Chapitre 1 partie 2 Amnis

- Tu n'as encore rien expérimenté, cher frère. Lorsque père t'enverra sur un champ de batail, nous en reparlerons.

- Ce n'est effectivement pas très saint de parler de mort à la table, approuve père en tapotant l'épaule d'Ester. Mais ta sœur a raison sur un point. Tu as maintenant dix-neuf ans. Il serait temps que tu t'endurcisses.

- Père, boude mon frère en finissant son croissant. Je n'ai aucune raison de me retrouver avec notre armé. Ce n'est pas comme si nous étions en guerre contre les autres royaumes.

Les yeux de père s'assombrissent un instant alors qu'il échange un regard avec mère. À en croire leurs expressions, ils ont reçu une mauvaise nouvelle et cela implique l'équilibre précaire du monde.
Selon mes connaissances des trois autres royaumes, Duskstone est le plus brutal... et la deuxième terre la plus grande après la nôtre. Il est connu pour ses stratégies vicieux et barbare. Il ne fait jamais de combat à la loyale. Pour eux, tous les moyens sont bons pour gagner. À en croire les textes, cela serait leur devise.

Le royaume de Sunfild est tout son contraire. Leur peuple est décrit comme des gens doux et sage, libre et chaleureux. Même leur roi est quelqu'un de généreux. Son impératrice était une pauvre femme avant de recevoir son titre. Les aristocrates sont aussi élevés avec modestie.

D'ailleurs, mon homme idéal est justement Ison Chess, le plus vieux prince de Sunfild. L'empereur, son père, est le cousin de mère. Elle est née à Sunfild avant d'avoir son mariage ici.

De tous les royaumes, Dawnrold est le plus stricte. Tous les hommes et les femmes, sans exception, doivent se marier à l'âge de seize ans. De plus, la quantité de nourriture et de vêtements sont scrupuleusement calculés pour chaque individu. Personnellement, même si j'ai entendu dire qu'il y avait de très beaux paysages là-bas, ce n'est pas un endroit où j'aimerais vivre.

- Je n'ai plus faim, dis-je en me levant, sachant que père et mère préfèrent discuter de la guerre avec Ester sans ma présence. Si vous me le permettez, je voudrais aller en ville.

- Demande à Nateos de t'accompagner, me répond mère en me prenant un instant la main. Et Vanésia.

- Je sais, mère.

Je sors de la salle à manger et pars à la recherche de ma servante et du chevalier. Je traverse quelques couloirs jusqu'à arriver dans le bâtiment réservé aux domestiques. Dès qu'elle me voit, la boniche en chef, une femme corpulente avec des épais cheveux brun, marche vers moi avec un sourire chaleureux.

- Qu'est-ce qui vous emmène ici, princesse, me demande-t-elle en essuyant ses mains dodues sur sa robe.

- Vanésia et Nateos sont-ils ici? J'aimerais qu'ils m'accompagnent en ville.

- Vanésia est bien ici, mais le chevalier est en tour de garde dans l'aile sud. Je vais envoyer quelqu'un lui dire de vous rejoindre aux écuries.

- Merci.

Elle hoche la tête avant de partir chercher ma servante, qui arrive presque aussitôt.

- Qu'avez-vous l'intention d'acheter cette fois-ci, votre altesse, me questionne Vanésia en m'observant de ses iris brun chaud.

- Je l'ignore, dis-je alors que nous marchons vers l'une des sorties du château qui mène à une cour extérieure, ainsi qu'aux écuries. Peut-être de nouveaux livres... ou des pierres de magie.

- Des pierres, répète Vanésia en fronçant les sourcils. Mais vous n'êtes pas apte à la magie, votre altesse. Même que votre corps rejette complètement certains types.

- Je sais, lui ai-je répondu avec un petit rire. Je ferai attention.

- Vous dites toujours cela, princesse, soupire ma servante en secouant la tête. La dernière fois, vous avez ramené une bête magique sans vous en être rendu compte. Vous avez failli mourir à cause de cela.

J'eus de nouveau un rire alors que Vanésia m'observe avec découragement.

Je sais que les gens autour de moi pensent que je suis naïve, parce que je vois toujours le bon côté des choses. Je sais d'autant plus que nous ne pouvons pas nous cacher de l'adversité. C'est un peu comme se croire immortel alors que tu es simplement humain. À force de courir après la mort en pensant qu'elle ne se retournera jamais, tu fonceras dans son mur au moment où tu t'en attendras le moins. C'est pourquoi je vis au jour le jour et que je chérirais chaque nouvelle rencontre, ne jugeant pas les gens uniquement sur leurs actes... puisque nous ignorons la totalité de la raison de leurs gestes.

- Que me conseilles-tu alors, lui ai-je demandé avec un sourire alors que nous sortons à l'extérieur. Je ne peux pas manier d'arme, puisque c'est trop dangereux pour moi. Il faut bien que je trouve une manière de me défendre.

- Vous n'avez pas besoin de cela, me répond Vanésia en secouant la tête. Il y a assez de garde pour vous protéger. Et puis, ce n'est pas comme s'il allait y avoir une guerre. Si c'était le cas, il est impossible que Moonleaf tombe entre les mains de l'ennemi.

Sur un champ de batail, je sais que notre armée est très forte... mais si c'est contre Duskstone que nous nous battons... nous pourrions tomber sans même que les soldats n'aient pu sortir leurs épées.

Vanésia entre dans la première écurie au moment où Nateos apparait près de moi. Je lui souris alors qu'il me salut d'un signe de tête. Ses cheveux châtains, comme ceux de Vanésia, encadre son visage à la mâchoire large. Ses yeux noisette se posent un instant sur celle-ci lorsqu'elle revient vers nous en discutant avec Ferning, l'un de nos cochers.

- Le carrosse sera prêt dans un instant, votre altesse, me dit Ferning en me souriant tout en envoyant sa longue couette noire vers l'arrière.

- J'imagine que c'est toi qui vas nous accompagner, l'ai-je questionné en lui rendant son sourire.

- C'est exact.

- Tu n'auras qu'à nous déposer sur la grande place et revenir nous chercher après trois heures.

- En êtes-vous certaine, me demande le cocher avec une mine inquiète. Ne seriez-vous pas trop fatiguée de marcher autant?

Je secoue la tête en lui souriant tout en lui tapotant l'épaule au même moment où un écuyer sort en tirant deux chevaux de trait.

- Montes-tu avec nous Nateos, lui ai-je demandé alors que nous marchons vers la calèche qui se trouve déjà sur le chemin de gravier.

- Je vais prendre place à l'avant avec Ferning, me répond celui-ci en secouant la tête.

Vanésia m'aide à grimper à l'intérieur, puis embarque à ma suite. Lorsque nous fûmes tous bien installer, le cocher donne un coup de rêne pour faire avancer les chevaux. Nous arrivons rapidement dans le centre alors qu'il y a une énergie abondante. On aurait dit des petits cosmos dont les éléments tournoient à une vitesse hallucinante. Des étoiles qui dansent les unes avec les autres dans une chorégraphie loufoque. Certains crient pour attirer l'attention de la clientèle, d'autres discutent avec les marchands voisins.

- Il y a beaucoup plus d'objet magique à vendre que la dernière fois, constate Vanésia en fronçant les sourcils. Il faudra que vous soyez prudente, princesse.

Je hoche la tête avant de dire à Ferning d'arrêter le carrosse.

- Êtes-vous sûr de vouloir descendre ici, votre altesse, me demande Nateos en ouvrant la portière de notre véhicule. Il y a beaucoup de gens.

- Et beaucoup de magie, renchérit Vanésia en secouant la tête. C'est trop dangereux pour votre santé.

- Tout va bien, dis-je en riant, essayant d'apaiser leur inquiétude, en vain. Si je ressens un malaise, je vous le dirai tout de suite.

Vanésia pousse un soupir avant d'échanger un regard avec Nateos.

- Ne me collez pas comme des sangsues, ai-je ajouté en souriant, comprenant ce qui vient de leur traverser l'esprit.

Je sors de la calèche avec enthousiasme et me dirige aussitôt vers un marchand de pierre, de cristal et de talisman sous les protestations de Vanésia, ainsi que les longs soupirs de Nateos. J'achète au vendeur quelques pierres de lune, une larme de Jashnya, ainsi que des pierres des marées.

Lorsque l'on fait des incantations lunaires, c'est-à-dire, selon le cycle de la lune, il est bénéfique d'utiliser une pierre de lune pour maximiser le processus. Les larmes de Jashnya servent à canaliser la magie blanche, tout comme le cœur de Ravinmon. Pour ce qui est des pierres des marées, cela accentue la puissance de l'eau si on les porte, par exemple, en collier ou en boucle d'oreille.

- Pourquoi achetez-vous cela, votre altesse, me gronde Vanésia en me les prenant des mains. Vous devez faire attention.

Je me dirige un peu plus loin vers une herboristerie lorsque le décore change subitement, comme si j'avais été transporté ailleurs. Je regarde autour de moi avec anxiété alors que les gens passent sans me voir. Vanésia et Nateos ne sont plus là. Seulement des gens et une ville inconnue. Le vacarme qui règne est assourdissant et cacophonique. Je m'avance à travers la foule et me fige lorsque je croise son regard froid et sombre. Les gens se tiennent loin de lui et l'observent avec la même crainte qui m'habite.

Mon corps tremble et je chancelle en me sentant soudainement étourdit. Un mal de tête me force à fermer les yeux... et lorsqu'il disparait une seconde après, je constate que je suis de retour dans ma ville. Vanésia me soutient en m'observant avec inquiétude. Je tente de lui sourire, mais la peur continue de faire battre mon cœur à cent à l'heure.
Il n'est pas vrai.

Cet homme n'est qu'un mirage.

Il fait uniquement partie de mes étranges rêves.

Mais... si c'était vraiment le cas...

Comment pourrais-je le voir alors que je ne dors pas...

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