Chapitre 20 Callidus partie 1
Je suis sur le pont avec Liore et quelques matelots alors que nous accostons doucement au port de la capitale de Dawnrold parmi les autres navires.
Près de deux semaines se sont écoulé depuis la dernière fois où j’ai vu Amnis. À chaque fois que je pense à elle, une étrange sensation m’anime. Ce n’est pas inconfortable, mais c’est perturbant. Je m’étonne encore de pouvoir ressentir mes propres émotions… de mon cœur qui ne bat plus continuellement dans la même constance, le même rythme, peu importe la situation.
– Alors, commence Midas en se rapprochant de nous tout en caressant sa longue barbe blanche. Est-ce que maintenant, vous vous émerveillez devant le ciel?
Je lève un instant les yeux vers l’éther, mais je ne vois absolument pas ce qu’il y a à s’extasier.
Un ciel reste un ciel.
Le grand mage grogne en voyant notre manque de réaction.
– Il faut en plus que je vous apprenne à apprécier la beauté naturelle?
Je hausse les épaules avant de me diriger vers la passerelle qui descend doucement sur le port. Liore et Midas me suivent de près alors que je constate que, pour un endroit où il y a une grande foule, c’est étonnement calme. J’observe un moment les gens se saluer par politesse et d’autres discuter à voix basse, presque comme si être bruyant emmenait la peine de mort.
C’est complètement différent de Duskstone, Sunfild et Moonleaf. À Duskstone, les rues sont toujours bruyantes et chaotique. À Sunfild, les gens sont joyeux et polies sans pour autant être distant. Et à Moonleaf, c’est encore plus animer.
J’échange un regard avec ma cousine qui se contente d’un haussement d’épaule.
– C’est un royaume plutôt stricte, nous apprend le grand mage en englobant d’un geste la capitale qui s’étend face à nous. Tout est contrôlé avec précision. Il vous sera difficile d’entrer dans le palais. La méthode la plus rapide serait que vous participiez à la sélection des chevaliers… mais comme vous n’avez aucune identité dans Dawnrold, cela vous sera impossible de passer les remparts.
– Les solutions sont faciles à trouver, commente Liore en lui jetant un regard tout en posant une main sur l’une de ses dagues.
Midas pousse un long soupire en secouant la tête.
– Ce n’est pas parce que cette méthode est la plus rapide qu’il n’y aura pas de problème. Vous aller enterrer dans leur cour les cadavres des individus dont vous volerez l’identité? À moins de trouver un ermite qui a toujours vécu exclu de la société, il vous sera impossible de remplacer une personne d’ici.
– Vous n’avez pas à vous inquiéter, dis-je en descendant du pont. Nous avons nos procédures.
Quelqu’un marche vers moi et, à en juger son accoutrement, il fait partie de ceux qui gère les aller-retour du port.
– Quel est le motif de votre visite, me questionne-t-il après m’avoir salué d’un simple signe de tête.
Je l’observe un moment alors que ma cousine me rejoint d’un pas tranquille.
– Nous emmenons des produits de Moonleaf, lui ai-je répondu en faisant un geste vers le drapeau avec l’emblème de ce royaume.
– Je dois examiner la marchandise avant de pouvoir vous laissez aller plus loin.
Le jeune homme prend une pause en observant nos habits sombre et nos armes.
– Seuls les chevaliers peuvent porter des armes, nous apprend le contrôleur en faisant un geste vers ma rapière, puis vers les dagues de Liore. Vous pourrez seulement entrer en ville si vous les laisser sur votre navire. En d’autre cas, vous ne pourrez pas recevoir une attestation qui vous permet de librement vous déplacez.
J’échange un regard avec ma cousine avant que nous hochions la tête. Nous retournons sur le nouveau Gwalior et allons poser nos armes dans nos cabines respectives. Le jeune homme de Dawnrold examine méticuleusement la marchandise que le capitaine Poper et les autres ont dû voler lors de toutes les fois où ils sont allés à Moonleaf.
Le contrôleur signe un billet qu’il tend ensuite à Poper en leur rappelant que les armes sont interdites à moins d’être un chevalier de Dawnrold. Il part ensuite vers un autre navire qui vient d’accoster.
– Prend ça, me dit Poper en me tendant la mince feuille.
Je secoue la tête, ce qui le fait lever un sourcil.
– Nous n’en aurons pas besoin, lui ai-je expliqué alors que ma cousine croise les bras. Nous allons voler l’identité de quelqu’un d’ici.
Le capitaine hausse les épaules avant de s’éloigner vers la cabine de navigation où se trouve Yagami Sho et Thay Zentan. Midas se rapproche de nous en secouant la tête avec désapprobation.
– Vous comptez qu’en même assassiner les souverains de Dawnrold?
– Malum a des espions partout, lui ai-je confié en observant le palais qu’on voit au loin, son drapeau dressé volant au gré du vent. Il le saura si nous ne suivons pas son ordre.
– Dis plutôt que tu ne sais pas encore ce que c’est que les remords.
Je hausse les épaules et vais pour partir, mais le grand mage me retient par le bras en soupirant. Il sort deux carrés de papier de sa robe de mage et y trace une spirale rectiligne constituer de six lignes. Il les tend ensuite à ma cousine et moi.
– C’est la rune d’invisibilité de Matar, Jan Unjkaya, nous apprend Midas en caressant sa longue barbe blanche. Avec cela, vous pourrez facilement vous infiltrez dans le château. Vous n’aurez qu’à retracer les lignes avec votre sang pour l’activer. Vous pourrez vous voir mutuellement, mais les autres non.
– Finalement, nous pourrons utiliser nos armes, constate platement Liore avant de poser un instant sa main sur mon épaule. Je vais les chercher.
Je hoche la tête, puis elle s’éloigne vers les cabines.
– Que comptez-vous faire ici, ai-je questionné le vieux mage, qui eut un sourire énigmatique. Ce n’est pas uniquement pour Liore et moi, n’est-ce pas?
– Il fallait que je rencontre la princesse Flany et son mari, Jazen. Ce dernier est connu dans tout Dawnrold pour avoir été béni par le dieu de la noblesse, Rey. Certains disent que ce n’est qu’une rumeur, c’est pourquoi je veux le confirmer en le voyant. Il sera peut-être la clé de la paix.
– Vous voulez dire qu’il proposera un traité à mon oncle, l’ai-je questionné en fronçant légèrement les sourcils. Il n’acceptera jamais. Il veut contrôler le monde.
– Le garçon y arrivera, répond Midas en caressant sa longue barbe blanche. Mais après que les choses se soient parcellement arrangé. Il aura besoin de la petite pour cela... et de toi aussi.
Je fronce d’avantage les sourcils en sachant qu’il fait allusion à Amnis. Cela m’étonnerait que qui que ce soit puisse changer la psychologie de mon oncle. Liore revient vers nous d’un pas lent en rangeant ses dagues. Ma cousine me tend ma rapière et je la prends pour l’accrocher à ma ceinture. Liore sort l’une de ses dagues, se fait une légère entaille sur le doigt avant de me tendre son arme. Je l’imite et nous traçons la rune avec notre sang.
– Vous avez six heures avant qu’elle ne soit plus efficace, nous prévient Midas en s’éloignant vers la cuisine du navire. Et si vous parlez, les gens peuvent vous entendre… et peut-être même vous voir.
Liore reprend sa dague et la glisse dans son fourreau alors que nous descendons de nouveau sur le port. Nous marchons à travers les rues où les gens semblent presque marcher comme des marionnettes et à peu près aussi silencieusement que des ombres. Ils se saluent poliment, mais ne s’adresse pas la parole. J’observe un moment les maisonnettes toutes construites avec les mêmes matériaux, les mêmes couleurs et les mêmes dimensions.
Quelques chevaliers patrouillent dans les rues, un glaive pendouillant à leur ceinture brune. Nous nous faufilons entre les individus, évitant tout contacte au risque d’être découvert. Nous finissons par cheminer sur un sentier boisé d’arbre tropical, avant d’arriver face à un arche où se trouve six gardes dont leurs habits beige concorde avec les bâtisses de sable et de pierre de la ville.
Au contraire de Moonleaf et de Sunfild, ces gendarmes se tiennent droit et en alerte, muets et patients. Ils me donnent l’impression de pouvoir nous voir même avec une rune de camouflage. Je fais un geste vers la droite pour signifier à ma cousine que nous devrions trouver un autre endroit pour passer les remparts du palais de Dawnrold.
Elle hoche la tête, puis nous suivons le mur en brique gris beige en tentant de rester discret. Nous marchons plusieurs minutes avant d’arriver près de la sortie arrière, qui est sans aucun doute en cas d’urgence. Celle-ci, beaucoup plus petite que l’entrée principale, est uniquement gardée par un homme de haute carrure.
Je m’avance discrètement vers lui et, d’un geste vif et précis, je lui tranche la tête. Son corps tombe lourdement au sol et le sang vient tacher le gravier et le sable. Liore passe par l’arche et je la suis après avoir essuyé le liquide rouge sur le pantalon du garde. Une fine pluie de sable est soufflée vers nous alors que nous traversons un petit labyrinthe de cactus et de fleur tropical. Nous passons ensuite dans un jardin dont les plantes se battent pour survivre.
Nous cheminons sur le terrain d’entrainement des chevaliers, où ils sont en pleine activité, puis nous nous faufilons dans un couloir dont les murs sont des arches robustes. Je jette un coup d’œil derrière nous alors que ma cousine ouvre doucement la porte en face de nous. Les deux grades sursautent en l’entendant, mais ils n’ont pas le temps de réagir autrement avant que Liore leur tranche la gorge. Ils tombent au sol en tentant vainement d’arrêter le saignement.
Ma cousine se dirige machinalement vers le couloir de gauche où se trouve un escalier. Je lance un regard vers la droite avant de la suivre dans son ascension. Nous montons quelques étages et suivons un moment quelques domestiques qui apportent des plateaux jusqu’à une chambre. Nous entrons à leur suite pour constater que la reine est alitée et que le monarque l’accompagne. Il est assis sur le lit à côté d’elle et lui prend doucement la main. Ils me semblent tous deux ne pas avoir plus de trente-cinq ans… pourtant, leur fille unique a le même âge qu’Amnis, c’est-à-dire, seize ans.
– Salina n’est pas en mesure de manger quoi que ce soit, dit l’emperreur de Dawnrold en les observants tour à tour. Vous pouvez vous partagez le repas entre vous. Par conséquent, vous avez intérêt à ce que ce soit équitable.
Les domestiques s’inclinent et repartent aussi silencieusement qu’ils étaient entrés. Liore et moi échangeons un regard, puis faisons un pas vers le souverain qui se lève au même moment. Il promène un instant ses yeux dorés à travers la grande pièce, presque comme s’il nous cherchait. Ses longs cheveux noirs sont tressés et une couronne d’or et de rubis est posé sur son crâne. Sa peau, comme je l’ai constaté chez la plupart des individus de Dawnrold, est brunie par le soleil.
Lorsqu’il siffle, un petit Hiekka kani, un lapin des sables, sort de sous le lit, laissant une fine poudre sur le sol à chacun de ses bons. Ses yeux, complètement bleu, se tournent vers nous et il se met à claquer des dents.
– Vous êtes bel et bien ici, prononce le roi en prenant la petite bête de grain de poussière dans ses mains. Les yeux de Sky ne mentent jamais… et les prédictions de Lendus Livental non plus.
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