XIX.
Courir semblait le libérer. Il ne pensait à rien lorsqu'il s'évadait au travers des rues de terre et de poussière qui peuplaient la capitale de Naboo. On court lorsqu'on est pressé, quand on veut sauver la vie de quelqu'un et que le temps est compté mais jamais par volonté de penser à autre chose. Mais cette tentative de vider son esprit de son froid était vaine. Tout lui semblait une trahison ambulante. Lui qui avait foi en Lor San Tekka perdit toute envie d'écouter ses leçons de vie qu'il appréciait tant auparavant. Il disait que la trahison était la pire chose dans ce monde, que ceux qui trahissaient autrui étaient des moins que riens, des rats. Ben commençait à les voir comme ces rats.
L'air abondant qui sortait de son nez était chaud et chargé de colère envers ses dieux ; les acteurs de la Nouvelle République. Comment faire confiance à des personnes qui font le mal en pensant faire le bien ?
Ben pensa d'abord que la proposition de Lor était juste car de tels sentiments pourraient détourner les Jedi de leurs objectifs mais il se ravisa vite. Ce serait terriblement déchirant de ne plus pouvoir voir Gaia comme avant. Ben devrait s'éloigner de cette fille qu'il chérissait tant.
Il arriva au Repaire Royal et alla dans sa suite avec une frénésie qui traversait chacun de ses membres.
Ben ne pouvait plus regarder Gaia car la voir lui insufflait une douleur sans égal. Il ne plaça même pas son visage dans l'embrasure de la porte pour l'observer dormir paisiblement. Cela 'aurait sans doute apaisé.
Le garçon se dirigea dans sa chambre avec l'envie de se cacher. Il fit les cent pas puis ses yeux noisettes se posèrent sur le masque, qu'il avait retourné sur la commode. Ben arrêta de marcher et eut des images qui lui trottaient dans la tête. Il vit Padmé dans un champ de fleurs fraîches avec les cheveux au vent et des dents blanches qui décoraient ses lèvres. Puis le garçon pouvait imaginer Anakin qui prenait la main de celle qu'il aimait avec passion. Leurs trop grandes responsabilités les avait menés à se détruire. La sénatrice et le Jedi. La liaison dangereuse. Les amants maudits.
Ben prit le casque et le regarda de plus près en n'ayant plus peur de ce qui pourrait lui arriver. Il était noir comme la nuit et on ne distinguait pas les yeux de celui qui le portait. Des stries argentées ornaient le bas des yeux. L'emplacement de la bouche était clos et semblait montrer que le silence était la chose qui caractérisait son détenteur. Le garçon regarda à l'intérieur qui était d'un vide oppressant.
Un cri vint déchirer le silence de la chambre adjacente à la sienne. Le Padawan courut vers la chambre de Gaia avec une peur atroce au ventre.
Il découvrit la jeune fille en pleurs, à demi relevée dans son lit et le visage dans ses mains. Ben courut vers celle-ci et s'assit sur le lit en la prenant dans ses bras.,Le garçon serra Gaia dans les bras tandis qu'elle se blottit contre lui en calmant peu à peu ses pleurs. Il posa un baiser sur sa chevelure châtain et effleura calmement ses bras.
-Tout va bien maintenant, finit-il par dire, d'une voix calme.
-Si tu avais vu tout ce sang ! Oh, Ben ! Il y en avait partout sur mes mains !
-Regarde tes mains, maintenant.
Il s'écarta pour qu'elle puisse constater l'absence de substances vermeilles sur celles-ci. Elle les regarda et vit leur blancheur translucide. Pas une tâche de sang ne les recouvrait. Gaia l'enlaça et essuya ses pleurs dans les bras du garçon.
-Tout va bien se passer...
Ces mots semblaient si faux. Ben savait à quel point la jeune fille avait souffert. Et il savait pertinemment que sa fragilité était grande. Tout va mal se passer, en réalité. Ce qu'il s'était passé il y a quelques heures auparavant va abîmer Gaia encore davantage. L'avenir était flou. Il faudra donc vivre le présent aussi nettement qu'ils le pouvaient.
Tout d'un coup, elle se raidit et demanda en ouvrant grand ses yeux bleus :
-Quelle heure est-il ?
-Il est presque minuit.
Elle se souvint de Markov. Gaia devait le rejoindre à minuit. La Padawan regarda Ben dans le blanc de ses yeux en fronçant les sourcils.
-Est-ce que tu me fais confiance ? demanda-t-elle avec conviction.
-Bien sûr, répondit-il intrigué.
Elle s'adossa à sa tête de lit.
-Il faut que je retourne à Theed. Maintenant.
-Qu'est-ce que tu racontes ? Tu ne peux pas marcher correctement !
-J'ai besoin d'y aller. C'est pour ça que je te demande de m'aider.
-Pourquoi ? demanda-t-il..
-J'ai promis à quelqu'un de venir cette nuit. Cette personne possède des réponses. Grâce à lui, je pourrais enfin savoir qui a tué mes parents.
-Qui est capable de ça ?
-L'homme que nous avons croisé au marché lorsque nous sommes arrivés. Il s'appelle Markov. J'y suis déjà allée cette nuit et...
-C'est à cause de lui que tu es dans cet état ? Je ne peux pas faire une chose pareille !
-J'en ai besoin ! Je préférerais mourir que de vivre constamment asservie par ce secret !
Il la regarda avec le plus fin désespoir qu'un être pouvait faire ressentir. Mais il comprit sa douleur.
-Je vais t'aider à y aller.
Son visage s'illumina d'un très fin sourire.
Ben alla à l'encontre de ses droits et céda à quelque chose de défendu. Il chutait librement dans les yeux de Gaia et rien ne le retenait dans sa course folle. Et leurs cœurs s'entremêlèrent, comme le sang de leurs ancêtres imprimés dans la mémoire de tous ceux qui ne peuvent pas oublier.
Et, comme eux, ils étaient livrés à leur perte.
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