En média : Camille Louis et Hannah Martin

Je reviens à la réalité en voyant Camille, assise sur une chaise. Je la prends par la main et nous sortons. Je ne sais pas où on va pouvoir aller en attendant que Luc soit arrêté. Nous nous retrouvons donc, à traîner dans Paris.

- Shopping ? Me propose-t-elle.
- Avec plaisir ! Je rétorque.

Nous partons, toutes les deux, vers le centre commercial le plus proche. Nous faisons tous les magasins, H&M, Cache-Cache... En passant même par Kaporal même si nous n'avons pas vraiment les moyens de nous acheter des vêtements dans ce magasin. Être en famille d'accueil, ce n'est pas le mieux niveau argent de poche... Tout l'argent que mes parents m'ont légués à leur décès, je ne peux pas les toucher avant mes dix-huit ans... Malgré tout, nous arrivons, avec les mains pleines de sacs à la maison. Durant notre séance magasins, Luc a été arrêté. La «mère», Nathalie, pleure dans la cuisine. Nous passons devant avec Camille sans y prêter la moindre attention, même si j'ai un pincement au cœur. Nathalie n'a jamais été méchante avec nous mais elle ne réagissait pas quand Luc nous engueulait. Dans ma chambre, je sors tous les vêtements des sacs et les plie pour les mettre dans une valise. Ça ne sert à rien que je les mette dans l'armoire pour les mettre dans la valise demain, vu que je pars. D'ailleurs, en pensant à ça, je commence à rassembler toutes mes affaires. Je donne pas mal des vêtements à Camille, soit c'est trop petit, soit je sais qu'elle les adore et lui donne. On toque à ma porte. Je lui dis d'entrer et vois Julien, le fils biologique de la famille. Il a douze ans et je ne l'aime pas. Il se croit tout permis.

- Il faut que tu nous fasses à manger. Dit-il.
- S'il te plait, tu connais ?
- Non.

Sur ce, il part et ferme la porte. Je soupire et pars dans la cuisine. Je prends une casserole et nous fais un paquet de nouilles.

- Camille, Julien et Quentin, venez mettre la table, s'il vous plait ! Je crie.

Camille et Quentin arrivent tout de suite et mettent la table. Quentin, c'est le troisième et dernier enfant «adoptif» de la famille d'accueil. Il a onze ans. On n'est pas super proches tous les deux mais c'est un gentil mec et quand je partirai il me manquera malgré tout parce qu'il est dans la même galère que nous. Je les remercie et fais des steaks hachés. Ils se mettent à table suivis de Julien qui vient d'arriver et je les sers. Nous mangeons dans le silence juste avec les pleurs de Nathalie et la PSP de Julien. Nous prenons ensuite nos desserts, un yaourt. Julien quitte la table dès qu'il a fini pendant que nous débarrassions. Camille a déjà essayé de lui demander de nous aider. Elle s'est prise une gifle de Luc et de Julien. Plus personne n'a essayé. Nous mettons tout dans le lave-vaisselle. Camille passe l'éponge sur la table et nous partons tous, chacun dans notre chambre. Je prends mon ordi et vais sur ma boite mail. Je vois un message d'Agatha, la mère de Nancy.

«Bonjour Hannah. Je voulais te dire que nous sommes tous les trois très heureux de ta venue chez nous. A ce propos, avec Lance, mon mari et le père de Nancy, nous n'avons pas dit à Nancy qui tu arrives demain. On pensait lui faire la surprise. Elle est tellement heureuse de savoir qu'elle va peut-être, maintenant c'est sur, avoir une «sœur». Pour nous, tu fais déjà partie de la famille. Bisous Agatha»

Franchement, ils ont vraiment des noms bizarres dans cette famille. Mais bon, ils ont l'air gentil c'est le principal, non ?

«Bonjour. Je suis aussi très heureuse de venir chez vous. C'est une très bonne idée de lui faire la surprise. J'ai vraiment hâte ! Je suis contente que vous me considériez comme un membre de votre famille. Au revoir, Hannah.»

Vous auriez voulu que je lui réponde quoi ? Ce genre de mail n'attend pas forcément de réponse mais, je trouve ça plus poli. J'éteins mon ordinateur et sors de ma chambre. Je vais dans la chambre de Camille et ne la vois pas. Je me rends donc dans le salon et la vois assise sur le canapé en train de regarder une émission de chant. Sur scène, Justin Bieber est en train de chanter «As Long As You Love Me».

- Chante. Me fait Camille.
- Heu... Pourquoi ?
- J'aime bien quand tu chantes. Me répond-elle.
- Ça ne va pas être possible. Je ne connais pas les paroles, je rétorque, et en plus, j'ai un super accent en anglais !

Je ris devant la tête boudeuse de mon amie.

- Chante, toi. Je lui dis.

Elle rit à son tour et me dit qu'elle ne connait pas non plus les paroles. Nous continuons de regarder la télé. A la fin de l'émission, nous partons toutes les deux au lit. Sous la couette, je ne trouve pas le sommeil. Je pense trop à ce qu'il va se passer au Canada. Je me lève et vais dans la cuisine boire. Je prends un verre et le remplis d'eau. Je l'avale gorgée par gorgée. Je mets le verre dans l'évier et repars pour ma chambre. En passant, je vois de la lumière sous la porte de la chambre Quentin. Je m'arrête et toque tout doucement. Personne ne me répond, j'ouvre et vois qu'il est endormi sur son lit. Je vais vers lui et le mets sous les couettes. Je lui fais un bisou sur le front, telle une mère l'aurait fait. Celle qu'il n'a jamais eue. Si j'ai bien compris son histoire, sa mère est morte lors de l'accouchement et son père n'a jamais voulu de lui. Je le regarde un instant et sors de la chambre en éteignant la lumière au passage. J'entre dans ma chambre et m'allonge dans mon lit. Là, je m'endors tout de suite.

Le lendemain, quand je suis réveillée par Camille qui me secoue.

- Debout ! Je veux profiter de toi avant que tu partes !

Connaissant Camille, elle va utiliser la manière forte, si je ne sors pas du lit maintenant. Je me lève donc, à contrecœur. Je vais à la salle de bain et prends ma douche, je m'habille et ressors immédiatement. Je vais dans la cuisine et déjeune.

- Dépêche-toi ! M'ordonne Camille.
- Tu te calmes !

Camille rit et s'assoit à coté de moi pour manger. Je la regarde et vois qu'elle est en train de lire la boite de Miel Pops.

- Tu ne la connais pas encore par cœur ? Je dis en riant.
- Ben, comme toi la boite de Chocapic. Répond-elle sans quitter la boite des yeux.
- Pas faux...

Camille me regarde.

- J'ai toujours raison ! S'exclame-t-elle

Nous rions et continuons de manger avant de partir pour la Tour Eiffel. Camille veut que je monte une dernière fois dessus avant que je parte. Elle veut aussi qu'on aille aux Champs-Élysées. En gros, on revisite Paris même si, toutes les deux, nous connaissons toutes les rues par cœur. Arrivées à la célèbre Tour, nous faisons la queue pour que une heure plus tard, nous nous retrouvions au troisième étage. Camille sort son portable de sa poche de jeans et arrête un visiteur. Elle lui demande s'il peut faire une photo. Il prend son portable, Camille vient vers moi et se met à coté de moi. Je la prends dans mes bras et le passant prend la photo. Nous le remercions en récupérant le portable puis il part.

- Je te l'envoie, elle est trop cute ! Dit-elle en riant.
- Parle français, je galère après ! Je réplique.
- Tu pars dans un pays English, no ?
- Envoie la photo et tais-toi !

Elle rit mais s'exécute tout de suite après. J'ouvre le MSM avec la photo et la mets en fond d'écran. Après, nous faisons le tour de la Tour Eiffel. Puis redescendons sous l'ordre de nos ventres. Nous nous dirigeons vers une crêperie, notre préférée. Le serveur nous montre notre table où nous nous installons en le remerciant.

- Restez ici, s'il vous plait. Demande mon amie. Nous connaissons le menu. Tu prends quoi, Hannah ?
- Ben, comme d'habitude, s'il te plait. Avec un Coca.

Camille passe la commande pour tout le repas, plats, desserts et boissons, puis le serveur part. Le restaurant est vide par rapport à la dernière fois où je suis venue. Remarquant l'heure, je vois que c'est normal. Onze heures quarante cinq. La plupart des clients arrivent vers midi et demi. Nous voyons le serveur arriver avec nos plats, il les pose devant nous, le remercions et commençons à manger. Un silence s'installe, pas pesant du tout, beaucoup trop occupées à manger pour maintenir la moindre conversation.

Nous nous promenons maintenant sur les Champs-Élysées, je regarde l'heure et vois qu'il est dix-huit heure quarante-deux. Je remets mon téléphone dans ma poche.

- Je ne veux pas te gâcher ta journée mais j'ai encore mes affaires à préparer et demain, je décolle tôt. Je fais à l'intention de Camille.

Un sourire triste se dessine sur son visage.

- Ho... C'est vrai. On y va, alors. Dit-elle tristement.

Nous retournons donc vers la maison dans un silence qui, là, est très pesant. Dès que nous arrivons, Camille part dans sa chambre, je soupire et vais dans la mienne pour finir mes valises. J'y entasse le maximum de choses. Les petits objets, je les mets dans des sacs. Je laisse juste mes affaires de toilettes, des vêtements pour demain et un pyjama. Après, je passe l'aspirateur et dépoussière tout à la demande de Nathalie et avec l'aide de Quentin.

- J'ai fini ! Fait-il au bout d'une heure de boulot.
- Merci de m'avoir aidée. Je le remercie.
- De rien. Tu sais, Hannah, tu me manqueras quand même.
- Toi aussi, tu me manqueras.

Je le prends dans mes bras pour lui prouver mes paroles.

- A TABLE !

Je me détache de ses bras et lui fais un bisou sur la joue avant de quitter la chambre pour rejoindre la salle à manger. Le repas se passe comme tous ceux que j'ai passés ici. Nous mangeons dans le silence, Julien toujours avec son jeu vidéo. Comme dirait Camille «Life Is A Joke». Je sors de table, mon dessert avalé et vais voir Camille dans sa chambre. Elle est assise sur son lit, des écouteurs dans les oreilles. Je lui en enlève un.

- Hey, ça va ? Je demande.
- Ben, je n'ai pas trop envie que tu partes ça ne sera plus pareil sans toi. Répond-elle, les yeux fixés sur ses mains
- Je demanderai si tu pourras venir me voir, ne t'inquiète pas. J'essaie de la réconforter.

Elle lève les yeux vers moi et je vois qu'elle pleure. Je la prends dans mes bras et lui caresse les cheveux jusqu'à ce qu'elle se calme. Elle lève la tête vers moi.

- Tu peux dormir avec moi s'il te plait ? Demande-elle en reniflant.
- So sex, ça ! Je dis en entraînant son rire. Bien sûr.
- Merci.

Je lui souris et pars dans ma chambre pour me mettre en pyjama et me brosser les dents. Quand je reviens, elle est déjà en pyjama et sous les couettes. Je m'allonge à ses cotés et m'endors presque aussitôt. Demain, c'est le grand jour.