Chapitre 30 : Boulevard of Broken dreams

L'adrénaline était presque constamment présente en moi depuis le départ de Green Day pour leur première tournée internationale. Le cœur compressé et douloureux dans la cage thoracique, et emprise à une respiration saccadée. Je n'avais pas honte de le dire, j'avais peur. Peur pour eux, pour Billie.

Je n'avais jamais ressenti cela auparavant. Cette horrible sensation d'éloignement et d'impuissance face aux événements à venir. Pourtant, il n'y avait aucune raison pour qu'un quelconque événement vienne causer le trouble.

J'essayais de contenir mon angoisse en présence d'Aglae. Elle était déjà assez stressée dans sa vie pour que j'en rajoute une couche. Elle était tellement excitée à l'idée de partir à Paris, pour la première fois. Elle portait constamment avec elle le guide Michelin que je lui avais ramené.

Seulement 3 jours nous séparaient des retrouvailles à Paris avec les musiciens, pour leur concert à Bercy. Mais le temps me paraissait si long. En rentrant à l'appartement après leur départ, ce dernier paraissait si vide et silencieux.

Nous avions pris l'habitude de les entendre jouer dans leur chambre, ou alors de les entendre s'engueuler. C'était devenu une routine presque immanquable.

Et en réfléchissant, je me rendis bien compte que c'était la première fois depuis mon arrivée en Californie que j'avais été aussi éloignée de Billie. Je ne saurais comment l'expliquer, mais depuis que nous étions « ensembles » si je puis dire, j'avais développé comme une connexion avec lui.

Je pouvais comprendre ce qu'il pensait rien qu'en le lisant dans ses yeux, nous nous comprenions sans parler. Et puis chaque seconde que je passais loin de lui me procurait une sensation encore inconnue pour moi il y a peu, une sensation de vide.

Heureusement, le 18 avril arriva assez rapidement et Aglae et moi, ainsi que toute notre section universitaire, purent partir en France pour ce voyage scolaire tant attendu.

Je n'avais pas fait de voyage scolaire depuis le CM2 en France. Cette ambiance amicale et fun que j'avais connue à l'époque me revint soudainement alors que nous étions dans le car vers l'aéroport. Une poignée d'étudiants chantaient, comme des casseroles, des chansons stupides comme des comptines ou parodies. Mais c'était très amusant, mêlant souvenirs d'enfance et liberté de la jeunesse.

Notre avion décolla sans encombre et nous surplombèrent la baie de San Francisco pour quitter la Californie. Traversant l'épaisse couche de nuages, je réalisais enfin que j'allais retourner en France, pour retrouver Green Day, et peut-être ma famille si mon emploi du temps me le permettait.

Nous arrivâmes à Paris vers 20h, heure locale. Il faisait un froid de canard pour un mois d'avril. D'autant plus que j'avais peu dormi pendant le vol, donc j'étais extrêmement fatiguée. Contrairement à Aglae qui avait somnolé presque tout le long.

- On y est, enfin...Soufflai-je pour moi même.
-What ? Répondît-Aglae en se tournant vers moi.
-No, eum... I'm just happy to be here.
(Nan, eum...je suis juste heureuse d'être ici. ) Ajoutai-je en lui souriant.

Un soupir de soulagement m'échappa quand nous arrivâmes finalement au centre étudiant vers 21h, après un fastidieux voyage en navette. Je me trouvais dans une chambre commune que je partageais avec Aglae, pour changer, et une autre étudiante de ma classe, Hazel. 

La pièce était plutôt petite mais elle possédait une immense fenêtre qui nous donnait une splendide vue sur...le parking. Mais de toute façon nous ne comptions pas passer beaucoup de temps dans cette chambre pour le séjour.

Nous étions assez libres en fait. Il n'y avait pas de couvre feu, c'était presque comme un hôtel. À un détail près, nous avions cours le matin de 8h à 12h. Le reste de la journée pouvait être consacré à la découverte de la ville et à ses activités.

Le soir de notre arrivée, nous ne visitâmes pas grand chose puisqu'une seule envie m'habitait : dormir.
Je m'endormi donc vers 21h30 dans des draps confortables qui ne me firent pas regretter d'avoir quitter l'avion.

- Will' ! Wake up !! (Will' debout !)
-Mmm...
- We're the 19th ! (On est le 19 !)
- What did you say ?! We're the 19th ? (T'as dis quoi ?! On est le 19 ?) M'écriai-je en me relevant d'un coup brusque de mon lit.
- Yes ! Tonight there is the first Green Day show in Paris ! ( Oui ! Ce soir il y a le premier concert de Green Day à Paris !)

J'avais mis quelques secondes à comprendre les explications d'Aglae qui m'avait violemment secouée pour me réveiller à 7h du matin.
Je me rappelai soudain que le groupe de rock arrivait effectivement cette après-midi même, à Paris.

Je me préparai alors à la hâte sous les regards amusés d'Aglae et Hazel, qui n'avait d'ailleurs pas mis longtemps à comprendre nos projets de la soirée.

Nous avions bien prévus de retrouver le groupe à Bercy vers 17h, soi 3 heures avant le concert, pour prendre de leurs nouvelles et en apprendre sur le début de leur tournée.

Honnêtement, ils n'avaient pas pris la peine d'appeler depuis leur départ pour Madrid. Et je n'avais pas pris l'initiative de le faire non plus, je ne souhaitais pas les déranger pendant ces moments magiques qu'ils devaient probablement vivre ensembles pour la premier fois de leur vie.

Les cours de la matinée furent d'un ennui mortel. Je n'aurais pas cru que même à des milliers de kilomètres de Berkeley, un cours de maths puisse être aussi blasant. Nous eûmes la chance exceptionnelle d'avoir également un cours de français avant le déjeuné.

Ce cours de français se révéla être une vaste blague à mes yeux. Mais c'était à vrai dire assez plaisant et amusant de voir les autres galérer à décliner le verbe être au présent de l'indicatif. Je réussi donc à enfin prouver que les américains étaient aussi nuls en français que nous l'étions en anglais.

Après avoir déjeuné des sandwichs avec de la vraie baguette qu'Aglae voulait absolument tester, dans un parc, avec les gentils pigeons, nous avons un peu fait les magasins.

- I really want to see « Les Galerie Lafayette »
(Je veux vraiment voir les « Galeries Lafayette ». )
Déclara Aglae tout sourire, prononçant le nom du grand magasin comme si chaque syllabe était une torture phonétique.

- As you wish, but « Les Galeries Lafayette » are at the other end of Paris.
(Si tu veux, mais « les Galeries Lafayette » sont à l'autre bout de Paris ». ) Lui répondis-je à moitié désolée, me retenant de rire.

Elle mima une mine déçue. Face à cette expression de chien battu, je me décidai, contre toute attente, à l'y conduire, en métro. Le métro parisien fut une grande découverte pour elle, s'émerveillant devant à peu près tout et n'importe quoi. Pourtant je vous jure qu'il y a aussi le métro aux USA !

Nous mimes près d'1h30 à rejoindre le centre commercial. Aglae n'arrêtait de s'exclamer des « Waw ! » , « Incredible ! » , « Oh God ! », des paillettes plein les yeux. C'était adorable.

Vers 15h30 nous refîmes le chemin inverse, mais cette fois, encombrée d'une demi douzaine de sacs. Je ne préfère même pas évoquer la somme qu'elle à dépensée là-bas.

À 17h tapante, nous étions devant l'entrée « staff » de la salle de concert Bercy. Mon cœur battait à tout rompre. Je crus qu'il allait sortir de ma poitrine. Nous avions appelé l'agent du groupe pour qu'il vienne nous ouvrir. Quand la porte s'ouvrît enfin, une vague de joie me submergea quand l'agent se présenta à nous.

- Hi girls ! You can come. (Salut les filles ! Vous pouvez venir). Nous informa-t-il en nous libérant le passage. The band is in the lounge 4.
(Le groupe est dans le lounge 4).
- Hi ! Thank you so much.
(Salut ! Merci beaucoup)

Nous nous rendîmes à pas pressé dans la salle qu'il nous avait indiquée. Je toquai d'un mouvement lent à la porte. Quand elle s'ouvrît enfin, je fis face à Billie. Un large sourire étira ses lèvres lorsqu'il me vit. Ce qui me rassura à l'instant T.

Par réflexe je sautai à son coup, l'enlaçant comme si nous avions été séparés pendant des mois. Il sembla d'abord surpris de cette étreinte puis plaça ses mains sur mon dos et déposa un baiser dans mon cou.

-I missed you...(Tu m'as manqué...).
Chuchotai-je, la voix légèrement tremblante.

-Me too Will'. I'm so pleased to see you. (Toi aussi Will'. Je suis si ravi de te voir.)
Un silence apaisant nous enveloppait alors que nous nous baignons de le regard de l'autre, toujours plantés au milieu de l'entrée.

Aglae sourit nerveusement avant de glousser légèrement nous indiquant de nous décaler pour la laisser entrer.

Nous saluèrent toutes deux Mike et Tré qui furent ravis de nous revoir également. Tré semblait ne pas pouvoir tenir en place. Il bougeait partout, tapant les baguettes de sa batterie contre à peu près tout, table, mur, chaise, tête de Billie... Un véritable enfant surexcité.

Mike quant à lui était beaucoup plus posé. Il relisait ses notes avec calme. Il nous salua avec courtoisie, comme à son habitude.

Nous étions tous installés dans le canapé. J'attendais avec impatience le récit de leur début de tournée.

- It's amazing ! I've never lived that before. You can't imagine how it could be fun and stressful. I love this feeling.
(C'est formidable ! Je n'avais jamais vécu ça avant. Tu ne peux pas imaginer à quel point ça peut être drôle et stressant. J'adore cette sensation). Commença le guitariste.

-But he's really nervous before the show! All the time. In USA or in Europe, it's the same thing.
( Mais il est vraiment nerveux avant le concert ! Tout le temps. Aux USA ou en Europe, c'est la même chose)
Ajouta Tré avec un clin-d'œil.

Nous passâmes un long moment à discuter, de choses et d'autres, j'étais toujours aussi à l'écoute et passionnée par ce qu'ils nous disaient. Mais le moment fatidique arriva. Il était temps que le concert commence !

Aglae et moi rejoignîmes la fosse, au premier rang évidement. C'était la première fois que nous assistions à un de leurs concerts, j'étais vraiment impressionnée de l'ambiance qu'il y avait avant même l'entrée des musiciens sur la scène.

Les gens se pressaient autour de nous, serrés comme des sardines. Un groupe de jeunes filles d'à peine 16 ans débarquèrent près nous. La phrase d'une d'entre elle m'atteignit quelque peu : « le chanteur il est trop beau ! J'aimerai trop être sa copine ! ». Mais bon, je ne préférai pas prêter attention à cette adolescente qui était simplement une fangirl absolue.

Un violent hurlement de foule se fit entendre lorsque le groupe débarqua sur scène en courant. Ils saluèrent la foule avec de grands gestes, faisant la révérence tel des comédiens de théâtre.

Une lueur que je n'avais jamais vu auparavant illuminait alors le visage de Billie. Il semblait au comble de la joie et de l'épanouissement. Comme si la scène avait toujours été sa place. Il ne pouvait s'empêcher de sourire.

Lorsqu'il s'empara du micro, il s'adressa à la foule comme on s'adresse à un vieil ami, avec familiarité et aisance. Il s'essaya au français, sans grand succès mais cela eu le don de faire rire la foule.

Mais les véritables frissons débutèrent quand la musique commença à s'échapper des immenses enceintes. Je reconnus immédiatement les rifs de basse de «Longview ». Cette chanson était tellement puissante à mon goût. Elle alliait la folie et la démence à la paresse et la banalité humaine.

Je me surpris à me mettre à sautiller au rythme de la musique et à chanter en même temps que Billie.

I sit around and watch the tube
But nothing's on
I change the channels for an hour or two
Twiddle my thumbs just for a bit
I'm sick of all the same old shit
In a house with unlocked doors and I'm fuckin' lazy

Bite my lip and close my eyes
Take me away to paradise
I'm so damn bored, I'm going blind
And I smell like shit
...

Il y avait une forme d'ironie dans ce morceau, qui je trouvais, correspondait parfaitement au groupe.
Chaque titre qu'ils jouaient était unique. Celui qui anima le plus foule en délire fut sans surprise : « Basket Case ». Il les avait fait connaître. Et pourtant il parlait seulement de la folie et la drogue.

Ce concert fut magique. Je n'avais jamais vu Billie aussi épanoui en 7 mois de cohabitation. Et la foule était vraiment à fond dans le show. Le groupe savait secouer le publique avec des petits interludes « dialogue ». Ou simplement Billie insultait la foule. Mais cette bande de masochistes en redemandaient.
Ce qui me fit bien rire.

- It was Green Day, ladies and gentlemen ! Hurla-il finalement faisant plusieurs salutations tête baissée. Tré quitta sa batterie et rejoignit Bille et Mike sur le devant de la scène, prenant bien soin de faire un doit à la foule avant de les quitter. Une de leurs spécialités, j'imagine.

A la fin de la prestation, Aglae et moi purent rejoindre les loges. J'arrivai devant celle de Billie, curieuse de voir dans quel état il se trouvait actuellement, après 2 heures à faire le show.

La porte était entre-ouverte alors j'entrai. J'inspectai la pièce avant de découvrir un Billie complètement essoufflé et tout transpirant, allongé sur son canapé.

- Hi ! Il se releva quand il me remarqua.
- Hi ! It was amazing, Billie. You get it !
(Salut ! C'était génial, Billie ! Vous gérez !)
- Thanks. Il m'intima d'un regard de venir m'assoir à côté de lui.

Il paraissait un peu épuisé. Je m'assis près de lui et déposai un baiser sur son front.

-Really, you liked it ? It was very important to me. (Vraiment, tu as aimé ? C'était très important pour moi.)

Je ne répondis rien et me contentai de l'embrasser, posant mes mains sur ses joues. Une bouffée de chaleur m'imprégna alors.

- Does that suit you as an answer ? (Ça te va comme réponse ?) Lui susurrai-je à l'oreille.

Il implanta son regard d'un vert perçant dans le mien et un sourire malicieux se dessina sur son visage. Je savais très bien ce qu'il avait en tête.

Je l'embrassai à nouveau. Il posa sa main derrière mon do, me rapprochant doucement de lui. Le baiser s'intensifiait alors que la chaleur brûlante dans mon ventre prenait peu à peu le contrôle de mes faits et gestes.

J'étais fière de ce qu'il avait accomplit, je comptais bien lui faire savoir. Notre relation était ce qu'on pouvait appeler une relation laborieuse, et ce n'était clairement pas finit. Mais nous comptions bien profiter de ce genre de moment qui nous réunissait.

Il était maintenant impossible de nous décoller, nos bouches l'une contre l'autre. La fatigue qu'il paraissait subir il y a à peine 10 minutes semblait s'être tout à coup envolée depuis mon arrivée.

Ce moment intime et précieux que nous vivions me semblait si fragile soudainement. Je prenais alors conscience que c'était peut-être le dernier. Ce contacte, peau contre peau, à chaud, je ne le revivrai pas avant longtemps. Il se rendait à Prague le lendemain pour la suite de la tournée. Mais je devais rester à Paris puis rentrer en Californie.

Je ne voulais pas le perdre mais c'était une fatalité. Les larmes qui commençaient à couler me forcèrent à écraser mon visage contre son épaule, resserrant notre « étreinte ». J'avais peur, mais est-ce que lui aussi ? Comme s'il avait lu en moi il me souffla dans le creux de l'oreille:

- Willow, me too I'm scared, but... I love you.
(Willow, moi aussi j'ai peur, mais... je t'aime. )
Je relevai mes yeux vers lui. Il avait vraiment dit ce que j'avais entendu. Son regard était si sincère. Je l'embrassai de nouveau fougueusement, arrêtant de me polluer l'esprit et profitant de l'instant présent, aussi éphémère soit-il. 

.... Fin de BERKELEY ....



Bonjour ! J'espère que vous allez bien 😌. Et oui, c'est fini. Ce chapitre est beaucoup plus long, normal c'est un final 😉. J'espère vraiment que ce chapitre et ce roman, aventure de 11 mois, vous ont plus. 😁. Pour moi, Berkeley fut un vrai plaisir à écrire malgré la difficulté. J'ai appris beaucoup de choses, j'ai fait des rencontres et j'ai progressé je crois 🙃.

Ça me fait mal de quitter « mon bébé » qui aura occupé une grosse partie de mon temps de février 2022 à décembre 2022. Mais j'espère que vous avez su l'apprécier et vous invite VRAIMENT à commenter pour avoir vos retours 😜. J'ai adoré avoir du soutien de certain d'entre vous et chaque commentaire est un plaisir à lire.

Évidemment, je tien à remercier particulièrement Alphekka qui me suit sur ce projet depuis le chapitre 14 si je dis pas de bêtise 😅. Ielle a bossé énormément sur le projet et je ne serai jamais assez reconnaissante pour ça❤️.

Pour finir, 2023 annonce un nouveau départ pour moi et pour vous ! 😎. Car effectivement c'est la fin de Berkeley mais le début de tout autre chose : 1998. Un projet sur lequel je travaille en perso depuis 3 mois. C'est assez différent de Berkeley car il n'y a pas de personnage réelle. Mais ne vous inquiétez pas, on reconnaît ma pâte je pense 😂. J'espère vous y voir nombreux à la sortie du chapitre 1 d'ici janvier 2023.

Sur ce, je vous souhaite un bon réveillon du jour de l'an, bon courage pour 2023 et surtout, bonne journée/soirée , bye ! 😘

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