Chapitre 9 partie 1 Amnis
– Comment as-tu su que nous étions sur ce navire, demande Ester à Ison, alors qu'ils sont assis sur l'une des causeuses. La famille royale de Sunfild n'est-elle pas connu pour son énergie solaire? Avez-vous un don secret?
Ison secoue la tête et son regard dérive vers grand-oncle Midas et moi, debout tout près d'eux.
– J'ai reçu un message disant que vous étiez en danger et que vous passeriez près des terres de Sunfild pour vous rendre à Duskstone.
– Qui te l'a envoyé, lui demande Midas en caressant sa barbe blanche tout en fronçant les sourcils. Je n'ai rien révélé de cela à qui que ce soit. Tous les mages de la tour croient que je suis simplement parti en voyage.
– Et aucun aristocrate ou domestique de Moonleaf ne pouvait savoir que Callidus et Liore venaient de Duskstone, ai-je renchérie en les observant avec inquiétude. Qui aurait envoyé un « save our souls » à notre nom? Quelqu'un nous aurait-il suivit... ou il y a un traitre parmi l'équipage?
– Je n'ai pas vraiment réfléchie, répond Ison avec un sourire triste. Mes frères ont été emmené de force à Duskstone, il y a près de trois semaines. J'ai appris la mort de mes parents le même jour. Je... je ne voulais pas prendre le risque que le message soit faux...
Il passe une main dans ses cheveux blond et je m'approche de lui pour poser l'une des miennes sur son épaule. Sa douleur me submerge et atteint mon cœur comme s'il s'agissait de ma propre émotion. Une boule se forme dans ma gorge et des larmes me montent aux yeux. Mon cœur se sert et je pince les lèvres pour me retenir de trembler.
Quelqu'un prend doucement ma tête pour l'accoter contre son torse. Je laisse échapper un soupir alors que je me calme presque instantanément à son contacte. Ester et Ison froncent les sourcils alors que Callidus me caresse tendrement les cheveux. Grand-oncle Midas sourit en regardant tour à tour les deux princes des autres royaumes
Liore revient tranquillement alors que, plus tôt, elle était partie se changer... puisque ses habits étaient imbibés de sang.
– Je... je vais mieux, ai-je bredouillé alors que mes joues s'empourprent en me rappelant de la scène plus tôt.
Je repousse légèrement Callidus sans oser le regarder, même si je sais qu'il ne m'entend pas.
Il me tapote la tête avant de se dégager et de reporter son attention sur Midas, presque comme s'il le soupçonnait de quelque chose.
– Je sais à quoi tu penses, mais ce n'est pas moi, répond le grand mage en décodant la question silencieuse de Callidus. Bien que cela aurait pu. Le dieu Wise connait tout, mais ce n'est pas le cas de ses disciples. Il ne pourrait pas être considérer comme une divinité sinon. Il y a une limite à la connaissance des mortels. Et puis, si j'avais voulu vous nuire, je n'aurais pas demandé à la petite de vous offrir, à l'archiduchesse Liore et toi, une potion de guérison. J'ai dû échanger de précieuse informations pour me les procurer. Les partisans de la déesse Health sont têtus... mais grâce à cela, je peux dorénavant les faire moi-même, maintenant que je connais le secret de la formule.
Callidus tourne les talons, puis va s'accoter contre le mur, à côté de la porte. Il croise les bras alors que Liore se positionne à côté de lui.
– Qui sont-ils, nous demande Ison en faisant un geste vers le duo. Il me semble plutôt près de toi Amnis.
Il pose son regard doux et chaleureux sur moi, faisant manquer un battement à mon cœur avant qu'il ne s'accélère comme un étalon qui se met au gallot. Je lui souris en croisant et décroisant mes doigts derrière mon dos.
– Ils sont le prince et l'archiduchesse de Duskstone, dis-je en jetant un regard vers Callidus et Liore, avant de reporter mon attention sur Ison, des larmes me montant aux yeux en me rappelant qu'il est celui qui a tué mes parents.
Je pince les lèvres et baisse les yeux en essayant de réfréner les tremblements de mon corps. Ison semble comprendre sans que j'aie à expliquer, car il se lève pour venir me réconforter. Mes émotions se bousculent alors qu'il m'enlace et m'imprègne de sa douce chaleur. Mon cœur est un navire qui navigue à son maximum de nœud, cognant dans ma poitrine comme s'il cherchait à s'envoler. Je m'empourpre alors que je le sens me serrer plus fort, presque comme s'il craignait que je disparaisse. Ma bouche est contre son épaule et je peux voir Ester lever un sourcil devant cette étrange preuve d'affection. Ison me relâche doucement avant que Callidus me tire soudainement et rudement or des bras du prince de Sunfild. Je lève les yeux vers lui, surprise, pour constater qu'il fixe intensément Ison.
– Amnis n'est pas ta chose, dit le prince de Sunfild alors que Callidus m'encercle les épaules d'un bras. Ce qu'elle fait ne te regarde pas.
Callidus m'entraine vers la deuxième causeuse et me force à m'y asseoir. Il croise les bras en se tenant comme une statue, debout près de moi.
– Il se prend pour ton chien de garde ou quoi, s'exclame Ison en fronçant les sourcils tout en faisant un geste de la main vers Callidus.
J'eus un petit rire alors qu'Ester pousse un long soupir en tapotant l'épaule de notre cousin éloigné.
– Il faudra que tu t'y fasses, lui dit mon frère en secouant la tête. Liore et lui ne vivent que par instinct. Et il semblerait qu'il soit plus réceptif à l'énergie d'Amnis que quiconque. Et il n'est pas affecté lorsqu'elle perd le contrôle d'elle-même.
– Tu veux dire que... leur énergie intérieure est en harmonie, lui demande Ison en regardant Callidus de la tête aux pieds.
– Seul un disciple du dieu Wise pourrait répondre à cette question, lui répond Ester en faisant un geste vers grand-oncle Midas.
Nous tournons tous notre attention vers lui, mais le mage se contente de caresser sa longue barbe blanche.
– Je ne peux rien vous dire, car je ne suis moi-même pas sûr de la réponse, dit-il avec un sourire qui me laisse penser qu'il ne veut simplement rien révéler de notre étrange connexion.
D'ailleurs, pourquoi est-ce toujours Callidus que je voyais dans mes sortes de rêves?
Je jette un regard vers lui alors qu'il se remet à fixer Ison.
Du plus loin que je me souvienne, j'ai presque toujours rêvé de lui. Comme s'il était une évidence dans ma destiner. Mais cette capacité est un pouvoir offert par un soi-disant démon... et selon nos croyances, il n'en existe que trois. De ce que je sais d'eux, le plus plausible est qu'il s'agit du dieu Noche... mais quel lien y a-t-il entre lui, Callidus et mes rêves?
J'ai vu ce pauvre garçon se faire torturer au point de devenir insensible à la douleur... combattu parmi une armée rude et sauvage alors qu'il n'était qu'un jeune adolescent... tué de nombreuses personnes avec ce regard froid et indifférent qui me fait ressentir de la peur, mais aussi de l'amour et de la compassion.
Bien que je me fusse résolue à le considérer comme quelqu'un d'imaginaire, je me répétais sans cesse que je voudrais le sauver... le secourir de qui il était devenu. Souvent, je voulais le réconforter et le serrer dans mes bras d'enfant... lui dire de s'accrocher à moi... mais bien entendu, je ne pouvais rien faire... je n'étais même pas là et il ne pouvait pas me voir.
Je lève les yeux vers Callidus et mon cœur se serre comme s'il était tordu dans tous les sens.
Si tout ce que j'aie vu jusqu'ici c'est réellement produit... comment peut-il se sentir... au plus profond de lui?
Je pince les lèvres alors que ma poitrine me fait encore plus mal. Des larmes me montent aux yeux alors que je les baisse sur mes doigts entrelacés.
Il n'a même plus le droit de ressentir quoi que ce soit. Il est pris au piège dans un cercle vicieux. On lui a retiré tout ce qui faisait de lui un être humain. C'est presque comme si on lui avait enlevé son droit de vivre. Il est dorénavant qu'une marionnette qui ne peut se fier que sur son existence. Il est là, mais c'est tout. C'est à la limite s'il peut encore réfléchir par lui-même.
Une boule se forme dans ma gorge alors que je ferme les yeux en laissant couler la rivière salée qui s'y trouvait. Une main essuie ma joue humide et je n'ai pas besoin de regarder pour savoir que c'est Callidus. Son geste est doux et léger comme une plume, aussi subtile que la caresse du vent, comme s'il craignait de me toucher. C'est un tel contraste avec sa violente poigne de plus tôt que tout mon corps frissonne.
Est-ce son instinct qui le fait agir ainsi?
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