Chapitre 34 :
Deux jours étaient passés depuis les altercations entre Malika et Andrew et celle avec Joyce. Les entraînements de Malika poursuivaient leurs cours et doublaient chaque jour d'intensité. À la faculté, les cours allaient à foulée de cheval, les résultats des examens de début étaient sur le point d'être affichées. Malika et ses amis se trouvaient à la cafétéria et discutaient. Non loin de là se tenait le groupe d'Andrew, dont Sébastien qui n'arrêtait pas d'épier chaque fait et geste de la table voisine.
- J'ai une question qui me taraude l'esprit, dit Najwa.
- Vas-y, nous t'écoutons.
- Malika, peux-tu nous dire où tu t'en vas souvent après les cours ? On ne te voit presque plus.
À l'entente de cette question, tous se turent et écoutèrent attentivement ce qu'allait dire leur amie.
- Navrée, de ne pas pouvoir vous le dire maintenant, mais vous le saurez au moment opportun.
- Nous sommes censés être tes meilleurs amis et tu nous caches des choses, ajouta Najwa.
- Soit pas si bornée, ce n'est pas comme si je n'allais jamais vous le dire, c'est juste que ce n'est pas encore le bon moment.
- Bref, si tu le dis. Sinon j'ai appris que tu t'étais battue, ma pote, c'est Cassius Clay.
- Cesse de dire n'importe quoi, s'emporta sa cousine. Et si elle l'avait blessé, tu imagines les conséquences que ça aurait eues sur elle ?
- C'est bon, calmez-vous, leur intima Nalan.
Ils se remirent à manger et changèrent de sujet de conversation. Alors que Julia était en train de raconter une anecdote drôle, le téléphone de Malika se mit à vibrer à deux reprises. Elle le saisit et lut les messages qu'on lui avait envoyés, ses compagnons se mirent à la fixer. Malika s'empressa de rassembler ses affaires dans son sac, souleva son plateau et s'excusa auprès de ses derniers. Elle partit déposer le plateau de nourriture à peine entamé devant l'une des cuisinières et se rua vers la sortie, mais fut interceptée par Julia.
- Eh, Malika ! Tes écouteurs, cria-t-elle dans la salle en les brandissant ce qui attira l'attention sur elles.
- Merci beaucoup Lia, t'es un ange !
Malika ses écouteurs et courut vers l'endroit où l'attendait son mystérieux interlocuteur. Derrière elle, dans la cafétéria Sofia était sous le choc.
- Depuis quand elle te donne des surnoms à toi ?
- Je n'en sais rien, depuis maintenant. Et franchement, c'est bizarre venant d'elle.
- Et pourquoi ça serait bizarre, intervint Jeaden.
- C'est juste que depuis qu'on se connaît, elle a toujours été très formelle avec moi. Des fois, on aurait dit un automate.
- Julia, arrête, lui dit son petit ami. Tu es la mieux placée ici pour savoir les raisons de son comportement, donc arrêtes.
- Désolée, je ne voulais pas, s'excusa cette dernière en voyant le regard sévère de Khalil.
Il pouvait tout tolérer, mais pas que l'on parle ainsi de sa sœur de cœur.
- Le plus important est que moi, elle m'appelle par des surnoms. Ça prouve que je compte pour elle.
- Okay, vue que tu es si intime avec elle, dit nous pourquoi elle disparaît tous les après-midi ? Va-t-elle rencontrer quelqu'un en secret et ne souhaite pas que nous le sachions ?
- Arrête de dire des bêtises. Elle t'a fait comprendre qu'elle te le dirait au moment venu. Pourquoi tu forces les informations ?
- C'est bon, pas besoin de s'en porter pour si peu.
Le groupe se mit à parler d'autres choses tout le reste de la pause. Pendant ce temps, Malika courut vers celui qui l'attendait adossé sur sa voiture. Elle lui fit un câlin, et l'ébouriffa les cheveux, ce qu'il fit en retour.
- Eh, mes cheveux, cria-t-il. Tu as abîmé ma magnifique coupe.
- Tu ne l'étais même pas. De toute façon, tes cheveux ne sont jamais ordonnés.
- Pardon ? Que viens-tu de dire ?
- Que tes cheveux ne sont jamais ordonnés.
- Tu sais le nombre d'heures que je passe pour les coiffer ?
- Zéro heure ? Zéro seconde, ouais zéro seconde.
Ils rirent à la phrase de Malika, il poussa et fit semblant d'être contrarié. Elle s'avança vers lui et pinça ses deux joues.
- On ferait mieux de partir d'ici. En plus, je déteste être épié par des étudiants arrogants et prétentieux.
- Oui, puis on va être en retard.
- James peut bien attendre une bonne demi-heure encore.
- Il va nous hurler dessus à notre arrivée.
- Pas si on lui apporte une bonne pizza aux anchois et aux olives.
- Bonne idée, en plus je n'ai pas mangé à la cafétéria. Let's go, je meurs de faim !
Ils embarquèrent dans la Mustang V6 turbo hybride rechargeable du jeune homme. Elle était de couleur gris pâle avec des reflets argentés et affichait près de 900 chevaux au compteur. Les sièges en cuir rendaient l'intérieur de l'habitacle sublime. Les vitres de cette dernière étaient teintées, on pouvait y mettre de la musique à fond sans rien écouter à l'extérieur. Les deux jeunes gens roulèrent en direction de la pizzeria où ils passèrent leurs commandes, puis s'arrêtèrent chez un glacier.
Ils roulèrent encore jusqu'à un parc où ils se posèrent pour manger tranquillement. Le silence avait pris place, personne n'osait dire quoi que ce soit et c'est Malika qui décida de le briser en premier.
- Comment tu vas depuis le temps ?
- C'est plutôt moi qui devrais te demander ça.
- Mais c'est moi qui ai commencé alors j'ai droit à une réponse ou quoi ?
- Avant, je veux que tu me promettes de me laisser piquer dans ton carton de pizza et goûter à ta glace.
- Un vrai gamin, tu ne changeras donc jamais ! S'exclama Malika.
- Et pourquoi devrais-je changer ? Je suis bien ainsi.
- Et j'avais oublié à quel point tu étais doué pour changer les sujets de conversation sans même que ton interlocuteur s'en rendent compte.
- Je ne vois pas de quoi tu parles, dit-il innocemment.
- D'accord, je vois.
- J'ai réussi à m'en sortir, tu sais ?
- J'en suis heureuse alors.
- Hum, on ne dirait pas. Qu'est-ce qui te tracasse ?
- Tes parents, comment ils vont ?
- Ils vont mieux, bien mieux qu'avant. Pour être sincère avec toi, je ne l'aurais pas cru possible.
- Je sais. Je te comprends tellement. Mais à la lueur dans tes yeux, je peux être rassurée.
- Et toi ? Demanda-t-il.
Malika, qui s'apprêtait à prendre une autre bouchée de la tranche de pizza qu'elle tenait, se stoppa net.
- Comment ça moi ?
- Ne fais pas semblant avec moi, jeune fille. Je te connais assez pour savoir que tu as parfaitement saisi ma question.
- Il n'y a pas grand-chose à dire, tu sais, souffla Malika.
- Peut importe, je veux savoir le peu que tu as à dire.
- J'ai un petit ami, souffla-t-elle, et un grand groupe d'amis incroyable.
- Waouh ! C'est super, je suis vraiment heureux pour toi ! Mais tu sais qu'il n'y a pas que ça. Je me trompe ?
- Non, mais ça sert à quoi d'en parler ?
- À éviter de finir comme Camilla.
À ces paroles, elle le fixa, les yeux grands. Pourquoi évoquer ce sujet ? Il n'avait peut-être pas tort. Le silence de Camilla avait eu raison d'elle, pauvre fille. Malika baissa la tête, les yeux plein d'un liquide qui lui brouilla la vue. C'était un sujet sensible pourtant, on ne l'avait plus évoqué depuis longtemps. Une boule se forma dans le fond de son ventre, sa gorge devint sèche. Avaler était désormais impossible pour elle, mais lui, semblait rester de marbre et arborait un sourire compatissant. Non, pas maintenant, hors de question de flancher devant le principal concerné. Malika se ressaisit et essuya les larmes qui s'apprêtaient à couler.
- Ça va de mal en pire. Je n'ai jamais espéré à un revirement de situation, mais bon, c'est la vie.
- Quoi ? Comment ?
Elle souleva le manche de son menteau et lui montra la cicatrice sur son bras gauche. Il ouvrit grand les yeux, choqué, n'en revenant pas.
- Il me bat, il n'a jamais approuvé mon choix universitaire. Il me réprimande tout le temps. Son épouse et lui font de ma vie un cauchemar plus qu'il ne l'était déjà.
- Et ton petit ami ? Il ne réagit pas, et Khalil ?
- Il n'en sait rien, du moins je lui ai dit ce que une partie de ce que j'ai vécu. Quand à Khalil, je ne saurais comment le remercier. Je lui serait à jamais redevable.
- Pourquoi te faire subir ça alors que tu ne le mérites pas ? Malika vas-t-en de là je t'en supplie.
- Jes suis une étrangère dans leur vie, ils me gardent avec eux juste parce que ça donne l'image de la famille parfaite en public alors que c'est complètement faux. Ma présence est nécessaire lors des évènements et ils peuvent se venter de mon parcours scolaire admirable.
- Et ta santé dans tout ça ?
- Il ne faut pas s'inquiéter pour moi, je gère la situation. Je les évite ou les ignorent. J'ai aussi décider de me concentrer sur ce qui est vraiment important pour moi. Il y a ma sœur aussi, elle ne mérite pas de subir mon animosité pour nos géniteurs.
– Malika, prends soin de toi, je t'en supplie. Je ne supporterai pas de perdre quelqu'un à qui je tiens à nouveau.
– Je le sais, ne t'en fais pas. Je ne tenterai rien d'irréflechi.
- D'accord et tu comptes me le présenter un jour ?
- Peut-être bien oui, peut-être bien que non, qui sait ?
- Sale morveuse, viens ici tu vas voir, fit-il en la poursuivant.
- Stop ! On a assez fait attendre James comme ça et je dois me remettre au niveau.
- Très bien, allons-y alors.
Malika mit le reste des tranches de pizza dans un même carton, puis jetta les les autres cartons et pots de glaces vident dans la poubelle. Ils montèrent dans la voiture du garçon et partirent à la salle où James les attendait, furieux. Ça faisait presque une heure qu'il patientait. Les autres étaient déjà bien lancés dans leur entraînement. Les retardataires pointèrent enfin le bout de leur nez, un grand sac dans les mains.
- Vous voilà enfin sombre imbéciles ! Vous savez depuis quand je vous attends ?
- Bonjour James, désolée on n'a pas vue le temps passer.
- Et tu es fière de toi lorsque tu me dis ça ? Ça fait près d'une heure que je poiraute là, parceque je voulais te donner la bonne nouvelle.
- Quoi donc, demanda celui qui se tenait aux côtés de Malika.
- Ta chère et tendre amie ici présente a été acceptée par le comité d'organisation. Et les listes des différents rivaux sont également sorties.
- C'est super, mais pourquoi tu n'as pas l'air aussi heureux que tu devrais l'être, renchérit le jeune homme.
- Malika aura son premier combat dans cinq jours à compter d'aujourd'hui.
- Quoi ? S'exclama-t-elle. Comment ça dans cinq jours ?
- Eh bien, il se trouve que comme tu es nouvelle, le comité veut voir ton niveau et juger tes capacités. Comme je te l'ai dit il y a quelque temps déjà, le niveau en championnat cette année est très haut, seules les meilleurs y participent.
- Je vois, dit-elle.
- Oh non, tu ne vois rien du tout. Pour ton premier combat on t'a mis avec Pauline Belcourt. Tu ne la connais pas, je suppose ?
Elle hocha positivement la tête et ce fut son ami qui lui répondit.
- Pauline Belcourt est l'une des boxeuses les plus redoutables tant par l'immensité de sa taille que pour la brutalité de ses coups. En seulement trois ans de carrière, elle a envoyé vingt personnes aux soins intensifs. D'autres refusaient même de combattre avec elle.
- Mais si elle est si puissante que ça, pourquoi me mettre moi, une novice, face à elle ?
- Laisse-moi finir et tu comprendras pourquoi. En effet Pauline, semble redoutable. Sa taille ne permet pas à ses adversaires de tenter des frappes aux épaules, au coup, etc. Cependant, sa taille est sa principale faiblesse. Ses côtés, son ventre sont à découvert. Donc en l'attaquant à ces endroits précis, tu es sûr de la faire plier.
- C'est tout ? Demanda Malika étonnée.
- Non, Pauline est tellement impatiente que parfois elle ne semble pas réfléchir avant de donner un coup à son adversaire. Les personnes qui perdent face à elle sont, au départ, terrorisées à l'intérieur par sa carrure et ne prennent pas le temps de réfléchir à comment trouver des parades. Il faut un esprit calme et bouillant comme le tien pour la mettre KO. Je sais que tu y arriveras.
- Trêve de bavardages, il est temps de passer aux choses sérieuses. Allez, vous changez rapidement !
- Oui chef, dit Malika, mais avant de continuer à nous crier dessus, prends ce sac.
- C'est quoi encore ça ? Vous voulez m'amadouer, c'est ça ?
- Pour amadouer quelqu'un, il faudrait d'abord que ce dernier ait un cœur, ajouta le garçon.
- Petit, insolent, sale garnement, mal poli. Camilla t'aurait frappé, elle au moins avait du respect et de l'estime pour moi, fît James un peu attristé.
- Ah la la, c'est quoi ça encore ? Le vieux nous tape une crise alors qu'on l'a ramené sa pizza préférée, son jus de raisin bio et des fruits !
James leur arracha le sac des mains et ils allèrent se changer aussi vite qu'ils le pouvaient. Lorsqu'ils revinrent, le quarantenaire coachait les autres boxeurs. Il appela les deux retardataires et les fit se battre l'un contre l'autre. Malika enchaîna les partenaires jusqu'à ne plus pouvoir respirer tellement, elle transpirait et était essoufflée. James ne la ménagea pas un seul instant, de ce combat dépendait beaucoup de choses. Il s'accorda enfin une pause, à Malika aussi qui était vraiment épuisée. Elle s'allongea à même le sol sur les carreaux de la salle. Le calvaire des entraînements ne faisait que commencer, satané Pauline se disait-elle, il fallait tout donner maintenant pour la battre. Puis elle se rendit compte du double effort qui l'attendait, son ami près d'elle pour la réconforter.
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Bonjour, on se retrouve avec le chapitre 34 hihi !
Un nouveau personnage a fait son entrée et apparemment, il s'entend super bien avec notre héroïne.
Si vous avez apprécié ce chapitre, n'hésitez pas à voter et commenter !
À très bientôt !
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