Chapitre 4 partie 1 Callidus
J'observe la petite fille qui se tient en boule alors que Liore se penche vers elle. Ses grands yeux bleus, qui semblent manger son minuscule visage, passent de ma cousine à moi comme si elle ne savait pas qui elle devait le plus craindre entre nous deux.
- Est-ce que tu connais bien les aristocrates, lui demande Liore en se mettant à jouer avec l'une de ses dagues, rendant la fillette encore plus terrifier.
Elle hoche doucement la tête avec hésitation tout en mordillant sa lèvre inférieure, essayant d'empêcher les gouttes salées de couler de ses yeux, en vain.
- Tu connais donc le prince et la princesse?
L'anxiété semble traverser son regard couleur de l'océan alors que je range ma rapière, puis croise les bras.
- Tu vas gentiment les emmener jusqu'ici, compris, continue Liore avant de se redresser. Si tu essaies de te défiler, tu es morte.
La petite rousse tente de se relever, mais elle est trop sous le choc pour y arriver convenablement. D'instinct, je m'approche d'elle et la soulève d'un bras, ce qui lui fait pousser un couinement surpris. Elle s'accroche un instant à moi avant de reculer avec un visage étonné, ce qui arrive visiblement à arrêter ses larmes. La fillette jette un regard hésitant vers l'entrée au même moment où un type blond marche avec entrain et anxiété vers nous.
- Amnis, s'exclame-t-il en la tirant loin de nous, puis en faisant barrière entre elle et nous... bien qu'il me semble presque aussi fragile et délicat qu'elle. Qui êtes-vous?
Son regard clair et d'un vert délavé m'observe avec agacement, mais il se fige lorsqu'il pose ses yeux sur Liore.
- Toi, marmonne le blond avec surprise, puis en fronçant les sourcils. Comment... pourquoi...
La fillette lui touche le bras pour attirer son attention.
- C'est... elle, lui demande-t-elle en jetant un coup d'œil vers ma cousine. Il... il semblerait... qu'ils... veulent... tué...
- Je te l'avais bien dit qu'elle n'est pas quelqu'un de bien.
Je jette un regard vers Liore, mais celle-ci ne semble pas le moins du monde le connaitre. Je ne vois pas comment elle pourrait, de toute manière. Ce n'est pas comme si les autres royaumes voulaient visiter Duskstone.
- Tu sais qui nous sommes, lui demande ma cousine en l'observant de la tête aux pieds.
- Toi, oui, lui non.
Comment pourrait-il la connaitre? Il ne semble pas être un mage. Un subalterne de Sunfild peut-être?
- Est-ce qu'on se débarrasse d'eux, me demande Liore en sortant sa deuxième dague.
Je les contemple un instant alors que la petite rousse me jette un regard incertain. Je pose la main sur l'avant-bras de ma cousine, puis fait quelques pas vers eux. Il me semble que Malum a dit que la princesse de Moonleaf se nommait Amnis Héra Livental...
- Ton nom, ai-je demandé au garçon.
- Si vous êtes ici... c'est pour tuer nos parents, n'est-ce pas, dit-il en m'ignorant, concentrant toute son attention sur Liore. Et peut-être même tuer ma sœur et moi.
Ses mots me sont suffisant pour confirmer leur identité. Ma cousine et moi échangeons un rapide coup d'œil avant de plonger vers eux. Ils n'ont pas le temps de réagir avant que Liore et moi les neutralisons.
- L'empereur de Duskstone vous veut vivant, dis-je en tenant ma rapière près du coup du prince, Liore faisant de même avec la princesse.
- Mais vous avez raison sur un point, ajoute ma cousine en poussant la princesse Amnis vers l'entrée du balcon. Nous sommes bel et bien ici pour suprimer le roi et la reine de Moonleaf.
Je la suis à l'intérieur alors que les aristocrates nous observent avec inquiétude et consternation. L'empereur et l'impératrice se lèvent de leur trône avec anxiété et, voyant qu'ils s'apprêtent à appeler des gardes, Liore dit :
- Je vous déconseille d'appeler des secours, vos majestés, sinon, nous tuons sur le champ vos précieux enfants.
Nous avançons au milieu du hall et je remarque que la fillette tremble et recommence à pleurer. Comment peut-elle encore avoir des larmes? Elle ne s'est pas assez peint le visage d'eau salée, tout à l'heure?
- Il y a trop de gens, dis-je tout bas en regardant autour de nous.
- Faites vider la salle et nous les libérerons, leur dit Liore en rapprochant ses lames du cou de la princesse qui se met à chialer comme une fontaine.
- Mère, s'exclame la petite rousse en pleurnichant tout en fermant les yeux, dû à la peur.
Le prince pousse un soupir alors que les aristocrates de Moonleaf s'empressent de sortir en dehors de la salle... et peut-être même du château, prouvant d'eux-mêmes qu'ils ont à cœur la sécurité des enfants royaux.
Lorsqu'ils furent tous sorti, Liore libère la princesse Amnis qui courent se réfugier sans les bras de son père. Je fais de même et le prince les rejoint lentement, comme s'il n'avait pas le moins du monde cru qu'il allait mourir de ma main.
- Qui êtes-vous, nous demande la reine en prenant la main de son fils.
Elle échange un regard avec le roi comme s'ils connaissaient déjà la réponse.
- Il semblerait que le temps soit déjà venu, soupire le souverain de Moonleaf en caressant les cheveux de sa fille, qui lèvent un regard interrogateur vers lui. Ester, emmène ta sœur plus loin.
- Êtes-vous sûr, père, lui répond le prince avec une mine sombre.
- Qu'est-ce qu'il y a, demande anxieusement la petite en s'agrippant à l'empereur comme si elle était une sangsue. Qu'est-ce qui se passe?
Le monarque de Moonleaf la repousse doucement en guise de réponse alors que la reine s'approche d'eux pour glisser quelque chose dans la main de la fillette. Elle lui chuchote à l'oreille avant de se reculer, un sourire triste aux lèvres. Le blond tire ensuite sa jeune sœur plus loin malgré ses cris et ses protestations.
- Nous vous demandons qu'une seule chose en échange, dit l'impératrice en tournant son attention vers Liore et moi avec confiance et une étrange sérénité. Protégez Amnis et nous ferons nous-même ce pour quoi vous êtes venus.
- Nous ne pouvons pas vous le promettre, lui répond Liore alors que je jette un coup d'œil vers la princesse qui pleure et hurle à en perdre la voix, se débattant comme une furie entre les bras fragiles de son frère. Mais nous ferons de notre mieux pour les maintenir en vie.
La reine nous fait un sourire étonnement doux alors que le roi la rejoint. Ils échangent un regard langoureux qui m'aurait sans doute mis mal à l'aise si j'avais pu ressentir quoi que ce soit. Je m'avance rapidement vers eux et alors qu'ils se tenaient front contre front, je leur tranche la tête avec un regard vide et indifférent.
- Ils voulaient se tuer eux-mêmes, me rappelle Liore alors que le prince pince les lèvres pour retenir ses larmes et que la princesse s'évanouie devant la scène, sans aucun doute à cause du trop plein d'émotion.
- Nous n'avons pas à attendre après eux, dis-je en essuyant le sang sur ma lame sur leur vêtement avant de la ranger.
Je marche ensuite vers les deux enfants royaux de Moonleaf alors que le prince ne cache plus sa haine. Je vais pour prendre la princesse, mais, bien qu'il la supporte difficilement, il recule pour que je ne la touche pas.
- Je ne te permets pas de poser tes mains souillées sur elle, grogne le petit blond en me lançant un regard noir.
Je baisse les yeux vers lui avec détachement avant de lui retirer vivement la princesse des mains.
- Hey, fait le prince Ester alors que je porte sa sœur dans mes bras. De quel droit tu...
Elle est aussi légère qu'un sac de plume, ai-je pensé en m'éloignant vers le balcon sous les protestations du prince. Et elle est minuscule...
J'observe son visage endormi alors que Liore me suit lentement et que le blondinet nous rejoint en courant.
- Comment oses-tu la toucher après ce que tu viens de faire, s'exclame le prince Ester en pinçant les lèvres pour ne pas se mettre à pleurer.
- Ils n'ont pas souffert, dis-je en ne voyant pas pourquoi il s'emporte.
Ou plutôt si... mais je ne peux pas ressentir aucune compassion et aucun remord dû à mon acte.
- Comme si cela arrangeait les chose, grogne-t-il en essayant de reprendre sa sœur de mes bras.
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