Chapitre 2 partie 1 Callidus
Le comte Ramlis s'empresse de se fondre dans la masse de gens bruyant qui s'agglutine dans le centre comme un troupeau de charogne désarticulée. Je marche vivement pour le suivre, ma rapière dédaignée comme s'il s'agissait simplement de l'allongement de mon bras.
Stupide, me dis-je en le voyant pousser la foule pour se frayer un passage.
Je monte sur la toiture basse d'un petit marché de fruit pour ensuite sauter sur les plus élevés. Le comte jette un regard par-dessus son épaule et sourit bêtement en ne me voyant plus, comme si son imbécile manière d'essayer de m'échapper avait réellement porté ces fruits. Il ne semble pas avoir compris que, dès que sa majesté a donné un ordre, je terminerai la tâche même si je dois voyager jusqu'en enfer, que je le veuille ou non.
Je le poursuis depuis les hauteurs, ma cape noire voltigeant autour de moi au gré du vent. Le comte Ramlis tourne sur une large avenue, puis finit par passer les remparts qui encercle un domaine, dont la demeure est faite tout en longueur et en largeur, montant uniquement sur deux étages. Des gardes surveillent l'entrée avec peu de vigilance, ce qui leur vaut une réprimande de leur maitre.
Je m'accroupis sur le toit d'en face en rangeant ma lame dans son fourreau, puis observe les alentours. Les quelques passants me semblent être des seigneurs et de riches bourgeois, du moins, à en croire leur démarche hautaine et leurs habits. Connaissant parfaitement le caractère de ce genre de personnage, dès qu'ils entendront des cris provenant du domaine du comte, ils s'enfuiront en hurlant qu'il y a un assassin. Le temps que l'armée personnelle du comte arrive, toute sa famille et ses employés seront morts.
Dans mon cas, j'aurai déjà déserté et serai en chemin pour le retour à la capitale.
Je me laisse glisser le long du mur de brique, puis cours vers les gardes en sortant mon arme. Des exclamations surpris ne se font pas attendre alors que je tranche la gorge des deux protecteurs de l'entrée. Lorsque je me faufile entre les portes, le chaos c'est déjà rependu à l'extérieur. Je m'avance vivement jusqu'à l'entrée du bâtiment de bois et de pierre. Dès que je fais un pas à l'intérieur, les domestiques, qui sont une dizaine, tournent leur attention vers moi avant de pousser des cris d'horreur en voyant ma lame sanglante.
Avant même qu'ils n'aient pu se sauver et disparaitre dans l'un ou l'autre des couloirs, je me débarrasse d'eux comme s'ils n'étaient que des grains de poussière. Je tourne dans l'allée de gauche après avoir discerner une marque de boue encore humide sur le carrelage grisâtre. Je suis les traces en supprimant au passage les serviteurs que je croise d'un rapide coup d'épée. Je retrouve rapidement le comte dans un salon où il discute tranquillement avec sa femme et son unique fille. Lorsqu'elle me remarque, la fillette hurle et va courir dans les bras de sa mère. Le comte se lève précipitamment en cachant inutilement le parchemin dans son dos.
– Ce... comment êtes-vous arrivé jusqu'ici, bredouille Ramlis en faisant aller ses yeux bruns entre sa femme, sa fille et moi. Je... j'étais sûr de vous avoir semer.
– Vous suivre est un jeu d'enfant, dis-je en le fixant.
Je tends ma main libre vers lui, ce qui le fait reculer alors que sa femme et la fillette tremblent de peur.
– Le parchemin.
– Je... je ne peux pas vous donner cela! C'est trop précieux! Prenez tout ce que vous voulez sauf cela!
– Vous tenez à votre vie ou à un bout de peau, dis-je en les observant froidement.
Je lève ma rapière et la pointe vers son épouse et son enfant.
– Sa majesté désir ce parchemin, ai-je ajouté alors qu'elles se mettent à sangloter.
Je fais un pas en avant, rapprochant ainsi ma lame du cou de sa femme.
– Ne connaissez-vous pas son tempérament?
Dans un geste tremblant et hésitant, le comte sort le parchemin de son dos et me le tend. Je le prends rudement et dans un geste calculer, coupe la tête de la mère et la fille. Le comte n'a pas le temps de dire quoi que ce soit avant que je lui tranche la gorge. Leur sang éclabousse sur les divans alors que leur corps mou s'effondre au sol.
– Que des imbéciles, ai-je marmonné en les fixant avant d'essuyer ma lame sur le veston bleu marin du comte.
Je tourne les talons en rangeant ma rapière dans son fourreau, puis glisse la peau travaillée et peint avec de l'encre dans ma tunique noire.
Ce sale travail est presque terminé...
Je traverse les couloirs et fais le tour de la demeure pour supprimer tous ceux qui vivent dans ce manoir. Lorsque je tords mes vêtements noirs tachés de sang, j'entends le bruit d'une cavalerie en approche.
Le mot c'est rependu plus vite que de la poudre à canon...
Je traverse la cour pour me rendre vers l'arrière, puis, d'un bon, je m'agrippe à l'enceinte de pierre et me propulse de l'autre côté. Je retombe accroupis et jette un rapide regard autour de moi pour m'assurer qu'il n'y a personne. Je me relève, puis siffle pour appeler mon cheval qui, après quelques minutes, arrive vers moi en courant. Je saute sur son dos alors que mon coursier ralenti légèrement son allure. Je le guide à travers les petites ruelles jusqu'à me rendre à l'extérieur de la ville sans me faire repérer par des gardes en service.
Je lève les yeux vers le ciel en me demandant si une journée me suffira pour retourner à la capitale. Je ne réfléchis pas plus longtemps à la question et donne un coup de rêne pour faire aller au gallot mon étalon noir.
Lorsque j'arrive au palais, c'est le matin du deuxième jour. Je laisse ma monture aux écuries sous les regards distants et effrayés des écuyers en voyant le sang sèche sur mes habits. Je les ignore car ils ne valent pas la peine que je me soucie d'eux. J'entre dans le château et me dirige tout de suite vers le bureau du souverain. Je toque à la porte, puis entre après qu'il me l'ait accordé. Je constate tout de suite que le duc Darney, qui est le dirigent de notre armée, se tient près de l'empereur.
– Tu as été rapide, me complimente Malum en levant ses yeux gris vers moi tout en passant une main dans sa tignasse noir et bouclé, comme la mienne. Je n'en attendais pas moins de mon cher neveu.
Je m'incline, puis sors le parchemin pour aller le déposer devant lui, sur son large bureau noir. Malum sourit avec satisfaction en regardant l'encre rouge formée des incantations de magie noire dans une langue qui m'est inconnu. D'ordinaire, notre royaume n'utilisait pas la magie. C'était contre les règles avant que mon père se fasse tuer. Avant même qu'il commette un régicide, Malum avait commencé à apprendre des formules... qu'il testait ensuite sur moi. Si je pouvais désobéir à ses ordres, il y a longtemps que j'aurai pris ce qui m'appartient de droit. C'est-à-dire, la place du roi.
– Excellent, dit mon oncle, les yeux brillant d'une joie malsaine. Je ne suis pas le moins du monde déçu.
Il serait déçu s'il savait que je souhaite couramment sa mort... en fait... je suis sûr qu'il le sait, puisqu'il m'a gravé dans la peau, avec de l'encre, un sort qui m'empêche de me rebeller contre lui. Si je tente de le tuer, c'est moi qui mourrai... de même que si quelqu'un d'autre tente de l'assassiner. C'est moi qui accumulerai ses blessures sans qu'il ne reçoive une seule égratignure. Je suis à la fois son épée et son bouclier.
– Souhaitez-vous autre chose, lui ai-je demandé en jetant un coup d'œil vers le duc Darney qui me fixe de ses yeux clairs en réajustant son col et son jabot indigo.
– Tu peux disposer, m'accorde l'empereur en faisant un geste de la main pour me chasser.
Je m'incline, envois un dernier regard vers le bras droit du roi, puis sors de la pièce. Je marche dans les couloirs alors que les domestiques se tassent de mon chemin comme des souris face à un chat. Ils fixent le plancher comme s'ils croyaient que je pourrais les tuer d'un simple regard.
– C'est le chien du roi, marmonne l'un d'eux lorsqu'il pense que je ne peux pas l'entendre.
– Qui a-t-il tué, cette fois-ci, demande un autre avec crainte.
Je les ignore et me dirige vers l'aile ouest où se trouve mes appartements.
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