Je suis devant la porte mais j'hésite à entrer. Pendant le trajet en bus, qui n'a d'ailleurs pas été de tout repos et heureusement pour moi, j'ai trouvé des gens pour m'aider a monter et à descendre du bus ( il va être fier Kévin ! ), j'avais réfléchis à ce que j'allais lui dire en arrivant mais je sais plus ce que c'était ! J'ai tout oublié dès que j'ai aperçu sa maison...
- Bonjour Rachelle, Kévin est là ?
- Je suis désolée, Jo, il est parti vers 15h, il a été accepté dans un programme d'échange auquel il avait postulé déjà l'été dernier ,mais sans réponse, et il a reçu une lettre il y a de cela une semaine lui proposant une place car l'un des participant avait abandonné et vu qu'il était sur la liste d'attente... mais la condition était qu'il arrive au plus tôt pour pouvoir rater le moins de cours possibles du second semestre.
   - Et il est parti où...?
   - Aux États Unis, pour 1an et demi, c'est à dire jusqu'à la fin de sa graduation.
   - Mais il va rentrer cet été, non ?
   - Je ne pense pas, le trajet en début et fin d'échange est pris en charge par sa bourse mais si on veut qu'il rentre cet été, le trajet sera à notre charge et ça a un certain coup...
   - Ho... je vois... désolée de vous avoir dérangée.
   - Mais je sais que son avion a du retard et qu'il est encore dans la salle d'attente. En tous cas, il l'était encore il y a dix minutes...
   - Merci Rachelle ! Je vais essayer de le voir une dernière fois avant son départ !
   - Attend ! Il nous a laissé une lettre pour toi, au cas où tu passerais pendant son absence... il vaut mieux que tu la lise avec d'aller le rejoindre !

     Rachelle me tend la lettre que je prend et lui fait un grand sourire. Je la laisse sur le pas de la porte et quitte la rue. Je prend mon téléphone compose le numéro de papa, qui est à la maison, et pause mon téléphone en haut parleur sur mes genoux, c'est pas pratique à une main. Au bout de deux sonneries, papa décroche, je lui explique brièvement la situation en lui demandant de m'accompagner à l'aéroport qui n'est qu'à une dizaine de minutes en voiture. Il accepte aussitôt et raccroche pour prendre ses clés et venir.
Dès son arrivée, il m'aide à m'installer et nous nous dirigeons vers l'aéroport, pendant ce temps, je lis la précieuse lettre que je n'avais pas lâchée depuis que Rachelle me l'avais donnée :

  « Jo,
     Si tu lis cette lettre c'est que tu es venue me voir et j'en suis extrêmement touché. Mais cela signifie aussi que tu arrives trop tard, je suis déjà parti pour l'Amérique. J'aurais voulu t'annoncer de vive voix mon départ mais je n'en ai pas eu le courage. J'aurais voulu qu'on puisse se voir une dernière fois avant que je parte mais tu ne voulais pas écouter mes explications et je comprends : j'aurais réagis pareil à ta place et je regrette sincèrement de t'avoir caché la vérité aussi longtemps. J'ai voulu te le dire un nombre incalculable de fois mais ce n'était jamais le bon moment. J'espérais que si tu l'apprenais après, tu pourrais plus facilement comprendre, car plus je te connaissais et plus la peur de te perdre m'envahissait.
     Je sais que ça ne va pas être facile de me refaire confiance après ça mais je t'en prie, crois moi, fais moi confiance comme tu l'as fait depuis qu'on se connaît, je n'ai jamais voulu cette situation. La seule raison pour laquelle j'ai accepté de te donner des cours c'est parce que tu m'attirais, je sais ça fait cliché et j'aime pas ça du tout, tu le sais bien, je ne suis pas romantique pour un sous, mais c'est vrai, dès que je t'ai vu j'ai voulu te connaître, tu aurais du mourir, c'est ce que les médecins pensaient, ce n'était certes qu'un petit accident mais avec la vitesse, tes chances de survies en était extrêmement diminuées. Mais à la place de ça, tu t'es finalement réveillée et j'ai eu la chance de pouvoir me racheter en te soutenant comme j'ai pu.  
     Ce n'était cependant pas mon but même si je suis heureux que tu aies pu aller de l'avant malgré ton handicap, mon seul but était de passer du temps à tes côtés car j'éprouve des sentiments pour toi. Et même si tu décides que je ne mérite pas ton pardon, je garderais à tout jamais le souvenir des moments passés ensemble, car ils t'ont permis de surmonter cette dure page de ta vie, mais également à moi de découvrir une personne franche, sans manigances, après la rencontre difficile d'une personne calculatrice et opportuniste.
     Pour ça je te remercie infiniment ma chère Jo. J'espère sincèrement avoir de tes nouvelles durant mon absence et que nous pourrons rediscuter de tous ça si tu as l'envie et le courage de m'attendre car, pour moi, tant que je n'ai pas de réponse inverse de ta part, je continuerais d'espérer qu'à mon retour rien n'aura changé, que tu seras toujours toi. Enfin toi, sans le fauteuil si possible, non qu'il me dérange, mais ce serait une telle joie que de te savoir à nouveau pleinement libre, et ce, même si tu as déjà fait d'immenses progrès.
     Bonne chance, j'ai confiance en toi, tu réussiras à aller de l'avant à présent, tu as déjà surmonté tellement que la vie ne peut plus être autrement que douce avec toi. À bientôt j'espère,

Kévin »

Je repose la lette sur mes genoux, abasourdie par ce que je viens de lire, j'en ai les larmes aux yeux... c'est vrai que j'aurais préféré qu'il me parle de son voyage mais il ne m'à rien dit parce que je ne voulais pas l'écouter, j'étais fixée sur ce que j'avais appris et le fait qu'il m'ait menti m'a empêchée de chercher au delà car j'étais vexée puisque je pensais qu'on se faisait suffisamment confiance pour ne pas se mentir.
Ces mots m'ont touchée plus que je ne l'aurais pensé car c'était lui. Je le vois prononcer chacun de ces mots ( ou plutôt les écrire ). Son visage s'anime dans ma tête avec toutes ses expressions en repensant aux moments passés ensembles : ses sourcils qui s'abaissent aux extrémités lorsqu'il est triste ou que quelque chose le contrarie, son regard de charmeur lorsqu'il fait une blague, son jeu de sourcils, ses grimaces... À force de passer du temps ensemble, j'ai fini par le télécharger et connaître toutes ses réactions en avances. Notre complicité a grandi en si peu de temps que je n'en reviens pas moi même, nous sommes passés d'inconnus à plus que des amis mais sans pouvoir vraiment clarifié ce plus caractérisant notre relation.
Cette lettre n'a donc fait que me conforter dans mon choix. J'espère sincèrement arriver à l'aéroport, à temps pour lui dire que je lui pardonne et que je l'attendrais car j'en ai là certitudes, il ne me ment pas et ne me mentiras plus, sinon il ne de serait pas donné la peine de m'écrire cette lettre.