Chapitre 16 : All by my self
Nous arrivions à l'aéroport avec nos quelques valises, et pour ma part, le cœur lourd. Même si me rendre à Paris allait me faire le plus grand bien, les raisons de ce déplacement n'étaient pas pour un sous réjouissantes.
Billie conservait son naturel faciès de marbre, contenant en lui la moindre émotion. Un silence régnait entre nous depuis le départ du taxi nous ayant emmené à l'aéroport de San Francisco.
Après la mise en soute de nos valises respectives, ainsi que le passage de la douane , nous nous rendîmes en salle d'embarquement. Tous deux assis l'un à côté de l'autre, nos regards ne se croisaient pas. Il fixait le mur à sa droite alors que moi contemplais le mouvement de ma jambe qui tremblait, faisant quelque peu vibrer le ban sur lequel nous étions assis.
Notre avion fut annoncé, et sans plus de cérémonie, nous embarquâmes.
Assise à côté du hublot, je contemplais la piste de décollage, encore immobile pour le moment.
Me tournant vers Billie, je constatai qu'il s'était empressé de sortir ses écouteurs et son MP3.
Nous attendîmes 15 minutes de plus pour décoller à cause du retard d'un couple de touristes français qui avait mal regarder l'heure d'embarquement sur leurs billets.
Enfin, l'avion se mit à bouger. Les gens sur le tarmac commençaient à s'activer autour de nous. L'avion roulait de plus en plus vite, jusqu'au moment où je le sentit quitter le sol.
L'appareil traversa une épaisse couche nuageuse avant de se stabiliser en vole de croisière au bout de 30 minutes.
Les hôtesses de l'aire passaient chaleureusement dans les rangs pour nous proposer des boissons chaudes ainsi que des goodies et babioles du genre. Elles affichaient cet éternel sourire mais qui a la longue devait sûrement être un vrai calvaire à tenir.
Après l'arrivée du gobelet de café avec dix tonnes de sucre qu'avait commandé Billie, il dénia m'adresser la parole. Mais pas vraiment pour me parler de quelque chose de sympathique.
- Why are we going to Paris precisely? ( Pourquoi on va à Paris précisément ? )
Le regard dans le vide, je ne voulu pas répondre tout de suite. Je m'accordais ces quelques secondes de réflexion me permettant de trouver le meilleur moyen de formuler ma réponse. De toute façon j'étais obligée de lui dire pourquoi il se rendait à Paris.
- For my brother. I mean, the commemoration in his memory. (Pour mon frère, Enfin, la commémoration en sa mémoire )
Il laissa d'abord le silence parler à sa place. Je voyais la compassion gorger ses yeux, puis il prit la parole de la voix la plus désolée possible.
- Oh... I'm sorry Will'. I didn't know. (Oh...je suis désolé Will'. Je ne savais pas.)
Je me retournai et collait mon visage à la vitre du hublot. Je n'avais pas besoin de sa compassion, je n'en voulais pas. J'étais capable de gérer ça toute seule et je tenais tout d'abord à me le prouver.
Après près d'1h de vol je m'endormît, assaillie par la fatigue.
Le sommeil plus que perturbé, je fus réveillée en sursaut alors que Billie me secouait légèrement le bras.
- Quoi ? Quoi ? Qu'est-ce qui se passe ?!
Hurlai-je brusquement en ouvrant les yeux.
- Eh, calm down Will' ! It's just me. ( eh, calme toi Will'! C'est seulement moi )
Répondît Billie.
Je me calmai instantanément quand je compris que j'étais dans l'avion. Mon rythme cardiaque ralentit avant de se stabiliser.
- I'm...I'm sorry Billie. I had a nightmare.
(Désolée Billie. J'ai fait un cauchemar )
- No big deal. ( Pas grave )
Regardant par le hublot, je constatai que nous approchions de l'aéroport Charles De Gaule. Je me tournai vers Billie, dans l'incompréhension totale.
- I slept 10 hours ?
- Yep. You were funny. Dit-il en gloussant.
Je le regardai d'un air blasé.
Nous atterrîmes à Paris vers 17h. Il faisait déjà nuit. Logique en plein mois de décembre me direz vous.
Tous les panneaux étaient bien heureusement pour Billie également en anglais.
Mais une fois en voiture , en plein Paris, voiture que j'avais louée, il fut complètement perdu, constatant que les indications étaient uniquement en Français.
Nous roulâmes sur le périphérique avant de rejoindre la banlieue, là où résidaient mes parents ainsi que ma sœur. Nous arrivâmes vers 18h à la maison.
- Fuck, we're shoveling in Paris! It's not California. (Putin, on se les pèle à Paris ! C'est pas la Californie.)
S'écria Billie quand il sorti de la voiture.
Je restai statique devant la porte de chez mes parents quelques secondes. Je préparai dans mon encéphale le discours de présentation que j'allais faire à mes parents pour leur expliquer la présence de Billie.
M'approchant de la porte, Billie resta bien derrière moi . Je sonnai à la porte.
Je vis immédiatement ma mère arriver et ouvrir la porte.
- Willow ! Ma chérie. Elle me serra dans ses bras.
Je me retournai vers Billie, le voyant plus embarrassé que jamais. Ce qui me fit rire de l'intérieur.
- Oh eum...maman, je te présente Billie. C'est grâce à lui que j'ai eu les billets d'avion.
Elle lui serra la main.
- Nice to meet you Billie.
- Me too. Répondît-Il un sourie crispé attaché au visage.
- Suivez moi les enfants. Je vais vous aidez à monter vos valises.
Billie se tourna vers moi, attendant ma traduction.
Je lui fis signe de nous suivre avec sa valise.
Ce week-end allait être une vraie galère linguistique.
Quand j'entrai dans la chambre, une vague de nostalgie me transperça. C'était toujours la petite chambre d'adolescente que j'avais toujours connue.
Je vis les yeux de Billie s'écarquiller quand il remarqua dans la pièce la seule existence d'un lit double. Je ris à la vision de son expression faciale.
- Don't worry, you're not going to sleep with me. (Ne t'en fais pas, tu ne vas pas dormir avec moi) lui-dis-je tout en souriant et sortant un matelas une place de mon placard.
You'll sleep on the mattress. (Tu dormiras sur le matelas ).
Je le vis souffler de soulagement.
- A table ! S'écria ma mère depuis l'escalier.
Je me rendis dans la salle à manger tirant Billie par le poignet qui n'avait toujours pas compris.
Il était aussi à côté de moi, mes parents face à nous et ma petite sœur en bout de table, qui avait visiblement l'air de nous regarder avec dégoût. Qu'est-ce que ma mère lui avait encore raconté ?
Alors que nous entamions tout juste notre repas. Ma mère s'adressa à nous, un sourire joviale inscrit sur le visage.
- Alors, ça fait longtemps que vous êtes ensembles ?
Billie resta muet se tournant vers moi. Je ne sais pas pourquoi ma mère ne faisait pas l'effort de parler anglais alors que son propre mari était américain.
Je susurrais à l'oreille de Billie la traduction de la question de ma mère.
Le jeune homme déglutit bruyamment. Il ne devait sûrement pas s'attendre à ce genre de question de la part de ma famille. Mais j'espérais qu'il allait jouer le jeu, pour la santé mentale de ma mère.
- Depuis près de trois mois, maman.
- Ah, formidable ma fille !
Je croisai le regard de mon père qui avait bien lu le malaise dans le regard de Billie et le mien.
Je crois que ce repas fut un calvaire autant pour Billie que pour moi car ma mère n'arrêta pas de nous poser des questions sur notre « couple ». Mais je crois que ma petite sœur clôtura le repas avec la question de trop.
- Et du coup, vous allez avoir des bébés quand ?
Je faillit recracher l'eau que j'avais dans la bouche. Quand je traduis la question à Billie, il devint rouge écarlate et faillit faire comme moi.
Je jetai un regard noir à cette sale gamine, qui savait très bien ce qu'elle faisait.
Mais heureusement, mon père nous sauva en répondant à notre place.
- Tu sais ma puce, je ne pense pas que Will' et Billie réfléchissent déjà à ce genre de chose.
Bref, ce repas fut une vrai torture pour Billie et moi.
Nous nous rendîmes rapidement dans ma chambre vers 21h30.
Aucun de nous n'avait vraiment envie de dormir alors Billie sortit de son sac le dossier « dookie ».
Il me le tendit.
Je survolait les titres, constatant que le groupe avait bien bossé depuis mon arrivée dans la colocation.
Je lui rendit mais il me regarda et me dit :
- I would like you to give me your opinion on this one.
« All by my self ».
Il se mit à chanter A Capella.
I was alone,
I was all by my self ...
Nous éclatâmes de rire tous les deux. Cette chanson était un véritable gag. D'autant plus qu'il m'annonça que c'était Tré qui allait la chanter. Ce soir une plutôt bonne ambiance régnait mais demain allait avoir lieu un moment très difficile pour ma famille chaque année, et je culpabilisais un peu de devoir confronter Billie a cet événement.
Salut salut ! Et voilà un nouveau chapitre ! J'espère qu'il vous a plu. Il est un peu plus long que d'habitude et ça me fait plaisir. J'espère que vous aussi 😉. Bonne journée /soirée. By ! ❤️
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