[message à ceux qui ont lu Ben Solo dans son ancienne version : je vous invite à relire la partie précédente pour voir les modifications puis poursuivre avec celle-ci, bonne lecture à vous !]

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Les deux gardes arpentaient les couloirs avec ce qui semblait être le cadavre de Ben. C'était inévitable. Ils devaient passer, a un moment ou à un autre devant un Padawan qui le verrait dans cette posture, la mine dépitée et évanoui.

Tandis qu'il commençait à se réveiller, il se rendit compte à quel point sa force était réduite après les efforts sombres qu'il venait de faire. Orpheo, le petit garçon à la chevelure blonde fut le premier. Celui-ci se retourna et jeta un regard autant interrogateur qu'inquiet à Ben qui avait le visage ensanglanté. Le garçon répondit par un silence long et pesant. Il avait l'impression d'assister à la montée de Ben sur l'échafaud, les gardes étant les bourreaux. Jamais il ne l'avait vu si triste, dans une pareille détresse.

Il fut le seul à croiser son chemin jusqu'à un long couloir qui débouchait sur une pièce, petite mais luxueuse. Isolée. Les hommes placèrent Solo dans le lieu et sortirent en verrouillant la porte métallique qui s'était refermée derrière eux. Il reposait paisible sur un lit blanc, pur et délicat.

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-Je ne peux plus...

Gaia se laissa entraîner par les gardes vers ce qui lui apparaissait comme un endroit sombre et sans lueur, loin de tout et tous. Dans sa tête, seul le nom de Ben raisonnait. Elle espérait qu'il allait bien, que ces affreuses personnes n'allaient pas lui faire de mal, plus que ce qu'ils lui ont déjà fait. 

Ils ouvrirent une cellule grise, froide et la jetèrent dedans comme une moins que rien. La faible jeune fille ne chercha pas à les contrer et hurla pendant des heures pour tenter de sortir de son corps la douleur la plus aiguë qu'elle n'avait jamais endurée. Elle était bien plus puissante que celle qu'elle avait traversée lors de la mort de ses parents.

Elle attendit, couchée sur le sol froid à crier, pleurer sans arrêt, jusqu'à épuiser ses cordes vocales. Et elle ne vit presque plus sa couleur rouge. 

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-Gaia !

Ben se releva, bercé par des cris d'une atroce violence. Il avait l'impression de posséder toutes les forces qu'il n'avait jamais eues, cette fois-ci, guidé par l'ombre. Il entendait résonner dans sa tête une souffrance sans égal qu'il se devait d'apaiser. Il se leva et observa la porte de métal qu'il s'empressa d'ouvrir sans même une difficulté. 

Il n'avait jamais eu ce regard. Jamais perçu si peu de lumière et autant d'obscurité. C'étaient là ses premiers pas vers le côté où il n'y a pas d'étincelle, seulement la haine, la colère et le pays des âmes brisées. Ben marchait d'un pas décidé et savait exactement où se trouvait Gaia, souffrante. Elle était dans un recoin perdu de la Tour, allongée sur le sol, une peur noire dans son être.

Il arriva devant sa porte et découvrit deux gardes à la cape blanche. Il n'avait que la Force, qui était avec lui, sans aucun doute, on aurait presque dit qu'elle voulait qu'il secoure Gaia par tous les moyens les plus occultes. Il brandit ses deux poignets dans la directions des deux hommes casqués et les fit léviter. Ils tinrent leurs gorges mais s'étouffèrent au fur et à mesure. Il ne les tua pas. Il n'avait pas encore le courage de le faire. Ils tombèrent inertes au sol mais respiraient toujours.

Le garçon ouvrit les portes sans difficulté et entra en trombe dans la pièce grisâtre. Il se précipita vers celle qu'il aimait, allongée. Son visage était si rougi par la tristesse, si engoncé par les larmes qu'elle en était presque méconnaissable, comme si des cicatrices parcouraient sa peau. Ben la prit dans ses bras sans dire un mot pour qu'elle se réveille et baisa son front à plusieurs reprises. Son Amour pour elle était si fort que n'importe quel être n'aurait pu l'empêcher de commettre de maléfiques actes.

-Gaia, réveille-toi, je t'en supplie...

Ses yeux bleus foncés s'ouvrirent d'une lenteur effroyable et le blanc de ceux-ci était pourpre, injectés de sang. Sa voix tremblait et elle avait tout juste assez de forces pour frôler le visage de Ben du dos de sa main. 

-Ben...

-Tout va bien, maintenant. Tant que nous sommes ensemble tout va bien, je t'aime plus que quiconque.

Elle se blottit contre lui et n'osa pas parler, jusqu'à ce qu'elle se rende compte de l'odieuse vérité qui la concernait. 

-Je connais la vérité, maintenant.

-Quelle vérité, Gaia ? demanda Ben en la regardant avec inquiétude.

-Tout est de ma faute.

Des larmes commençaient à perler de ses yeux humides et la culpabilité la dévorait. Mais son visage ne bougea pas. 

-C'est de ma faute s'ils sont morts, tout est à cause de moi. Sur Ord Mantell, je n'avais pas le choix Ben...

-Que veux-tu dire ?

-J'ai tué mes parents et mon frère.

Silence.

-Je le sais maintenant, j'en suis convaincue, poursuivit-elle, le visage neutre. Je les ai tués pour rien, avec la Force, elle m'a choisie pour souffrir, pour brûler dans les flammes. Mon propre frère. Markov est mort pour rien.

Son aveu laissa place à un long silence pesant. 

-Ce n'est pas de ta faute, finit par rétorquer Ben. Ce sont nos responsabilités qui sont trop grandes pour nous. Nous sommes des enfants, des enfants qui n'ont pas le droit de rêver. Si l'on nous a dotés toute cette matière-là, nous avons le choix entre la justice et l'égalité uniquement. J'ai choisi la justice, Gaia. Je connais enfin ma destinée, mon futur. Je vais livrer ma vie au côté obscur, la lumière nous a tous les deux trop fait souffrir pour que j'y prenne part. Quand je pense à tous les enfants de ce temple, ils souffrent sans même le savoir, ils n'ont pas le droit à une enfance normale. Nous sommes différents les uns des autres, et pourtant la Force nous assassine à petits feux sans même que nous le sachions. Elle n'est pas claire, ni même noire ; elle est une nuance. 

Elle ne dit rien. Gaia souffrait bien trop pour contrer ses paroles. Elle voyait devant elle sa tragique destinée à travers les yeux noisette de Ben et ne pouvait rien faire face à son pouvoir qui devenait de plus en plus grand.