuré malgré lui. Il s'en fichait. Il s'était promis d'essayer de ne pas se montrer sous une image qui n'était pas réellement lui.


« Heureux de te voir aussi. »


Bill lui donna une rapide étreinte quand Tom arriva à l'entrée.


« Je... J'ai apporté ça. Fabrication de mon beau-père. Vin blanc. Plutôt bon. »


Tom s'auto-applaudit intérieurement quand il réalisa qu'il avait pu dire tout ça sans le débiter à une vitesse angoissante.


« C'est adorable. Je vais la mettre au frais, nous pouvons en boire avec les lasagnes de ce soir. »


L'estomac de Tom gronda presque à la mention des lasagnes. Bill lui avait demandé si Tom aimait ça, ce à quoi il n'avait pu répondre autre chose que le fait que c'était son plat préféré. Tom avait la conviction profonde que rien au monde ne pouvait être meilleur que les lasagnes maisons et il savait que Bill avait l'intention d'en faire.


« Je ne peux presque pas attendre d'être à l'heure du souper. » Avoua-t-il, faisant rire un Bill qui l'invitait à entrer à sa suite.


Tom sut immédiatement que le rire de Bill pourrait devenir très facilement quelque chose d'indispensable à son quotidien. Il sursauta presque quand il découvrit une autre présence humaine dans le salon.


« Andy, je te laisse faire les présentations, je vais mettre la bouteille dans la cuisine. »


Tom tendit la bouteille à Bill par réflexe et s'avança vers celui qu'il reconnaissait comme Andréas, un ami de longue date de Bill. Ils se serrèrent la main, se saluant poliment.


« Je ne reste pas, je suis juste venu manger ici et j'allais commander un Uber quand tu es arrivé. »


Bill revint et Andréas et lui se dirigèrent vers le couloir pour se dire au revoir. Tom se vit adresser un « à bientôt » et quelque chose au fond de lui espéra de toutes ses forces que ce serait vraiment le cas. Bill revint vers lui et fit un signe vers l'immense canapé d'angle, beige.


« Désolé. C'est un ami du lycée, nous n'avions pas pris le temps de manger ensemble depuis longtemps. Installe-toi. »


Pendant un instant, Tom eut l'impression que Bill était gêné par la présence d'un autre homme chez lui et avait eu besoin de clarifier qu'il ne s'agissait que d'un ami. Tom n'allait pas préciser qu'il connaissait suffisamment de choses sur la vie de Bill qu'il savait déjà très bien qui était Andréas avant cette première rencontre.


Il s'assit sur le canapé, jetant un vrai regard pour la première fois sur ce qui l'entourait. Tout le mobilier était très moderne et semblait pouvoir valoir bien plus que ce que le salaire de Tom ne pourrait jamais lui permettre. Le salon n'était pas si grand, bien que les baies-vitrées donnant sur l'immense balcon donnaient une impression d'espace. C'était accueillant, bien que soft.


« Ton appartement est très joli. »


« Merci. Ma mère est l'artiste aillant peint tous les tableaux. » Annonça fièrement Bill, amenant Tom à regarder les quelques œuvres accrochées aux murs. « Veux-tu quelque chose à boire ou à grignoter ? Et non, les lasagnes ne sont pas pour maintenant. »


Tom rit de bon cœur. Il était incroyablement heureux de découvrir que Bill était vraiment moins concis et plus bavard que par sms.


« Je veux bien un verre d'eau s'il te plaît et je vais garder autant de place que possible pour faire honneur aux lasagnes plus tard. »


« J'arrive. »


Bill repartit en direction de la cuisine et Tom sortit son téléphone de sa poche par automatisme. Il n'avait aucun message à attendre impatiemment puisqu'il était réellement avec la personne qui occupait toutes ses pensées ces derniers temps. Il eut une nouvelle prise de conscience en réalisant qu'il attendait de se faire servir par Bill Kaulitz.


Quand l'homme revint cependant avec deux verres d'eau, pieds nus et portant un jeans très décontracté, Tom ne put l'associer au célèbre chanteur. Chaque pas de Bill dans sa direction semblait tellement délicat que Tom n'aurait pas été tellement étonné de le voir flotter. Ce garçon était plus beau que n'importe quel autre être humain sur lequel Tom avait eu la chance de poser ses yeux.


« Merci. » Souffla Tom en attrapant le verre qui lui était tendu par une main recouverte d'encre indélébile.


« Tu as fait bonne route ? »


Tom se perdit dans le regard de Bill tandis que l'homme s'asseyait sur le canapé à l'indienne face à lui. Comment des jambes aussi longues pouvaient être glissées sous un corps avec autant d'aisance et de grâce ? Tom ressemblait à un vieux robot plein de rouille quand il faisait ça.


« Disons qu'une certaine rencontre a occupé mon esprit et que je n'ai pas vu le temps passer. »


Les yeux de Bill pétillèrent de façon adorable et Tom sut que son vis-à-vis savait exactement quelles types de préoccupations avaient pu le distraire.


« J'ai invité Andy pour m'éviter d'avoir à trop penser. » Avoua simplement Bill.


Tom porta son verre à ses lèvres pour ne pas laisser un sourire plein de dents prendre possession de son visage.


« Comment était hier ? » Demanda Tom en sachant que Bill s'était rendu à l'enregistrement d'une émission.


« Très bien. Enfin... sauf le moment où cette fille de genre 16 ans a essayé de me palper les couilles. »


« Quoi ? » Rit Tom.


« Il y avait quelques personnes m'attendant à la sortie de l'émission et j'ai voulu prendre 5 minutes pour signer quelques autographes et prendre quelques photos. J'étais en train de signer un album, dans une marée de corps humains, quand j'ai aperçu au dernier moment ce bras qui se rapprochait bien trop vite. J'ai eu tout juste le temps d'esquiver avant qu'elle ne referme sa main sur mes parties. La propriétaire de cette arme de destruction massive était une gamine juvénile au visage d'ange qui me regardait comme si elle s'attendait presque à ce que je sois excité. »


L'air scandalisé affiché sur les traits de Bill fit glousser spontanément Tom. Il ne voulait pas crier victoire trop vite, mais pour l'instant, il se sentait très à l'aise en présence de l'homme de ses rêves.


« Je suppose que tes vacances te manquent déjà. »


« Ne m'en parle pas. » Acquiesça vivement Bill, amusé. « Je veux me réveiller à nouveau dans mon petit appartement à LA. »


« Oh tu as un appart' là-bas ? »


« Et bien pas vraiment. Danny et moi louions cet appartement quand nous étions colocataires. Il l'a acheté quand je suis parti. Mon ancienne chambre est devenue une chambre d'ami, mais je me sens quand même comme chez moi quand j'y retourne. »


« Compréhensible. »


Ils se sourirent et Bill attrapa une boite de bonbons sur la table basse qu'il posa entre eux.


« Je suis gourmand. » Expliqua-t-il et Tom eut une rapide pensée pour un tout autre type de gourmandises. « Alors, tu as aimé LA ? »


« Et bien... » Songea Tom en faisant une grimace humoristique. « La ville oui, beaucoup. Je suppose que le séjour aurait pu être plus agréable, heu, si je ne t'avais pas embrassé devant mon copain. »


Bill pencha la tête sur le côté, mastiquant un crocodile en gélatine et prenant un air innocent.


« Le baiser n'était pas agréable ? »


« Bill... » Grogna Tom, tombant en plein dans le piège. « Tu sais que ce n'est pas ce que je voulais dire. »


« Oh... Nous aurions peut-être dû faire ça de manière plus privée hein ? »


Ils rirent alors qu'ils repensaient tous les deux aux images qui avaient circulé et aux nombreux commentaires associés.


« Ceci est agréable. » Songea Tom, sa voix devenant plus douce alors qu'il s'installait confortablement dans le canapé et ne quittait pas le regard de Bill.


« De quoi ? »


Tom tendit la main, se laissant tenter par un bonbon et apprécia l'étincelle agréable alors que Bill avait plongé sa main dans la boite en même temps, faisant probablement frôler intentionnellement leur peau.


« Ce moment, dans l'intimité qu'offre ces murs. Tu sembles plus naturel que tout ce que j'aurai pu imaginer. Détendu. Tu semblais toujours un peu sec par sms. »


Les paupières de Bill se baissèrent presque timidement et Tom dut luter pour ne pas passer une main affectueuse sur sa joue. Le regard que Bill lui accorda par la suite n'était que douceur.


« Je suppose que je suis plus à l'aise ici. Tu ne peux pas enregistrer la moindre de mes paroles et la mettre sur internet. J'avais un peu peur de voir des captures de ce que je t'écrivais apparaître sur un quelconque site. Tu dois comprendre... Je ne te connais pas, je sais juste que tu connais assez bien un clip où j'apparais pour pouvoir reconnaître mon rouge-à-lèvres. Je ne sais pas à quel point tu es un fan et quelles peuvent être tes intentions. »


Tom se sentit simplement fondre alors que Bill semblait faire preuve d'une sincérité à toute épreuve. Luttant pour ne pas trembler, il alla tendrement enlacer les doigts de Bill avec sa main. La peau qu'il touchait était douce et chaude. Tom essaya de paraître le plus rassurant possible.


« Je ne pourrai jamais faire ça. Oui, soyons honnête, je suis plutôt fan de toi. Je t'ai vu en concert à chaque fois que tu es passé à Hambourg. J'ai probablement vu chaque émission où tu as fait une apparition. Je connais par cœur la saison de Drag Race que tu as gagné. »


Tom détesta l'émotion qu'il vit traverser le visage de Bill. Un mélange parfait entre redevance face à l'honnêteté de Tom et un soupçon d'inquiétude face aux aveux.


« Est-ce que tu ne t'intéresses à moi que pour ça ? »


Bill savait que jamais Tom ne répondrait à cette question par la positive, que ce soit le cas ou non. Il avait tout de même besoin d'entendre la réponse.


« Bordel non... » Lâcha Tom à bout de souffle et avec ce qui semblait être la sincérité la plus déconcertante. « Ce serait sûrement plus simple je suppose.... Tu me chamboulerais probablement beaucoup moins... »


Ce qui illumina le visage de Bill ne pouvait être décrit par un autre mot que adorable.


« Je te chamboule ? » Demanda-t-il tendrement, mais avec un soupçon de taquinerie.


Tom émit un son étranglé et honteux alors qu'il lâchait les doigts de Bill pour recouvrir son visage avec ses deux mains. Bill rit doucement et attrapa le poignet de Tom pour pouvoir dégager et regarder à nouveau son visage.


« Je ne m'intéresse pas à toi uniquement pour ça. »


« Je te crois. »


Le ton tendre dans la voix de Bill semblait prouver ses dires à Tom.


« Bien que je suis un peu une groupie, je l'avoue. »


Tom sentit ses joues se réchauffer en voyant que ce nouvel aveux semblait amuser grandement le magnifique homme à ses côtés.


« L'es-tu ? »


Tom préférait jouer cartes sur table dès le début. Il avait toujours été quelqu'un d'intègre et honnête et avec Bill, ça semblait juste impossible de ne pas tout lui dire.


« C'est possible que... je n'ai pas toujours eu des pensées que platoniques à ton sujet. Même avant le baiser. »


Il sentit immédiatement que dire cela à Bill avait été une bonne chose, poussant l'homme à oser se livrer un petit peu aussi.


« Je t'ai voulu dès l'instant où j'ai posé les yeux sur toi. J'ai couru dans tous les sens entre les deux performances pour mettre la main sur ce putain de short de salope. Je n'avais pas prévu de le porter avant de te voir. J'ai juste estimé que si je voulais pouvoir te séduire, je devais changer un peu mes plans. »


Tom ne put retenir la pulsion qui lui fit glisser ses doigts entre ceux de Bill. C'était un geste incroyablement intime quand on savait que c'était la première fois qu'ils se rencontraient réellement.


« Tu étais magnifique. » Le cœur de Tom se gonfla en repensant à ce qu'il avait ressenti en voyant apparaître Bill dans cette tenue. « Je n'aurai jamais pu détourner mes yeux de toi. J'ai oublié Nicolai à l'instant même où j'ai posé les yeux sur tes lèvres. »


Un sentiment plus fort que tout ce qu'il n'avait jamais connu s'intensifia dans la poitrine de Tom alors qu'il voyait une teinte rose passer furtivement sur les joues de Bill.


« Alors Tomi... »


Tom sut immédiatement que Bill allait retourner la situation à son avantage et ne resterait pas longtemps celui qui était gêné.



« Ouais ? »


Tom s'en fichait, il était prêt à affronter les taquineries que présageait le regard enfantin de Bill, tant qu'il pouvait voir ce sourire étirer ces lèvres. Attendez... Venait-il d'être appelé Tomi ?


« As-tu déjà joué avec ton zizi en pensant à moi après un concert ? »


Avait-il dit qu'il était prêt à affronter toutes les taquineries ? Il n'avait sûrement pas pris en compte le jeu d'acteur de Bill, qui donnait l'impression d'être un enfant innocent alors qu'il parlait de masturbation à Tom.


« Bill ! » Grogna à nouveau Tom, faisant rire de façon presque démoniaque l'autre homme.


« Je prends ça pour un oui. »


« Tu... »


Tom préféra marmonner la fin dans sa barbe. Ce gars ne pouvait pas lui faire cracher toutes les vérités de son âme avec un simple battement de cils.


« Ce n'est pas grave Tomi. Je l'aurai probablement fait aussi si la situation avait été inversée et que tu avais été la personne célèbre. »


Trop d'informations pour Tom, son cerveau ne pouvait plus fonctionner correctement et lui rappeler ce qu'il ne devrait probablement pas dire.


« J'ai déjà couché avec Nicolai en pensant à toi. »


« Oh... »


Un air hébété affecta les traits de Bill pendant quelques secondes avant qu'un sourire méga-white n'illumine tout son visage. Bill attrapa un nouveau bonbon de sa main libre et le jeta dans sa bouche, donnant un assez bon aperçu à Tom sur un certain piercing.


« Quel est ton film préféré ? »


Tom papillonna des cils face au soudain changement de sujet. Ils partirent donc plutôt spontanément sur le sujet des films et en abordèrent encore beaucoup d'autres différents.


On était fin octobre et bien que le soleil se couche assez tôt, Tom fut très surpris quand le salon s'assombrit doucement avec le déclin du jour. Lui qui avait eu peur de voir les minutes s'allonger de manière horriblement longues s'ils ne trouvaient rien à se dire, était plus qu'agréablement surpris de réaliser qu'il n'avait pas vu le temps passer.


« Préparerais-tu les lasagnes avec moi ? » Proposa Bill alors qu'il se redressait de sa position alanguie dans le canapé et faisait craquer son dos.


Tom réalisa qu'ils ne s'étaient jamais lâchés la main et quelque chose au fond de lui adora immédiatement ça.


« Avec plaisir. »


C'est ainsi que Tom se retrouva entraîné dans la cuisine, un sourire idiot aux lèvres. Il avait envisagé tous les scénarios possibles pour cette journée et pourtant, aucun n'avaient été à la hauteur de ce qu'ils étaient en train de vivre. Bill était pétillant, drôle, légèrement dramatique par moment, mais si humain, si accessible.


Avec énergie, s'investissant à fond dans son rôle de professeur, Bill montra à Tom comment préparer des lasagnes dignes de ce nom. Après un certain temps passé en cuisine, ils mirent le plat généreux au four et retournèrent s'installer dans le salon. De façon pas vraiment étonnante, ils se retrouvèrent assis bien plus proches l'un de l'autre que ne le nécessitait l'immense canapé.


« Quoi ? » Finit par demander Tom sous le regard intense que posait Bill sur lui alors que ce dernier s'était tourné dans sa direction.


« Détache tes cheveux. »


Ça avait été presque demandé sur le ton de la confidence et Tom sentit un frisson se répandre dans son échine. Ne sachant pas ce qui le motivait à obéir docilement à l'ordre, il tendit une main derrière lui et trifouilla son élastique jusqu'à le faire glisser autour de son poignet.


Tom n'eut pas le temps de secouer la tête. Il se figea alors que les longs doigts délicats de Bill se glissaient dans ses cheveux et les répandaient tout autour de sa nuque. Tom laissa Bill le détailler un moment avant de se concentrer sur ses magnifiques yeux noisettes observateurs.


Leurs visages n'étaient séparés que par une vingtaine de centimètres à peine. Tom pouvait sentir la chaleur de la cuisse de Bill contre la sienne et dut lutter contre l'envie de blottir ce corps magnifique tout contre le sien.


« Je dois aller faire couper les pointes je sais. »


Bill secoua la tête, enroulant une mèche des cheveux de Tom autour de ses doigts, près de son oreille.


« Tu es probablement le gars le plus beau que je n'ai jamais vu. »


Tom sentit tout l'immeuble se mettre à trembler. Bill le regardait de manière si intense que Tom ne pouvait trouver aucune explication possible autre que le fait qu'ils étaient aussi mordus l'un que l'autre.


« Est-ce que tu vas me frapper si je réponds un truc ringard dans le genre que tu n'as pas dû souvent te voir dans un miroir alors ? »


Le rire addictif de Bill résonna à nouveau dans le salon. Tom arrêta définitivement de respirer quand l'homme se pencha et que leurs nez se frôlèrent presque. Ils ne pouvaient pas détacher leurs yeux du regard de l'autre pour autant.


« Vérifions. »


Tom sentit pour la deuxième fois de sa vie les lèvres de Bill se déposer contre les siennes. La sensation était incroyable et ça lui faisait ressentir des choses bien plus intenses que tout ce qu'il avait pu vivre auparavant avec un simple baiser. Bill se recula, mais Tom garda les yeux fermés, gravant dans sa mémoire la douceur de ses divines lèvres.


« Est-ce ta façon de me frapper ? Je risque de dire des trucs ringards vraiment souvent dans ce cas. »


Une bouche chaude recouvra à nouveau la sienne de manière éphémère.


« Non, ça c'est ma façon de t'embrasser. Je rêve de pouvoir faire ça sans spectateur depuis ce fameux soir. »


Bill venait de confier tout doucement ces mots juste contre ses lèvres et Tom réalisa que l'homme était peut-être plus timide que ne le laissait penser ses personnages hauts en couleur.


« J'ai pensé à tes lèvres durant chaque putain d'heure depuis ça. »


Tom fut récompensé pour son nouvel aveux par un autre baiser. Cette fois, il accrocha une main à la hanche de Bill et ça sembla suffisant pour le retenir plus longtemps.


Leur coupant le souffle, le corps de Bill s'écrasa contre celui de Tom. Leurs doigts s'accrochèrent un peu partout, dans les tissus, dans les cheveux, presque désespérés.


Tom pouvait sentir tous ses sens être en alerte. Les lèvres de Bill se mouvaient avec sensualité, happant les siennes en laissant échapper de tous petits sons d'appréciation. Tom ressentit une nouvelle fois l'irrépressible envie d'enrouler fermement ses bras autour de Bill pour le serrer contre chaque parcelle de son corps.


Se réfrénant comme il pouvait, il fit glisser sa main de la hanche au bas du dos de cet homme extraordinaire. Dans le même temps, Tom fit glisser un furtif bout de langue contre la lèvre inférieure de Bill.


Ça sembla être comme un signal qui embrasa littéralement le chanteur. Avec fougue, Bill accrocha ses deux mains à la nuque de Tom et enjamba ses jambes pour se retrouver à califourchon tout contre lui.


Par pur instinct, Tom se redressa bien assis et ses bras s'enroulèrent enfin autour de ces hanches étroites qui l'avaient tenté depuis qu'il était arrivé dans le couloir. La force de leur étreinte fut telle qu'ils se retrouvèrent compressés l'un contre l'autre. Des halètements similaires et désespérés leurs échappèrent alors que leurs bassins se rencontraient avec force dans des poussées inconscientes.


Tom revint soudainement sur terre alors qu'il sentait un afflux de sang se diriger droit vers son entrejambe. Il remonta sa main contre le cou de Bill et caressa sa joue de son pouce.


« Bill... »


« Mmh ? »


« Je... »


Tom fut coupé par les lèvres humides de Bill qui s'enroulèrent sur sa lippe inférieure. Leurs langues se rencontrèrent avec une volonté mutuelle spontanée avant que Bill ne recule légèrement le visage et regarde attentivement Tom.


« Qu'est-ce qu'il y a ? » Demanda-t-il tendrement, le bout de ses doigts caressant la nuque de Tom avec une volonté propre.


« Je... préfère que tu saches que... je ne suis pas le genre de gars à coucher avec quelqu'un avec qui je ne suis pas en couple. »


Tom s'attendait à voir le visage de Bill se refermer. Il pourrait comprendre que partis comme ils l'avaient été, son partenaire pourrait être vraiment agacé par un tel comportement. Pourtant, tout ce qu'il vit fut un visage tendre et compréhensif.


« Je suppose que c'est une preuve de plus que tu es vraiment intéressé par l'idée de me connaître. »


Tom n'eut pas à couvrir une grande distance pour pouvoir poser avec délicatesse ses lèvres sur celles du magnifique garçon qui se trouvait sur ses cuisses.


« Honnêtement, je ne pourrai pas rêver mieux. »


« Tant que tu n'as rien contre les baisers, je peux probablement attendre que tu sois ok pour l'étape supérieure. »


Tom joua avec les trois bijoux accrochés à l'oreille de Bill.


« A part les lasagnes, je pense que rien ne pourra m'empêcher de continuer à t'embrasser ce soir. »




A suivre... :)

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