VII.

Gaia fut surprise de cette révélation. Elle n'avait aucune idée de ce qu'était sa profession, ou plutôt son ancienne profession.

-Vous êtes marchand de rêves ? s'enquit-elle de demander en fronçant les sourcils. En quoi est-ce que cela consiste ?

-Gaia, partons, l'interpella Ben en posant sa main sur son épaule. Cet homme ne doit pas nous ralentir.

-Ben, fit-elle en repoussant violemment sa main, je suis assez grande pour pouvoir décider de mes propres choix moi-même. Si j'ai envie de savoir ce que cet homme fait ou prétend faire, je le fais.

-Sois raisonnable, intervint Luke, il faut partir d'ici.

Gaia se retourna vers Markov, toujours dans la même position que tout à l'heure, les bras croisés dans le dos. Il était géant, cet homme. Ses cheveux noirs étaient tissés et arrivaient au ras de ses épaules, ce qui allongeait encore davantage sa silhouette. Ses yeux étaient aussi ébène que sa peau sombre, ce qui lui donnait un air dominant et particulièrement imposant. Il ne devait avoir pas loin de cinquante ans et arborait toujours cette mine stoïque.

Luke et Ben commençaient à se disperser dans la foule sous l'œil furieux de Gaia qui peinait à se maîtriser.

-Rendez-vous ce soir, à minuit au même endroit, finit-elle par dire à Markov avant de s'évanouir dans la nuée de monde.

Elle rattrapa rapidement les deux hommes qui ne firent pas attention à sa présence. Ben croisa son regard sombre et continua de marcher à côté d'elle, silencieux. Elle osa le regarder mais il était toujours là, les bagages dans les mains, avec son air presque royal dans ses vêtements noirs et sous sa capuche tout aussi sombre. Malgré son calme et sa droitesse, elle remarqua qu'il était heureux, que derrière ce visage se cachait une excitation qu'il dissimulait avec brio.

Dès qu'ils furent arrivés devant une taverne décorée par une enseigne où il était inscrit : "Repaire Royal", Luke fit signe à ses deux Padawan de le suivre, tandis qu'il rentrait dans cet endroit qui était plutôt agréable et niché dans la végétation des abords de Theed.

-C'est ici que nous allons résider pendant la mission. Je connais celui qui dirige cet endroit, ne vous en faites pas, c'est un Gungan ma foi sympathique. Nous pouvons lui faire confiance et enlever nos capuches.

Ils acquiescèrent et puis se regardèrent. L'endroit était plutôt chaleureux : des gens de toutes espèces accompagnés par leurs droïdes jouaient aux cartes près des baies vitrées qui filtraient la lumière blanche du jour.

-Je n'ai jamais vu de Gungan de ma vie, avoua Gaia, à part dans les livres, je n'en ai jamais rencontré.

-Je vais te dire quelque chose, dit Ben en se penchant vers elle, le regard toujours tourné vers Luke, je n'en ai jamais vu non plus.

Elle sourit et ils furent vite interpellés par une grosse voix qui ricanait venant de derrière le comptoir. Une grosse silhouette trônait en face d'eux, accoudée sur un carnet, un crayon entre les lèvres baveuses.

-Ce cher Skywalker ! fit la grosse bête. Ça fait un bout de temps que j'ai plus eu de tes nouvelles mon vieux ! Comment tu te portes ?

-Et bien, mon cher Gudrun, répliqua le maître Jedi, je vais plutôt bien. Un peu rouillé mais je fonctionne toujours !

-Luke, c'est ton neveu ? demanda le Gungan en pointant son crayon mouillé dans la direction de Ben. Il est moins en chair que toi, à ce que je vois !

Il se mit à éclater de rire pendant que Ben et Gaia se regardèrent. Ben chuchota à Gaia avec la mine presque gênée.

-C'est super gênant, je sais même pas qui est ce type.

Elle se retint de rire pour se moquer gentiment de Ben.

-Je trouve pas ça vraiment très drôle, poursuivit-il avec la même gêne pendue au visage.

Cette fois, elle rit de plus belle puis Ben fit de même, se moquant de lui-même. Luke les invita à venir vers lui, pour faire connaissance avec leur hôte.

-Enchanté, je suis Gudrun, je dirige le Repaire Royal. On dirait que le mot "royal" a été inventé pour vous désigner, mademoiselle.

Gaia se mit à rire suite à ce compliment fort flatteur. Il tendit une main verdâtre et gluante vers eux. Par politesse, ils lui serrèrent la main qu'ils essuyèrent ensuite directement sur leur tunique.

-Vous voulez être des Jedi, pas vrai ? demanda-t-il avec un sourire sans dents.

-On ne l'a pas choisi, mais oui, nous serons certainement chevaliers Jedis, répondit Gaia, si Maître Luke nous juge aptes à l'être.

-J'ai connu ton grand-père, Ben. C'était un grand homme avant qu'il ne devienne...

-Ne pensez-vous pas que nous devrions déposer nos bagages dans nos chambres ? le coupa le fils d'Han Solo. Vous pourriez nous les montrer, Gudrun ?

-Bien sûr, acquiesça-t-il, quelque peu surpris par la réaction du neveu de son ami.

Il s'absenta du comptoir et commanda à un humain de prendre sa place, au cas où d'autres clients viendraient durant son absence. Il grommela quelque chose d'incompréhensible et s'arrêta devant une cage d'ascenseur pour appuyer sur un bouton.

-Je vous ai pris les trois meilleures chambres, au dernier étage de la petite bâtisse, se vanta le Gungan. Une vue imprenable sur le lac Solleu et sa fameuse rivière.

Le vieil ascenseur fut arrivé au rez-de-chaussée et ne pouvait accueillir que trois personnes. Mais Gudrun prenait la place de deux humains et demi. 

-Je vais monter avec ton oncle, Ben. Vous m'attendrez pas parce que c'est hors de question que je redescende à nouveau pour vous mâchouiller le travail en appuyant sur le bouton de l'ascenseur. J'imagine que vous savez les utiliser et appuyer sur un bouton, avec votre truc là, la Force.

Ils disparurent dans la mince cabine qui commençait à s'élever dans les airs. A la seconde où les portes de l'ascenseur se fermèrent, ils rirent à en pleurer.

-C'est qui ce type ? demanda Gaia en riant aux éclats.

-Je croyais que mon oncle avait des meilleures fréquentations, fit-il, ne riant pas moins.

-"Avec votre truc là, la force", firent-ils en chœur, presque en tombant à terre.

Ils avaient tellement mal au ventre à force de rire, qu'ils croyaient bientôt vomir. Ils se calmèrent et l'ascenseur fut là. Ils montèrent toujours en souriant, des restes de rires sortant de leurs poumons en feu. Une fois à l'intérieur, Ben pressa le bouton "7", qui était le dernier étage. Ben regarda Gaia qui se mordait le pouce pour se retenir de rire.

-Je ne sais même pas pourquoi je ris, pourquoi je suis heureuse à ce point alors que c'est une mission où je risque ma mort. Où nous risquons tous les deux notre mort.

Elle avait prononcé ces dernières paroles en jetant un regard vers Ben qui souriait toujours en la voyant.

-C'est mal de se moquer, commença-t-elle, faisons comme si ce n'était pas arrivé et oublions tout ça.

-Mais je n'ai aucune envie d'oublier, Gaia.

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