X.
Minuit allait sonner et les satellites de Naboo étaient au sommet de leur règne. Gaia était toujours plantée dans son fauteuil, à attendre patiemment que le temps passe, le menton entre ses deux minuscules mains. L'heure étant venue, elle se décida à s'en aller sans émettre le moindre bruit. Elle serait revenue le lendemain à sept heures et personne ne se sera rendu compte de son absence.
Gaia sortit de la pièce avec son sabre laser rangé dans son étui, juste à côté d'elle. Elle traversa le couloir avec pour seule lumière les étoiles du ciel. La jeune Padawan avança sur la pointe des pieds et choisit de prendre l'escalier sinueux qui parcourait l'auberge. Elle tenta d'y aller au plus vite, voyant que l'heure fatidique allait bientôt sonner. Lorsqu'elle fut arrivée en bas, elle remarqua que Gudrun était à son poste, à l'accueil et qu'il ronflait de plus belle, affalé sur son comptoir. Elle sortit, vérifiant avec précaution que personne ne la suivait ou ne la surveillait. Puis elle commença à courir en direction du marché.
Le trajet de nuit était terrifiant et chaque petit bruit que Gaia entendait la faisait sursauter et presque mourir de peur. Elle ne rencontra personne, pas même un vaisseau sur la route habituellement bondée et assommée par les vaisseaux de tous les types, de toutes les tailles. Elle était presque arrivée au cœur de Theed, à l'endroit du rendez-vous, lorsqu'une voix sortit des ténèbres :
-Eh !
Un homme jaillit de l'ombre, sa silhouette émanant d'une étroite ruelle. Gaia eut vite reconnu Markov, le fameux marchand de rêves.
-Jeune fille ? chuchota-t-il entre ses lèvres.
Elle hocha la tête et il la poussa dans le dos, la dirigeant vers la même ruelle d'où il était venu.
-Suis-moi, commença-t-il, je vais te montrer quelque chose.
Elle exécuta, sans un mot sortant de sa bouche. Elle avait sa main toujours agrippée à son sabre à trois lames, qu'elle saurait utiliser avec prudence.
Il poussa la porte d'une petite maison en terre, éclairée par le faisceau qui émanait des étoiles. Il entra, suivi de Gaia, qui était toujours sur ses gardes. La pièce dans laquelle elle était entrée était décorée de toutes sortes de babioles inutiles. Dans un coin, il y avait un crane sur lequel fondait une bougie, dans l'autre, une étagère où reposaient des bocaux et des fioles, remplis par toutes sortes de choses. Elle prit l'une des fioles qui contenait une pâte visqueuse et grisâtre.
-Ne touche surtout pas à ça ! Tu veux faire exploser Theed ? l'avertit-il en lui arrachant le récipient des mains, mais tout de même avec précaution.
-Qu'est-ce que c'est ? finit-elle par demander.
-Des extraits de Germinosa Dopamia, une fleur toxique qui ne pousse pas ici. J'ai dû me rendre jusqu'à Chandrila pour en trouver ! Si tu la mélanges à la chlorure de Baryum, elle peut faire exploser une planète entière et seule, bien une ville.
Il reposa avec délicatesse la plante en bouillie sur l'étagère en bois.
-Qu'est-ce que vous faites, exactement ? osa-t-elle.
-Au lieu de t'expliquer avec des termes incompréhensibles pour toi, je vais te montrer.
-Pourquoi moi ?
-J'ai vu en toi une force que j'avais crue impossible. Et je sais que ce que je vais t'apporter va t'aider.
Elle acquiesça et lui faisait une confiance aveugle. Il se dirigea vers une table aux abords de laquelle étaient placées deux chaises en bois qui avaient l'air d'avoir beaucoup servi. Elle s'assit sur ces reliques et Markov éteignit toutes les bougies, excepté une seule qui trônait entre eux. Seul le visage du marchand était éclairé par la faible lueur de la bougie.
-Donne-moi ta main, jeune fille, fit-il en tendant la sienne, visiblement abîmée par l'âge.
Elle hésita à la lui tendre et commença par se raviser.
-N'aies pas peur, je ne vais pas te faire de mal.
-C'est ce que dirait n'importe qui.
Elle le regarda dans les yeux et continua :
-Je vous fais confiance.
Gaia regardait l'homme dans ses yeux sombres. Elle pouvait ressentir que ce n'était pas un mensonge, que cet homme voulait simplement lui montrer ce qu'était son pouvoir, lui venir en aide, même. La jeune fille tendit à nouveau sa main vers Markov qui la prit dans les siennes. Gaia leva son regard dans la direction du marchand. Ses yeux avaient viré au bleu clair et scintillaient comme si des millions d'étoiles s'étaient loties dans l'ébène de ses yeux. D'un coup, Gaia crut s'évanouir et ne vit que du noir pendant quelques secondes. Ses paupières étaient closes et elle se sentait migrer loin de la maison de Markov.
Elle rouvrit ses yeux endoloris et se trouvait au milieu d'un champ de fleurs, en pleine journée. Ce champ de fleurs, elle le connaissait. Au loin, la cheminée d'une petite maison émettait de la fumée blanche qui s'envolait dans les airs. Elle entendait des rires qui venaient vers elle, de plus en plus près jusqu'à ce qu'elle vit deux enfants qui se couraient après. Elle n'eut pas le temps de voir leurs visages tirés qu'elle commençait à se diriger vers la maisonnette. Il y avait une colline d'où s'échappait une odeur de gazon et les fleurs devant la maison dégageait un parfum que Gaia s'enquit d'humer avec un grand sourire.
La jeune fille poussa la porte et découvrit la pièce principale ensanglantée. Elle commença à haleter, paniquer et gesticuler. Cette vision et l'odeur métallique du sang la firent presque et s'évanouir et elle crut que bientôt, elle serait morte aussi. Il faisait désormais nuit et la jeune fille courut vers l'extérieur où elle trouva un corps en sang, gisant au sol. Elle s'agenouilla en pleurs pour voir le visage de la victime. Le petit garçon n'était autre que son frère, qu'elle avait perdu de la même manière que toute sa famille : il s'était fait assassiner par une organisation qu'elle n'avait pas su identifier. Tout s'était déroulé si vite...
Gaia dirigea son regard vers le ciel pour voir les fumées rougeâtres, elle baissa les yeux pour les poser sur ses mains endolories. Elles étaient écarlate et une chaleur atroce entra dans celles-ci. La jeune Padawan se mit à crier, le visage entre les mains, sanglotant infiniment. Et elle n'entendait rien d'autre que les résonnements de ses propres hurlements.
-Regarde-moi !
Elle rouvrit les yeux et le visage de Markov apparut dans sa vision.
-Qu'est-ce que vous m'avez fait ? Plus jamais je ne veux voir ça ! Le vivre m'a déjà suffit !
-Je ne voulais pas ! Je fouillais tes souvenirs heureux mais je ne savais pas que tout se finirait comme cela ! Je suis tellement navré, Gaia.
Elle se leva violemment de sa chaise.
-Comment est-ce que vous connaissez mon nom ? Qui êtes vous ?
Elle pleurait sans arrêt. Des images horribles passaient en boucle dans sa tête, des souvenirs meurtris et des sourires de cendre. Elle contempla ses mains qui n'avaient pas une seule goutte de sang entre leurs pores. Gaia repensa à la maison, à l'odeur des roses et des chrysanthèmes, à la chaleur qu'elle avait ressentie et au son du vent à travers les collines vertes.
Puis elle s'arrêta de pleurer. Son regard était vide. Elle songea un instant à la possibilité de démasquer celui qui avait assassiné sa famille. Gaia ne quittait pas le sol des yeux jusqu'à ce que ses paroles tranchent le silence glacial.
-Il faut que j'y retournes, commença-t-elle, toujours vide, il faut que je sache qui a tué ma famille.
La jeune Padawan regarda Markov.
-Il faut que je sache quel monstre a pu commettre un tel acte.
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