Après avoir sécurisé le téléphone et les messages troublants de mon père, nous avons décidé de nous rendre immédiatement au poste de police. Le trajet semblait interminable, chaque feu rouge amplifiant l'angoisse qui me rongeait. Tante Ella, à mes côtés, tentait de masquer son inquiétude, mais ses mains crispées sur le volant trahissaient ses sentiments.

Arrivées au commissariat, nous avons été rapidement accueillies par l'inspecteur Renaud, qui avait suivi l'affaire depuis le début. Il nous a conduites dans une salle d'interrogatoire discrète, où l'atmosphère semblait suspendue, lourde des secrets que nous étions sur le point de révéler.

Tante Ella, avec une assurance qui me surprenait, a exposé le téléphone et expliqué la découverte du compartiment caché, ainsi que les messages troublants entre mon père et Sweeney. L'inspecteur Renaud a écouté attentivement, prenant des notes frénétiquement alors que je débloquais le téléphone pour lui montrer les messages.

"Nous pensions que David Lotas agissait seul," commenta l'inspecteur en parcourant les messages. "Ces échanges montrent qu'il y avait une influence extérieure puissante. Sweeney, dites-vous ?"

Hochant la tête, je me suis sentie étrangement détachée en prononçant ce nom, comme si je parlais d'un personnage de fiction plutôt que d'un homme qui avait sans doute joué un rôle dans le drame qui avait coûté la vie à ma mère.

"Nous devons enquêter sur ce Sweeney immédiatement," déclara l'inspecteur, son regard durci par la détermination. "Si ce que vous dites est exact, il pourrait être la clé pour comprendre les actions de votre père et, éventuellement, pour nettoyer son nom."

L'espoir, mince mais tenace, commençait à poindre en moi. Peut-être que tout n'était pas perdu. Peut-être que la vérité pourrait réellement libérer mon père de l'accusation terrible qui pesait sur lui, même après sa mort.

L'inspecteur nous a promis de nous tenir informées et a suggéré que nous rentrions chez nous en attendant. Avant de partir, j'ai demandé, la voix hésitante mais poussée par une nécessité brûlante, si nous pouvions continuer à chercher des preuves chez moi. "Il pourrait y avoir plus," ai-je insisté. "Plus de messages, ou peut-être d'autres choses que nous n'avons pas encore trouvées."

L'inspecteur a acquiescé. "Faites-le, mais soyez prudentes. Si Sweeney est impliqué comme vous le dites, il pourrait être dangereux. Et si vous trouvez quoi que ce soit, quoi que ce soit du tout, appelez-moi immédiatement."

Rassurée mais encore lourde d'une anxiété non dissipée, je suis sortie du commissariat avec tante Ella. Sur le chemin du retour, nous avons convenu d'une nouvelle fouille de la maison, plus minutieuse encore. "Il doit y avoir quelque chose que nous avons manqué, quelque chose qui pourrait tout expliquer," murmurais-je, plus pour me convaincre moi-même que pour rassurer ma tante.

Tante Ella, après un moment de silence, posa sa main sur la mienne. "Nous trouverons, Isabelle. Pour ton père, pour toi, nous ne laisserons rien au hasard."

Avec cette résolution renouvelée, nous avons pris la route vers la maison, vers les souvenirs et les secrets qu'elle renfermait encore, prêtes à affronter ce qui nous attendait, coûte que coûte.