Chapitre 19 partie 1 Amnis
Je suis dans la bibliothèque en train de chercher quelque chose à lire pour passer le temps lorsque je sens une présence arriver derrière moi. Je me retourne pour voir l'empereur de Duskstone qui m'observe avec un sourire perfide. Je pince les lèvres et m'incline rapidement. En tout une semaine, c'est la première fois qu'il vient directement me voir.
– Que puis-je faire pour vous, majesté, lui ai-je demandé en croisant et décroisant les doigts dans mon dos.
Son sourire malsain s'accentue et il s'approche de moi alors que je me tiens raide. Par réflexe, je recule d'un pas lorsqu'il tend une main pour me toucher la joue. Ses doigts restent un instant suspendu près de mon visage avant qu'il ne les baisse avec un petit rire mauvais.
– Tes réactions de petit animal effrayé viennent d'améliorer mon humeur, me confie Malum en plissant les yeux.
– Je suis sûr que vous avez des choses plus importantes à faire que de trainer ici, dis-je en tentant de camoufler le malaise que son regard vif et dangereux fait naitre en moi.
– N'importe qui a besoin de se rafraichir les idées, de temps en temps, réplique le souverain en faisant glisser ses doigts sur les étagères de la bibliothèque, tout près de moi.
– Qu'attendez-vous de moi, l'ai-je questionné en prenant un livre au hasard au cas où j'aurais besoin de l'utiliser comme arme ou bouclier. Je suis persuadée que ce n'est pas uniquement pour mon apparence et mes quelques capacités que vous avez décidé de me garder en vie.
L'empereur eut un sourire finaud en se rapprochant encore plus près de moi.
– Vu la réaction que tu as eu envers mon cher neveu, ma jolie, je me doute bien que vous partagez plus qu'une simple relation entre otage et ravisseur, chuchote Malum près de mon oreille, ce qui me fait crisper de peur.
Mon ventre se noue et une boule se forme dans ma gorge. La sensation est si intense que j'ai l'impression qu'un étau m'étrangle. Je vois bien dans le regard d'acier du roi de Duskstone qu'il savoure grandement ma réaction.
– J'ai vu juste alors, ajoute-t-il avec une joie malsaine. Moi qui croyais qu'il n'avait plus aucun intérêt.
– Vous vous trompez, ai-je bredouillé alors qu'il pose ses deux bras sur l'étagère pour m'empêcher de partir. La... la nature de notre relation est complètement différente de ce que vous croyez. J'ai... j'ai... pitié de lui.
Je me mordille la lèvre inférieure alors que Malum m'observe en plissant les yeux. C'était bel et bien la raison de départ qui m'a poussé à lui venir en aide, mais... maintenant... je ne saurais dire exactement ce qui m'anime. Je sais que c'est plus fort que de la pitié. Ce n'est pas non plus parce que je souhaite absolument être sa sauveuse, chose que je voulais lorsque j'étais qu'une gamine... même si j'étais persuadée que Callidus ne vivait que dans mes rêves et la folie de mon subconscient.
J'imagine que c'est parce que je le considère maintenant comme un... ami... sur qui je peux compter dans mes moments de faiblesse... celui qui repousse mes inconforts... grâce à qui je me sens plus forte... et d'un autre côté, petite et fragile.
Cela me pousse à réaliser que je suis celle qui a en réalité besoin de lui plus qu'il n'a besoin de moi.
– Nous n'avons pas ce genre de relation, ai-je répété en souriant tristement en me rappelant la dure vie qu'il a dû mener. Mais comme il est quelqu'un de puissant, je me sens rassurer par sa présence près de moi.
Malum éclate de rire et je le regarde sans comprendre sa réaction.
– Tu es un être vraiment intriguant, petite brebis, susurre-t-il avec une expression mauvaise. Mon neveu est pourtant celui qui a tranché la tête de tes parents adorés.
– C'est vous qui lui avez dicter de le faire, ai-je répliqué en le foudroyant des yeux, ce qui semble accentuer son plaisir.
– Ce qui influence le cœur n'a pas nécessairement le même impact sur la tête, dit Malum en jouissant de ma fureur et mon dégoût.
Je sens bouillir tout mon être et je tente avec difficulté de retenir les petites flammèches qui se propagent dans tout mon corps. Si je laisse partir cette vague d'énergie, il saura que j'ai omis de lui révéler que je suis l'ombre autant que la lumière.
– Je sais que vous l'avez poussé dans une illusion, mais... je n'arrive pas à comprendre votre motivation.
Malum lève un sourcil et recule de quelques pas avant de croiser les bras.
– Même si la haine n'excuse pas tout, je suis portée à croire qu'il y a une raison derrière vos actions, aussi mauvaise soient-elles, ai-je ajouté alors que je laisse la chaleur qui me brulait de l'intérieur refroidir.
– Et s'il n'y a aucune raison, me questionne le souverain de Duskstone avec un sourire espiègle. Qu'en penserais-tu?
Je secoue la tête et remets le bouquin à sa place.
– La haine n'apparait pas sans fondement, comme nul être ne nait démon. Les évènements forgent le caractère. Même les êtres démoniaques n'ont pas un cœur entièrement noir.
Je me retourne pour le voir m'observer avec intérêt.
– Vous ne faites pas exception a cette règle, vous savez. Bien qu'elle soit infime, votre lumière existe encore. Il faudrait simplement que quelqu'un vous tende la main pour qu'elle grandisse.
– Tu es bien optimiste pour quelqu'un bénit par un démon dès sa naissance.
– C'est l'une de mes forces, majesté, dis-je avec un léger sourire. Puisque je suis physiquement faible, je dois au moins garder un esprit vigoureux.
Quelqu'un cogne contre la porte ouverte de la bibliothèque et je tourne mon attention par là pour voir qu'il s'agit du bras droit du roi, le duc Darney Holdwig. Ses iris bleu clair passent de l'empereur à moi avant de revenir sur le monarque. Il est un homme dans la cinquantaine dont les cheveux brun roux sont striés d'à peine quelques mèches grisonnantes. De ce que j'ai récemment appris, il a été le maitre d'arme de Malum quand il était jeune.
Il l'a aussi été pour Callidus...
– Majesté, l'interpelle l'homme en me jetant de nouveau un coup d'œil rapide. Le marquis Rudwig et le comte Vylmon vous attendent encore pour la suite de votre conversation.
– Je crois pourtant avoir été assez clair dans mes propos, grommèle Malum avec une mine agacée.
– Il semblerait qu'ils ne sont pas satisfaits des conditions et ils trouvent que le coût des travaux s'élève trop haut.
L'humeur de Malum s'assombrit et son expression se fait dure et froide.
– Ils ont l'audace d'essayer de me faire changer d'avis. Si je n'étais pas clément, ils ne resteraient plus rien d'eux à cette heure-même.
– Je leur ai dit qu'il ne leur servirait à rien d'attendre... mais ils ont dit qu'ils ne partiront pas avant d'avoir des résultats qui leurs conviennent.
– J'aurais dû demander à Callidus de me débarrasser d'eux avant que Liore et lui partent, marmonne l'empereur de Duskstone avant de reporter son attention sur moi. Je viendrai te retrouver plus tard.
Il me caresse la joue du bout des doigts avant de sortir de la pièce, suivit par son bras droit qui me jette un dernier regard avant de partir.
Je reste un moment dans la bibliothèque, puis me dirige ensuite vers la chambre que l'on m'a assignée, un bouquin sur l'étymologie de la langue ancienne de Duskstone en main. Selon ce que j'ai pu lire jusqu'à maintenant par rapport aux langues et cultures des quatre royaumes, cela ne fait que quelques siècles que tous les peuples parlent la langue universelle. Celle des temps ancestraux de Moonnleaf.
Il a toujours été considéré comme la terre la plus puissante sur la planète et cela, peu importe l'ère depuis les temps de la création humaine.
Selon la théologie de Moonleaf, la déesse de la terre, Leaf, et la déesse de la vigueur, Healt, seraient à l'origine de l'apparition de la planète et des mortels. Au début de l'air, elles étaient considérées comme celles qui détenaient la plus grande force... mais c'était avant que les dieux démons apparaissent... nés de l'avidité de leur création.
Pour tenter de contrer le pouvoir des démons, elles ont d'abord fait appelle à la déesse de la mer, Rio, puis à la déesse de la guerre, Arrow. Au finale, cette dernière ne choisie ni le bien ni le mal. Elle apparaissait là où on la réclamait... et c'est tout... mais la naissance de celle-ci avait engendré son opposé, le dieu de la noblesse, le gardien de la paix, Rey.
C'est grâce à l'apparition de la divinité de la sagesse, Wise, que les deux déesses originelles purent donner vie à Luz, le dieu de la lumière. Son pouvoir était si grand qu'il pouvait surpasser la noirceur des trois démons.
C'est trois-là n'étaient nul autre que Noche, Valor et Matar.
Pour empêcher le règne du mal, les dieux du bien bénir les humains qu'ils considéraient digne de recevoir une part de leur puissance. Bien entendu, les démons firent pareils puisqu'ils devaient leur naissance du cœur et de l'esprit des mortels.
Je feuillète le livre en ignorant les domestiques qui me regardent comme s'ils s'attendaient à tout moment à ce que je devienne un cadavre ambulant... ou une morte tout court.
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