Epilogue
15 ans plus tard, France, Périgord, Sarlat.
"I look around at a beautiful life
I been the upper side of down; been the inside of out but we breathe, we breathe
I wanna a breeze and an open mind
I wanna swim in the ocean, wanna take my time for me, it's all free"
Jared Nott posa son thermos de café sur la table de la cuisine en jurant. Il en avait renversé une bonne partie sur la table. Il était en retard au travail, comme tous les matins, et ne put s'empêcher de s'en vouloir... comme tous les matins. C'est avec une rapidité habituelle qu'il fit disparaître le liquide noirâtre de sa table qui redevint aussi blanche qu'au premier jour. Il sursauta en entendant une explosion à l'étage et leva les yeux au ciel. D'une voix rauque : il n'avait pas bu son café, il marmonna :
« Elle va m'achever... »
Il ne se pressa pas, habitué à ce vacarme assourdissant de si bon matin, prit sa sacoche abîmée, fourra son thermos et son déjeuner à l'intérieur, et l'accrocha par la anse au dossier de la chaise de la cuisine.
D'un pas d'une lenteur exagérée - comme s'il craignait finalement de le faire - il grimpa les marches menant à l'étage. Il parcourut d'un pas tout aussi précautionneux le couloir et s'approcha d'une des portes. Des petites lettres multicolores étaient accrochés à son battant, formant un prénom. Jared inspira profondément... Qu'est-ce qu'elle avait bien pu faire exploser cette fois ? Il appuya sur la poignée et avec une légère impulsion, ouvrit la porte. Il se retint à grand peine de se mettre à hurler ou autre en voyant les planches d'un lit en morceau par terre, entre les poupées et les peluches animés.
Au milieu de ce capharnaüm, une fillette de cinq ans à peine lui adressa un sourire innocent et édenté.
« Eleanor Narcissa Nott ! Que s'est-il passé ici ? » Gronda-t-il, tentant d'insuffler à son ton la colère nécessaire.
L'exaspération pointait à chaque mot, et la petite fille haussa innocemment ses petites épaules. Ses boucles brunes remontèrent autour de son visage. Son regard d'un bleu orageux très foncé était étrangement fuyant et c'est avec un sourire attendri que Jared s'avança vers elle. Il se pencha en avant, s'arrêtant quand son visage fut à la même hauteur que celui d'Eleanor.
« Qu'est-ce que tu as fait ? Articula-t-il. Je te l'ai déjà dit, pas d'explosion le matin ! Je vais encore être en retard à cause de toi... »
Il songea que ce n'était pas entièrement sa faute. Layla n'était pas encore rentrée de son voyage en Inde... Il ne quitterait pas la maison tant qu'elle ne serait pas rentrée. Cependant, il se dit qu'il finirait pas poser Eleanor chez ses grands parents si la mère de l'enfant ne rentrait pas à temps.
« Le lit... commença Eleanor.
- Oui, Ely ? »
Il s'attendait encore à entendre une excuse minable. L'enfant avait toujours eu une drôle de façon de mentir. Ces histoires étaient toujours invraisemblables, et il se demanda comment elle ferait pour s'en sortir dans la vie s'il ne l'éduquait pas un peu sur les lois de l'omission dans la société actuelle.
« Le lit m'a attaquée. »
Jared fronça brièvement les sourcils, et ses lèvres se tordirent en un rictus mi-amusé, mi-fier. Eleanor n'osa plus dire un mot et il finit par ébouriffer tendrement ses cheveux. Combien de fois avait-il fait lui-même exploser des objets sans le vouloir avant d'apprendre à contrôler ses pouvoirs ? Son père n'avait même pas dû compter. La fillette avait l'air tellement sûre d'elle quand elle prononça ces mots qu'il eut presque envie de la croire. Il tendit les bras vers elle et elle se blottit contre lui avec une moue très Malefoyienne que lui avait apprise son oncle Gabriel.
« Bon, papa réparera ça plus tard, petit monstre... Marmonna finalement Jared en observant les lieux.
- D'accord. Mais avant ce soir, hein ? Parce qu'il me faut un lit ! »
Il planta son regard dans le sien, surpris par le ton presque condescendant de la fillette. Elle cassait tout et voulait ensuite qu'il répare vite car ça l'arrangeait ?
Si le caractère Malefoy avait sauté une génération avec Layla, il était apparemment revenu chez Eleanor.
« Ou je peux dormir avec maman et toi ? » S'enquit-elle avec un sourire adorable.
Si adorable qu'il aurait pu accepter si Layla ne lui manquait pas tant. Entre ses voyages en tant qu'historienne et les siens en tant que garde spécial ministériel, ils ne se voyaient que trois ou quatre nuits par semaines. Et pas question de perdre une seconde dans ces cas-là. En général, il allait même jusqu'à poser les enfants chez leurs grands parents pour pouvoir profiter de la maison avec Layla. La cuisine étant leur pièce préférée, ils avaient du mal à accomplir leurs fantasmes si Eleanor était à la maison, et pouvait débarquer d'un instant à l'autre pour réclamer à manger.
Leur autre fille - Anaëlle - ne pouvait pas quitter son lit dont les barreaux étaient trop hauts. Il n'y avait donc aucun risque la concernant. De plus, elle ne possédait pas autant de pouvoirs que sa sœur qui à un an à peine était capable de transplaner d'une pièce à une autre. Eleanor était même apparue chez Hermione et Drago un jour alors que Layla la grondait pour échapper aux réprimandes de sa mère.
Pourtant ce jour-là, Jared ne pouvait déposer ses filles pour la soirée étant donné qu'il était censé les emmener chez leur grand-père paternel. Théo vérifiait l'évolution des pouvoirs de ses petites filles de très prêt et voulait contrôlait le gène des Belahans Jiwa sur Anaëlle.
La fillette, âgée de presque trois ans, ne possédait que 9900 Warrs contrairement à sa sœur qui en possédait 13000. Pourtant, Eleanor ne possédait pas le gène des Belahans Jiwa. Théo désirait savoir si Anaëlle l'avait hérité de ses parents, grands-parents et arrières-grands-parents.
Jared lâcha Eleanor en entendant Anaëlle pleurer dans la chambre d'à coté et s'empara de la main de son aînée pour la conduire jusqu'à sa petite sœur. La fillette était debout dans son lit à barreaux et hurlait à pleins poumons. Eleanor courut d'un pas sautillant vers sa petite sœur en braillant - presque aussi fort qu'elle :
« Chut, bébé ! Chut ! »
Jared étouffa un rire en se rapprochant du lit où l'enfant cessait doucement de pleurer en voyant son père arriver.
« Papa !
- Eh, Ana ... » roucoula-t-il, un immense sourire sur les lèvres en prenant sa plus petite fille dans ses bras.
L'enfant lui colla un baiser assez poisseux dans le cou et il jeta un coup d'œil à sa montre. Eleanor le regard de haut - malgré sa taille d'un mètre à peine - alors qu'il faisait presque le double.
« Papa, tu es encore en retard. Remarqua-t-elle, condescendante comme toujours.
- Merci, ma puce. J'avais remarqué. »
Il se retint à grand peine de lever les yeux au ciel, sachant qu'elle l'imiterait dans la seconde s'il se le permettait. Anaëlle posa son visage sur l'épaule de son papa, ses cheveux d'un noir ébène - ondulant sur la longueur, lui chatouillant la clavicule. Son regard d'un bleu si clair qu'il en paraissait gris scrutait un point imaginaire sur le sol alors qu'elle mettait son pouce dans sa bouche, le tétant mécaniquement. Eleanor se mit à sautiller dans les jambes de Jared en s'exclamant.
« Vu qu'il est tard, déjà, tu peux nous faire le petit-déjeuner, non ? »
C'était plus un ordre qu'une question, à son ton et Jared maugréa une insulte en anglais que l'enfant fit mine de ne pas comprendre, bien qu'elle l'eut déjà entendu de la bouche de son « tonton Gab ». Le regard moralisateur qu'elle lui lança aurait fait pâlir d'envie sa « mamie Mione », et Jared poussa un profond soupir exaspéré.
« Bon, alors allons-y... »
De toute manière, il avait déjà presque une demi-heure de retard. Autant continuer comme ça...
Il transporta ses deux filles jusqu'à la cuisine où il leur prépara des tartines de Nutella, du jus - pour Ely,- et du lait au chocolat - pour Ana. Eleanor léchait méticuleusement le Nutella sans manger les tartines, s'en mettant sur les doigts, le pyjama et le visage. Anaëlle - plus propre que sa grande sœur - enlevait le chocolat avec son majeur -qu'elle portait ensuite à sa bouche sans faire une seule tache. Elle non plus ne mangea pas sa tartine.
Jared but un énième café, sa nouvelle drogue depuis que Layla, pendant sa première grossesse lui avait interdit de fumer sous peine de torture.
Il entendit un carillon. Le facteur. Il se pencha à la fenêtre, et l'air glacé vint lui fouetter le visage. En effet, l'accoutrement bleu et jaune ridicule de la Poste lui apparut, et il sortit en jetant un coup d'œil distrait à Eleanor qui tartinait les joues de sa sœur de Nutella. Il n'y prêta pas plus d'attention et quitta la maison pour récupérer le courrier.
« Hello, Monsieur Nott ! »
Le facteur s'évertuait depuis quelques années déjà à lui dire quelques mots en anglais alors que Jared parlait parfaitement bien le français, ce qui avait le don de l'agacer.
« Bonjour, monsieur... » Marmonna-t-il donc, sans politesse superflue en s'emparant des quelques lettres et brochures publicitaires que le facteur tenait.
Le sourire de ce dernier s'effaça et il remonta sur son vélo en quittant les lieux. Jared observa le courrier. Factures, factures... La France avait ses défauts, les factures en faisant partie intégrante. Ils n'auraient rien eut à payer en vivant en Angleterre. Drago et Hermione leur avait offert une maison. Pas de loyer par conséquent... Mais ils aimaient vivre loin de leurs familles respectives. Ils les voyaient déjà trop souvent.
En un soupir, Jared rentra à nouveau à l'intérieur, surpris d'entendre des rires. Dont un qui n'appartenait pas à une de ces filles. Trop masculin et grave pour ça.
« Tonton Gabriel est là ! » brailla Eleanor en quittant son fauteuil pour enlacer le dit « tonton ».
Gabriel Malefoy - âgé de dix sept ans, vêtu de son uniforme de Poudlard adressa un vague sourire à Jared avant de prendre sa nièce dans ses bras pour la porter très haut dans le ciel. Le jeune homme était grand, élancé mais bien battit. Ses petites boucles brunes étaient humides - il sortait de la douche - et dégoulinaient sur son front pâle, masquant par intermittence ses yeux bleus magnifiques - identiques à ceux de sa sœur.
« Tu n'as pas cours, toi ? S'enquit Jared en prenant un ton sévère qui ne lui allait pas du tout.
- J'ai Soins aux créatures Magiques... Ennuyeux à mourir. Et j'ai un match demain alors je prends ma journée... »
Un sourire railleur vint orner ses lèvres et Jared leva les yeux au ciel.
« Depuis quand as-tu besoin de repos ?
- Ma petite amie est épuisante ! » Persifla Gabriel.
Jared ne put retenir un rire cette fois devant tant de minauderie purement Malefoyiennes.
« Une nouvelle ? Demanda-t-il avec un sourire entendu.
- Ouais... Encore une. Une vraie bombe... »
Il parut rêveur un instant mais finit par se reprendre.
« Où est Lay ?
- Toujours en Inde. Elle est en retard... Marmonna Jared avec une moue exaspérée, mais habituée.
- Je peux m'occuper des petites si tu veux. Proposa gentiment - ou plutôt avec manipulation - Gabriel.
- Non, tu vas en cours toi. Sinon, tes parents vont me tuer. Ils sont profs... tu ne peux pas espérer sécher les cours sans qu'ils ne s'en rendent compte ! »
Gabriel haussa nerveusement les épaules avant de soupirer.
« Ok, j'y vais... Vous passerez voir le match de demain ? Serpentard contre Serdaigle ... Je serais sans doute sacré meilleur batteur du siècle !
- Le moins fair-play également si je ne me trompe... Tu aurais dû aller à Serpentard.
- Mon cerveau est mille fois mieux que celui d'un Serpentard ! Se vanta Gabriel, amusé.
- Traite-moi d'idiot pendant que tu y es ! »
Gabriel étouffa un rire avant de reposer sa nièce sur son siège.
« Bon. Je vais y aller. On se voit ce soir au Manoir de toute façon, non ?
- Oui, comme toujours. Grogna Jared, guère enthousiaste à l'idée d'un énième repas chez les Malefoy. On arrivera un peu tard par contre...
- Vous allez voir Théo, c'est ça ? Pour Ana ?
- Oui. Soupira Jared. Allez, file en cours maintenant... »
Gabriel fit la moue, mais sans plus de prières de la part de son beau frère, embrassa le front d'Ely, puis celui d'Ana avant de disparaître en transplanant. Eleanor se leva d'un bond et se mit à sautiller.
« Tu restes avec nous alors aujourd'hui, papa ?
- Non, Ely... Si maman ne... »
Il cessa de parler et un bref sourire éclaira son visage alors qu'une vague d'électricité transperçait l'atmosphère. Eleanor - habituée à la Tekanan di Asmara - sourit elle aussi alors que la porte d'entrée de la maison s'ouvrait et qu'une voix annonçait déjà :
« Je suis en retard ! »
Une jeune femme d'une trentaine d'années apparut et Ana sauta de son siège pour se blottir dans ses bras. Layla avait perdu ses joues trop rondes, arborant néanmoins des formes plus avantageuses encore qu'à dix sept ans tout en restant assez mince.
« Maman ! Maman... Commença Eleanor en ayant des tas de choses à lui raconter. J'ai fait exploser mon lit ! Hier, ma maîtresse m'a dit que j'étais drôlement intelligente... Papa a encore été méchant avec le facteur ! Papi Lucius m'a fait voir plein de vieilles photos de vous hier soir quand j'étais chez lui ! Et mamie Mione a dit que...
- Ely ! Coupa Layla dans un éclat de rire. C'est bon, ma puce... Tu as toute la journée pour me raconter tout ce que tu as fait pendant ces trois derniers jours. Reprend ta respiration entre chaque phrase, mon ange. »
Elle posa ses lèvres sur le front pâle de la fillette avant de prendre son autre fille dans ses bras.
« Et toi, rien à raconter ? »
Anaëlle sembla réfléchir pendant quelques secondes mais finit par gesticuler pour faire signe que non. Eleanor s'accrocha à la jambe de sa mère alors que celle-ci s'avançait vers Jared. L'électricité les désarçonna comme au premier jour, comme à chaque fois qu'ils se revoyaient après avoir été séparés plus de quelques heures. Et comme toujours, ils attendirent la limite de la perte de contrôle pour s'embrasser. C'était plus drôle quand c'était dangereux. Limite de risque. Jared posa ses lèvres sur celles de son épouse, doucement d'abord, puis avec fougue. Eleanor regarda soigneusement ailleurs en prenant une moue dégoûtée - très Malefoyienne toujours. Anaëlle, se contenta de rire dans les bras de sa mère.
Jared embrassa Layla à en perdre haleine pendant une longue minute avant de s'éloigner - avant de ne plus rien contrôler. Layla lui adressa un sourire d'une sensualité mesurée et il caressa sa joue du bout des doigts, le regard flamboyant. Et dire qu'il leur faudrait attendre des heures avant d'être au lit - ou ailleurs - tous les deux.
« Je crois qu'on devrait laisser les petites chez les Malefoy ce soir... Proposa-t-il avec un sourire espiègle.
- Ce ne serait pas responsable du tout ! Remarqua Layla avec un rictus moqueur.
- Et depuis quand sommes-nous raisonnables ? »
Layla fit mine de réfléchir avant d'embrasser à nouveau son mari.
« Ok, ne soyons pas raisonnables. » minauda-t-elle finalement.
Anaëlle et Eleanor échangèrent un regard. Et encore une nuit à embêter Papi Lucius et Mamie Cissa jusqu'à la crise de nerfs ! Ou peut-être leurs parents les laisseraient-ils à Hermione et Drago, et dans ce cas ce serait beaucoup moins drôle. Papi Drago perdait plus facilement patience et les envoyait au lit beaucoup trop tôt. Bien évidemment, leur Tonton Gabriel les installait alors devant la télé dans la chambre d'amis, et ils passaient des heures entières à regarder des dessins animés jusqu'à ce qu'elles s'écroulent de fatigue. Avec leur Papi Théo, c'était souvent plus instructif. Il leur racontait des tas d'histoires sur la magie, sur les Belahans Jiwa et ce genre de choses.
Crise de nerfs, dessins animés ou histoires ? C'était presque trop complexe de faire un choix. Mais le visage rouge de Lucius apparut à Eleanor. Elle aimait tellement l'embêter celui-là que n'importe quelle histoire ou film ne dépasserait jamais ce plaisir. Anaëlle semblait d'accord avec sa grande sœur car un sourire sadique se posa sur ses lèvres.
Layla fronça les sourcils en les observant.
« Et pas de bêtises chez papi et mamie cette fois, les filles ! Pas d'eau dans le lit de papi avant qu'il n'y aille comme la dernière fois. Ni de terre dans son verre. Ni quoi que ce soit de ce genre ! Clair ? »
Eleanor plissa le front avec un rictus presque déçu. Puis son visage s'éclaira - comme si elle avait une idée.
« Même pas de dentifrice à la place du shampoing de mamie Cy ? » grimaça-t-elle comme si c'était une brillante idée.
Sa mère se contenta d'un regard glacial et son père étouffa un rire presque complice. Il jeta un énième coup d'œil à sa montre avant de faire la moue. Il embrassa Layla à pleine bouche, posa ses lèvres sur le front d'Anaëlle puis enlaça Eleanor en la faisant virevolter quelques instants.
« Je suis en retard. J'y vais. On se retrouve chez papa ?
- Ouais, chez Théo. À dix-sept heures. » Répéta Layla avec une correction inutile.
Jared prit sa sacoche, son manteau, embrassa Layla une dernière fois avant de quitter la pièce. Sa femme le regarda sortir avant de se retourner vers ses filles.
« Puis je te poser une question, Ana ? Une question qui me brûle les lèvres depuis que je suis là.
- Oui, maman. Acquiesça lentement Annabeth.
- Pourquoi as-tu du chocolat sur les joues ? »
O0°0O
Layla s'installa sur le canapé du salon avec son téléphone, Anaëlle et Eleanor jouant par terre en regardant la télévision d'un œil distrait. Leurs poupées semblaient plus intéressantes que la mort du Roi Lion. Layla composa rapidement le numéro de sa meilleure amie.
« Agathe ?
- Tu es enfin rentrée ! » S'exclama la jeune femme à l'autre bout du fil, comme si Layla l'avait faite attendre.
La blonde ne put s'empêcher de sourire. Depuis qu'elle s'était mariée à Franck, Agathe était toujours pressée en toute circonstances. Ils avaient eu trois fils: Philip, James et Harry âgés respectivement de huit, sept et six ans, tous trois extrêmement turbulents. Ils passaient tellement de temps à faire des bêtises qu'Agathe passait la plupart de ses journées à ramasser, ranger, ou réparer après eux. Layla observa Eleanor. Elle aussi passait son temps à tout casser... Mais elle n'y pouvait rien. Alors que les trois fils d'Agathe et Franck aimaient simplement rendre leurs parents fous.
Victoire s'était mariée également à un joueur de Quidditch, fils d'un ancien ami au Trio d'Or, Olivier Dubois : Adam Dubois. Ils avaient eu trois enfants: Alan et William, jumeaux de quatre ans - purs Weasley dans l'âme, et Flora - six ans - qui semblait toujours dégoûtée par tout, et prenait des airs de princesse. Exaspérante à tout point de vue.
Et puis, il y avait Alexander, que Layla n'avait pas vu depuis des mois. Il l'évitait toujours... Depuis leur « séparation ». Elle avait juste refusé l'opération... sans penser que ça détruirait leur couple. Elle n'avait pas voulu choisir entre la mort d'une partie d'elle-même - son âme - ou la partie d'une autre - son cœur, mais en refusant de se séparer de ce qui la liait à Jared, elle l'avait inconsciemment choisi. Mais elle était heureuse comme ça, n'aurait pu avoir la même vie sans Jared... Une vie pleine d'amour - mais aussi de haine, car ils n'étaient que très rarement d'accord sur certaines choses. Elle l'aimait. Il l'aimait. Mais comme disait Drago, chaque véritable histoire d'amour avait un fond de haine. L'histoire de Layla et Jared était faite de ça. Ils s'aimaient comme ils le pouvaient, avec leurs souvenirs, leurs passés, leurs regrets... sur un fondement de haine aussi de ne pas avoir réellement eu le choix. Mais ils s'aimaient.
Et Layla savait - ou du moins pensait car elle n'en avait jamais vraiment parlé avec lui - qu'Alex était heureux. Après leur rupture, Alice Londubat - la jumelle de Franck - avait été là pour lui, pour le réconforter. Il s'était rendu compte qu'elle n'était pas si inintéressante que ça et l'avait épousée quelques années plus tard. Il était joueur de Quidditch - dans une équipe régionale - et elle travaillait pour le Chicaneur. Ils élevaient ensemble cinq enfants. Hope, Grace et Pearl, des triplées de sept ans, et deux garçons Dustin - quatre ans - et Tyler - un an. Ils semblaient heureux en ménage, mais Layla ne les voyait que très peu.
Contre toute attente, Megan faisait partie de leur vie. Elle n'avait rien eu de l'ex-petite-amie jalouse, contrairement à Alex. Elle s'était fiancée à un docteur, avait eu une fille, Manon, cinq ans, très amie avec Eleanor - mais avait rompu et l'élevait seule. Jared disait qu'elle n'était pas du genre à se caser au fond, qu'elle n'avait besoin de personne...
Elle entendait Agathe réprimander Philip à l'autre bout du fil car il avait cassé un balai apparemment. Elle dut retenir un rire, et tenta de suivre le méandre des conversations du couple et de leurs enfants en ayant l'impression que sa meilleure amie aurait dû raccrocher. Elle sourit en observant ses filles jouer, ravie d'avoir des enfants si calmes - malgré quelques explosions - jusqu'à ce qu'Eleanor ne fasse voler la poupée de sa sœur à travers la pièce, ce qui fit pleurer la plus jeune.
« Je dois raccrocher ! » dit-elle simplement sans attendre de réponse.
Eleanor adressa un sourire d'excuse à sa mère avant de se lever en traînant les pieds pour aller récupérer le jouet de sa sœur qui pleurait toujours.
« Tiens ! » dit-elle simplement en lui tendant la poupée.
Layla ne quitta pas des yeux ses filles qui se défiaient du regard. Comme toujours, Anaëlle obéit à sa grand sœur et serra sa poupée contre elle. Eleanor se retourna vers sa mère avec un sourire fier.
Pas de doute, elles avaient bien du sang Malefoy.
O0°0O
« Regardez-moi cette petite puce comme elle grandit vite ! » Gazouilla Théodore Nott sous le regard railleur de son fils.
Théo était si gaga que c'en était effrayant. Il portait Anaëlle en riant et tenait la main d'Eleanor. Jared et Layla échangèrent un sourire. Étant donné qu'il avait vu ses petites-filles trois jours plus tôt, elles n'avaient pas dû prendre plus d'un millimètre - et encore ! Jared serra la main de Layla dans la sienne alors que Théo posait deux verres où reposait un liquide : la potion du baromètre.
Eleanor par habitude, s'empara du verre, et s'exclama d'une voix de bébé - ordinairement utilisé comme arme d'envoûtement sur ses grands-parents et arrières-grands-parents.
« Moi d'abord ?
- Bien sûr, ma puce ! » Approuva Théo avec un sourire attendri devant l'adorable - ou manipulatrice - fillette.
En quelques minutes à peine, Théo rassura Jared et Layla concernant l'évolution des pouvoirs d'Eleanor, puis d'Annaëlle. Après que la plus jeune se soit calmée - elle n'aimait pas vraiment la sensation étrange qu'elle ressentait avec le sort du Baromètre, son grand père entreprit de rechercher le gène des Belahans Jiwa, sans grand espoir.
Après trois générations successives, il se doutait bien que le gène avait dû disparaître pour bien longtemps. Il avait été déçu en voyant qu'Eleanor ne le possédait pas, contrairement à Jared et Layla qui étaient très heureux pour elle. Choisir l'amour de sa vie était beaucoup plus simple au fond que de l'avoir en naissant.
Anaëlle enfonça son pouce dans sa bouche alors que Théo lui lançait un sort. Il visita son buste, passant mentalement derrière la peau, puis derrière chaque organe, voyant des détails que même les moldus avec leurs machines ultra-performantes ne pouvaient voir. Il s'arrêta brusquement dans sa progression et fronça brièvement les sourcils avant de quitter le corps de l'enfant qui le regarda en souriant, comme si elle savait quelque chose qu'il ignorait, comme si elle savait déjà - bien avant lui - qu'elle était différente.
Eleanor s'installa à coté de sa sœur sur le canapé familial et Annabeth allongea sa tête contre ses jambes. L'aînée caressa doucement les cheveux de la benjamine.
Théo se tourna vers les parents des fillettes qui le regardaient étrangement avant de balbutier, un grand sourire aux lèvres.
« Elle a le gène. »
Jared se figea et Layla blêmit très légèrement. La main de son époux serra plus fort la sienne, et elle sentit son alliance sous ses doigts. Après tout... pourquoi pas ? Au fond, elle avait toujours eu le choix. Elle aurait pu s'éloigner de Jared, se débarrasser de ce gène maintenant que c'était possible.
Et Anaëlle aurait le choix. Qui que soit ce garçon à l'autre bout du monde - ou sur le palier d'à coté - qui était fait pour elle, Anaëlle aurait le choix. Le choix de l'aimer ou de le détester. De vivre avec lui ou d'aimer quelqu'un d'autre. Une petite ablation et se serait fini... Alors pourquoi pas ? Ça lui compliquerait peut-être un peu la vie, mais une personne de plus serait à ses cotés pour l'éternité...
Jared songea exactement à la même chose et passa négligemment son bras par-dessus les épaules de sa femme, de sa Belahan Jiwa. Avec un coup d'œil à cette dernière, un vague sourire illumina son visage et il scruta sa fille qui souriait - comprenant tout ce qu'il se passait autour d'elle. Il rit finalement, comme si la situation était drôle. Layla le suivit de peu, et d'une même voix ils s'exclamèrent :
« Et c'est reparti pour un tour ! »
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