XXVIII.
Musique suggérée : Interstellar - Main Theme par Hans Zimmer
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Dans la chambre du Repaire Royal, Gaia faisait les cent pas en tournant en rond, la couverture toujours autour d'elle, frottant le sol comme une longue cape claire. Elle pensa à Markov et à ce qu'il aurait fait dans cette situation.
-La maison de Markov ! s'exclama-t-elle avec de grands yeux.
Elle lâcha le drap et mit quelques vêtements. Sans une seule pointe d'hésitation, la Padawan sortit de la pièce avec hâte, arrivant à marcher comme elle le pouvait. Ses jambes la faisaient encore souffrir, mais moins qu'avant. Elle se sentait plus forte et prise d'une étincelle infinie.
Ses jambes la firent sortir du lieu et commencèrent même à courir à travers les rues pavées de Naboo. Elle était poussée par une énergie céleste ; l'espoir. La végétation dense peuplait chaque trottoir, chaque rue et chaque détour. Vers le quartier le plus mal famé de Theed, elle prit cette ruelle, cette impasse qui lui avait fait changer sa vision du monde. C'est dans cette rue étroite qu'elle avait eu l'occasion de revoir ceux qui lui manquaient tant dans les moments difficiles.
Gaia poussa lentement la porte qui n'était pas verrouillée. Elle constata que tout avait l'air habité mais la triste réalité était que le maître de ces lieux s'était fait sauvagement assassiner par un monstre, un charognard et un vautour.
Avec stupeur, elle découvrit un mot qui était disposé sur sa table de bois. La jeune fille s'assit sur le banc et observa la lettre, écrite de la main de Markov. Avant de la lire, elle parcourut les lettres encrées de sa main et parut sentir qu'il était encore là, à côté d'elle. Peut-être se serait-il mis sa main dans ses cheveux en riant ou lui montrerait-il un bocal rempli de plantes d'ici et d'ailleurs. Mais sur la lettre du défunt, elle lit ceci :
"Gaia,
Tu sais mille fois à quel point je veux que tu retrouves ceux qui ont tué tes parents. Mais, lorsque tu les retrouveras, que feras-tu d'eux ? Y as-tu déjà réfléchi ? Ne les retrouve pas, laisse-les tomber dans l'oubli. La vengeance n'est pas une solution, on a toujours le choix."
Elle se souvint alors de ce qu'il avait enseigné à Hux. Il ne l'avait pas écouté. Sa leçon était vaine. Gaia ne voulait pas qu'il reste dans l'oubli. Sa vengeance ne devrait pas être un de ces choix. La lumière éternelle devait l'être. Elle poursuivit :
"Lorsque j'ai écrit ceci, je savais que j'allais mourir, et je savais aussi que je ne pourrais pas changer mon destin. Je connais aussi le tien. Change-le. Tu es la seule à en avoir le pouvoir. J'ai confiance en toi, je sais que tu feras les bons choix et que ta sagesse te conduira à accomplir de grandes choses. Tu ne dois pas sombrer dans les méandres du côté obscur. Fais ce qu'il faut pour rester dans la lumière. J'ai confiance en toi et ta lumière, Gaia. Ne fais pas les mêmes erreurs que moi, ne laisse pas la colère t'emplir car tu as perdu un être cher.
Markov."
Elle retourna la lettre, pensant trouver une piste, quelque chose qui justifie son choix, mais rien ne la mettait sur le droit chemin. Quelle erreur a bien pu faire cet homme de bonté ? Gaia fouina dans toute sa maison en haletant, en essayant de trouver une solution qui soit à la hauteur de ses espérances. Mais ses recherches n'aboutirent à rien et son visage la brûlait.
-Qu'est-ce que je vais faire maintenant Markov ? chuchota-t-elle vainement.
Machinalement, elle prit entre ses bras la précieuse lettre. Avant qu'elle ne fut en route pour le Repaire Royal, Gaia trouva un collier en Cortosis sur le bureau mal rangé du grand sage. Ce minerai était réputé pour être invulnérable aux lames des sabres lasers. Elle le prit et l'ouvrit. A l'intérieur, une image d'une petite fille qui souriait. Elle avait le teint foncé et ressemblait beaucoup à Markov. Dans l'autre battant du pendentif, il était écrit :
"À jamais invincible, Papa." -Pandora.
Qui était Pandora ? Qui était la petite fille dans le pendentif ? Gaia comprit alors que Markov avait lui aussi perdu des êtres qui lui étaient chers. Il était passé par un désir de vengeance lui aussi, et cela lui aura ouvert les yeux sur le but de celle-ci. Il n'y en avait aucun. Elle plaça soigneusement le pendentif autour de son cou, rejoignant la corne de Bantha de sa grand-mère.
La Padawan mit un pied dehors mais se ravisa. Sans un mot, doucement, elle se retourna vers la modeste demeure du sage et observa le vide de l'unique pièce de celle-ci. Un homme des plus fabuleux vivait ici, autrefois. Peut-être avait-il pour habitude de s'asseoir sur ce banc, à user de ses dons de voyance pour parler avec les âmes déchues. Regardait-il les étoiles, à travers la fenêtre translucide un soir paisible ? Ou se contentait-il d'observer le précieux pendentif que Gaia s'était approprié ? Le deuil la frappa. Quand on entre dans le repaire d'un ancien vivant, l'odeur de sa vie déchue vous emplit l'âme, qui est, elle, bien vivante.
La jeune fille crut avoir des millions d'yeux qui comptaient les allers-retours de Markov et ses moindres faits et gestes. La douleur de la mort l'emplit et elle se vit dans l'obligation de quitter cet endroit, sous peine de devoir encore chercher un motif à son décès. Quelques fois, les gens partent sans raison, mais d'autres, d'autres ont des raisons de fer de s'en aller, de laisser ce monde maléfique à sa perte. Gaia avait beau chercher, elle n'en trouvait pas.
La future Jedi partit, la lettre serrée dans sa main. Elle ne dit rien, elle ne pouvait rien ressentir. La fille perdue pouvait seulement se contenter de se souvenir de cette nuit, où elle l'avait rencontré dans cette même hutte. La jeune fille se souvint de sa compassion, de sa compréhension et surtout, de son immense sagesse sans laquelle elle aurait dû rester entièrement perdue dans ses souvenirs.
Le ciel était noir. La ville endormie était diaprée de cette même lumière obscure. Le visage de Gaia observa les étoiles et vit au loin l'éternité de cette galaxie. Elle s'imagina que sur chaque planète où il y avait de la vie, sur chacun de ces mystères ambulants, il existait quelqu'un comme elle à la recherche d'une vie simple et légère.
C'était le cas, mais rien ni personne ne sera jamais livré à un désespoir aussi infini que le sien. Il était encore temps de changer son destin.
Elle décolla ses mirettes de la nappe noire et regarda droit devant elle, le chemin vers l'auberge, le chemin le plus clair qu'elle pouvait souhaiter dans l'ombre éternelle.
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