Chapitre 3 partie 1 Amnis

Je suis assise à même le sol alors que des pierres et des ouvrages sur la magie m’entourent. Vanésia entre dans ma chambre avec un plateau de thé alors que je suis plongée dans ma recherche.

– Avez-vous trouver quelque chose, ma lady, me questionne ma servante en posant le disque gris près de moi, avant de me servir une tasse.

– Pas dans l’immédiat, ai-je soupiré en déposant le bouquin que j’avais en main pour prendre le breuvage qu’elle me tend. Mais j’espère vraiment pourvoir trouver une formule qui puisse me guérir.

– Ne devriez-vous pas demander à un mage expérimenté béni par la déesse Health, plutôt que de chercher par vous-même et de vous épuisez?
Je secoue la tête avant de prendre une lamper du liquide chaud.

– Père et mère ont déjà demandé conseil au plus puissant mage de Moonleaf, lorsque j’étais encore qu’une fillette. Il n’a pas découvert pour quelle raison mon corps est aussi sensible et faible.

Je prends une seconde gorger de la tisane à la menthe alors que Vanésia regarde les livres pêle-mêle étalés au sol autour de moi.

– Je ne sais vraiment pas comment vous faites pour vous retrouver, votre altesse. Je reconnais seulement quelques sorts, tout au plus.

– Le dieu tout puissant m’a donné un corps faible, il fallait bien qu’il m’accorde quelques atouts, dis-je en riant avant de prendre encore un peu de mon breuvage.

À vrai dire, nulle part dans les textes ne fait allusion à un soi-disant roi des dieux. Quelque personne y croit, mais ce n’est pas spécialement mon cas. Je me dis que, s’il existe, tant mieux, s’il ne l’est pas, tant pis. Qu’il soit vrai ou non, ce n’est pas lui qui changera ma condition de jeune fille fragile.

Il existe bien des sorts de guérison, lier à Health, la déesse de la vigueur, mais aucun d’eux n’est assez puissant pour soigner une maladie… encore moins la mienne. Ils peuvent l’alléger, mais pas la faire disparaitre. Dans mon cas, cela est même inefficace. Étant donné qu’en plus de la maladie, je suis plus sensible à la magie que la moyenne des gens, certaines formules magiques pourraient aggraver mon cas… même s’il s’agit d’un pouvoir guérisseur.

L’avantage dans mon malheur, c’est que je peux discerner les différents types de magie mieux que quiconque… Mais, malgré cela, mes parents préfèrent que rien autour de moi ait de la magie… et c’est à la limite si je peux sortir du château.

L’autre fois, mère m’a permis de faire une balade en ville uniquement parce qu’ils voulaient discuter de la guerre sans ma présence. Je n’en étais pas spécialement intéressée non plus.
Si père et mère me voyaient en ce moment, ils en feraient une crise et appelleraient les médecins royales comme si c’était la fin du monde. Je ris toute seule en m’imaginant la scène, ce qui semble un instant intriguer Vanésia. Je lui rends la tasse maintenant vide avant de replonger dans la recherche de formule.

– Tu as une certaine connaissance en magie, n’est-ce pas, Vanésia?

– Eh bien… comme à peu près tous les habitants de Moonleaf, me répond-elle avec une légère hésitation. Je connais uniquement les sorts de base.

– Crois-tu qu’avec ma condition, je puisse aussi apprendre les bases, l’ai-je interrogé en lui tendant un livret ouvert sur la page des quatre éléments communs, c’est-à-dire, l’eau, la terre, le feu et l’air.

– Je ne sais pas, princesse, me répond Vanésia en prenant le petit bouquin. Ils peuvent tous s’avérer dangereux, surtout s’ils sont mal utilisés. Nous devons apprendre dès l’âge de cinq ans pour arriver à les contrôler correctement, à moins d’être destiner à devenir un mage. Les capacités du peuple sont plutôt basses et nous pouvons seulement contrôler une petite quantité à la fois… comme cela.

Ma servante lève la main et un léger courant d’air vient caresser ma peau.

– Plus une personne est puissante, plus elle est dangereuse.

– C’est donc pour cela que les grands mages doivent recevoir le sceau royal?

Vanésia hoche la tête en me rendant le livret des sorts de base.

– Comme la magie noire est interdite à Moonleaf, le roi et la reine doivent savoir en tout temps si l’un d’eux change soudainement.

– C’est vrai que cela ressemble au serment des chevaliers, mais la rune qu’ils reçoivent est légèrement différente, ai-je marmonné en me souvenant de la seule fois où j’ai pu assister à ce genre de cérémonie.

C’était un jeune homme qui dégageait beaucoup de puissance. Je me rappelle qu’avant de recevoir un parchemin, possédant le sceau royal qui le désignait comme un nouveau mage, il avait dû se faire graver une rune sur l’un de ses biceps. Le processus m’avait semblé extrêmement douloureux. Si j’avais été à sa place, je n’aurais sans aucun doute pas survécu.

– Par lequel devrais-je commencer, ai-je demandé à Vanésia en faisant référence aux sorts de base.

– Puisque vous avez avec vous des pierres des marées, je vous conseille de pratiquer l’élément de l’eau… même si je préfèrerais que vous n’en fassiez rien, ma lady.

Vanésia verse de nouveau du thé dans la tasse, puis la pose près de moi, après avoir dégager l’espace où trainait quelques ouvrages. Je prends l’une des pierres des marées dans ma main, puis tends l’autre au-dessus du liquide chaud. Je me concentre sur celui-ci pour le faire bouger au point d’en avoir le visage en sueur, mais rien ne vient. Pas même une petite onde. Je plisse les yeux et contracte la mâchoire à presqu’en avoir mal. Mes doigts me semblent s’engourdir alors que Vanésia m’observe avec inquiétude.

– Vous devriez prendre une pause, votre altesse.

Je secoue la tête alors qu’un élancement traverse mon crâne. Je pince les lèvres et fronce les sourcils au moment où Ester entre dans ma chambre.

– Qu’est-ce que tu fais, s’exclame-t-il en courant vers nous, puis en prenant ma main toujours tendue. Ne sais-tu pas que c’est dangereux pour ta santé!

Il tourne un instant son regard vers Vanésia qui baisse les yeux en se sentant sans doute coupable de ne pas m’avoir arrêté.

– Combien de fois père et mère t’ont dit de ne pas chercher à apprendre la magie! Tu veux mourir!

– Je vais bien, dis-je avec un sourire faible alors que mon mal de tête s’estompe doucement, reposant la pierre avec les autres.

– Ne me prends pas pour un idiot, Amnis, grogne Ester en me soulevant pour aller me déposer sur mon lit. Tu te reposes jusqu’à ce que tu doives te préparer pour les festivités de ce soir.

– Mais je ne veux pas, me suis-je exclamée, ce qui me vaut un regard noir de sa part.

– Tu dois passer ta santé avant tout!
Il se tourne vers Vanésia qui attend visiblement un ordre de sa part.

– Confisque lui tout ce qu’il y a de magique ici, lui enjoint Ester en faisant un geste vers les œuvres enchevêtrés au sol. Et si cette idiote essaie de nouveau, tu es dans l’obligation de l’arrêter. Sinon, nous devrons prendre des mesures drastiques.

Mon frère tourne la tête vers moi au moment où j’allais protester, mais je me ravise en voyant son expression sombre. Il semblerait qu’à l’avenir, je ne pourrai plus compter sur l’aide de Vanésia. Il faudra que je trouve un autre moyen de pratiquer sans le regard des autres… et que je me procure d’autres pierres…

Vanésia me fait un sourire désolé alors qu’elle ramasse mon taudis. Ester la surveille avec un œil critique, comme s’il craignait qu’elle laisse quelques livres ou quelques pierres pour me faire plaisir.

– Nous pouvons y aller, prince, lui dit ma servante en me jetant un coup d’œil. Où voulez-vous que nous les mettions?

– Suis-moi, se contente d’ordonner Ester en sortant le premier.

Au moment de franchir le seuil, Vanésia fait tomber une larme de Jashnya ainsi qu’une pierre des marées, me faisant me demander si elle l’a fait volontairement. Je m’empresse d’aller les chercher, puis ferme la porte de ma chambre avant de retourner me glisser dans mon lit. Je les cache ensuite sous mes oreillers, puis me couche pour faire une petite sieste.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top