XVI.

Les yeux rivés sur le visage de marbre de Gaia, Ben attendit avec impatience le retour de son oncle avec le droïde infirmier. Son pied tapait sur le sol et il soupirait sans arrêt. Sa nervosité avait atteint des sommets.

Lorsque Luke avait franchi le pas de la porte sans droïde infirmier, Ben demanda instinctivement :

-Il n'a pas de droïde, Gudrun, c'est ça ? Elle va mourir si aucun droïde ne vient l'aider ! Elle est brûlée à cause du blaster d'Hux ! Il faut absolument...

-Ben ! Le droïde arrive, ne t'affoles pas !

Il ne dit rien et respira profondement. Le jeune garçon fit mine de ne rien ressentir mais il était un terrible menteur et son oncle remarqua son attitude désespérée.

-Ben, tout va bien se passer, le réconforta Luke en posant une main sur l'épaule de son neveu. Je sais que tu portes une grande attention à la sécurité de tes amis mais tu dois faire confiance aux autres. Nous faisons aussi vite que possible.

-D'accord, répondit Ben en chuchotant.

Il s'assit sur le lit et attendit patiemment. Les secondes lui paraissaient durer des heures et les minutes des jours, voire des années.

Des roues firent bientôt leur apparition devant la porte en bois noble de la chambre.

-Bonjour, je suis le droïde infirmier RE-193, quelle est l'urgence ?

Ben accourut vers le robot mais son oncle posa une main sur son torse pour qu'il se rassoie.

-La jeune fille comporte de nombreux hématomes et a perdu beaucoup de sang à son épaule droite suite à un coup de blaster, détailla Luke. La brûlure est purulente et saigne. Elle a perdu connaissance il y a une heure environ et son état paraît critique.

-Vous pouvez sortir de la pièce, fit le droïde en s'approchant de Gaia. Je dois faire un diagnostic complet pour déterminer si elle va s'en sortir. Il est préférable que je sois seul. 

Ils sortirent de la pièce décomposés et pourvus d'une inquiétude extrême. Une fois dans le couloir de la suite, Ben se confia :

-C'est de ma faute si elle est dans cet état.

-Ne te sens pas coupable, Ben. Ce n'est pas de ta faute si Gaia est blessée. Il faut simplement attendre que le droïde ait fini son diagnostic et revienne nous apporter des nouvelles.

-Je ne supporte pas d'attendre. 

-Tu es bien le fils de ton père. Han est exactement pareil lorsqu'il s'agit d'attendre une annonce importante. Tu n'es pas si patient, en fin de compte, n'est-ce pas ?

-Non.

Ben mit sa tête entre ses mains. Il avait peur qu'elle ne se réveille jamais. Oui, il était le fils de son père mais Ben était différent. Il tient aux choses. Son père ne tient qu'à sa mère et à son Faucon. Et encore.

-Ben, je sais que tu tiens à tes amis plus que quiconque mais il faut que tu aies confiance en ce que tout redevienne comme avant. Tout ira bien, avec un peu d'espoir.

-Mais ce n'est jamais de cette manière que ça se passe. La plupart du temps, les gens meurent. Ils partent sans laisser de trace et laissent des visages défigurés par les pleurs, l'Espoir est une charogne, d'après moi. 

Ils restèrent assis pendant un long moment. Lorsque le droïde sortit enfin de la pièce, Ben se leva en trombe.

-Elle a besoin de repos, commença le robot de sa voix métallique.

-Mais est-ce qu'elle va s'en sortir ? s'enquit de demander Ben.

-Elle ira bien. Elle a juste besoin de repos. Elle restera inconsciente encore quelques jours, sans doute, le temps que ses cellules se régénèrent.

-Qu'est-ce que vous lui avez administré ? s'interrogea Luke.

-J'ai simplement désinfecté ses plaies et changé les bandages de ses bras. Je lui ai aussi administré un générateur de champ antiseptique au niveau de l'épaule, ainsi qu'une ampoule de bacta. J'ai jugé inutile de recouvrir sa blessure de Synthépeau, elle a besoin de cicatriser. Elle ne verra presque plus rien en se réveillant.

-Merci infiniment, le remercia Ben.

-Je n'ai fait que mon travail.

Le droïde partit et ne se retourna pas.

-Ben ? commença Skywalker. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Il frotta son visage et regarda son oncle dans le blanc de ses yeux.

-Tout s'est passé si vite... Je me souviens d'un grand personnage, le visage criblé de brûlures et si vous aviez vu ses yeux...

-Comment étaient ses yeux ?

-Ils étaient aussi obscurs que les abysses et reflétaient l'abomination qu'il est à l'intérieur. Ce monstre manipule Armitage avec une poigne de fer.

Luke ne dit rien et laissa Ben poursuivre.

-Ils étaient dans un vaisseau aux abords de Theed et sont des partisans de l'Ancien Empire, j'en suis certain. Je crois que c'est Hux qui a tiré sur Gaia parce que son maître maîtrise le côté obscur. Et un blaster ne lui suffirait pas pour assouvir sa soif de sang.

-Tu as fait ce qu'il fallait en revenant ici. Tu aurais pu essayer de le capturer mais la vie de Gaia compte bien plus que notre mission.

Ben ne dit rien avant de se souvenir de cet horrible personnage, répétant un discours terrifiant.

-Vous auriez dû voir ses yeux. Ils étaient noirs comme la nuit. J'ai cru qu'ils allaient m'entraîner dans le même trou qu'eux. 

-Tu n'as pas succombé, Ben, c'est le principal. Ce que tu as vu là ne doit jamais te faire changer de direction. Le côté obscur est pour les lâches qui n'ont que la haine. Tu as bien plus, dans ton cœur. Tu as l'amour fraternel, l'amour pour tes parents et ton goût pour la justice.

Et il ne dit rien.

-Je dois partir, maintenant. Veille sur elle.

Le Padawan se dirigea vers la chambre où reposait le corps inerte de Gaia sans faire attention au départ de son oncle. Elle était si blanche et si fragile désormais. Elle paraissait être une fleur de Lahdia. Ses lèvres étaient presque bleues et il ne pouvait plus voir ses yeux océan.

Ben saisit le fauteuil noir qui reposait dans le coin de la pièce et s'assit dessus. Il admira encore un peu plus  le corps inerte de la jeune fille. Gaia était un être magnifique à ses yeux. Elle incarnait le courage et la beauté. La mélancolie et le rire. La contempler lui faisait penser à un rêve que jamais il ne pourra atteindre.

Ben saisit encore la main de Gaia et resta là à la regarder. Encore et encore cette même vision de désespoir. Puis il quitta le fauteuil et s'agenouilla au sol. Il vint poser sa tête endolorie sur le matelas pour entendre les battements du coeur de la jeune fille. Il ferma ses yeux et pleura doucement. Il avait peur de ses propres sentiments. Ben commençait à s'attacher à elle, mais cet attachement était interdit. Ben Solo le savait.

Il aurait pu rester là des jours durant mais il n'eut pas besoin d'attendre si longtemps. Une nuit suffit. Les doigts bleus de la jeune fille se mirent à frémir tandis que Ben tenait fermement sa paume entre les siennes.

Et ce fut pour lui un grand soulagement de voir cette statue de pierre bouger à nouveau.

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