IX.
Gaia et Ben furent alertés par un bruit fracassant. Ils sortirent chacun de leur chambre en courant et constatèrent que la porte-fenêtre s'était ouverte. Ce vacarme n'était qu'un mirage.
-Tu ne t'imagines pas comme j'ai eu peur ! fit Gaia, en panique.
-Ce n'était rien, apparemment.
Ben entra à nouveau dans sa chambre et continua de déballer ses affaires. Gaia, quant à elle, sortit sur le balcon où donnait la fameuse porte vitrée. Elle eut un hoquet de stupeur lorsqu'elle vit la vue imprenable de l'endroit. Un lac gigantesque s'étendait à perte de vue et à ses abords, il y avait une végétation luxuriante qui suggérait une faune et une flore variées. Le ciel presque crépusculaire commençait à devenir rose, au loin, à cause du coucher d'étoile à l'horizon.
Elle était à l'aube de l'admiration, et au détriment de ses pensées sombres, elle s'octroya une parcelle de bonheur dans cet océan noir. Parce que les plus belles choses méritent d'être vécues, parce qu'elles sont l'essence de la liberté et de la joie.
Ben finit par sortir de sa chambre et sortit rejoindre Gaia, toujours émerveillée par le spectacle auquel elle assistait. Elle s'était accoudée à la rambarde, scrutant la lumière qui commençait à s'en aller, au loin.
-Qu'est-ce que tu fais ? Se risqua-t-il à demander.
-J'admire le ciel, répondit-elle sans bouger.
-Le ciel...
Le vent jouait entre ses mèches brunes légèrement bouclées, comme s'il avait été une entité à part entière. Son visage était éclairé par une lumière faible et puissamment orange qui transformait son regard en un tableau rempli de couleurs nuancées plus merveilleuses les unes que les autres. Ben l'admirait comme elle admirait la couleur du ciel. Mais il tourna rapidement son regard, constatant ce qu'il était en train de faire.
-Pourquoi est-ce que tu admires le ciel, Gaia ?
-Tu vois l'horizon ? Lui demanda-t-elle.
-Je le vois.
-Ce que je vais te dire va te sembler terriblement bateau, rit-elle. Mais chaque horizon que je regarde me fait penser que quelqu'un va venir pour me dire que tout est fini, que mes parents sont revenus d'entre les morts, que je pourrais enfin rentrer à la maison. Je sens encore, dans ce ciel infini, l'odeur des fleurs qui ornaient notre maison, le son des rires de mon petit frère et la douceur des yeux bleus de ma mère. Et c'est après que je me rends compte que l'on atteint jamais l'horizon.
Il se tut et ne pensa plus à rien pendant un moment. Mais comment pouvait-il ne songer à rien ? Il réfléchit à ce qu'elle avait enduré, à toute la douleur qu'elle avait accumulée et il savait désormais la raison pour laquelle elle avait ces insomnies. C'étaient ses pensées troubles qui la maintenaient sans repos, espérant qu'elle trouverait enfin la paix avec son esprit. Ben finit par avouer :
-Tu sais, on a tous quelque chose que l'on garde enfoui au fond de nous, quelque chose que nous mêmes n'osons pas avouer.
-Peut-être bien, Ben, répondit-elle en détachant ses yeux du ciel pour les poser sur Ben. Peut-être bien.
Elle avait vécu plus de choses que n'importe quel ancêtre. Ses parents étaient morts, et son frère l'était aussi. Elle était une âme blessée qui errait dans ce monde oppressant pour les esprits les plus meurtris.
-Je suis désolée que tu aies dû endurer tout cela, poursuivit-il en regardant lui aussi l'horizon. J'admire énormément ta sagesse et ton courage. Tu sais, je pense que tu es un exemple pour bon nombre d'entre nous, à l'Académie.
-Il faut relativiser, Ben. Si aujourd'hui fut un jour douloureux, demain ne peut qu'être meilleur.
Ils entendirent quelqu'un frapper à la porte trois coups distincts. Ben alla ouvrir tandis que Gaia le suivait sur ses talons. Il ouvrit la lourde porte et découvrit Luke dans l'embrasure de celle-ci.
-Il faut que je vous fasse part de beaucoup de détails concernant notre mission, et il ne faut pas perdre une seule minute. Vous avez déjà déballé vos affaires ?
-Absolument ! s'exclama Gaia du fond de la pièce, accourant déjà vers la porte.
-Bien ! Asseyez-vous dans ces fauteuils, fit-il en indiquant trois sièges disposés autour d'une table de la suite.
Ils s'assirent tous les trois et Luke prit la parole :
-Comme je vous l'ai dit, un jeune homme est suspecté d'avoir des liens avec des ex-partisans de l'Empire. Il a déjà été arrêté mais n'a jamais été emprisonné du fait de son jeune âge. Il a rejoint une force obscure dont nous ne savons rien.
-Une force obscure ? s'étonna Ben.
-En effet, il aurait un allié, une force qu'aucun d'entre nous n'arrive à identifier et déchiffrer. Nous ne savons pas si c'est un être physique ou une entité psychique.
Le Maître Jedi sortit quelque chose de sa poche et le posa sur la table, faisant un bruit sourd avec son poing. C'était une photo en noir et blanc d'assez mauvaise qualité, un portrait.
-Voici celui qu'on appelle Armitage Hux, un jeune humain de type masculin, aux cheveux roux, un mètre quatre-vingt, seize ans environ, aux yeux bleus.
Hux regardait fixement l'objectif. Ben crut que le jeune garçon allait sortir de la photo et avait un regard noir. Ses yeux perfides et cruels étaient si clairs qu'ils paraissaient d'une blancheur criarde. Son regard était perçant malgré la photographie floue et on distinguait sa peau blanche cadavérique.
-La Nouvelle République le surveille depuis qu'il a perdu son père, il y a maintenant trois années. Il est livré à lui-même depuis cet incident.
-Comment est-ce que son père est mort ? fit Ben, pris de curiosité.
-Il s'est fait assassiner par son autre fils qu'Armitage a sauvagement égorgé, répondit-il immédiatement en regardant Ben. Ce jeune homme était quelqu'un de très proche de son père.
Ils restèrent silencieux, contemplant avec stupeur le portrait cruel du jeune criminel.
-Je vais désormais me retirer, s'exclama Luke en se levant, vous devez être épuisés après cette longue journée. Je vous retrouve demain matin, à sept heures tapantes dans le hall d'entrée de l'auberge.
Puis il sortit comme il était entré, aussi rapide qu'une flèche traversant les airs. Ben et Gaia se regardèrent, songeant à ce jeune garçon qui était devenu un partisan du côté obscur alors qu'il avait leur âge. Cet acte ignoble les attrista plus qu'il ne les dégoûtais.
-Bonne nuit, Gaia, la salua Ben en se dirigeant vers sa chambre. Je crois que je vais enfin réussir à trouver le sommeil.
Il lui sourit en disant cette phrase finale.
Ben ne tourna pas les talons, laissant derrière lui la jeune fille qui n'allait pas dormir de la nuit. Elle attendrait minuit, elle irait sur le grand marché qui serait mort à minuit, découvrant enfin ce que ce cher Markov a à lui montrer.
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