Chapitre 24 : Redundant

Je m'assis avec précaution au pied de son lit, continuant de l'observer en silence. Je l'entendis bredouiller quelque chose dans son oreiller :
-What can we do ? (Qu'est-ce qu'on peut faire ?)

Je ne répondis rien. Alors elle leva son visage vers moi, l'air interrogateur. Ses joues étaient couvertes de mascaras, qui avait coulé à cause de ses larmes.
Ses yeux brillaient, mais étrangement pas de tristesses, d'espoir. J'essayai d'afficher le sourire le plus sincère possible et je répondis jovialement en lui prenant la main.

- I don't know, but I'm sure we will find !
(Je ne sais pas, mais je suis sûre qu'on trouvera!)

Elle se releva rapidement et sauta dans mes bras pour m'enlacer avec un rictus souriant collé au visage.

-Thanks, Willow.
(Merci Willow)
- Thanks for what ? (Merci de quoi ?)
Demandai-je intriguée.
-To prevent me from sinking.
(De m'empêcher de sombrer) 
J'étais étonnée mais en même temps rassurée que mes efforts ne soient pas vains et aient un impact sur sa vie. Je connaissais ces colocs' depuis peu, mais je tenais tout de même déjà beaucoup à eux.

Je sentis Aglae sangloter à nouveau sur mon épaule, serrant ses doigts contre mon dos.
-I want you to never leave...
(Je voudrai que jamais tu ne t'en ailles...)
Lâcha-t-elle la voix tremblante.
Je ne savais que répondre. Car elle avait raison...je comptais quitter la colocation à la fin de l'année scolaire pour avoir mon propre appartement, pour me sentir plus indépendante ou quelque sentiment du genre.

Elle se redressa, inspira et expira profondément trois fois de suite avant de baisser les yeux et de fixer le sol.
-Sorry, you must surely find me pathetic...
(Désolée, tu dois sûrement me trouver pathétique...)
-No ! Absolutely not !
(Non ! Pas du tou !) Répondis-je dans l'immédiat. Je refusais qu'elle pense cela d'elle même. Elle n'était pas pathétique mais traumatisée.

Notre conversation fut interrompue par Tré qui toqua à la porte. Il l'entrouvrit et passa uniquement sa tête, visiblement gêné de se rendre compte qu'il nous ait coupées dans notre discussion.
-Hum...excuse me girls, are you coming to dinner ? Billie made pasta with butter.
(Euh...excusez moi les filles, vous venez dîner ? Billie a fait des pâtes au beurre. )
-Yes ,we come. (Oui, on arrive) Répondis-je en me levant sèchement.

Aucun de nous ne parlait. Seul le bruit des couverts dans les assiettes résonnait dans la pièce. Quelques regards étaient jetés à droite, à gauche, mais rien de plus. Nous étions tous la tête dans notre plat, peut-être un peu trop fascinés par nos repas pour que cela paraisse normal.

-Well, do you intend to keep this shitty atmosphere for a long time ?!
(Bon, vous comptez garder cette ambiance de merde encore longtemps ?!)
S'exclame Billie en tapant sur la table. Ce qui eu le dont de me faire violemment sursauter.

Évidemment, la communication dans cette colocation était un des principaux problèmes. Personne ne lui répondît, se contentant de lui adresser un regard accusateur. Je savais très bien ce que voulait dire Billie. Et il était tout à fait légitime de sa part de réagir de la sorte.

J'en avais marre du comportement puéril de tout le monde. Alors, précipitamment, je quittai la table, enfilai mes chaussures et parti en lâchant exaspérée :
-Je me casse...vous me soûlez. Sans prendre le temps de faire attention, je le dis en français au lieu de le dire en anglais. Je claquai bruyamment la porte derrière moi.

Comme une idiote, j'errais dans les rues de Berkeley, sans manteau, en pleine nuit. Chacun de mes pas raisonnaient contre le bitume. Les lampadaires placés tous les 6 mètres éclairaient une partie restreinte du trottoir, me permettant de rester dans l'ombre des ruelles vides d'activité humaine.

On ne pouvait rien faire. Pour Jim je veux dire. Louis était innocent, même si je ne le portais pas dans mon cœur, ce n'était pas de sa faute ce qui est arrivé à Shailey et les messages de menace que j'ai reçus.
Ce n'était pas non plus la responsabilité de Mike. Son frère était majeur après tout. Il n'avait pas à le gérer.

Jim était condamnable, mais pas Louis. Que peut faire la justice dans ce genre de cas ? Rien. Là est le problème. Et d'après la conversation que j'avais surprise entre Mike et Louis, ce dernier n'était pas motivé à prendre ses médicaments. L'hôpital psychiatrique était la dernière option. Mais la famille de Mike et Louis n'avait pas les moyens de lui payer. Et puis est-ce que Louis méritait vraiment cette sentence ? Et puis merde ! Ce n'est pas à moi de penser à ça.

De toute façon, Jim ne s'était jamais réellement attaqué à moi, alors je n'avais plus qu'à l'éviter et prier pour qu'il ne mette jamais à bien ses menaces.

Lorsque je relevai la tête, je constatai avec surprise que ma marche effrénée m'avait conduite jusqu'au studio d'enregistrement des garçons. Ce dernier se trouvait tout de même à 2 heures à pied. Il était près de 22 heure maintenant.

Sans prendre conscience de ce que je faisais, je m'étonnai à pousser la porte d'entrée du bâtiment. Chaque recoins de ce lieu, mon cerveau l'avait enregistré. J'avançai confiante, comme si j'y allais chaque jour depuis des années.

Arrivée devant la porte du Record où avait lieu tous les enregistrements, je me trouvais confrontée à un problème : la porte était fermée à clef.

C'est alors que je me souvins de quelque chose. La dernière fois que j'étais venue avec le groupe, j'avais vu Billie chercher une clef dans un pot de fleur situé sur la rambarde de l'escalier, sur le palier.

J'entrepris alors de la trouver également. Le pot fleuri se trouvait à la même place que dans mon souvenir. Je soulevai la plante et découvris avec joie une petite clefs dorée au fond du pot en terre cuite.

Je l'insérai dans la serrure et tournai la clef. En un clic, la porte s'ouvrît en grand face à moi. J'étais maintenant face à un long couloir sombre. Je mis quelques secondes à trouver l'interrupteur pour éclairer la pièce.

J'avançais lentement, contemplant les ornements sur les murs que j'avais déjà observés à mainte reprise.

Je me trouvais maintenant face à la salle d'enregistrement audio. Une demi-douzaine de guitares et basses étaient exposées sur les murs et au sol. Je me saisis d'une guitare acoustique qui était posée près du petit canapé. Je m'y assis, l'instrument sur les genoux.

Je jouai quelques accords dans le vide, sans réel but avant qu'une musique me vienne en tête. J'entrepris de jouer « nothing else matters » de Metallica en version acoustique. Les notes étaient d'abord peu assurées et parfois fausses, avant que le rythme et les notes exactes me viennent. Je jouais à présent de manière confiante.

Jouer me faisait un bien fou. Chaque mouvement de poignet contre les cordes me permettait d'expulser ma frustration et ma colère. La mélodie faisait vibrer mes tympans et je me sentais enveloppée d'un sentiment de quiétude et de bien-être inégalable autrement que par la musique .

C'est alors que j'entendis des pas dans le couloir auquel je faisais actuellement dos...

Bonjour tout le monde ! 😉 J'espère que ce chapitre vous a plus . A votre avis , qui vient d'arriver ?🤔 N'hésitez pas à commenter et à me donner vos suppositions ☺️ Encore une fois , merci à Alphekka pour ses relectures et bonne journée/soirée à tous.

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