Chapitre 1
En média : Hannah Martin (Chachi Gonzales)
«Bonjour Hannah, c'est M. Dujardin. J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle pour toi. Viens me voir à 12h30.»
C'est le message que j'ai trouvé sur ma messagerie en me réveillant à 10h20, ce matin. Je me prépare pour y aller. Je mets un pull, un jean, une veste et des baskets. Je suis prête au bout d'une heure et demie. Je passe dans le salon où se trouve ma famille d'accueil. Je ne fais pas attention à eux et sors en direction du bureau d'adoption où m'attend M. Dujardin, musique dans les oreilles. Il fait plutôt bon pour un mois de février. Après quinze minutes de marche, j'arrive devant le bureau. Je sonne et rentre. La secrétaire est là pour m'accueillir comme à chaque fois.
- Bonjour Hannah, me dit-elle, M. Dujardin t'attend, va t'assoir dans la salle d'attente.
Je la remercie et m'assoie à ma place habituelle. Je me demande bien ce que va me dire M. Dujardin... Il m'a peut-être trouvé une famille ?! Il ne faut pas que je m'emballe, il a dit qu'il avait une bonne ET une mauvaise nouvelle... Heureusement, le suspense ne dure pas plus longtemps. Monsieur Dujardin arrive, habillé comme toujours d'une chemise, une cravate, une veste et un pantalon, le tout assorti, sans oublier les chaussures noires.
- Hannah ! Entre ! M'invite-il.
- Bonjour, monsieur.
Je m'assois sur une chaise se trouvant face au bureau. Monsieur Dujardin s'assoit, lui, sur une chaise de bureau tout en cuir noir.
- Alors, Hannah, je commence pour la bonne ou la mauvaise nouvelle ?
- Ben, je pense que les deux vont ensemble, n'est-ce-pas ?
- Et bien, oui. Me répond-il.
Il cherche quelque chose dans ses papiers avant de sortir une feuille.
- Bon, je t'ai trouvé une famille, commence-t-il, un jeune couple avec une fille de ton âge qui seraient prêts à t'adopter. Ils attendent ton accord et tu pars chez eux quand tu veux.
Je l'écoute, très attentive. La bonne nouvelle est sortie mais la mauvaise...
- Mais, continue-t-il, je ne sais pas si pour toi, c'est un bonne ou une mauvaise nouvelle mais ils n'habitent pas en France. Ils parlent le Français couramment, bien sûr.
- Ils habitent où, alors ? Je questionne.
- Au Canada, à Stratford.
Le nom de cette ville me dit vaguement quelque chose...
- J'ai l'adresse mail de la fille du couple et de la mère si tu souhaites leur parler un peu avant de prendre ta décision. J'ai aussi une photo. Je te photocopie un exemplaire du dossier et on se retrouve dans trois jours, ça ira ? Pour parler de ta décision ?
- Hum... Je réflechis, oui, je crois que ce sera bon.
- Parfait, alors dans ce cas, on se retrouve dans trois jours, même heure. Répond-il.
Il me passe les photocopies du dossier et de la photo. Je lui serre la main et quitte le bureau. Je marche pendant un moment sans savoir ou aller. Je n'ai pas envie de rentrer maintenant. De toute façon, je vais arriver et ils vont tous me sauter dessus pour que je range ma chambre, que je lave, que je repasse... En prétextant que je suis la plus grande, donc que je dois montrer l'exemple. Au bout d'une heure à traîner dans les rues, je reçois l'appel détresse de Camille. Une fille qui est arrivée à peu près en même temps que moi dans cette famille d'accueil. Elle a un an de moins que moi et nous nous entendons très bien, nous deux. Si je devais partir, c'est elle qui me manquerait le plus. Non, ce serait la seule qui me manquerait. Je fais demi-tour et pars vers la «maison». Quand j'arrive, Camille est dans le salon en train de se faire engueuler pour je ne sais quelles raisons. De toute façon, on nous dispute toujours pour rien. Dès qu'elle me voit, elle sort de la pièce en laissant Luc, le «père», en plein milieu de sa phrase. On part dans une chambre, elle s'assoit sur le lit pendant que je ferme la porte.
- J'en ai marre ! Commence-t-elle. Putain, vivement que je parte d'ici !
Je ne sais si je dois lui dire que j'ai peut être trouvé une famille. Depuis le début, nous deux on se soutient. Je ne sais pas comment elle va réagir. J'attends qu'elle se calme un peu. Je sais toutes les épreuves qu'elle a passées. Ça fait cinq ans, elle, qu'elle est en famille d'accueil. Elle est tombée sur les pires, je crois... Et elle ne s'en sort pas mieux avec celle-là... Elle est calme au bout de dix minutes à traiter tous ce qu'elle pouvait.
- Je te jure, je vais fuguer un jour ! Exclame-t-elle
- Tu me jures de ne pas faire de bêtises quand je ne serai pas là ?
Elle se retourne vers moi et me fixe. Quelque fois, en nous voyant, on pourrait croire que je suis plus raisonnable, patiente, calme qu'elle mais en faite, non. C'est juste que je suis dans un bon jour, en partie. Quand une de nous ne va pas bien, l'autre se clame pour pouvoir l'aider.
- Tu pars ? Demande-t-elle les larmes aux yeux.
- J'ai peut-être trouvé une famille... Je suis désolée de te laisser seule... Je complète.
Elle vient se mettre dans mes bras et commence à pleurer dans mes bras. Entre ses larmes, je peux l'entendre dire ces quatre mots :
- Je te le jure.
Allongée sur mon lit, je regarde la photo de ma «future» famille. Le père est grand. La mère un peu plus petite que lui. Leur fille est devant et fait la taille de la mère. Ils sont tous bruns, tout sourire. Ils se ressemblent tous les trois. Ils se tiennent debout devant une maison blanche et grande. Les volets sont peints en marron tout comme la porte. Ils ont l'air d'une famille heureuse et unie. Une larme coule sur ma joue, repensant à mes parents avec qui je m'entendais à merveille. Je pose la photo sur ma table de nuit et prends mon ordi portable. Mes parents me l'ont offert pour mon dernier anniversaire passé avec eux. Une deuxième larme fait son apparition. Je l'essuie d'un revers de main et allume mon ordinateur. Je me connecte sur ma messagerie et vois que j'ai un message d'une certaine Nancy Millet. Heureusement, le message est en Français.
«Coucou ! Je pense que tu dois savoir qui je suis. Je voulais absolument te parler avant que tu n'arrives à la maison. Je sais, rien n'est définitif mais je préfère ou cas où. Bref, je m'appelle Nancy et j'ai 14 ans. Ouais, ma vie est très intéressante ! Stratford est une petite ville tranquille contrairement à Paris, ne t'inquiète pas pour ça. J'ai entendu dire que tu fessais de la danse, et bien, moi aussi et je prends aussi des cours de chant. J'espère que tu me répondras !»
Ça nous fait déjà un point commun, elle et moi. Je ne perds pas de temps pour lui répondre.
«Hey ! Oui, en effet, je crois savoir qui tu es. Et bien, enchantée Nancy ! Moi, c'est Hannah, 14ème du nom... Sisi ! Je rigole, t'inquiète :) (Ouai, je sais j'ai un super humour !) Et ben, oui, je fais de la danse, depuis que je suis toute petite. J'adore chanter même si je ne prends pas de cours et que je n'ai pas LA plus belle voix. J'ai même carrément une voix pourrie ! Ben je crois que je n'ai rien d'autre à te dire pour l'instant ! :D Je te dis à bientôt !»
J'envoie le message je me déconnecte tout de suite. J'éteins mon ordi et pars manger. Durant le repas, personne ne parle. Ça commence à être lourd à la fin. Je quitte la table dès que j'ai fini de manger. Je n'aime pas cette ambiance. Camille et d'autres me suivent. Je vais dans ma chambre et me cale sur le lit. Heureusement, on a tous nos propres chambres et c'est le seul truc vraiment positif, ici. Je prends mon portable et mets de la musique avec mes écouteurs. Je sens la fatigue me venir malgré le fait qu'il ne soit que 20h43. J'enlève mes écouteurs et me mets en pyjama. Je pars dans la chambre de Camille et lui fais un bisou sur la joue pour lui souhaiter bonne nuit. Je retrouve dans ma chambre et me plonge sous les couvertures.
- Hannah, réveille-toi s'il te plait !
J'ouvre les yeux et vois Camille, le visage en pleurs et paniquée.
- Il a recommencé ? Je demande paniquée à mon tour
- Oui...
Les larmes coulent de plus belles sur ses joues. Je lui fais de la place dans mon lit et elle s'y glisse. Elle se met à pleurer dans mes bras. Je la réconforte du mieux que je peux. C'est vraiment un salop... Vous vous demandez peut être de qui je parle ? Qu'est-ce qu'il a fait ? En ben, je parle de Luc et il essaie de violer Camille, le soir dans sa chambre depuis maintenant une semaine. Elle ne se laisse pas faire et se défend. Généralement, en le mordant quand il l'empêche de crier en mettant sa main devant sa bouche ou en lui mettant des coups de pieds. Pour l'instant, il ne lui a rien fait mais je sais qu'un jour ça finira mal et j'aimerais qu'elle change de famille avant que je parte. J'ai déjà essayé de l'emmener au commissariat mais elle refuse à chaque fois. Je lui caresse les cheveux en lui parlant. Elle se calme au bout d'une heure et s'endort très rapidement par la suite. Je reste encore éveillée quelques minutes en me demandant ce que je pourrais bien faire pour qu'elle puisse partir loin de ce malade.
Les rayons du soleil se déposent sur mon visage. J'ai oublié de fermer les volets. Je grogne dans mon lit et ouvre les yeux. Camille est encore dans mes bras endormie. Je la sens bouger pour ouvrir un œil puis l'autre. Ses yeux sont encore rouges d'hier soir. Je lui fais un bisou et me lève. Je traverse le couloir et vais dans la salle de bain. Je prends mon temps dans la douche, fais patienter tout le monde. Je m'habille et me maquille un peu. Après quinze minutes, je sors et appelle Camille pour quelle prenne la place. Dès qu'elle arrive, je pars dans ma chambre et me coiffe. Durant la nuit, j'ai pris la décision de l'emmener au commissariat avant que je parte. Oui, j'ai aussi pris ma décision de ce côté, je pars à Stratford même avec la barrière de la langue. Parce que, je ne suis vraiment pas douée en Anglais, voir carrément nul. La porte de ma chambre sur Camille, justement qui me dit qu'elle va prendre son petit-déjeuner. Je me lève et la suis. Arrivées dans la cuisine, je sens que Luc regarde Camille.
- Bonjour. Nous dîmes à l'unisson, Camille et moi.
- Bonjour, les filles, nous répond Luc.
Nous nous asseyons et mangeons. Camille se dépêche. Je n'aime pas la voir comme ça, elle est complètement en stresse. Dès qu'on a fini de manger, je lui propose d'aller se promener. Elle accepte très vite. Je prends mon manteau et sors. Sans qu'elle ne le remarque, je l'emmène vers le commissariat. Dès qu'elle s'en rend compte, elle s'arrête et me fixe.
- Où est-ce que tu m'emmènes ? Commence-t-elle.
- Je veux que ça s'arrête. Je réponds.
- Mais qu'est-ce que tu veux que je leurs dise ?
Je ne l'écoute pas et l'emmène de force.
- Je vais vous demandez de ne pas rentrer chez vous, jusqu'à la fin de la journée, ça va aller ? Nous demande le policier.
- Oui, ne vous inquiétez pas, monsieur. Je réponds tout en serrant la main de Camille.
Je me lève et lui serre la main. Je prends Camille dans mes bras en larmes de ce qu'elle vient d'avouer au policier puis quitte le commissariat. Je l'emmène vers le parc pour qu'elle puisse se calmer tranquillement. On s'assoit sur un banc et restons comme ça. Camille renifle puis se mouche.
- Malgré tout, je suis heureuse que tu m'ais forcée, Hannah. Dit-elle.
J'hoche la tête sans pour autant lui répondre.
- De toute façon, il le fallait. Je finis par dire.
Elle se lève et me prend par la main. Elle me propose d'aller au MacDo pour nous remonter le moral. J'accepte. Arrivées au Fast-food, nous commandons puis nous installons à une table isolée. Elle commence tout de suite à manger son Maxi Best Of.
- Au fait, tu as pris ta décision ? Demande Camille, la bouche pleine.
Je ris avant de lui répondre.
- Oui, je crois. D'ailleurs, si ça ne te dérange pas j'aimerais aller voir mon «ange-gardien» pour lui en parler.
L'«ange-gardien» est une façon que j'utilise souvent pour parler de M. Dujardin. Elle rit avant de prendre une gorgée de son Coca. Elle me répond ensuite que ça ne la dérange pas et continue de manger. Je prends une bouchée de mon DoubleCheese et regarde Camille qui a de la sauce partout autour de la bouche. Je pars dans un fou rire incontrôlable. Nous passons le reste du repas dans la joie et la bonne humeur. Le repas fini, nous sortons et partons vers le bureau de M. Dujardin. Je vais voir la secrétaire et lui demande si c'est possible de le voir.
- Vas t'assoir Hannah, je vais lui demander. Me répond-elle.
Je la remercie et vais dans la salle d'attente accompagnée de Camille. M. Dujardin arrive au bout de cinq petites minutes. Je me lève et pars dans son bureau.
- Voilà, je suis venue vous voir pour vous dire que j'ai pris ma décision, je commence je vais partir au Canada.
Il hoche la tête mais ne me répond pas.
- Mais, j'aimerais vous demander quelque chose avant que je parte. Je continue. J'aimerais que vous vous occupiez de Camille, je ne veux pas la laisser toute seule.
- Bien sur, je comprends et ne t'inquiètes pas, je m'occuperai d'elle.
- Merci, merci beaucoup.
- De rien, reprent-il, si ça ne te dérange pas, je vais appeler ta nouvelle famille pour savoir quand est-ce qu'ils veulent bien que tu arrives.
- Bien sûr.
C'est ce qu'il fait dès ma phrase finie. Après quinze minutes de discussion en Anglais, il raccroche enfin.
- Ils te proposent d'y aller après-demain, ça te va ?
- Oui.
Je me lève et lui serre la main. Je le remercie encore une fois et il me dit que c'est lui qui m'accompagnera à l'aéroport après-demain. Il m'annonce aussi que l'avion décollera à six heures vingt. Je sors du bureau le sourire aux lèvres. Je peux dire qu'une nouvelle vie commence pour moi.
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