Chapitre 8 partie 2 Callidus
Son expression change subitement lorsqu'une secousse fait trembler le navire. Elle échange un regard inquiet et incertain avec son frère avant que celui-ci sorte en trombe du salon. Liore et moi nous observons un instant avant de partir à sa suite sous la pluie torrentielle.
Malgré la visibilité trouble, lorsque nous arrivons sur le pont, nous pouvons distinguer un trois mats de Sunfild qui nous barre la route. Leur équipage, armé de sabre, de machette et d'épée à deux mains, se propulse jusqu'à notre navire, prêt à combattre. Nos matelots laissent tomber leur poste pour sortir leur propre lame. Je sors ma rapière de son fourreau en même temps que Liore s'empare des dagues à sa ceinture.
Dans le chaos, je ne sais pas où se trouve le prince de Moonleaf.
Un homme s'approche de moi en courant, presque comme s'il glissait. Je peux voir dans son regard, ainsi que dans les yeux de ceux qui le suivent, qu'ils croient pouvoir me tuer s'ils se mettent en grand groupe. Je les laisse m'encercler en resserrant ma main gantée sur la poigné de mon arme. Du coin de l'œil, je vois que Liore est déjà passé à l'action, tuant et blessant les hommes de Sunfild comme s'ils n'étaient que de désagréable insecte.
Ceux qui m'entourent charge dans une parfaite synchronisation, mais, malgré qu'ils soient dix, je déjoue facilement leur tactique d'un simple revers de ma lame. Je donne un rapide coup de pied contre la poitrine de l'un d'eux, puis coupe le bras d'un autre au moment où trois d'entre eux reviennent à la charge.
Le sabre du premier me frôle, le second perd son épée lorsqu'elle reçoit un choque causé par ma rapière et le troisième m'érafle la joue de sa machette. Je fais comme si je n'avais rien senti et le propulse d'un grand coup de poing au point où il glisse et tombe à la mer.
La pluie chute de plus en plus fort, tellement qu'elle ressemble à des coups de fouet. Les secousses sont si intenses que certains ont de la peine à rester convenablement debout. Mes cheveux collent à mon crâne et tombent devant mes yeux. Je les repousse au moment où une lame se dirige vers mon cœur. Le métal glacé pénètre ma chair, mais je ne ressens rien.
Les yeux surpris de mon ennemi passent de son arme à mon visage sans expression. Je pose ma main gantée sur sa lame et la retire dans un bruit de succion avant de trancher vivement la gorge de l'homme qui se tenait devant moi. Les sept autres reculent en pointant leur arme tremblant vers moi.
Un éclair traverse le ciel derrière eux, illuminant un instant l'espace qui nous entoure. Je m'avance vers eux malgré ma blessure qui est passée près de percer mon cœur. L'un d'eux dit quelque chose à ses compagnons et, à en croire le regard qu'ils échangent, ils viennent de réaliser à qui ils ont affaire. Je cours vers eux et, plutôt que de me combattre, ils décident de se jeter à la mer, presque comme s'ils croyaient avoir l'espoir de survivre.
Il aurait été préférable qu'ils me laissent les tuer... au moins ainsi, ils seraient morts rapidement.
Je tourne les talons et fonce vers le navire de Sunfild où des archers tirent finalement leurs premières flèches. L'un des carreaux traverse mon épaule de part en part, mais cela ne m'arrête pas. Je la retire d'un geste brusque et la renvoie sur l'un des tireurs, en plein dans la trachée. L'odeur du sang, de l'humidité de l'air et de l'eau salée de la mer se mélange au point que j'ai l'impression d'y gouter. Je saute sur le pont du navire de Sunfild et fauche les deux archers près de moi avant qu'ils n'aient pu réagir. Le troisième me pointe en tremblant et recule en trébuchant, emportant le quatrième dans sa chute. Sa maladresse me permet de rapidement les supprimer.
Liore arrive près de moi, tachée de sang qui est et n'est pas le sien. Elle s'occupe des autres tireurs alors que je cherche des yeux leur dirigeant à travers le sang et la pluie. Malgré la visibilité brumeuse, je repère le prince Ester qui se dirige vers le grand salon et je réalise qu'il n'est pas seul.
D'instinct, je m'élance et cours à leur poursuite, ignorant le sang qui coule à flot de mes blessures.
Dès que j'entre dans la pièce, je me dirige vivement vers l'inconnu qui se tient un peu trop près de la princesse Amnis. Je lève ma rapière, prêts à lui trancher la tête, mais Amnis s'interpose entre le jeune homme et moi. Elle frissonne de peur en pinçant les lèvres et ses bras ouvert en croix tremblent comme s'ils étaient des feuilles.
Je baisse lentement mon arme alors que la pointe de ma lame n'était qu'à quelques centimètres de son petit visage. Je fixe l'inconnu aux cheveux blonds délavés alors qu'il pose une main sur l'épaule d'Amnis et lui chuchote quelque chose à l'oreille. J'essaie de lire sur ses lèvres, mais je n'y arrive pas. Elle lui jette un regard inquiet alors qu'il lui sourit, puis elle s'écarte doucement en reportant son attention sur moi, sur ses gardes. Je ressers ma main sur le manche de ma rapière alors que le jeune homme fait un pas vers moi. Ses yeux gris, presque bleu, m'observent avec le même calme et la même douceur que j'aie pu percevoir chez la reine de Moonleaf avant sa mort.
- Je suis Ison Chess, le premier prince de Sunfild, ai-je pu lire sur ses lèvres alors qu'il tend étrangement chaleureusement sa main vers moi.
Je le regarde fixement sans bouger le moindre muscle alors que Liore pénètre dans la pièce, complètement couverte de sang. Nous échangeons un coup d'œil et elle hoche la tête, comme pour me confirmer que les hommes de Sunfild sont morts ou ont décidé de s'enfuir sans leur dirigeant. Amnis pose ses prunelles bleues sur ma cousine en se mordillant la lèvre inférieure alors que son petit corps continue de trembler. Je me demande un instant si la vue du sang lui rappel le décès de ses parents.
Je range ma rapière dans son fourreau alors que Liore glisse ses dagues dans les siens. Je promène un instant mon regard sur le prince Ison, puis sur Amnis, Ester et le mage, Midas, avant de tourner rudement les talons pour sortir du grand salon. D'un pas lourd, ignorant la pluie qui me fouette au visage, je vais me chercher des bandages et de nouveaux vêtements dans la petite commode de ma cabine.
Je laisse tomber au sol mes habits lourd d'humidité, puis bande mon torse et mon épaule comme je peux. Je sens une énergie cognée contre la porte et je sais sans même voir qu'il s'agit d'Amnis. Elle semble attendre un instant avant de l'ouvrir doucement, comme si elle craignait de me surprendre puisque je n'entends rien. Elle jette un coup d'œil hésitant avant de vivement refermer la porte.
Je me demande encore une fois si c'est la vue de sang qui la fait réagir ainsi avant de réaliser que je suis encore complètement nu. J'enfile un sous-vêtement propre, puis un fuseau avant de marcher vers la porte pour l'ouvrir. Amnis attend sous la pluie, les joues empourprées comme si elle avait soudainement de la fièvre.
Je la tire à l'intérieur, puis referme la porte avant de poser ma main sur son front. Elle recule vivement en regardant le sol, puis, avec hésitation, elle lève ses prunelles claires vers moi. Amnis ouvre la bouche en baissant de nouveau les yeux, mais elle ne dit rien. La princesse de Moonleaf inspire profondément en pinçant les lèvres avant de désigner son épaule, puis son cœur. Elle me tend ensuite une bouteille en forme de goute et fait de verre qui contient un liquide doré. Je le prends et l'observe un instant avant de reporter mon attention sur Amnis.
- C'est... de la part de grand-oncle Midas, ai-je pu lire sur ses lèvres roses, avant qu'elle ne sorte avec empressement, le visage toujours cramoisi.
Je dévisse le flacon, puis sens le contenu, distinguant une odeur âcre, légèrement sucrée et acidulée. Lorsque je le vide en prenant une grande gorgée, le goût piquant, presque irritant, laisse une empreinte désagréable le long de ma gorge. Pendant un instant, je me demande si le liquide coloré était fait pour être bu.
Je ne tarde pas à découvrir son effet. Une douce chaleur se propage dans tout mon corps avant de s'intensifier au niveau de mon épaule blesser et de mon thorax. Je défais mes bandages pour constater que mes entailles ont subitement guéri. Je jette les rouleaux imbibés de sang dans un sac en papier après avoir déposé la bouteille vide sur la commode. Je termine de m'habiller avant d'aller rejoindre les autres.
Je constate en sortant que la tempête s'est calmée, mais le ciel reste gris et une fine pluie continue de tomber. Avant que j'aie pu entrer dans le grand salon, Coco Munch arrive près de moi et pose ses mains sur mon avant-bras. En l'observant, je constate qu'elle n'a qu'une fine égratignure sur la joue et un bandage à son bras droit.
- Ces freluquets d'Sunfild sont-ils venus pour les sauver, ai-je pu lire sur ses lèvres avant qu'elle fasse un geste de la tête vers la porte fermée.
Bien que le prince Ison Chess semble connaitre plutôt bien Amnis et Ester, je ne vois pas comment il aurait pu savoir que le prince et la princesse de Moonleaf étaient à bord de notre navire... surtout que le Gwalior a créé son propre emblème.
Sa majesté, le roi Malum a trouvé l'idée excellent pour passer inaperçu. Le navir N'est donc associer à aucun royaume, puisqu'il vogue dans tous les coins du monde.
L'équipage contient en réalité des espions, des assassins et des malfrats, béni par le dieu des ténèbres, Noche, qui ont spécialement été former pour récolter des informations et les transmettre à Malum. Il est donc impossible que le prince de Sunfild nous attaque en sachant la véritable nature de ce navire... à moins d'avoir un mouchard parmi nous.
Je plisse les yeux alors que Coco continue de m'observer, sans doute dans l'attente de mon analyse des évènements.
Je ne vois personne d'autre que lui pour être assez puissant pour les prévenir... même si, au final, ils ont échoué, ce qui était couru d'avance. Cela me laisse pensé qu'il n'est peut-être pas en train de nous aide, mais de nous nuire. À vrai dire... si Liore et moi n'avions pas retrouver la vue avant leur attaque, ils auraient peut-être réussi.
À en croire ses connaissances, le grand mage Midas Hortas Flender doit sans aucun doute être un disciple de Wise, le dieu de la sagesse et du savoir. En tout cas, nul doute qu'il sait quoi faire et quand.
En tout et partout, si je me souviens bien, il existe dix différentes divinités dans le monde. Selon ce que j'ai entendu, Luz, le dieu de la lumière, est le plus vénérer de ceux-ci chez les habitants de Sunfild.
À Moonleaf, les divinités dites nuisibles tel que Noche (dieu des ténèbres), Valor (dieu de l'imprévisible) et Matar (dieu du mensonge, aussi appeler l'usurpateur) sont exclus des cultes traditionnels.
Les gens de Dawnrold ne sont pas vraiment croyant... et à Duskstone, cela varie d'une région à l'autre.
Le vieux mage a dit que la princesse Amnis avait l'empreinte du dieu et du diable comme s'il faisait référence à deux entités opposées. À en croire ses mots, il doit s'agir de Luz et Noche, lumière contre ténèbres.
Coco me touche de nouveau le bras et m'interroge du regard. Je hausse les épaules et me dégage brusquement de sa poigne. Son visage s'assombrie et je pu lire le mot crétin sur ses lèvres avant qu'elle ne tourne les talons et s'éloigne vers le pont.
Je n'arrive pas à voir de lien entre Amnis et tous les partisans de Noche sur ce navire. C'est presque comme si le pouvoir du dieu était noyé par l'énergie lumineux de Luz... ou qu'il sommeille simplement au plus profond d'elle, dans l'attente.
Mais dans l'attente de quoi?
Est-il simplement impuissant ou il est en train de canaliser son pouvoir?
Je pose une main sur la poigné de la porte comme si elle pouvait me révéler toutes les réponses.
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