Un retour chargé d'émotions
La brise légère qui caressait mon visage à la sortie de l'hôpital semblait porter en elle les murmures du monde extérieur, un monde que j'avais l'impression d'avoir quitté depuis longtemps. Tante Ella m'attendait, son regard teinté de cette même préoccupation maternelle qui avait toujours caractérisé ses interactions avec moi, surtout maintenant, dans le sillage de la tragédie.
"Isabelle, je sais que ça va être très difficile pour toi," commença-t-elle doucement, ses mains enveloppant les miennes avec une chaleur rassurante. "Nous allons retourner à la maison pour récupérer quelques affaires, les tiennes et celles de tes parents. Je suis désolée, je ne peux pas repousser cela... mon travail m'attend et tu sais que j'habite loin."
Je hochais la tête, une lourdeur s'installant dans mon estomac. Le simple fait de penser à retourner dans cette maison, le théâtre d'un drame si brutal, faisait courir des frissons le long de ma colonne vertébrale. Mais la présence rassurante de ma tante offrait un petit confort, une lueur dans l'obscurité de mes pensées tourmentées.
"Je comprends, tante Ella," murmurai-je, ma voix éraillée par l'émotion. "Je... Je ferai de mon mieux."
Elle me serra brièvement dans ses bras, un geste de soutien et de protection. "Si jamais c'est trop pour toi, si tu te sens submergée, tu n'as qu'à me le dire. Nous ferons une pause, aussi longue que nécessaire. Je suis là pour toi, Isabelle. Tu n'es pas seule dans cette épreuve."
Le trajet jusqu'à la maison se fit dans un silence chargé, chaque kilomètre parcouru me rapprochant physiquement et émotionnellement du lieu que j'avais tant aimé et qui maintenant représentait une source de douleur indescriptible. Tante Ella conduisait avec une concentration silencieuse, jetant de temps à autre des regards inquiets dans ma direction.
À notre arrivée, la vue de la maison me coupa le souffle. Elle se tenait là, immuable avec ses murs familiers et son jardin légèrement négligé, témoins silencieux des joies passées et du cauchemar récent. J'avalai difficilement, le poids de mes souvenirs pressant sur mes épaules comme un fardeau trop lourd à porter.
Nous entrâmes, la porte grinçant légèrement alors que nous pénétrions dans le vestibule. Chaque pièce semblait imprégnée des échos de rires et de disputes, un mélange déchirant de bonheur et de tragédie.
"Prends tout le temps qu'il te faut, Isabelle," dit tante Ella en posant doucement une main sur mon épaule. "Je vais commencer à rassembler quelques affaires dans le salon. Rejoins-moi quand tu te sentiras prête."
Acquiesçant faiblement, je me dirigeai vers ma chambre, le cœur lourd. Chaque pas était un effort, chaque souffle un rappel de ce qui s'était passé. La maison était à la fois un sanctuaire de souvenirs et une scène de crime, un lieu où chaque coin et chaque objet me rappelait cruellement la perte et le chaos laissés dans le sillage de cette nuit fatidique.
Tante Ella avait raison : je devais être courageuse. Mais alors que je me tenais là, au seuil de ma chambre, je savais que ce courage serait puisé non seulement dans la force qu'elle me donnait, mais aussi dans la détermination de découvrir la vérité derrière les actions de mon père, quelles qu'elles soient. Ce n'était que le début d'un long et douloureux voyage vers la guérison et la révélation.
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