XI.

L'homme regardait Gaia dans le blanc de ses yeux, fronçant les sourcils devant tant de bravoure.

-Tu ne peux pas y replonger, souffla-t-il.

Elle se leva en renversant sa chaise qui gisait au sol.

-Vous ne comprenez pas ? supplia-t-elle. J'ai besoin de savoir. Maintenant que je sais ce que vous êtes, ce que vous êtes en capacité de faire, je dois avoir des réponses à ces questions que je me pose depuis bien trop longtemps ! Je ne peux pas renoncer.

Il prit un temps pour se rendre compte de ce qu'une fille aussi jeune qu'elle avait déjà enduré. Elle était comme un droïde détraqué qu'il fallait diriger dans l'ombre, comme une parole en l'air. Une perle chaude traça son passage dans la froideur de ses joues rouges, pour s'évanouir au creux de ses lèvres rosées.

-Je vous en prie, chuchota-t-elle.

Devant ce regard de détresse, mouillé et meurtri, Markov ne put qu'accepter.

-Reviens demain, à la même heure, jeune fille. Je ne peux pas me permettre de te faire ressentir ça maintenant, à nouveau.

Elle hocha la tête et sortit de la maison en terre. Une fois sur le pas de la porte, elle se retourna avec un sourire endommagé par ce visage déformé par la douleur. Elle était tiraillée entre des sentiments contraires ; entre la colère, la peur et l'ambition. 

-Merci de m'avoir fait revivre ces portraits heureux, Markov. Je n'oublierai jamais ce qui s'est passé avant tout ce sang.

Elle s'approcha de lui en l'enlaçant les yeux fermés, comme poussée par une force extérieure. Gaia avait peur de lui mais son espoir de vengeance était plus fort que tout. Gaia paraissait minuscule dans les bras du géant. La Padawan avait besoin d'une personne qui l'épaulerait et avec qui elle pourrait enfin voir des jours meilleurs, où la vérité serait enfin rétablie. Un ami qui la connaissait. Le marchand de rêves lui frotta lentement le dos en guise de réconciliation. 

-Tu es courageuse. Et à jamais invincible.

-Merci, murmura-t-elle.

Elle s'écarta de lui et disparut dans l'obscurité. Markov avait cru voir une jeune fille fantomatique, des reflets dans ses cheveux sombres et cette peau translucide à faire pâlir un mort. Il entra à nouveau chez lui et commença à arranger ses pots remplis de denrées rares, à les nettoyer avec un chiffon de lin.

Quant à Gaia, elle, poursuivit le chemin pour se rendre à l'auberge. Elle repensa à la douleur infinie que ce souvenir lui avait procuré, à l'affreux sentiment paradisiaque qui s'en était désormais allé. Elle continua sa route, les yeux toujours brûlants et le cœur serré. Chaque pas qu'elle faisait dans l'obscurité tranchait son âme dépérie. De mortes lumières tourmentaient ses pensées qu'elle tenta de dissimuler, mais la douleur était trop forte. La jeune fille s'effondra au sol en pleurant. Ce mal l'avait rouée de coups et elle en payait le prix. Elle resta agenouillée sur le sol de longues minutes entrecoupées par des sanglots incessants. Elle était seule. Plus que la solitude elle-même.

Elle leva sa tête et admira le ciel. Les étoiles étaient si lumineuses, ce jour-ci. Elle voyait la lumière qui se dégageait des boules de feu qui paraissaient danser dans cet océan d'ombre.

Gaia fut surprise par des pas qui couraient dans sa direction. Un jeune garçon arriva à ses côtés et s'accroupit auprès d'elle.

-Mademoiselle ? Est-ce que tout va bien ?

Elle ne se retourna pas et se contenta de répondra en se relevant et en ravalant les restes de larmes qui s'étaient formées au creux de ses yeux :

-Tout va pour le mieux, j'ai simplement trébuché.

-Tu n'as pas trébuché, dit le jeune homme d'un ton neutre. Je t'observe depuis dix minutes, pensant que tu aurais sans doute besoin de mon aide.

Gaia se retourna pour faire face à celui qui tenait à l'aider. Son visage était recouvert par l'ombre d'un saule. Une chose était sûre ; sa taille était plutôt grande.

-Et je crois que je ne me suis pas trompé.

En même temps qu'il eut dit ces paroles, la noirceur s'estompa de son visage et la jeune fille découvrit sa silhouette qu'elle pouvait à présent identifier.

-Je ne peux pas te laisser là, Gaia.

-Hux, cracha-t-elle en bouillonnant à l'intérieur. C'est vous.

Elle plaça une main sur son sabre laser qui n'était visiblement pas à sa place.

-Oh, c'est peut-être ça que tu cherches ? fit-il en brandissant le fameux sabre avec le même visage diabolique.

-Comment...

Il la coupa par un ricanement.

-Ne fais confiance à personne qui te propose son aide. Et surtout pas à moi. 

-Qu'est-ce que tu veux ?

-Simplement que tu me suives, Gaia.

-Je ne le ferai pas.

Il s'approcha de Gaia pour n'avoir son visage plus qu'à quelques centimètres du sien. Il prit le menton de la jeune fille entre ses mains gantées de noir.

-Une si jolie jeune fille ne devrait pas refuser les avances de quelqu'un comme moi, tu ne crois pas, Gaia ? Tu devrais m'écouter parce que je sens que tu as quelque chose derrière la tête.

Elle se dégagea et repoussa Hux d'une violente façon, et lui heurta le visage du dos de sa main. Un rire diabolique sortit d'entre les lèvres du garçon qui se tenait la joue.

-Tu n'aurais jamais dû faire ça, ma belle.

Il s'approcha d'elle et plaça son blaster sur sa tempe avant de lui hurler au visage en changeant totalement d'air et en saisissant son visage :

-Si tu ne me suis pas et si tu recommences, Ben Solo et tous ses chiens fidèles mourront dans d'atroces souffrances ! Et tu seras la dernière à crever après les avoir tous vus périr !

-Vous ne le ferez pas, le défia-t-elle sans ciller.

-Ah oui ? Tu prendrais ce risque ?

-Vous ne le ferez pas, répéta-t-elle avec conviction.

-Vous, les Padawan, les Jedi, vous vous prenez pour les héros mais vous n'êtes rien. J'ai un blaster dans la main et mon doigt est sur la gâchette. Ta seule réaction c'est de me répondre que je ne vais pas te tuer. Et tu sais pourquoi tu as dit ça ?

Un silence s'installa jusqu'à ce qu'il réponde lui-même à sa question en portant ses lèvres à l'oreille de Gaia.

-Parce que tu es faible. Faible d'esprit.

Elle ne dit rien.

-Tu sais très bien que je suis capable de t'exterminer. Je me ferai une joie de commencer par Ben Solo, tu sais, ton ami. 

Il avait dit ces derniers mots avec un mépris infini.

-Si tu touches à un seul de ses cheveux, je te promets de rendre ta vie impitoyable.

-Sois mignonne, suis-moi ou assiste aux morts de tes petits camarades.

Hux plaça son blaster dans le dos de la jeune Padawan avant de lui cracher :

-Avance, maintenant, et sans broncher. Ma menace tient toujours.

Et elle exécuta. 

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