Le reste de l'après-midi fut un temps plein d'émotions, de la tristesse à la joie en passant par les regrets et les souhaits perdus dans leurs cœurs meurtris. Malika et Damien étaient désormais dans la chambre de Camilla qui avait été intacte depuis son départ. Shella se contentait de faire le ménage sans rien déplacer car Camilla n'aurait jamais accepté que l'on change l'emplacement de ses meubles.

Le souvenir encore frais de son départ laissait un parfum d'impuissance mêlé à celui du sang et du sien, la rose. Sur ce lit qu'elle avait tant affectionné, ce lit dans lequel sa jumelle et lui avaient pour habitude de s'amuser, Damien était assis là les mains sur la tête. Il se remémorait les jours joyeux passés avec sa grande sœur et le début du calvaire.

Malika balayais du regard l'immense chambre surplombée d'une magnifique bibliothèque noire avec des livres anciens un peu poussiéreux. Dans un coin de celle-ci se trouvait de lettres rédigées sur du papier froissé parfumé aux allures moyenâgeuses. Elles étaient nouées par un ruban violent qui avait durci avec le temps.

Camilla était une romantique dans l'âme, une rêveuse qui savait voyager entre l'époque moyenâgeuse et le temps présent. Chacun de ses gestes étaient remplis d'amour et de douceur, elle qui voyait le Bon en chaque personne même ces abrutis au lycée qui brutalisaient les autres.

En regardant une photo de Camilla prise durant un été où elle riait aux éclats Malika murmura :

– Elle était si belle, si joyeuse et pleine de vie.

Damien qui l'avait écouté répondit :

– Oh oui elle l'était, son rire était contagieux tant il produisait une mélodie entraînante. J'étais tellement fière d'avoir une jumelle et grande sœur comme elle.

– Ça ne fait aucun doute et je suis sûre qu'elle aussi ressentait la même chose en te voyant, le réconforta Malika.

Ils continuèrent de contempler la chambre de Camilla encore quelques minutes avant que Malika ne proposa d'aller lui rendre visite.

– Damien, j'ai envie de lui parler là maintenant est-ce qu'on peut y aller s'il te plaît ?

– Si tu le demandes alors nous irons la voir, je suis sûr que les parents voudront aussi venir.

Ils sortirent de la chambre de Camilla à l'étage et se rendirent dans le salon où se trouvaient Shella et Frank. Assis sur un canapé, une tasse de café fumante entre les mains Shella interrogea son fils du regard.

– Elle aimerait aller lui rendre visite, expliqua-t-il la dernière fois que nous y sommes allés c'était...

– Le jour où je lui ai dédié ma victoire après un combat, je me devais de le faire pour mon retour sur le ring.

Les deux quadragénaires firent les grands yeux, ils ne s'attendaient certainement pas à ça. Frank posa le bouquin qu'il tenait en même temps que sa femme laissa sa tasse de café. Ils se regardèrent longuement avant d'acquiescer.

– Laisser moi le temps de prendre un chandail et une veste pour Frank puis nous irons.

Shella se leva pour aller prendre les vêtements et revint aussitôt de la chambre.

– C'est bon nous pouvons y aller.

Pendant le trajet personne ne parlait, même lorsqu'ils s'arrêtèrent chez le fleuriste acheter des tulipes blanches on évita de mentionner qu'elle en prenait toujours pour les mettre dans sa chambre et dans le salon.

Malika ne cessait de regarder Damien qui semblait ailleurs, la jeune femme posa sa main sur la sienne et la serra chaleureusement. Venir au cimetière avec elle était une chose et venir avec ses parents était une autre. Les voir de nouveau pleurer leur fille et lire l'impuissance dans leurs regards était insupportable pour lui.

Ils arrivèrent au cimetière et descendirent du véhicule Frank ouvrant la marche. Le petit groupe avançait dans les allés caillouteuses, dépassant de nombreuses pierres tombales.

Lorsqu'ils atteignirent enfin la tombe de Camilla personne ne bougea, le vent vint caresser leurs visages avec douceur comme un accueil d'une personne qui se languissait de ses êtres tant aimés.

Malika brisa le silence en s'avançant déposer son bouquet de fleurs sur la tombe.

– Coucou ma Camilla, j'espère que tu te portes bien de là où tu te trouves ? Regarde avec qui je suis venue aujourd'hui, sourit-elle en regardant les parents de la défunte.

Frank avança à son tour et fit comme Malika avant de s'adresser à sa fille.

– Bonsoir ma princesse, tu manques énormément à papa le sais-tu ? Mais je suis soulagé de savoir que là-bas tu ne souffres plus. Je t'aime ma fille.

Il recula au niveau de Damien et ce fut à Shella de parler.

– Mon bébé, ma douce et tendre enfant est-ce que tu nous vois n'est-ce pas ? Tu sais à quel point ta présence à nos côtés nous manque hein ma chérie ? Camilla maman t'aime tellement, fit-elle en hoquetant et tu sais quoi ? Val m'a envoyé une invitation pour ses fiançailles elle aurait tellement aimé que tu sois là...

Shella ne pu terminer sa phrase et alla se jeter dans les bras de son époux. Elle versa des larmes silencieuses et Damien voyant sa mère pleurer se rapprocha de la dernière demeure de sa jumelle.

– Tu sais j'aurais aimé que tu sois là pour éviter de voir maman pleurer. Elle le fait depuis trop longtemps et papa qui essaie de ne pas sombrer malgré la douleur qu'il ressent au fond de lui, il... Il s'efforce à être fort pour nous, tu nous manque tellement, tu me manques trop et c'est presqu' invivable.

Alors qu'il parlait Malika le serra contre elle, se retenant de pleurer. On ne peut réellement comprendre la douleur de perdre un être cher sans avoir réellement vécu la chose.

– Regarde comment c'est compliqué depuis ton départ, on essaie de se reconstruire même si c'est compliqué... je te promets de prendre soin de nos parents mais aussi de Malika parce que je ne comprends que maintenant à quel point elle comptait pour toi, conclut ce dernier en resserrant l'étreinte de Malika.

– Aujourd'hui Camilla, je voulais te voir pour te remercier. Merci de m'avoir parlé ce jour-là, merci d'avoir vue en moi le meilleur que je ne voyais pas, merci d'avoir été mon amie et la grande sœur que je n'aurais jamais. Merci d'avoir écrit toutes ces belles choses sur moi dans ton journal sauf que je ne suis pas grognon du tout ! Et enfin merci de m'avoir donné Damien il est si spécial pour moi ma vie sans lui n'aurait pas la même saveur et merci pour tes parents géniaux à plus l'infini.

Lorsqu'elle termina de parler Malika parti dans un fou rire incontrôlable, un rire amer et douloureux, plein de reconnaissance mais aussi de regrets et d'impuissance tant ça aurait pu être elle à la place de Camilla les nombreuses fois où elle avait essayé.

Ils passèrent encore quelques instant là, les uns à côté des autres, réuni en ce lieu par une unique personne qui avait été arraché à leur amour. Au moment de partir Malika suggéra aux parents de ses amis et à Damien d'avancer car elle avait encore quelqu'un à saluer.

– Vous pouvez avancer sans moi, je vous retrouverai à la sortie  il faut juste que j'aille dire bonjour à quelqu'un qui n'en a pas reçu depuis longtemps.

Ils acquiescèrent et commencèrent à s'en aller à l'extérieur du cimetière tandis que Malika avança nouveau dans les allées, seule. Il était presque dix-huit heures et le soleil se couchait laissant place à quelques étoiles déjà présentes sur le ciel encore clair.

Elle atteignit les tombes de ses grands parents et s'assit même le sol sur le gazon, posant sa main sur la pierre elle s'adressa à eux :

– Salut les amoureux, vous ne me faites pas des p'tits oncles ou des p'tites tantes là-bas j'espère ? Non je crois pas, euh à part ça est-ce que vous allez bien ? Moi vous savez déjà que je survie, j'essaie d'être heureuse avec et pour les gens qui m'aiment. Vous me manquez beaucoup surtout toi pépé, désolée mamie mais il était mon monde. Bon les vieux je vais y aller hein, je suis attendu par des amis, je vous raconterai prochainement bisous. Je vous aime très fort.

Quand elle eu fini de parler Malika se leva puis épousseta son pantalon avant de s'en aller retrouver la famille qui l'attendait dans la voiture. Le vent se souleva agitant ses cheveux dans tous les sens ainsi que les feuillages des quelques arbres autour. Il n'y avait plus aucun rayon de soleil alors que les étoiles emplissaient le ciel comme une couronne pleine de pierres précieuses étincelantes. Un croissant de Lune était aussi visible comme pressé de succéder à son copain qui avait fait le beau toute la journée.

Malika arriva au véhicule et s'engouffra derrière à côté de Damien. Frank démarra sans poser de questions et roula jusqu'à leur domicile. Une fois arrivés ils quittèrent l'habitacle et regagnèrent la maison, il était aussi temps pour Malika de rentrer chez elle.

Après une dernière accolade, des mots chaleureux et un cadeau de la part de Frank et Shella, la jeune femme s'en alla avec son ami. Un sourire mi triste mi joyeux ornait son visage.

– Repasse nous voir quand tu veux Malika tu seras-tu toujours la bienvenue chez nous, avaient-ils dit.

Le trajet du retour se fit en silence, pas un silence gênant mais plutôt agréable. Aucun des deux ne voulait percer cette bulle de douceur mais alors qu'ils étaient sur le point d'arriver le téléphone de Malika vibra. Le nom qui s'affichait sur l'écran arracha un joli sourire à la jeune femme ce qui n'échappait à son ami.

– Qui est-ce, questionna ce dernier le yeux fixé sur la route.

– C'est Andrew, répondit-elle il veut qu'on se voit.

Il arqua un sourcil avant de contracter ses muscles et desserra légèrement sa prise du volant et dit d'un ton légèrement surpris :

– Vous êtes de nouveau ensemble, euh vous vous êtes réconciliés ?

– Oui c'est tout récent et je crois qu'il veut me voir pour qu'on discute.

La phrase de son amie ne fit que le rendre un peu plus inquiet.

– Comment ça discuter, l'interrogea ce dernier.

Elle soupira et dit nonchalamment :

– C'est compliqué à comprendre, même pour moi.

Damien mima un ok avant de laisser son amie un arrêt avant d'arriver chez elle et s'en alla. Une dizaine de minutes s'écoula avant qu'Andrew ne pointa le bout de son nez. La jeune femme monta dans son véhicule et il roula sans direction précise sans lui adresser un mot.

– Où va-t-on Andrew ? Qu'est-ce qu'il y a, pourquoi t'es autant silencieux ?

– Nous allons à la maison de tes grands-parents, là-bas personne ne pourra nous déranger.

Il roula de nouveau silencieusement jusqu'à la demeure des Hamaraj, les deux jeunes gens entrèrent dans la maison et Malika ferma derrière eux.

– Dans la chambre, suis-moi s'il te plaît Malika. Je ne comprends pas pourquoi tu y es allé, pourquoi tu étais chez lui ?

– Andrew ne me dit pas que tu es jaloux si ? Parce que moi je t'empêche de traîner avec tes amis ? Je ne crois pas non et toi tu es très mal placé pour me faire la morale encore moins une crise de jalousie et je ne suis vraiment pas d'humeur à t'écouter me chauffer les oreilles.

– Malika je...

– Franchement Andrew la ferme ! Si tu pensais ne serait-ce qu'un petit peu à moi depuis le début de cette putain de relation tu aurais compris qui est Damien pour moi, tu saurais un minimum sur ma vie, sur ces derniers mois où tu m'as ghosté comme une moins que rien. D'ailleurs si c'est ce que t'appelle être en couple je préfère plutôt être seule tu vois, je n'ai pas besoin de quelqu'un ou plutôt d'un fantôme qui ne me crois pas, se fiche littéralement de moi, qui ne pense qu'à son p'tit cul et n'est même pas fichu de correctement s'excuser. Je n'ai aucun compte à te rendre à ce stade vois-tu ? J'ai accepté de te donner une seconde chance mais je n'ai nullement oublié, cria Malika sous l'effet de la colère.

– Je... tenta-t-il vainement de se justifier.

– Tu rien du tout McLaren ! Tais-toi ok, tu ne m'aurais certainement JAMAIS connu si la sa jumelle ne serait pas rentrée dans ma vie, si elle ne m'avait pas aimé et pousser à devenir la meilleure version de moi-même. Tu ignores tellement de moi et si aujourd'hui tu aurais juste essayé de comprendre, tu aurais su qu'aujourd'hui j'ai rencontré pour la première fois les parents de ce qui m'ont sauvé la vie, tu aurais compris dès l'instant où je suis montée dans ta putain de voiture que quelque chose clochait,  que j'allais putain de mal après mon retour du cimetière où elle est enterrée, où sont enterrées les personnes que j'aime le plus dans ce monde. Tu aurais compris que Damien et moi souffrons du suicide de sa jumelle, fini Malika dans un sanglot.

Elle s'adossa contre le mur de sa chambre avant de glisser et s'asseoir sur le sol, pleurant comme si plus rien ne comptait. Malika s'était retenue de craquer devant Damien et ses parents qui souffraient déjà assez pour en rajouter une couche. Tandis qu'elle questionnait l'univers sur les raisons de tout ses malheurs Andrew s'approcha et la serra contre lui.

– Désolé d'être un putain d'égoïste, murmura-t-il en posant son menton sur la tête de Malika.

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Coucou tout le monde !

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À très vite pour le prochain !