Chapitre 12 partie 2 Callidus
Ma priorité est de retrouver Amnis et les autres. Je n'ai aucun temps à perdre sur une discussion futile. Ce n'est pas comme si Coco Munch, une jeune femme que j'ai rencontrée il y a un peu plus d'un mois, avait besoin de connaitre ce genre de détail concernant ma famille. Nous ne faisons que collaborer alors... connaitre nos noms et nos capacités devraient suffire. Je ne vois pas l'intérêt à essayer de se rapprocher d'autrui. Avoir affaire aux autres n'apportent que des problèmes. De toute manière, je suis prêt à mourir n'importe quand.
J'entends le ricanement rustre du dieu Valor dans le fond de ma conscience. Je tente de l'ignorer, mais sa présence se fait plus oppressante.
– Tu ne connais vraiment rien à l'amour, dit la divinité de l'instinct avec hilarité alors qu'il flotte près de moi avec son aspect fantomatique. C'est ce qui arrive lorsque le cœur n'a plus sa propre conscience. Même le cerveau mortel peut parfois résonner avec stupidité.
– Je n'ai aucun intérêt à connaitre votre opinion, dis-je par la pensé en accélérant encore la cadence, presque comme si je croyais pouvoir le semer... ce qui est évidemment impossible. Je n'ai pas besoin d'amour alors que je cherche par tous les moyens de mourir. Et même si ce n'était pas le cas, je trouverais autant cela une perte de temps.
– Tu ne diras certainement pas la même chose lorsqu'une partie des chaines sera détruite.
Je l'observe un moment alors qu'il me dévoile sa dentition carnassière.
– Insinuez-vous que le vieux mage ne nous a pas dupé?
Valor se contente de sourire avant de s'évaporer comme s'il était fait de poussière et de fumé, me laissant sans réponse. Pourquoi est-il apparu s'il n'avait rien de pertinent à dire?
C'est vrai que... comme il vit éternellement, il ne considère pas ce genre de chose comme une perte de temps.
Je jette un coup d'œil vers Liore qui hoche imperceptiblement la tête, me faisant comprendre qu'elle a vu le dieu de l'instinct et entendu ses paroles.
Je passe près d'un groupe de Ruoho Biisoni, bison constitué d'herbe, de feuille, de liane et de fleur, qui se met à beugler avant de se sauver, se poussant les uns les autres dans leur empressement.
C'est la preuve même qu'ils n'ont pas de cerveau, me dis-je en les observant un moment. Ni vraiment de conscience.
Ce sont des êtres qui vivent et c'est tout. Même manger l'herbe à nos pieds leur est techniquement inutile. Cela les aide seulement à se regénérer plus rapidement.
Je reporte mon regard vers le boisé face à nous et les collines verdoyantes à ma gauche.
Si les Ruoho Biisoni sont venus brouter, cela veut dire qu'ils ont été attaqués.
– Restez sur vos gardes, dis-je en pénétrant dans la flore dont le silence confirme mon analyse.
Si même les animaux sont effrayés de faire du bruit et d'être repérer, cela ne peut vouloir dire qu'une seule chose.
Il y a des Yösusi dans les parages.
Ces bêtes faites de cendre et de fumé noire sont une création de Malum.
Il a fait bruler une meute de loup pour ensuite tracer une rune et appliquer une incantation pour les faire revenir à la vie.
Généralement parlant, ces monstres et moi ne sommes pas bien différents. La seule chose qui peut les exterminer, c'est la magie blanche du dieu de la lumière, Luz, ainsi que ses disciples. Les armes n'ont aucune efficacité sur eux.
Je m'avance à pas feutrer à travers les broussailles, les sens en alerte. Mon regard dérive d'un côté, puis de l'autre, me demandant où ils se trouvent... bien qu'il nous serait préférable de ne pas croiser leur route.
Depuis la réussite de la première expérience, Malum a continué cette transformation au point que les loups sont en voie d'extinctions à Duskstone. La plupart sont devenus des Yösusi et ont évolué, en quelque sorte, en gardien de l'ombre. Peu importe où ils se trouvent sur les terres du royaume, ils peuvent recevoir les instructions de Malum. Dans certain cas, il les envoie plutôt que moi pour faire le ménage parmi les aristocrates... ou pour retracer des parchemins de sortilège.
– C'est silencieux, dit inutilement Coco comme si nous ne le savions pas déjà alors que cela fait plusieurs minutes que nous marchons dans la forêt. Les animaux sont tous morts ou quoi?
À peine a-t-elle fini sa phrase qu'un Yösusi apparait à notre gauche. Son regard rouge croise le mien et nous nous fixons un moment avant qu'il ne se mette à hurler.
– Ce n'est pas bon signe, ai-je marmonné alors que d'autres apparaissent près de nous.
– Que, fait Coco avec surprise en se rapprochant de moi en même temps que Liore.
– Ce sont des créations de l'empereur, lui explique ma cousine de sa voix basse et légèrement roque. Et dans notre cas, nous ne pouvons pas les tués. Ils s'attaquent à n'importe qui à l'exception de leur maitre. Callidus et moi avons déjà dû nous battre contre l'un d'eux. Je ne te dirais pas combien de fois nous aurions dû mourir. Et il n'y en avait qu'un.
– Très rassurant, dit Coco avec un rire forcé. Que faisons-nous alors?
– La seule chose à faire, c'est courir, dis-je en m'élançant rapidement pour les distancer, Liore Coco à ma suite avec un léger retard.
Les Yösusi nous prennent en chasse, leur pelage fait de cendre et de fumé noire dansant au gré du vent et au rythme de leur course effrénée. Ils grognent, aboient et hurlent alors que nous tentons de nous en débarrasser. Après de longues minutes, nous débouchons finalement sur un camp de pêcheur. Sans tarder, je me lance depuis le petit pont en bois dans l'eau salée de la plage. Quelques secondes après, Liore et Coco me rejoignent, la seconde à bout de souffle.
– Pourquoi t'es-tu balancé à l'eau, me demande Coco alors que ses dents ne tardent pas à claquer du au froid.
Sans dire un mot, je fais un geste de la main vers les bêtes qui lèvent leur truffe en l'air.
– Ils détestent l'eau, lui ai-je répondu alors qu'ils nous observent en hésitant à venir nous rejoindre. Cela ne peut pas les tuer, mais cela peut suffisamment les blesser pour qu'ils aient besoin de plusieurs jours de repos.
Les cinq loups de cendre et de fumé noire grognent pour montrer leur mécontentement avant de décider de rebrousser chemin. Coco pousse un soupir de soulagement avant de remonter vers le sable, Liore et moi à sa suite.
– Sont effrayant, marmonne celle-ci alors que nous tordons nos vêtements mouillés. On aurait dit qu'ils étaient enragés.
– Les Yösusi sont tous comme cela, lui explique Liore en lissant ses cheveux blonds vers l'arrière. Sur n'importe qui d'autre que Callidus ou moi, leur morsure serait fatale.
– Avec l'Gwalior, j'ai pu découvrir des tas d'monstres, mais pas dans c'genre-là.
– Il n'y a que le dieu du faux et de la mort, Matar, ainsi que ses disciples, qui peuvent ramener à la vie un mort, l'ai-je informé en marchant sur le sable, longeant la plage qui se transforme en une large rivière et qui mène jusqu'à je ne sais pas où.
J'observe autour de nous et constate que, près d'un cabinet de pêche, un feu a été partie, il y a, je dirais, tout au plus quelques heures.
– Ils se sont arrêtés ici, la nuit dernière, ai-je fait observer aux deux jeunes femmes qui m'accompagnent. Si nous nous dépêchons, nous pourrons peut-être les rattraper avant la tombée de la nuit.
Coco se frictionne les bras alors que Liore se dirige déjà vers le nord en suivant la courbe que forme le courant. Je ferme nos rangs en jetant de temps à autre des coups d'œil par-dessus mon épaule pour m'assurer que les monstres ne viennent pas nous pourchasser de nouveau.
– Les aventures marines, c'est beaucoup plus agréable, marmonne Coco en continuant de se frotter et cela, malgré la tunique en laine et le gilet qu'elle porte par-dessus. Pourquoi ai-je eu la stupidité d'vous suivre?
– Tu es la seule à blâmer, lui répond ma cousine en lui jetant un regard. Et nous savons tous, malgré le fait que nous ne pouvons pas le vivre, que l'amour peut faire des miracles.
Je fixe son dos en me demandant pourquoi elle fait allusion à cela dans un moment pareil. Ce n'est pas comme si l'un de nous était amoureux. Coco s'entend bien avec tout le monde et Liore et moi ne pouvons rien ressentir. Je sais que Coco prétend ressentir pour moi n'ai que passagère. Elle est connue pour être une dragueuse chevronnée. Celle-ci tourne la tête pour me voir et nos yeux se croisent pendant une fraction de seconde avant qu'elle ne reporte vivement son attention devant elle. Je l'ignore et marche plus rapidement, passant à côté d'elle, puis dépassant ma cousine en ayant l'intention d'accélérer la cadence de notre petit groupe.
Plus vite j'aurai trouvé Amnis... et les autres, mieux se sera.
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