Après notre visite au commissariat, tante Ella et moi avons pris un café dans un petit bistrot en face. C’était le premier moment depuis longtemps où je sentais un poids se soulever légèrement de mes épaules. Nous avons discuté de tout et de rien, évitant soigneusement le sujet brûlant de la lettre et des révélations. Mais, même dans ces conversations banales, il y avait un fil de compréhension et de soutien mutuel qui me réchauffait le cœur.

En rentrant, nous avons trouvé plusieurs messages sur le répondeur de tante Ella. C'était la police : ils avaient déjà commencé à agir sur les informations que nous avions fournies. Ils voulaient nous voir le lendemain pour discuter des prochaines étapes et de comment je pourrais être impliquée dans le processus, étant donné les liens personnels que j'avais avec l'affaire.

La nuit fut agitée. Chaque bruit me faisait sursauter, chaque ombre semblait cacher un danger. Malgré la fatigue, le sommeil fuyait mes yeux, remplacé par des visions de ce que mon père avait enduré, des dangers qu’il avait affrontés pour nous protéger, ma mère et moi. J’ai réalisé que, malgré sa fin tragique, son amour pour nous était le fil conducteur de toutes ses actions, même les plus désespérées.

Le lendemain, accompagnée de tante Ella, je suis retournée au commissariat. L'atmosphère était différente cette fois, moins formelle, plus collaborative. Le détective nous a accueillis avec une gravité qui contrastait avec son habituel détachement professionnel. "Isabelle, grâce à votre courage et à la lettre de votre père, nous avons pu arrêter plusieurs individus liés à ce réseau. Votre témoignage sera crucial pour boucler ce dossier."

Il nous a expliqué que le réseau était plus étendu et plus dangereux que ce que nous avions imaginé. Mon père avait été une pièce dans un puzzle bien plus grand, manipulé par des gens sans scrupules. Mais maintenant, grâce aux informations qu’il avait laissées, la police pouvait enfin rendre justice et empêcher d'autres tragédies.

J’ai écouté, absorbant chaque mot, chaque détail. Je savais que mon rôle n'était pas encore terminé. Il y aurait des jours difficiles devant les tribunaux, des confrontations avec ceux qui avaient ruiné tant de vies. Mais je me sentais prête. Armée de vérité et soutenue par l'amour de mon père, je me sentais forte, capable de faire face à ce qui viendrait.

En quittant le commissariat, tante Ella m'a serrée dans ses bras. "Tu es incroyable, Isabelle. Je suis si fière de la femme que tu es devenue."

Je lui ai souri, les yeux humides de larmes, mais le cœur empli d'une détermination nouvelle. "C'est grâce à toi aussi, tante Ella. Grâce à ton soutien."

Nous sommes rentrées, prêtes à affronter les défis à venir. Chaque jour serait un pas vers la guérison, un pas vers une nouvelle vie où la peur et le chagrin feraient place à l’espoir et à la résilience. Je savais que le chemin serait long, mais pour la première fois depuis longtemps, je sentais que j'étais sur la bonne voie, guidée par la lumière de la vérité et de la justice, la lumière de mon père, qui veillait sur moi depuis un endroit meilleur.