Chapitre 18

Drago et Hermione semblaient incapable de bouger. Layla les dévisageait. Sa poitrine ne se soulevait même pas au rythme de sa respiration, si bien que Jared comprit qu'elle avait cessé de respirer.

Lui-même sentit la panique s'emparait de lui. Il pantela.

« Layla, il faut que tu te calmes. »

Elle ferma les yeux, et la respiration haletante elle tenta de se détendre. Mais n'y parvint guère. D'une voix décousue, elle marmonna:

« Je pensais que... mes parents étaient morts pendant la guerre ou un truc du genre... Et en fait... vous... vous êtes là, à avoir une petite vie tranquille... et vous êtes ensemble et... »

Elle semblait au bord de la crise de larmes.

« En fait... vous n'avez même pas de raison valable. Conclut elle avec rage.

- Layla, calme toi. Répéta Jared, perdant lui-même son calme avec elle.

- Non. Répliqua-t-elle.

- Layla, si tu ne te calme pas, c'est moi qui vais poser problème alors calme toi! »

Elle se tourna vers lui, et le fusilla du regard.

« Ce n'est pas en me répétant que je dois me calmer que je vais me calmer! » lui cracha-t-elle.

Il s'avança vers elle et se baissa pour être à sa hauteur:

« Si tu ne te calme pas, j'ai assez de pouvoir pour faire exploser cette maison. Et nous avec. Donc... s'il te plait. »

Elle plongea son regard dans le sien. Elle avait les larmes aux yeux et se retourna brusquement, se dirigeant vers la sortie.

« Je vais me balader. »

Elle s'empara de sa veste et commença à l'enfiler quand Drago sortit enfin de sa torpeur. Il tenta d'avoir un minimum d'autorité, qualité qui en général ne lui manquait pas mais qu'il n'avait encore jamais exercé sur sa fille.

« Layla... Ne sois pas idiote, il fait zéro degrés. Tu n'as pas à partir. Si tu veux que nous nous en allions par contre... »

Elle se tourna vers lui, et le contempla un instant.

« Comment... je pensais que si je vous rencontrai, je m'en rendrais compte. Et je n'ai rien vu du tout... »

De la colère et l'incertitude, elle passa à la tristesse, et cette transition fut assez douloureuse pour Jared. Théo se tourna vers lui.

« Si tu arrives à te détendre, elle y arrivera aussi! Lui conseilla-t-il.

- Sauf qu'il m'est impossible de me détendre! Siffla Jared entre ses dents.

- Tente le coup! »

Layla serra douloureusement les poings, sous le besoin de briser quelque chose. Elle avait envie de frapper, n'importe qui, n'importe quoi...

Un verre explosa à table et Jared marmotta.

« Désolé. C'est moi... »

Narcissa s'approcha rapidement de Layla et prit le visage de sa petite fille entre ses mains en coupe.

« Layla... calme toi, ma puce. »

Layla planta son regard dans celui de sa grand-mère, identique au sien. Comment avait elle put ne pas remarquer toutes ces ressemblances ?

Elle se dégagea brusquement de la poigne de Narcissa et commença à s'éloigner. Drago l'arrêta à nouveau.

« On n'a pas toujours le choix! » Tenta-t-il de se défendre, ou plutôt de défendre Hermione.

Layla serra les poings et se retourna vers lui, le regard assassin mais humide de larmes, étrange contraste sur ce visage qui avec ses traits de grâce très Malefoyienne aurait put sembler incapable d'éprouver de tels émotions -si vives, si instables.

« Il y a certaine chose qu'on ne fait pas... Mais si j'ai apprit quelque chose dans ma vie, c'est bien qu'on a toujours le choix,professeur. »

Elle avait insisté sur ce dernier mot et s'avança vers la porte d'entrée. Mais avant qu'elle puisse atteindre la poignée, Drago arriva près d'elle, et posa sa main sur son bras.

« Ce n'est pas en fuyant que ça arrangera la situation!

- Ah oui ? Et qu'Est-ce que vous en savez, vous ? »

Elle poussa la porte de sa main libre mais Drago resserra son emprise et l'attira. Avant même que quiconque ne puisse intervenir, Layla se retourna et plaqua sa main contre le torse de son père, lequel voltigea à travers la pièce. Comme si elle avait été poussée par une force incommensurable, elle avait fait faire un bond en arrière de plusieurs mètres à l'homme qui s'écroula sur la table à manger dans un fracas assourdissant.

Layla se figea, stupéfaite par la puissance dont elle venait de faire preuve. Une puissance qui ne venait pas d'elle... Mais de Jared.

Harry et Ron accoururent aux cotés de Drago alors que Layla quittait la maison en courant. Personne n'essaya de la retenir. Hermione s'approcha de Drago.

« Tu vas bien ?

- Tu le sais aussi bien que moi! » Répliqua-t-il acerbe.

Oui, elle le sentait. Il était blessé, mal à l'aise, angoissé par la réaction de leur fille, inquiet pour les prochaines heures, attristé, et surtout déçu. Il aurait tant voulu -comme elle- que les choses se passent autrement. Elle passa sa main sur son front alors qu'il se relevait difficilement, aidé par Harry et Ron.

« Tu as mal quelque part ? S'enquit Ginny en se penchant vers lui.

- Un peu au dos, mais ce n'est rien. » Grimaça-t-il.

Hermione passa ses lèvres sur sa nuque et l'embrassa doucement. Narcissa les observa quelques instants puis chuchota:

« Il neige. Et il est tard. Peut être que l'un de nous devrait aller la chercher ? »

Drago maugréa:

« Je m'avoue vaincu. Ma fille me déteste, et je crois que je vais rester ici pour quelques heures. Sans bouger. Et surtout, me taire.

- Ce n'est pas de ta faute... Le rassura Hermione. Ce que tu as dit n'a rien changé. Elle était en colère de toute façon...

- J'aurai mieux fait de ne pas la retenir. »

Narcissa esquissa un sourire attendri en observant son fils unique, dépassé.

« Drago... Elle a juste eut exactement la même réaction que toi adolescent pendant une dispute avec ton père. À partir de maintenant, essai de te souvenir qu'elle te ressemble beaucoup quand elle est en colère , et ne lui fais pas ce que tu aurais refusé que ton père fasse. Expliqua-t-elle.

- Mère, évitez de me comparer à lui... Surtout pas maintenant.

- Tu sais très bien ce que je voulais dire. »

Il ferma les yeux pendant quelques instants. Hermione intervint alors:

« C'est moi qui vais y aller. Après tout... À l'origine, c'est à moi qu'elle devrait en vouloir, pas à toi. C'est donc à moi de lui raconter. »

Drago allait riposter que c'était autant de sa faute -à lui- que de la sienne, mais elle l'en empêcha en posant ses lèvres sur les siennes.

« Laisses. Je m'en charge. »

Il acquiesça finalement et Harry soupira, vaguement surpris:

« Tu n'insistes pas plus ?

- Quand Hermione Granger décide quelque chose... » Commença le blond avant que la concernée ne lui tire bêtement la langue.

Elle l'embrassa une dernière fois, et s'empara de son manteau avant de quitter la maison à son tour.

Elle marcha une bonne dizaine de minute dans la neige, se demandant où Layla avait bien put disparaître. Elle arriva aux abords du village de Loutry Sainte Chaspoule. Tout y était fermé sauf un bar. Hermione hésita quelques instants avant d'y entrer. Une bande de vieux moldus barbus jouaient aux cartes en buvant de la bière. Apparemment, le bar devait être leur repère du soir, car seul ce groupe y était installé. Et Layla. Assise au bar devant un verre de coca, l'adolescente semblait complètement perdue dans ses pensées.

Hermione inspira profondément avant de s'approcher d'elle, s'assit au tabouret juste à coté d'elle. Le barman vint vers elle de sa démarche mal assurée.

« J'vous sert quelque chose, m'dame ? L'apostropha-t-il.

- Un coca, s'il vous plait. » Chuchota-t-elle en posant de l'argent sur la table.

Layla tourna la tête vers elle en reconnaissant sa voix, et parut sur le point de se lever quand Hermione chuchota:

« On ne fuit pas les gens, on se fuit soi-même. Cita-t-elle pour l'arrêter.

- Truman Capote. Sourit involontairement Layla, se rendant compte que sa mère avant autant -ou plus- de connaissances qu'elle, même en ce qui concernait la culture moldue.

- Tu ne pourras pas fuir indéfiniment. »

Layla but doucement une gorgée de sa boisson glacée. Hermione soupira en voyant le barman poser son verre devant elle. Elle en avala aussi une gorgée. Givrée.

« Je peux te raconter une histoire... Je le faisais quand tu étais petite. Se souvint elle amèrement.

- Vraiment ?

- Oui. Et, je te chantais des chansons. Quand tu avais deux ans, et que je te chantais l'hymne de Poudlard... tu sautillais comme une petite folle en balançant les hanches. Tu finissais par tomber. Tu manquais d'équilibre.

- Je ne m'en souviens pas. Regretta Layla.

- J'ai fait en sorte que tu ne t'en souviennes pas. S'excusa Hermione. Puis je te raconter une histoire alors ? »

Layla réfléchit quelques instants. Elle avait envie de refuser, de partir en claquant la porte... Mais cette femme... Elle l'aimait avant de savoir qui elle était, la trouvait incroyablement forte, intelligente et belle en tant qu'enseignante. Alors pourquoi pas en tant que mère ? Et par-dessus tout, elle voulait des réponses. Des réponses à ses questions qui l'obsédaient depuis toujours. Et d'avantage encore maintenant, depuis qu'elle savait qui elle était... Qui elle aurait dut être.

« Quelle histoire ? Murmura-t-elle, si bas qu'Hermione dut tendre l'oreille pour l'entendre.

- Ton histoire. »

Layla acquiesça alors sans dire un mot. Elle n'en avait ni la force, ni le courage. Hermione inspira une grande bouffée d'air alcoolisé avant de commencer.

« Il était une fois... (Layla esquissa un sourire) une gryffondor très très têtue, courageuse et fondamentalement gentille et un serpentard assez cruel qui désirait apparemment servir les forces du mal. Un jour, ils se rendirent compte que leurs âmes étaient liées pour l'éternité. Après avoir vainement tenté de résister à la tentation qu'ils éprouvaient l'un envers l'autre, ils cédèrent. Très vite, ils devinrent même plus ou moins amis. Ils se cachèrent de la plupart des gens de leur entourage, sauf d'un autre ami, serpentard également qui étudia de très près leur relation. Pendant près d'une année, ils vécurent leur ... amour (Elle avait hésité sur le mot ce qui ne manqua pas d'intrigué Layla qui gardait cependant ses questions pour la fin) en secret. Puis, le serpentard dut rejoindre son maître pour faire la guerre. La gryffondor, membre du camp adverse et lui ne se rencontrèrent plus pendant plusieurs années, même si ils se manquaient cruellement à chacun.

Pourtant, pendant l'une de ses missions, la gryffondor revu le serpentard, lequel lui sauva la vie en trahissant certains des autres partisans de son maître. Ils profitèrent de cette nuit pour se retrouver tout les deux. Puis la gryffondor retourna auprès de ses amis, sans se rendre compte que cette nuit là changeraient leurs vies.

Quand elle comprit qu'elle était enceinte, elle paniqua. Qui dans un tel monde accepterait une enfant de Mangemort et de membre de l'Ordre du Phoenix ? Elle s'inquiétait aussi beaucoup de la réaction que pourraient avoir ses amis. Parce que pour elle, ils étaient plus importants que tout. De plus, cette gryffondor était si courageuse que fuir la guerre ne lui vint même pas à l'esprit. Elle n'aurait jamais put abandonner ses amis... Alors, avec l'aide de l'ami du Serpentard, elle décida de garder l'enfant en vie mais de lui donner une autre chance, ailleurs. Elle ne pouvait en aucun cas le tuer avant qu'il ne naisse... Égoïstement, elle désirait peut-être avoir une chance de revoir cet enfant un jour. Alors, elle se cacha pendant plusieurs mois, et quand l'enfant vint au monde, comprit qu'il était différent. La fillette était si puissante, qu'à quelques jours à peine, elle parvenait à faire apparaître son biberon si elle avait faim... La gryffondor s'inquiéta encore, mais sa décision avait déjà été prise. Et même si ce fut sans doute la plus dure chose qu'elle eut à faire dans sa vie... Elle l'abandonna. La déposa dans un orphelinat moldu, où elle espérait que les pouvoirs de la fillette n'alarmeraient pas trop les autres...

La gryffondor revint auprès de ses amis, raconta qu'elle avait été enlevée pendant plusieurs mois chez leurs ennemis et tenta de reprendre le cours de sa vie. Mais pendant près de quinze ans, même quand la guerre fut finie et qu'elle ne chercha pas à reprendre le contact avec son âme sœur, elle n'eut pas l'impression de vivre réellement. Comme lorsque son âme sœur était loin d'elle... Le manque de son enfant était encore plus puissant, plus douloureux. Malgré tout, elle fit comme si tout allait bien... Jusqu'au jour où, en une même journée, réapparurent l'enfant et l'homme à qui elle l'avait caché. »

Elle ne sut quoi dire de plus et se tut, les larmes lui brouillant la vue. Layla réfléchit quelques minutes en buvant sa boisson.

« Alors... Le professeur Malefoy... je veux dire... Drag... Euh... mon père... N'était pas au courant ? Pour moi ? »

Hermione se tourna vers elle, le regard humide.

« Non. Il aurait voulu fuir... t'emporter loin de tout ça... Il aurait voulu qu'on vive tout les trois... qu'on... »

Elle mordilla sa lèvre inférieure, d'inquiétude et Layla se rendit rapidement compte qu'elle faisait de même. Hermione tenta de conclure:

« Je ne pouvais pas abandonner. La guerre... Nous vivions pour ça depuis si longtemps.

- Mais... vous êtes ensemble maintenant ? Je veux dire... il le sait depuis quand ?

- Depuis le jour où tu as lu dans son esprit. Il parait que tu me ressembles beaucoup quand tu es triste. Tu as les mêmes mimiques que moi. Sourit elle. Il t'a reconnu grâce à ça. »

Layla sembla pensive pendant quelques secondes puis chuchota:

« Et... Vous êtes des âmes sœurs vous aussi ?

- En effet. On appelle ça des Belahans Jiwa.

- Mais... vous vous aimez vraiment ? Ou... vous êtes revenu ensemble à cause de moi ? »

Hermione éclata d'un rire cristallin identique à celui de l'adolescente.

« Layla... Ton père... Je veux dire... le professeur Malefoy et moi... Nous... Nous sommes attiré l'un par l'autre comme tu l'es par Jared. Mais je crois que dernièrement.... Notre relation a prit un nouveau tournant. Peut être un peu grâce à toi. Mais il nous reste des tas de problèmes à régler. »

Layla fronça les sourcils.

« Des problèmes ? Qui me concernent ?

- Non. La rassura Hermione. Des problèmes... Comme tu le sais, Lucius Malefoy est et restera un vrai crétin. Il aura beaucoup de mal à accepter ton existence. De plus... Drago est censé se marier le mois prochain. »

Layla se leva d'un bond, son coude cogna dans son verre qui se brisa sur le sol en répandant une tache noire marron et des bulles. Hermione s'exclama:

« Ne t'inquiète donc pas. Nous essayons d'arranger ça aussi.

- Mais... donc... vous êtes... Sa maîtresse ? Cracha Layla avec une expression de pur dégoût.

- En quelque sorte. Mais étant donné que Drago ne connaît cette femme que pour son mariage et que pour qu'elle lui donne un héritier... et aussi pour faire bonne figure dans l'aristocratie sorcière... Alors que je suis liée à lui comme il est lié à moi jusqu'à la mort... le terme « maîtresse » n'est peut-être pas des plus adéquat. S'esclaffa-t-elle.

- Oui. Admit Layla. Sans doute pas. »

Elle s'installa à nouveau sans faire attention à son verre -et sans que le barman ni prête plus d'égard. Hermione la dévisagea longuement.

« Tu as d'autres questions ?

- Vous... vous regrettez que je sois là ? Que je sois apparut dans le monde magique sans que vous y soyez préparé ?

- Non! S'écria Hermione en blêmissant légèrement. Non, bien sur que non... Sur le coup, j'ai eut vraiment peur. De ta réaction. De celle de mes amis. De celle de Drago. Mes amis ont plutôt bien réagit. Parce qu'ils m'aiment, comme je te l'ai dit il y a des mois... Drago également. Car ma souffrance entraîne sa souffrance, et qu'il se souvenait trop bien de ce que j'avais ressenti en t'abandonnant. Il m'a comprit. Bien que notre discussion n'ait pas été très simple. Et toi...

- Vous comptiez me le dire, n'est-ce pas ? S'inquiéta l'adolescente.

- Oui. D'une façon plus... convenable. En ayant préparé un beau petit discours. Mais oui, nous comptions te le dire très prochainement. »

Layla ferma les yeux, la tête trop pleine. Elle aurait bien voulu avoir cet objet dont elle avait entendu parler dans un livre... Une pensine!

Hermione posa sa main sur la sienne, et elle sentit des frissons parcourir sa peau. Elle rouvrit les yeux et contempla ce visage qu'elle avait souvent presque vu en rêve... Déformé, mais c'était bien elle.

Layla tenta de reprendre ses esprits.

« J'ai des milliers de questions, vous savez.

- Et j'ai des milliers d'explication à te fournir. Mais nous avons bien le temps. Si tu le souhaites, bien évidemment. Se reprit elle.

- Comment ça ? L'interrogea la petite blonde en repassant une mèche de cheveux derrière son oreille.

- Nous ne serons que tes professeurs si tu souhaites oublier tout ça. Mais sois convaincu que nous serons tes parents si tu désires. En admettant que tu veuilles bien d'une mère très nulle en cuisine, insomniaque et obsédée par les livres, et d'un père à l'humour noir, qui peut passer de l'ange au démon en trente seconde chrono en main! »

Layla esquissa un sourire sincère et chuchota:

« J'ai exactement les mêmes défauts que vous, ça devrait aller. »

Hermione poussa un soupire de soulagement et planta son regard dans celui de sa fille. Puis elle mordilla sa lèvre inférieure avant de murmurer:

« Puis je faire quelque chose que je rêve de faire depuis que tu es là ? »

Layla fronça les sourcils sans comprendre, mais confiante, acquiesça. Hermione se leva alors doucement et attira Layla vers elle dans une incroyable étreinte. Layla se laissa tomber, son visage appuyé contre la poitrine d'Hermione, son cœur battant à milles kilomètres à l'heure. Hermione caressa doucement ses boucles blondes, souriant en sentant les mains de l'adolescente se joindre dans son dos.

Layla huma l'odeur de sa mère à en perdre haleine, se rappelant désormais très bien qu'elle l'avait déjà senti.

Au bout d'une bonne minute, Hermione lâcha Layla, laquelle remarqua que l'enseignante avait les joues striées de larmes. Avec force, elle tenta de reprendre contenance

« Et si on rentrait ? »

Layla acquiesça doucement, serrant la main que lui tendait Hermione dans la sienne.

O0°0O

Dans le salon des Weasley, les plus jeunes déballaient déjà certains cadeaux. Jared et Alex s'étaient assis cote à cote et semblaient discuter des gestes tolérés ou pas par rapport à Layla.

Drago faisait les cents pas devant la maison, Harry adossé au mur de chaux le regardait.

« T'en es à ta huitième cigarette, tu sais ? »

Drago approuva par un grognement et Ron sortit de la maison, se pencha vers Harry et chuchota:

« Il va faire quoi quand il en aura plus, tu crois ? »

Harry haussa distraitement les épaules, et continua à suivre du regard Drago -tournant toujours en rond. Théo sortit à son tour.

« Drago, lâche moi cette cigarette. »

Le blond fusilla son meilleur ami du regard avant de sentir la présence d'Hermione à quelques dizaines de mètres. Il soupira de soulagement avant de voir des ombres au sommet d'une des pente enneigée entourant le Terrier. Il fut ravi de voir que deux silhouettes se dessinaient. Harry donna un coup de coude à Ron pour l'obliger à rentrer à nouveau dans la maison et le suivit de peu. Théo s'attarda quelques secondes supplémentaires avant de disparaître à son tour dans le Terrier brinquebalant.

Drago jeta sa cigarette dans la neige et enfonçant ses mains dans ses poches, attendant qu'elles arrivent. En trois minutes -il compta- leurs visages transies par le froid se distinguèrent.

« Hey! S'exclama Hermione en le voyant. Pourquoi tu n'es pas à l'intérieur ?

- Euh... J'avais trop chaud. Mentit il.

- Trop chaud ? » Répéta Hermione avec une moue railleuse avant de se racler la gorge.

Layla esquissa un sourire avant de se rapprocher.

« Désolée pour tout à l'heure. Chuchota-t-elle. Je ne voulais pas vraiment vous faire mal... Enfin... je n'avais pas l'intention de vous en faire.

- Ce n'est rien, Layla. Tu as fait ce que j'aurai fait. Enfin, d'après ma mère en tout cas. »

Elle grimaça d'excuse en grelottant de froid. Il s'approcha d'elle et la serra brusquement contre lui pour la réchauffer. Hermione s'esclaffa:

« C'est la soirée câlin! Allez, rentrons... Je meurs d'envie de me caller contre le feu de cheminée. »

Drago lâcha Layla, laquelle embrassa timidement sa joue en se mettant sur la pointe des pieds. Ils entrèrent tous dans la maison, et Hermione maugréa:

« Drago, je ne t'embrasserais pas de la soirée.

- Et pourquoi donc ? S'étonna-t-il en retirant son manteau.

- J'aurai l'impression d'embrasser un cendrier. »

Il s'excusa du regard et elle ébouriffa tendrement ses cheveux. Layla les contempla, ce qu'ils ne tardèrent pas à remarquer.

« Qui a-t-il ? S'enquit Hermione avec un sourire.

- Quand vous disiez que votre relation prenait un nouveau tournant tout à l'heure...

- Oui ? L'encouragea Hermione alors que Drago semblait quelque peu perdu.

- Vous vouliez dire... Que vous vous aimez vraiment maintenant ? »

Harry qui était arrivé pour voir dans quel état ils étaient se figea et siffla:

« Oh mon dieu! Cette gamine est formidable! Elle vient de poser la question qui me brûle les lèvres depuis des semaines! »

Ron et Théo arrivèrent en courant, saisissant parfaitement de quelle question il parlait et désireux eux aussi d'entendre la réponse.

« Alors ? » Les interpella Ron en riant.

Layla s'excusa du regard en rougissant, gênée de les avoir exposé à une telle discussion. Hermione se blottit contre le torse de Drago et celui-ci grimaça.

« On n'a encore rien décidé. Affirma-t-il, sereinement.

- Mais... Si tout se passe bien... Vous vous marierez, hein ?

- En effet. Acquiesça Drago, remarquant du coin de l'œil l'immense sourire de sa fille à cette réponse.

- Donc... Vous vivrez ensemble ?

- Sans aucun doute. Approuva à nouveau Drago, alors que le sourire de Layla s'élargissait.

- Et Layla ? » S'enquit une voix derrière Harry: Agathe.

Drago se tourna vers la concernée qui baissa les yeux, troublée.

« Ce sera à elle de décider. Conclut Drago. Mais nous serions ravis qu'elle vive avec nous... »

Layla esquissa un sourire, intimidée. Harry acquiesça, pensif, avant de chuchoter:

« Je suppose qu'on devra se contenter de ces réponses là!

- Exactement! S'exclama Hermione. Allons au salon. Il est presque minuit et je veux ouvrir mes cadeaux. » Ajouta-t-elle avec un sourire enfantin.

Drago embrassa le haut de son front avant de se diriger vers le salon. Alex et Jared se levèrent d'un bond en voyant Layla entrer et elle leur adressa un sourire avant d'aller s'installer entre eux deux. Elle ne voulait pas créer de nouveau conflit pour la soirée, désirant avant tout un peu plus de calme.

« Tu veux le cadeau de qui ? S'enthousiasma Agathe en lui faisant signe.

- Je ne sais pas. J'en ai de qui ?

- Euh... réfléchit Agathe en observant un bon petit tas. Hermione, le professeur Malefoy, mes parents, moi, Alex... Jared... Mamie...

- J'veux celui là! » S'exclama Layla.

Elle avait entendu parler des célèbres tricots de Madame Weasley. Agathe lui lança le paquet et Layla le déchira -pas soigneuse du tout. Harry la regarda faire le sourire aux lèvres. Drago lui chuchota:

« Pourquoi tu souris comme ça ?

- Parce que je me souviens de mon premier vrai noël, à Poudlard. Et je réalise que c'est sans doute aussi son premier vrai noël. »

Le monde sembla se figer un instant et Layla leva son visage vers lui, songeuse.

« Ils vous offraient quoi les Dursley ?

- Des mouchoirs... des chaussettes... des trucs minables.

- À l'orphelinat, ils nous offrent de nouveaux vêtements... »

Elle leva les yeux au ciel, agacée et continua à déchirer son paquet cadeau. Elle découvrit un magnifique pull azur. Molly s'approcha d'elle et Layla se leva pour l'embrasser.

« Merci! Il est exactement de la couleur de mes yeux...

- Hermione m'avait dit que tu avais les yeux de ton père... enfin, du professeur Malefoy. »

Layla esquissa un sourire ravi. Chaque personne ouvrait un cadeau au fur et à mesure, les adultes en eurent bien moins que les enfants, comme d'habitude. Même Jared était gâté, surtout par Drago, Hermione, et bien évidement son père. Alex faillit s'étouffer en le voyant déballer le dernier balai le plus rapide au monde -offert par Drago. Jared lui souffla alors:

« Je te le passerai! »

Le brun retint sans doute un cri de joie mais passa près de dix minutes à bredouiller des 'mercis' à l'adresse de son nouvel ami -ou du moins, à celui qui s'efforçait à l'être. Layla reçut des dizaines de livres bien évidement. En déballant le cadeau offert par Jared, elle éclata de rire. Des bottes. Pas ses vieilles bottes toutes usées qu'elle traînait depuis des années, mais des bottes d'un noir mat toutes neuves.

« Merci! Chuchota-t-elle en l'embrassant -sur la joue.

- Les tiennes ont des troues partout! Remarqua-t-il.

- J'ai dit qu'on nous offrait des vêtements à l'orphelinat. Les chaussures, c'est plus rare et on les hérite des plus âgés. » Expliqua-t-elle.

Elle lui offrit alors son cadeau et il esquissa un sourire d'une franchise désarmante, bien que personne ne comprenne bien pourquoi. Elle chuchota:

« Je t'avais bien dit que je voulais que tu le lises.

- Tant que ce n'est pas Moby Dick! » Répliqua-t-il avec une moue contrite.

Elle leva les yeux au ciel et répéta les vers qu'elle lui avait lut quelques semaines plus tôt.

« Les filles c'est comme ça, même si elles sont plutôt moches, même si elles sont plutôt connes... »

Elle n'eut pas le temps de finir que Drago conclut à sa place d'une voix étrangement enrouée:

« ...Chaque fois qu'elles font quelque chose de chouette on tombe à moitié amoureux d'elles. »

Layla se tourna rapidement vers lui et Hermione éclata de rire.

« Je l'ai obligé à le lire en dernière année. Tu n'aurais pas dut l'offrir à Jared.

- Pourquoi ? Grimaça Layla, suspicieuse et vaguement troublée.

- Et bien... Disons qu'ensuite, à chaque fois qu'il faisait quelque chose de stupide -ce qui arrivait souvent- et que je le...

- Grondais! Pouffa Drago.

- Exactement... Il me répliquait...

- La vie est un jeu. » La coupa à nouveau le blond en riant.

Théo éclata de rire, et Hermione et Drago le suivirent de peu, s'amusant d'une plaisanterie qu'eux seuls pouvaient comprendre. Layla soupira à l'adresse de Jared:

« Si tu dis ça, je te tuerais. »

Il lui tira la langue bêtement en commençant à feuilleter de livre.

Narcissa s'approcha de Layla alors que tous commençaient à ranger leurs affaires.

« Demain, toi et moi nous sortons!

- Ah oui ? S'enquit Layla en faisant la moue, ne comprenant pas très bien.

- Tu n'as pas eut de cadeaux de ma part...

- Ce n'est pas grave! La coupa Layla, confuse. Vraiment... je...

- Demain, ton père va avoir une discussion très compliquée avec ton grand père. Alors, je pense que ta mère s'ennuiera un peu. Que penses tu d'une sortie entre filles ? »

Layla ne put se retenir de sourire. Entendre une telle expression sortant de la bouche d'une telle femme paraissait incroyablement saugrenu.

« Oui, avec plaisir.

- Nous aurons tout le loisir de t'offrir des vêtements dignes de ce nom!

- Quoi ? Euh non... je vous assure, je n'ai pas besoin de cadeau... »

Narcissa la coupa d'un geste de la main.

« Si tu dois rencontrer Lucius Malefoy, il vaut mieux que tu ais des vêtements appropriés.

- Tu crois vraiment qu'il voudra la rencontrer ? S'enquit brusquement Drago en s'approchant, s'immisçant dans leur discussion qu'il avait jusque là suivis de loin.

- Oui, je pense. Si tu arrives à le convaincre en tout cas.

- Qui dit qu'il ne lui fera pas de mal ? Intervint Harry, alors que Layla se rendait compte que tous les écoutaient depuis le début.

- Si il la rencontre, il ne lui en fera pas. Il y a trop de sang Malefoy en cette petite! Avec les traits de caractère que ça engage! Et puis, nous serons là. Rassura-t-elle. Ne vous inquiétez pas... Tout ce qu'il faut à cette enfant -étant donné qu'elle a déjà l'attitude qui convient- c'est l'apparence qui convienne! »

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