Chapitre 37 :

Malika se réveilla de bonne heure, fit sa toilette et descendit prendre un petit-déjeuner consistant pour démarrer cette journée en beauté. Elle quitta la maison un peu plus tôt que d'habitude et prit le premier bus qui transportait généralement les travailleurs. Elle alla s'asseoir tout au fond du véhicule et mit ses écouteurs où une musique de Lewis Capaldi résonnait. Il lui fallut quarante-cinq minutes pour arriver à l'université où à peine une dizaine d'étudiants assaillaient l'entrée toujours fermée. Le concierge ne tarda pas à venir ouvrir et ils entrèrent dans le bâtiment principal. Malika marchait d'un pas déterminé vers son casier dans lequel elle posa son sac de sport. 

Quelques minutes plus tard, la cour marbrée et ses petits carrés de verdure se remplirent au fur et à mesure. Une foule d'étudiants de tous les horizons et de toutes les couleurs s'assit sur les bancs disposés ça et là. D'autres prirent d'assaut les gradins du terrain de foot. 

Le soleil ne mit pas longtemps à pointer à l'horizon, de sa couleur jaune orangé. Ses rayons se reflétaient sur les parois en fer du stade et d'autres sur les façades de certains murs de l'université créant un festival coloré. Malika se plaisait à observer ces petites beautés de l'univers. 

Elle était tellement obnubilée par ce spectacle qu'elle ne vit pas s'approcher ses amis. Najwa, Duke et Sofia se dirigèrent vers elle, lui firent un câlin, ce qui surpris Malika. Elle leur sourit puis leur rendit leur étreinte.

– Bonjour Malika, comment vas-tu ? Demanda Najwa.

– Bon matin les amis, je vais bien merci et vous ?

– Nous allons bien, même si tu nous manques. T'es tout le temps, on ne sait où, à faire, on ne sait pas quoi, que tu nous laisses au second plan. 

– Je suis désolée, c'est vrai que ces derniers temps je ne suis plus assez présente pour vous, mais c'est pour la bonne cause.

– Mh, tu pourrais au moins nous dire de quoi il s'agit pour qu'on arrête de se poser plusieurs questions, dit Najwa.

– Arrête d'être aussi bornée, renchérit Duke, elle nous le dira quand elle jugera nécessaire d'en parler. 

Pour calmer les tensions qui étaient déjà en train de monter Sofia changea de sujet le plus subtilement possible.

– Où sont les autres ? Demanda cette dernière.

– En retard, dit Malika, et nous aussi si on ne se dépêche pas d'aller en cours.

– Ouais, on mange ensemble à la pause hein, t'as pas intérêt à nous faire faux bond.

– Oui, oui, c'est promis, mais pour l'instant filez, et vite !

Ils se firent un câlin de groupe avant d'aller chacun dans une direction différente. Malika arriva en même temps que son professeur, ce dernier la laisser entrer avant puis l'imita. Une fois dans la salle, la jeune fille remarqua qu'Andrew était là et n'avait nullement envie d'être à côté de lui. Elle décida alors d'aller s'asseoir tout au fond de l'amphithéâtre sans un regard pour son petit ami. Elle monta les marches en envoyant un message à Damien pour lui signaler l'heure à laquelle ils iraient à la salle. Une fois assise, elle sortit son classeur et y retira une feuille pour prendre des notes.

Le professeur commença à dispenser son cours magistral de microbiologie générale. Quatre heures plus tard, c'était enfin terminé, Malika ne sortit pas tout de suite, elle attendit que la majorité des étudiants fussent dehors puis elle se mit à ranger ses affaires. Il n'y avait plus personne dans la classe lorsqu'elle sortit, alors qu'elle marchait dans le couloir quelqu'un l'appela, c'était Andrew.

– Malika, il faut qu'on parle.

Elle ne prit pas la peine de lui répondre et continua son chemin, mais il la retint.

– Malika, s'il te plaît, il faut vraiment qu'on parle.

– Lâche-moi, fit-elle en retirant son poignet de la prise du garçon. Je n'ai rien à te dire. 

– Pourquoi tu réagis ainsi ? On peut parler comme deux adultes s'il te plaît ?

– Pourquoi je réagis de la sorte ? Parler comme des adultes ? Mais c'est l'hôpital qui se fout de la charité ma parole !

Elle commença à s'en aller, mais il la retint de nouveau et la traîna vers l'arrière de leur bâtiment.

– Voilà ! Ici, on sera tranquille pour discuter.

Elle souffla fortement, montrant son agacement.

– Mais qu'est-ce que tu ne comprends pas dans la phrase, je n'ai rien à te dire.

– Malika arrête et écoute moi au moins. Je suis désolé.

– Désolé ? Tu me demandes à moi de t'écouter après ce que tu m'as fait ? 

– Malika s'il te plaît, je m'en veux énormément.

– Stop ! Tu t'en veux, c'est bien, mais tu crois que c'est facile ? Après m'avoir ignoré pendant plusieurs jours, traité de cinglée.

– J'ai eu tort, je le sais. Je n'aurais jamais dû me comporter ainsi avec toi, mais j'étais tellement en colère après avoir appris que ce que tu avais fait à Joyce dans les toilettes que j'ai réagi au quart de tour.

– Et tu trouves normal de traité ta petite amie comme une vulgaire chaussette. Tu étais en colère et pour le montrer, tu m'as laissé faire la présentation de la première partie de notre devoir toute seule. 

– Je m'excuse pour ça aussi.

– Ça ne t'a pas traversé la tête un seul instant de prendre connaissance des faits avant d'agir ? Sérieusement Andrew ?

Elle avait commencé à hausser le ton sans le vouloir, le garçon essaya de la calmer sans succès.

– Malika, je reconnais que j'ai fauté. Mets-toi un instant à ma place, on t'apprend que ta copine a levé la main sur ton amie, comment aurais-tu réagi ?

– J'aurais pris la peine de vérifier et avoir les versions des deux avant de prendre le parti de qui que ce soit. Mais visiblement pas toi.

– Arrête d'en faire tout un drame, je suis désolé et c'est la raison pour laquelle nous sommes ici.

– Andrew, tu es sérieux là ? Vraiment, donc à chaque fois que tu entendras quelque chose sur moi et l'une de tes potes, tu réagiras au quart de tour ?

– Non, ne le prends pas comme ça.

– J'en viens à douter de tes sentiments pour moi. M'aimes-tu vraiment ou suis-je juste un passe-temps, une distraction ? 

– Malika arrête de dire n'importe quoi, sois raisonnable enfin !

– Raisonnable ? J'ai vraiment l'impression que tout ça n'était qu'un rêve. Comme si je n'avais vraiment su qui tu es réellement et s'en ai effrayant. 

Andrew se frotta le visage nerveusement et commençait vraiment à perdre patience face à la réaction de Malika.

– Malika, tu veux quoi comme preuve ? Moi, je suis sérieux avec toi. Penses-tu vraiment que si je ne te considérais pas, je serais là à m'excuser ?

– Personne ne t'a obligé à le faire. 

– Toi et moi avons vécu beaucoup de belles choses ensemble, ne gâche pas tout à cause de ta fierté.

La jeune fille ne savait plus quoi dire où faire tellement leur conversation tendait vers l'absurdité.

– C'est toi qui n'as pas réfléchi avant d'agir alors arrêtes de rejeter la faute sur moi. Andrew, es-tu vraiment sincère avec moi ?

– Tu commences vraiment à m'énerver avec ça ! Écoute-moi très bien Malika, je ne suis pas le genre de garçon qui joue avec les sentiments des filles. La preuve, j'ai fait trois ans avec une fille, nous nous aimions beaucoup, mais au final elle m'a quitté. Bref tout ça pour te dire que moi lorsque j'aime, je le fais de tout mon cœur. Pourtant, il y a des filles beaucoup plus belles que toi dans mon entourage, pourquoi je ne sors pas avec elles, mais plutôt avec toi ? Tu ne te poses jamais la question ?

Suite à ces mots, Malika fit deux pas en arrière. Il venait vraiment de lui dire ça ? Elle ne s'y attendait vraiment pas, c'était juste impensable. Malika fixa Andrew droit dans les yeux quelques secondes avant de se retourner et de partir à vive allure. Comme s'il venait de se rendre compte de sa bêtise, le garçon baissa les bras et ne tenta pas de la rattraper. La jeune fille se dirigea vers les toilettes et s'y enferma. Les larmes coulaient sur son visage, il l'avait vraiment blessé et ça volontairement.

Malika se rappela qu'elle devait se rendre à la cafétéria avant qu'elle ne fût interceptée par Andrew. Elle se rinça le visage, l'essuya puis se rendit dans le self. Son plateau de nourriture en main, elle s'assit entre Khalil et Nalan. À table, tout le monde discutait de tout et rien, Malika, elle ne participait à aucune d'entre elles et ne toucha presque pas à son repas. Nalan fut le seul à le remarquer et dit :

– Malika, tu vas bien ? Tu n'as rien avalé et tu ne fais que jouer avec ta fourchette ?

Elle fut surprise de sa question qui attira l'attention des autres. Il fallait qu'elle trouve une bonne excuse, elle qui avait horreur de gaspiller la nourriture.

– Je vais bien, c'est juste que je suis assez fatiguée du coup, je n'ai pas très faim. 

– Hum, d'accord, mais tu devrais au moins prendre quelques bouchées. Tu sais très bien que les cuisinières détestent que l'on prenne la nourriture et après, on ne la mange pas.

– Ouais, t'as raison, fit-elle.

Malika s'efforça de manger puis le temps de retourner en cours arriva. La jeune fille alla s'asseoir au même endroit que le matin et prit quelques notes bien qu'elle fût distraite et ailleurs durant la majorité du cours. À la fin de celui-ci, le professeur leur donna une tonne d'exercices à traiter à la maison dans huit manuels différents. Les étudiants ne manquèrent pas de se plaindre, mais il ne céda pas. L'enseignant sortit de la salle suivi de la horde d'étudiants, dont Malika qui se dépêcha d'aller retrouver son ami.

Une fois, dehors, elle se dirigea vers l'arrêt de bus où l'attendait Damien. Dès qu'elle fut à sa hauteur, elle se jeta dans ses bras, elle voulait pleurer, mais se retint de le faire, ce n'était vraiment pas le moment. Damien lui rendit son étreinte et ils finirent par se détacher et monter dans le véhicule du garçon. Inquiet pour son amie, il lui demanda :

– Mali, qu'est ce que tu as ?

– Rien, pourquoi ?

– T'es sûr ? Tu m'as l'air vraiment triste.

– Ce n'est rien de grave, ne t'en fais pas.

– Tu en es vraiment sûr ?

– Si je te le dis, aller, on ferait mieux de partir maintenant, on va être en retard.

Damien n'insista pas plus et se mit à rouler en direction du club de boxe. À peine arrivés, les deux amis allèrent se changer puis revinrent s'entraîner. Malika enchaînait les tactiques de frappe et changeait de partenaire chaque dix minutes. James veillait à ce qu'elle ne s'épuise pas vite et lui donnait des astuces pour accentuer son endurance. Elle travailla ainsi pendant au moins une heure et demie avant de prendre cinq petites minutes de pause. 

Malika prit le soin de se rafraîchir avant de remonter sur le tatami, où elle s'entraîna une heure de plus. La séance terminée James rassembla l'ensemble de ses boxeurs afin de faire une mise au point rapide.

– Comme vous le savez, le championnat commence dans quatre jours et vous devez être au sommet de votre forme, surtout toi Malika. Il nous reste deux jours d'entraînement, vous pourrez vous reposer la veille des matchs pour ne pas être épuisés le jour j. Buvez de l'eau conséquemment, nourrissez vous sainement et surtout dormez bien et tôt afin que vos corps puissent bien récupérer. J'espère que c'est bien clair pour tout le monde ?

– Oui, coach, dirent-ils. 

– Vous pouvez disposer, on se voit demain.

Les boxeurs allèrent se changer et chacun se précipita vers l'extérieur, ce fut aussi le cas de Damien et Malika. Dehors, la nuit était déjà tombée depuis un bon bout de temps. La ville brillait de mille feux avec les lumières des immeubles, des supers marchés ou encore celles des lampadaires qui contrastaient avec les phares multicolores des voitures qui circulaient à vive allure.

Alors qu'ils s'apprêtaient à embarquer dans la voiture de Damien, le garçon arrêta Malika et la prit dans ses bras. Il savait que son amie n'allait pas bien et ne pouvait pas supporter de ne rien savoir.

– Malika, tu sais que tu comptes énormément pour moi, n'est-ce pas ?

– Oui, bien sûr.

– Alors dis-moi ce qui ne va pas s'il te plaît.

Il prit son menton entre ses doigts et releva la tête de Malika qui était baissée.

– C'est à cause de lui, il m'a comparé à ses amies en disant que je n'étais pas si belle que ça, dit Malika en larmes.

– Qui ça il ? Ton petit ami ?

– Oui...

En disant ses paroles, Andrew avait rappelé des mauvais souvenirs à Malika, ce qui l'avait profondément blessé. Damien était en colère et voulait mettre une bonne raclée à Andrew, mais pour l'instant, c'était Malika qui comptait.

– Eh, ne pleure pas pour lui, c'est un idiot qui ne réalise pas la valeur de la sublime et magnifique perle rare qu'il a entre les mains. 

– Tu as raison.

– Comme toujours, monte, fit le garçon en indiquant la voiture, il faut qu'on rentre.

Sur le chemin du retour, Malika regardait le paysage et comme par hasard, il n'y avait que des couples qui traînaient. Certains étaient assis, en train de s'embrasser, d'autres marchaient en se tenant la main. Ce spectacle fit un pincement au cœur à la jeune fille. Arrivée chez elle, Malika se dépêcha de rentrer et trouva ses parents et sa sœur au salon. Elle lança un bonsoir nonchalant avant de monter dans sa chambre.

Elle prit une douche et se coucha épuisée par les événements de la journée. Les jours suivants se succédèrent à une vitesse folle et on était à la veille du combat de Malika. Ce matin-là, elle s'apprêta pour les cours à la faculté et vérifia qu'elle avait bien mis ses exercices dans le sac avant de partir. 

Malika n'avait pas assez dormi et stressait quant au fait d'annoncer la nouvelle à ses amis et comment ils allaient le prendre. Elle avait des cernes à peine visibles sous les yeux et pendant tout le cours de chimie moléculaire, Malika pensa à un moyen de le dire sans vraiment que le moment ne fusse pas solennel. 

À la pause, le groupe d'ami se retrouva comme d'habitude à la cafétéria pour manger. Najwa, Sofia, Khalil, Duke, Jeaden, Julia, Nalan et Malika étaient assis et dégustaient leur repas dans la bonne humeur lorsque Malika décida de prendre la parole.

– Euh, les gars s'il vous plaît ?

Ils se tirent et regardèrent la fille avec toute leur attention.

– En fait, j'ai quelque chose à vous dire, mais avant promettez moi de rester calme.

Jeaden et Khalil se doutaient bien de ce qu'elle s'apprêtait à dire et firent comme si de rien n'était.

– Okay, on t'écoute, fit Najwa.

– Bon, voilà, vous vous posiez souvent la question de savoir pourquoi je disparaissais après les cours et bien, c'est parce que j'allais m'entraîner.

– Comment ça t'entraîner ? Questionna Duke incrédule.

– Je fais de la boxe et j'ai mon premier combat demain, dit Malika.

À cette annonce, Najwa recracha l'eau qu'elle avait dans la bouche, Nalan failli avaler son repas de travers, Julia avait les yeux grands ouverts, encore surpris. Les autres se contentèrent de la regarder. Ça sentait l'interrogatoire, mais Malika était prête à répondre à toutes leurs questions. De toute façon le plus dure était à venir, sans oublier que non loin, Sébastien n'en rata pas une miette.

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Coucou !! Après une très longue absence de ma part ( encore ), voici le chapitre 37 !
Voilà on avance petit à petit dans les choses sérieuses je dirais.

Que pensez-vous de la dispute entre Andrew et Malika ?

Bref bonne lecture et à très bientôt !

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